Monde
Brève histoire de l'OTAN de 1991 à nos
jours (7)
Manlio Dinucci
Vendredi 20 octobre 2017
LA COOPÉRATION MILITAIRE OTAN-ISRAEL DE
PLUS EN PLUS ÉTROITE
En avril 2001 Israël signe au
quartier général de l’Otan à Bruxelles
l’ «accord de sécurité », s’engageant à
protéger les « informations
classifiées » qu’il recevra dans le
cadre de la coopération militaire.
En juin 2003 le gouvernement italien stipule avec celui d’Israël un
mémorandum d’entente pour la coopération
dans le secteur militaire et de la
défense, qui prévoit notamment le
développement conjoint d’un nouveau
système de guerre électronique.
En janvier 2004 un avion radar Awacs de l’Otan atterrit pour
la première fois à Tel Aviv et le
personnel israélien va être entraîné à
l’utilisation de ses technologies.
En décembre 2004 on annonce que l’Allemagne fournira à Israël deux autres
sous-marins Dolphin, qui s’ajouteront
aux trois (dont deux offerts) remis dans
les années 90. Israël peut ainsi
potentialiser sa flotte de sous-marins
d’attaque nucléaire, constamment
maintenus en navigation en Méditerranée,
Mer Rouge et Golfe Persique.
En février 2005 le secrétaire général de l’Otan effectue sa
première visite officielle à Tel Aviv,
où il rencontre les plus hautes
autorités militaires israéliennes pour
« étendre la coopération militaire ».
En mars 2005 se déroule en Mer Rouge le premier exercice
naval conjoint Israël-Otan : le
commandement du groupe naval de la
« Force de réaction Otan » est confié à
la marine italienne qui y participe avec
la frégate Bersagliere.
En mai 2005, après avoir été ratifié au Sénat et à la Chambre, le
mémorandum d’entente italo-israélien
devient loi : ainsi est
institutionnalisée la coopération entre
les ministères de la défense et les
forces armées des deux pays
concernant l’« importation, exportation
et transit de matériels militaires »,
l’ « organisation des forces armées »,
la « formation/entraînement ».
En mai 2005, Israël est admis comme membre de l’Assemblée parlementaire
de l’Otan.
En juin 2005 la marine israélienne participe à un exercice Otan dans le
Golfe de Tarante.
En juillet 2005 des troupes
israéliennes participent pour la
première fois à un exercice Otan, qui se
déroule en Ukraine.
En juin 2006 un navire de guerre israélien participe à un exercice Otan
en Mer Noire dans le but de « créer une
meilleure inter-opérabilité entre la
marine israélienne et les forces navales
Otan ».
En octobre 2006, Otan et Israël concluent un accord qui établit une
coopération israélienne plus étroite
avec le programme Otan « Dialogue
méditerranéen », dont le but est de
« contribuer à la sécurité et stabilité
de la région ». Dans ce cadre, « Otan et
Israël s’accordent sur les modalités de
la contribution israélienne à
l’opération maritime de la Nato Active
Endeavour » (Nato/Israël Cooperation,
16 octobre 2006).
Israël est ainsi récompensé par l’Otan pour son attaque et
invasion du Liban. Les forces navales
israéliennes, qui avec les forces
aériennes et terrestres viennent de
pilonner le Liban avec des milliers de
tonnes de bombes faisant des massacres
de civils, se trouvent intégrées dans
l’opération Otan qui devrait « combattre
le terrorisme en Méditerranée ». Les
mêmes forces navales qui, en bombardant
la centrale électrique de Jiyyeh sur les
côtes libanaises ont provoqué une énorme
marée noire qui s’est diffusée en
Méditerranée (dont le traitement coûtera
des centaines de millions de dollars),
collaborent maintenant avec l’Otan pour
« contribuer à la sécurité de la
région ».
