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Nouvelles d'Irak
Entretien
n°8 - FBI-Saddam Hussein
Gilles Munier
Gilles Munier
Vendredi 26 mars 2010
Baghdad Operation Center
20 février 2004
Entretien conduit par George L. Piro
Rapport traduit de l’arabe en anglais par le FBI
Traduction en français : Xavière Jardez
Titres, sous-titres et notes : Gilles Munier
© X.Jardez et G. Munier – Traduction en français et notes
La révolution baasiste de juillet 1968
4ème
partie :
Le grand « complot»
Saddam Hussein (Détenu de Haute Valeur n°1) a été
interviewé le 20 février 2004 dans un bâtiment de détention
militaire à l’Aéroport International de Bagdad (AIB),
Bagdad, Irak. Hussein a fourni les informations suivantes :
En préliminaire, l’interviewer a informé Hussein que la présente
session serait une continuation des trois autres, centrée sur
son accession à la Présidence.
Le Président Hassan al-Bakr,
malade, voulait démissionner
Au début de 1973, le Président irakien Bakr commença à avoir des
problèmes de santé dont des problèmes cardiaques. Il exerçait
ses fonctions au mieux mais, périodiquement, confiait à
Hussein qu’il voulait se retirer car il ne pouvait plus remplir
ses devoirs présidentiels. Hussein ne sait pas s’il s’était
confié à d’autres au sein du Parti. Hussein a dit que Bakr
se sentait « proche de Hussein ».
A peu près à cette époque, Hussein avait sérieusement envisagé
de quitter le gouvernement mais de rester au Parti. La
principale raison découlait du renversement du gouvernement
baasiste en 1963 : Hussein pensait que ce renversement
avait eu lieu parce que la Direction du Parti se concentrait
davantage sur le gouvernement et oubliait le Parti. Hussein
n’aimait pas « le pouvoir », ni son rang au sein du
gouvernement. Quand il a rejoint la révolution en 1968, son
intention était de ne pas s’éterniser au gouvernement. Hussein
envisageait seulement de militer dans les cellules du Parti au
plus bas de l’échelle. A cette époque, il pensait que
c’était « une honte » de servir le gouvernement. Encore
aujourd’hui, il préfère le peuple et le Parti car il pense qu’il
est difficile à un gouvernement de juger impartialement. Des
individus décrits comme « doux et gentils », a-t-il
noté, avant d’entrer au gouvernement, se transforment en leur
contraire dès leur nomination à un poste gouvernemental.
Après la révolution de 1968, un Conseil du Commandement de
la Révolution (CCR) fut formé pour gouverner. Cependant,
l’annonce du CCR ne fut faite qu’un an plus tard, en
1969. Les membres du CCR, à l’exception des militaires,
n’étaient pas et ne voulaient pas « être connus ».
C’est pourquoi l’annonce a été retardée. Hussein a été
« obligé » d’accepter un poste à sein du CCR. Les
membres du Parti lui ont demandé s’il voulait que la révolution
échoue, sous-entendant que cela arriverait sans sa participation
et qu’il était de son devoir d’être un dirigeant du Parti.
Hussein désirait que Bakr, qu’il qualifie de « gentil »,
restât Président aussi longtemps que possible. En 1979, Bakr
contacta Hussein pour le retrouver dans son bureau au Palais
présidentiel. Il lui a annoncé qu’il ne voulait plus ou ne se
sentait plus capable d’être Président. Il implora Hussein
d’assumer ses devoirs, ajoutant que s’il n’acceptait pas
« la méthode normale » de désignation d’un Président, il
ferait alors une annonce à la radio que Hussein était maintenant
le Président. Hussein avisa Bakr qu’annoncer sa succession de
cette manière n’était bonne ni pour le pays, ni le peuple ou le
Parti. Le monde extérieur ou les étrangers, spécialement,
penseraient que quelque chose n’allait pas en Irak. Peu après,
on a demandé à Tarek Aziz de préparer une déclaration sur le
changement de Direction. Une réunion du CCR eut lieu en
juillet 1979, mais Hussein n’est plus sûr si c’est lui ou Bakr a
appelé à la réunion.
