Monde
Brève histoire de l'OTAN de 1991 à nos
jours (6)
Manlio Dinucci
Jeudi 19 octobre 2017
LA GUERRE US/OTAN EN IRAK
Le plan étasunien d’attaquer et
occuper l’Irak apparaît dans son
évidence quand, après l’occupation de
l’Afghanistan en novembre 2001, le
président Bush le met, en 2002, à la
première place des pays faisant partie
de l’ « axe du mal ».
Après la première
guerre du Golfe en 1991, l’Irak a été
soumis à un très dur embargo qui a
provoqué en dix années environ un
millions de morts, dont environ un
demi-million d’enfants. Massacre
provoqué, en plus de la dénutrition
chronique et du manque de médicaments,
par la carence d’eau potable et les
maladies infectieuses et parasitaires
qui en découlent. Les Etats-Unis
-montrent des documents découverts plus
tard- ont mis en acte un plan précis :
d’abord bombarder les sites d’épuration
et les aqueducs pour provoquer une crise
hydrique, puis empêcher avec l’embargo
que l’Irak puisse importer les systèmes
d’épuration. Les conséquences sanitaires
étaient clairement prévues depuis le
début et programmées de façon à
accélérer l’effondrement de l’Irak.
D’autres victimes seront provoquées,
dans les années suivant la première
guerre, par les projectiles à uranium
appauvri, massivement utilisés par les
forces étasuniennes et alliées dans les
bombardements aussi bien aériens que
terrestres.
La seconde guerre contre
l’Irak se révèle cependant plus
difficile à justifier que celle
effectuée en 1990-1991. A la différence
d’alors, l’Irak de Saddam Hussein
n’accomplit aucune agression et s’en
tient à la résolution 1441 du Conseil de
sécurité des Nations Unies, permettant
aux inspecteurs ONU d’entrer dans tous
les sites pour vérifier l’éventuelle
existence d’armes de destruction massive
(qui ne seront pas constatées). Il
devient par conséquence plus difficile
pour les Etats-Unis de créer le
motivation « légale » pour la guerre et,
sur cette base, d’obtenir un imprimatur
international analogue à celui de 1991.
L’administration Bush est cependant décidée à aller jusqu’au bout.
Elle fabrique donc une série de
« preuves », qui s’avèreront ensuite
fausses, sur la présumée existence d’un
gros arsenal d’armes chimiques et
bactériologiques, qui serait en
possession de l’Irak, et sur sa présumée
capacité de construire dans un bref
délai des armes nucléaires. Et, comme le
Conseil de sécurité de l’ONU se refuse à
autoriser la guerre, l’administration
Bush tout simplement le contourne.
La guerre commence le 20
mars 2003 avec le bombardement aérien de
Bagdad et d’autres centres par
l’aviation étasunienne et britannique et
avec l’attaque terrestre effectuée par
des marines entrés en Irak par le
Koweit. Le 9 avril des troupes
étasuniennes occupent Bagdad.
L’opération, dénommée « Iraqi Freedom »,
est présentée comme « guerre
préventive » et « exportation de la
démocratie ». Ainsi est mis en acte le
principe énoncé dans le Quadrennial
Defense Review Report du Pentagone
(30 septembre 2001) : « Les forces
armées étasuniennes doivent conserver la
capacité, sous la direction du
Président, d’imposer la volonté des
Etats-Unis à n’importe quel adversaire,
y compris des états et entités
non-étatiques, de changer le régime d’un
état adversaire ou d’occuper un
territoire étranger jusqu’à ce que les
objectifs stratégiques étasuniens soient
réalisés ».
Mais, outre la « volonté des Etats-Unis », il y a la volonté des
peuples de résister. C’est ce qui
advient en Irak, où les forces
d’occupation étasuniennes et alliées -y
compris les forces italiennes engagées
dans l’opération « Antique Babylone »-
auxquelles se joignent les mercenaires
de compagnies privées, rencontrent une
résistance qu’ils ne s’attendaient pas à
trouver, malgré la très dure répression
qui provoque (rien que par l’effet des
actions militaires) des dizaines de
milliers de morts dans la population.
Comme la résistance
irakienne enraye la machine de guerre
étasunienne et alliée, Washington
recourt à l’antique mais toujours
efficace politique du « diviser pour
régner », en faisant des concessions à
certains regroupements chiites et kurdes
afin d’isoler les sunnites. Dans le cas
où l’opération ne réussirait pas,
Washington a un plan de réserve tout
prêt : désagréger l’Irak (comme il l’a
déjà fait avec la Fédération Yougoslave)
de façon à pouvoir contrôler les zones
pétrolifères et d’autres aires d’intérêt
stratégique, à travers des accords avec
des groupes de pouvoir locaux.
C’est
dans cet objectif qu’intervient
officiellement l’’Otan, qui a de fait
participé à la guerre avec ses propres
structures et forces. En 2004 est
instituée la « Mission Otan
d’entraînement », dans le but déclaré
d’ « aider l’Irak à créer d’efficientes
forces armées ». De 2004 à 2011 vont
être entraînés, dans 2000 cours spéciaux
tenus dans des pays de l’Alliance, des
milliers de militaires et policiers
irakiens qui sont aussi dotés d’armes
données par ces mêmes pays.
Simultanément l’Otan envoie en Irak des
instructeurs et conseillers, y compris
italiens, pour « aider l’Irak à créer
son propre secteur de la sécurité sous
conduite démocratique et durable » et
pour « établir un partenariat à long
terme de l’Otan avec l’Irak ».
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