Le 2 décembre 2008, environ trois semaines avant l’attaque
israélienne contre Gaza, l’Otan ratifie
le « Programme de coopération
individuel » avec Israël. Il comprend
une vaste gamme de domaines dans
lesquels « Otan et Israël coopèreront
pleinement » : contre-terrorisme, dont
échange d’informations entre les
services de renseignement ; connexion
d’Israël au système électronique Otan ;
coopération dans le secteur des
armements ; augmentation des exercices
militaires conjoints Otan-Israël ;
élargissement de la coopération dans la
lutte contre la prolifération nucléaire
(en ignorant qu’Israël, unique puissance
nucléaire de la région, a refusé de
signer le Traité de non-prolifération).
L’OTAN « À LA CHASSE AUX PIRATES » DANS
L’OCÉAN INDIEN
En octobre 2008, un groupe naval
de l’Otan, le Standing Nato Maritime
Group 2 (Snmg2), traverse le Canal de
Suez pour entrer dans l’Océan Indien. En
font partie des navires de guerre
d’Italie, Etats-Unis, Allemagne,
Grande-Bretagne, Grèce et Turquie. Ce
groupe naval (dont le commandement est
assumé par roulement des pays membres)
fait partie d’une des trois composantes
de l’Allied Joint Force Command Naples,
dont le commandement est attribué de
façon permanente à un amiral étasunien,
le même qui commande les Forces navales
USA en Europe. L’aire dans laquelle
opère le Snmg2 n’a désormais plus de
frontières, en ceci qu’il constitue une
des unités de la « Force de réaction
Otan », prête à être projetée « pour
n’importe quelle mission dans n’importe
quelle partie du monde ».
Objectif officiel de la mission du Snmg2 dans l’Océan Indien : mener des
« opérations anti-piraterie » le long
des côtes de la Somalie, en escortant
les navires marchands qui transportent
les aides alimentaires du World Food
Program des Nations Unies. Dans cet
« effort humanitaire », l’Otan
« continue à coordonner son assistance
avec l’opération Enduring Freedom sous
conduite USA ». Derrière cette mission
Otan, il y a donc bien autre chose. À ce
moment-là, en Somalie, la politique
étasunienne est en train de subir un
nouvel échec : les troupes éthiopiennes,
qui y ont été envoyées en 2006 après
l’échec de la tentative de la CIA de
renverser les Cours islamiques en
soutenant une coalition
« anti-terrorisme » des seigneurs de la
guerre, ont été contraintes à se retirer
par la résistance somalienne.
Washington prépare alors d’autres opérations militaires pour étendre son
propre contrôle sur la Somalie,
provoquant d’autres désastreuses
conséquences sociales. Ces dernières
sont à la base du phénomène de la
piraterie, né à la suite de la pêche
illégale par des flottes étrangères et
de la décharge de substances toxiques
dans les eaux somaliennes, qui ont ruiné
les petits pêcheurs, parmi lesquels
certains ont eu recours à la piraterie.
Dans la stratégie USA/Otan, la Somalie est importante par sa position
géographique sur les côtes de l’Océan
Indien. Pour contrôler cette aire a été
positionnée à Djibouti, à l’embouchure
de la Mer Rouge, une task force
étasunienne. L’intervention militaire,
directe et indirecte, dans cette zone et
dans d’autres s’intensifie alors avec la
naissance du Commandement Africa des
Etats-Unis. C’est dans son « aire de
responsabilité » qu’est envoyé le groupe
naval Otan.
Celui-ci a aussi une autre mission officielle : visiter certains pays du
Golfe persique (Koweit, Bahrein, Qatar
et Emirats Arabes Unis), partenaires
Otan dans le cadre de l’Initiative de
coopération d’Istanbul. Les navires de
guerre de l’Otan vont ainsi s’ajouter
aux porte-avions et autres nombreuses
unités que les USA ont déployés dans le
Golfe et dans l’Océan Indien, en
fonction anti-Iran et pour mener, y
compris avec l’aviation navale, la
guerre aérienne en Afghanistan.
Episode
6
Episode 8
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