Al-Mashhadi met en question
le mode de désignation du nouveau Président
Lors de la réunion, Bakr a expliqué aux membres du CCR
qu’il voulait se retirer, dès1973, et qu’Hussein était prêt
pour la Présidence. Hussein l’a décrite comme « une réunion
de famille », pleine d’émotion, de tristesse. La passation
de pouvoir à Hussein a été exécutée selon la Constitution. Un
vote eut lieu mais Hussein ne se souvient plus si c’était à
bulletin secret ou à main levée. Il fut désigné comme le
Secrétaire général du Parti et Président de l’Irak. Avait-il
observé un changement en lui-même après avoir accédé à la
Présidence ? Non, a-t-il répondu. Il était simplement devenu
« plus fort et plus proche du peuple ». Que croyez-vous
qu’il serait arrivé si on vous avait permis de quitter le
gouvernement. Hussein a répondu qu’il aurait été un citoyen
ordinaire, peut-être un paysan. Il aurait, cependant, continué à
être membre du Parti et aurait assisté aux réunions.
L’interviewer a observé que, personnellement, il l’imaginait mal
en tant que paysan. Hussein a dit qu’il redoutait de devenir un
personnage public. Il a déclaré que sa situation comme ses
obligations ont changé et sont devenues presque personnelles.
Des milliers de personnes se sont considérées comme proches de
lui, en tant que Président. Jusqu’à 1995, le peuple ne
l’avait pas élu et Hussein a commenté : « la révolution m’a
amené là ». Après 1995 et en 2002, le peuple a voté et a
élu Hussein. C’est alors que sa relation avec le peuple s’est
renforcée et qu’il se sentait redevable envers ceux qui avaient
voté pour lui. Il n’était pas seulement redevable envers le
peuple en droit, mais « aux yeux de Dieu ».
A la question de savoir si, à la réunion où Bakr a annoncé sa
démission, le CCR avait dans sa globalité soutenu son
accession à la Présidence. Hussein a répondu qu’il n’y avait
rien ou personne opposé à ce qu’il devienne Président.
Moralement et par respect pour Bakr, quelques membres ont
demandé à Bakr de rester, mais Bakr n’a pas voulu que leurs vœux
influencent sa décision. Pour Hussein, cette décision était
définitive puisqu’il n’avait pu convaincre Bakr de revenir sur
elle.
L’interviewer a observé que des rapports indiquaient qu’au moins
une personne, Muhi Abdel-Hussein al-Mashhadi (1), avait
ouvertement questionné sur la démission de Bakr et dit que le
choix de Hussein devait être entériné à l’unanimité. Hussein a
déclaré que cette information était erronée. Il y a eu,
effectivement, une discussion sur le retrait de Bakr, mais par
sur le processus de sélection d’Hussein. Certains s’étaient
offerts pour assumer une partie des tâches de Bakr afin qu’il
reste mais il avait rejeté l’offre. A l’époque, Hussein était
Secrétaire général adjoint du Parti et vice-Président de l’Irak.
En tant que tel, il était le prochain dans l’ordre pour devenir
Président, une évidence qui ne pouvait être ignorée. De plus, la
Constitution stipulait spécifiquement que le Président était
choisi par un vote à la majorité, non à l’unanimité. Certains
ont suggéré de reculer la démission de Bakr. Il y a d’anciens
membres du CCR, encore en vie, que l’interviewer
pourrait interroger sur ce sujet, dit Hussein. L’interviewer a
confirmé que des membres du CCR étaient d’accord avec
les détails fournis par Hussein. Cependant, parmi ces derniers,
d’aucuns ont mentionné le nom de Mashhadi qui s’opposait à la
démission de Bakr et à la nomination de Hussein à la Présidence
lors de cette réunion. Hussein a répondu qu’il avait fourni
toutes les informations en sa possession.
L’impression d’être « poignardé dans le dos »
L’interviewer a déclaré qu’un complot contre Hussein avait été
découvert peu après l’accession de Hussein à la Présidence. Une
réunion infâme eut lieu le 22 juillet 1979 au cours de laquelle
les détails furent révélés à des membres importants du Parti.
L’interviewer a ajouté que la réunion avait été enregistrée sur
une cassette qu’il avait visionnée. Hussein a dit que ce
n’était pas un secret et qu’elle avait été distribuée à tous
les membres du Parti. Il ne se souvient pas si Taha Yasin
Ramadhan (2) a ouvert le meeting par des remarques. Il
a reconnu que Mashhadi fut amené devant les membres assemblés et
qu’il a admis sa participation à ce complot où le gouvernement
syrien était partie prenante. Il a nommé certains des autres
participants. La réaction et les sentiments de Hussein ont été
ceux de quiconque a été trahi par des amis dans le Parti et le
gouvernement, à savoir la tristesse et une impression d’être
« poignardé dans le dos ». Cela était d’autant plus vrai
parce que le complot impliquait des Arabes qui n’étaient ni au
gouvernement, ni Irakiens. Pour Hussein, c’étaient des actes de
trahison et les participants, des traîtres.
A propos de la date à laquelle Hussein a été conscient du
complot, il a répondu « à ce moment-là ».
L’interviewer a remarqué que Mashhadi avait été arrêté quelques
jours après la réunion, aux environs du 15 juillet (3),
après que Hussein fut devenu Président. Hussein a dit qu’il
était devenu Président le 17 juillet. L’interviewer a noté que
le 17 juillet est la date officielle mais qu’il avait assumé la
Présidence une semaine auparavant.
L’interviewer a demandé à Hussein comment le complot avait été
découvert. Hussein a dit: « Vous avez écouté la vidéo ? ».
Hussein a ajouté que cette information était suffisante.
L’interviewer a précisé que la vidéo ne donnait aucune
indication sur la manière dont le complot avait été
découvert. Hussein a dit : « Ce sont les secrets du pays ».
Il a souligné que ces détails sont toujours des secrets même si
les faits remontent à vingt-cinq ans en arrière.
Abdel-Khaleq as-Samarrra’i
et 5 membres du CCR exécutés
L’interviewer a alors dirigé la discussion sur la vidéo qui,
elle, n’est pas un secret d’Etat. Il a noté que, parmi les
présents, et futurs, membres de la haute Direction, figuraient
Tarek Aziz et Ali Hassan al-Majid (4) qui se tenait
debout et criait. La vidéo révélait le nom de quelques
soixante-six participants au complot, dont Adnan Hussein
(5), vice-Premier ministre, et Ghanim Abd al-Jalil,
Directeur du Cabinet présidentiel. Hussein a déclaré qu’Adnan
était aussi le ministre du Plan et Secrétaire du Comité pour le
Pétrole et les Accords. Hussein a précisé qu’Adnan avait
certainement déjà été nommé vice-Premier Ministre entre
l’accession de Hussein et cette réunion. Hussein a reconnu que
cinq membres du CCR au total étaient impliqués (6),
mais aucun des soixante révolutionnaires d’origine. Hussein
dément qu’aucun des conspirateurs, dont Adnan et Ghanim, était
de ses amis. « Ils ne faisaient pas partie de mes proches ».
Les gens qui travaillaient au sein du gouvernement n’étaient pas
mes amis. Comme d’autres, ils ont obtenu des postes
gouvernementaux. Certains ont réussi, d’autres non.
L’interviewer, a –t-il été souligné, a vu Hussein pleurer
lorsque le nom de Ghanim avait été prononcé. Hussein
a répondu qu’en tant qu’être humain, il avait toujours des
sentiments. Comme chef de son cabinet, il le voyait tous les
jours apporter des documents divers. Tous les comploteurs
faisaient partie de la direction du Parti. Hussein a remarqué
que la trahison vous rend « triste ». Quand
l’interviewer a observé que l’on pouvait dire qu’Hussein avait
été trahi par ses collègues les plus proches, il a répondu que
l’important était que, comme lui, ils faisaient partie du
gouvernement et du Parti.
Hussein a admis que plus de soixante personnes étaient
impliquées bien que toutes ne furent pas inculpées. Hussein a de
plus reconnu que les noms des « conspirateurs » avaient
été annoncés par Mashhadi ou lue sur une liste par Hussein. A
l’annonce de leur nom, les personnes devaient se lever et
étaient escortées, l’une après l’autre, par des membres d’Al-Himaya,
la garde rapprochée.
Peu après, un tribunal fut constitué pour fixer la peine
(7). Il ne se rappelle pas le nombre exact ou l’identité
des personnes qui furent reconnues coupables et exécutées, ou
emprisonnées, ou s’échappèrent ou furent reconnues innocentes et
relâchées (8). Il a admis que le processus, y compris
les exécutions, fut expédié en seize jours, soit vers le 8 août
1979. Il croit que le temps dévolu à ce processus a été
« largement suffisant » pour un procès impartial et
objectif. Bien qu’il croie que le temps imparti ait été
suffisant pour être juste, Hussein a reconnu qu’il n’avait pas
été suffisant pour « aller au fond des choses ». A la
demande de clarification, Hussein a répondu qu’il pouvait
y avoir d’autres conspirateurs qui ne furent pas identifiés,
mais il n’en est pas sûr. Il a, toutefois, répété que le temps
pris par l’enquête avait été suffisant pour condamner ceux qui
avaient été identifiés. La loi, a-t-il ajouté, dit qu’il vaut
mieux qu’un coupable soit en liberté que des innocents en
prison.
Hussein a déclaré qu’il ne connaissait pas les résultats exacts
de l’enquête. Cela avait été jugé par le tribunal et les
sentences appliquées peu après. A propos de Abdel-Khaleq
as-Samarrra’i (8), et comment une personne en prison
pouvait avoir pris part à un tel complot, Hussein a répondu :
« Demandez à ceux qui ont conduit l’enquête ». Quels
étaient les noms des enquêteurs, a-t-il été demandé ? Hussein
dit ne pas se souvenir. L’interviewer a noté que Barzan al-Tikriti,
récemment nommé Directeur des Services Secrets Irakiens
(SSI), était le chef des enquêteurs. Hussein a répondu
qu’il devait y avoir eu une commission, mais il n’en connaissait
pas la composition et ne connaissait non plus personne
susceptible de le savoir.
Sur le rôle du CCR dans l’enquête, Hussein a tout
d’abord nié avoir connaissance des détails. Il a observé que si
l’affaire a été jugée par un tribunal, il avait dû y avoir une
commission officielle. L’interviewer a alors remémoré à Hussein
un discours qu’il avait fait le 8 août 1979 dans lequel il
déclarait que le CCR,« Bien, très bien ». Selon la
Constitution, les membres du CCR devaient être jugés
par leurs pairs et non par un tribunal extérieur. Sur la justice
ou la neutralité du CCR dans la conduite du procès de
ses propres membres, Hussein a répondu que la justice existait
en chaque membre du CCR. Le complot n’était pas dirigé
contre eux mais contre Hussein. De plus, la Constitution qui
dictait la procédure avait été adoptée bien avant le complot.
comprenant auparavant vingt et un membres, n’en avait maintenant
plus que seize en raison de l’implication dans le complot de
cinq membres. Hussein avait poursuivi son discours en disant
que, des seize membres, trois conduisaient l’enquête et sept
composaient le tribunal qui avait entendu les faits et décidé de
la sentence. Dans ce discours, il avait ajouté que c’était la
première fois dans l’histoire des mouvements révolutionnaires et
de la lutte de l’humanité que plus de la moitié des plus hauts
dirigeants d’un pays prenait part à une telle affaire. Hussein a
répondu à l’interviewer :
Quand la question a été posée sur les déclarations qu’il avait
faites, précédemment, disant que le complot était dirigé contre
le Parti, Hussein a répondu : « Je n’ai pas dit ça. J’ai dit
que c’était contre Saddam ». Les conspirateurs ont conspiré
avec un autre pays (la Syrie) pour empêcher Hussein
d’accéder au pouvoir. S’il était vrai qu’il se trouvait à la
tête du Parti, le complot le visait personnellement lui,
Hussein. Certains ne le voulaient pas au pouvoir parce qu’il
serait « difficile à contrôler ». Avec, comme
Président, une des personnes qui avait conspiré avec les cinq
membres du CCR et l’autre pays, les autres pourraient
contrôler l’Irak. Hussein a reconnu qu’une tentative d’accord
pour l’unification de la Syrie et de l’Irak était à l’ouvrage à
l’époque, particulièrement par l’entremise de Tarek Aziz. Mais,
le complot a mis fin à cette discussion/accord car ce qui
« est fondé sur un complot n’a aucune valeur ». A la
question du gain que pouvait obtenir l’autre pays, Hussein a
dit : « Demandez-le leur. Nous ne leur avons pas demandé ».
Hussein a démenti avoir connaissance qu’une récompense eût été
offerte à celui (ou ceux) qui avait dénoncé le complot.
Pourquoi une vidéo avait-elle été faite de la réunion du 22
juillet ? Hussein a déclaré que c’était pour informer le Parti
de ce qui s’était passé. Il a confirmé, comme le montre la
vidéo, que beaucoup d’émotion et de la tristesse étaient
ressenties.
« Avec les méthodes de notre Parti,
il y a peu de chance que celui qui n’est pas d’accord avec nous,
saute dans quelques tanks et nous renverse »
L’interviewer a remarqué que la peur apparaissait être l’émotion
la plus palpable, d’abord au sein des membres du public, et
ensuite chez ceux qui étaient nommés et criaient leur innocence
lorsqu’on leur ordonnait de se lever. Hussein a reconnu qu’il
avait, lui-même, ordonné au moins à une des personnes nommées de
quitter la salle.
L’interviewer a noté trois choses dans la vidéo qui semblaient
se détacher : Hussein fumant un cigare, l’expression sur le
visage de Tarek Aziz et Ali Hassan al-Majid criant son opinion
que les conspirations continueraient aussi longtemps que
Samarrra’i serait vivant. Hussein a répondu qu’il lisait la
signification derrière chacun des exemples cités. Il a déclaré
qu’il fumait rarement sauf en des « temps
difficiles ».« nous étions tous effrayés ». Sur Al-Majid,
Hussein a demandé à l’interviewer s’il sous-entendait que
Samarrra’i avait été exécuté simplement à cause des paroles
d’Al-Majid
Hussein a demandé si l’expression sur le visage de Tarek Aziz
était triste ou heureuse. L’interviewer a répondu qu’Aziz
semblait effrayé. Hussein a déclaré que la lecture de
l’interviewer n’était pas correcte.
Hussein a déclaré que des copies de la vidéo du 22 juillet 1979
avaient été adressées aux ambassadeurs irakiens. Elles devaient
servir aux officiels des ambassades à présenter, aux Irakiens
vivant hors du pays, l’information sur les derniers événements
en Irak. Hussein a démenti savoir si cette vidéo a été visionnée
par des dirigeants d’autres pays. Hussein a remarqué que si elle
leur avait été montrée (aux dirigeants d’autres pays)
cela aurait été « une bonne chose, pas une mauvaise chose ».
Peut-être que la vidéo a été montrée à d’autres dirigeants parce
qu’un autre pays arabe avait pris part à la
conspiration. La vidéo avait-elle été faite et distribuée pour
prouver que Hussein était à la tête du pays ? Hussein a répondu
que l’interviewer l’avait vue et que « si c’était son
opinion, il en avait le droit ».
L’interviewer a rapporté les commentaires de Hussein, à peu près
à l’époque du complot, selon lesquels il avait dit : « Avec
les méthodes de notre Parti, il y a peu de chance que celui qui
n’est pas d’accord avec nous, saute dans quelques tanks et nous
renverse ». Hussein a déclaré ne pas se souvenir de tels
propos, mais pense qu’il pourrait les expliquer car ils font
partie de sa pensée. Ce message était destiné non seulement à
l’autre pays avec lequel les conspirateurs avaient comploté mais
à tous les membres du Parti.
On a questionné Hussein sur la sincérité de ses déclarations à
Bakr, dans les années 60 et 70, où il exprimait le désir de
quitter le gouvernement. Hussein a répondu qu’après 1974, il
croyait avoir une obligation morale envers le peuple
irakien. Après de nombreuses discussions avec le Président Bakr,
il a compris que cela était « son destin » et à partir
de ce moment, il a décidé d’accepter une telle nomination et de
se préparer à la Présidence.
Notes :
(1)
Muhi Abdel-Hussein al-Mashhadi était
Secrétaire général du Conseil de
Commandement de la révolution (CCR).
(2)
Taha Yasin Ramadhan al-Jizrawi
(1938 – 2007),
originaire de la région de Mossoul, a adhéré au parti Baas en
1956, à l’âge de 18 ans. Il a été élu membre du Commandement
régional en 1969. Il a dirigé l’Armée populaire pendant la
guerre Iran-Irak, et exercé plusieurs fonctions ministérielles
avant d’être élu vice-Président de la République en 1991. Taha
Yasin Ramadhan a été arrêté le 19 août 2003 par un commando de
peshmergas de l’Union
Patriotique Kurde (UPK –
Talabani) et condamné à mort.
Il a été pendu le 20 mars 2007.
(3) Selon Fouad Matar, un des biographes de
Saddam Hussein (Saddam Hussein
et le devenir irakien – Le Sycomore – Paris – 1981),
Al-Mashhadi fut arrêté le 12 juillet et
« avoua l’existence d’une vaste
conjuration ». Parmi eux,
Mohammad Ayesh, membre du
Conseil de Commandement de la Révolution (CCR)
et ministre de l’Industrie, que Saddam soupçonnait depuis un
certain temps de manigancer un mauvais coup contre lui
(4)
Ali Hassan al-Majid (1941-2010),
membre du Conseil de
Commandement de la Révolution (CCR),
a été ministre à plusieurs reprises, et commandant de la région
sud de l’Irak en 1990-91 et avant l’invasion américaine de 2003.
Il a été surnommé « Ali le
chimique » par les Américains
après le massacre de Halabja. Arrêté le 17 août 2003, il a été
accusé de crime de guerre. Ali Hassan al-Majid, pendu le 25
janvier 2010, était le cousin germain de Saddam Hussein.
(5)
Adnan Hussein al-Hamdani avait été chef de cabinet de Saddam
Hussein, puis ministre du Plan. Quelques jours avant l’annonce
de la découverte du complot, Saddam l’avait nommé vice-Premier
ministre.
(6)
Outre Muhi Abdel-Hussein al- Mashhadi, Mohammad Ayesh, Adnan
Hussein et Ghanim Abd al-Jalil, cités dans l’entretien, Mohammad
Mahjoub Mahdi fut également dénoncé comme faisant partie du
complot.
(7)
Le tribunal spécial, présidé par Naïm Haddad, comprenait 7
membres parmi lesquels Saadoun Ghidan et Saadoun Shaker. Naïm
Haddad était membre du Commandement régional, du Commandement
national, et du Conseil de
Commandement de la Révolution (CCR).
Le 8 août 1979, 22 condamnations à mort furent prononcées. Vingt
et une personnes furent exécutées par des pelotons constitués de
membres du Baas issus de toutes les régions d’Irak
(un des condamnés à mort, Ahmad Karim,
était en fuite).
(8)
13 personnes furent relâchées.
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 28 mars 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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