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Entretien
Entretien avec Paul
Éric Blanrue (II)
par Rachid Guedjal
Samedi 26 février 2011
Rachid Guedjal pour Algerienetwork
La Loi Gayssot, le cas Vincent Reynouard...
R.G : Dieudonné comme Reynouard sont victimes d'une
loi liberticide: la loi Gayssot-Fabius. Après ton livre, tu as
initié une pétition pour abroger cette loi. Peux tu expliquer en
quelques mots pour nos lecteurs de quoi il s'agit et en quoi la
loi représente une menace pour la démocratie française?
P.E.B. : D'abord, il faut dire que la
législation française n'est pas si inédite que cela, puisqu'en
Allemagne, par exemple, une loi semblable permet d'emprisonner
les révisionnistes à de longues peines de prison. Horst Mahler,
ancien avocat de la Fraction armée rouge, a pris 12 ans ferme.
Sn avocate Sylvia Stoltz, 3 ans, pour l'avoir défendu en
affirmant devant la tribunal la véracité de ses thèses. Le
chimiste Germar Rudolf a écopé de 4 ans. Le militant Ernst
Zundel a été enfermé durant 5 ans... En France, la loi Gayssot
(publiée au JO le 14 juillet 1990, un comble !) punissait
jusqu'à présent à de moindre peines. Elle tentait "juste"
d'asphyxier financièrement les auteurs hétérodoxes, en les
condamnant à des dizaines de milliers d'euros d'amendes, parfois
pour une banale phrase de travers. Avec l'affaire Reynouard,
nous avons affaire à un funeste raidissement de la justice,
puisque cet ancien prof de maths a été condamné à un an ferme
pour avoir écrit une brochure de 16 pages intitulée :
"Holocauste ? Ce que l'on vous cache !" Il croupit à la maison
d'arrêt de Valenciennes depuis l'été dernier. Dire que cette loi
est une menace pour la démocratie est un truisme. L’un de ses
articles les plus aberrants punit ceux qui auront contesté
l’existence "d’un ou plusieurs crimes contre l’Humanité" tels
qu’ils sont définis par le tribunal de Nuremberg. Tu as bien lu
: "contesté". Par conséquent, cette loi n’interdit pas seulement
de nier, mais simplement de contester un point du jugement !
Qu'était le tribunal de Nuremberg ? La juridiction militaire des
vainqueurs (Américains, Britanniques, Soviétiques et Français)
jugeant les vaincus (les dirigeants du Troisième Reich). Or,
soixante-cinq ans après, nous sommes contraints d'être en plein
accord avec ce que les vainqueurs ont délibéré concernant leurs
ennemis qu’ils venaient de phosphorer. Le problème, c'est que
l’article 19 du statut du tribunal de Nuremberg stipule que
celui-ci "ne sera pas lié par les règles techniques relatives à
l’administration des preuves" et que selon son article 21 "le
tribunal n’exigera pas que soit rapportée la preuve de faits de
notoriété publique, mais les tiendra pour acquis". La loi
Gayssot institue donc une vérité d’État parfaitement délirante.
Il faut ajouter à cela que l’article 6 du statut dudit tribunal
prévoyait quatre catégories de crime : 1° contre la Paix, 2° de
guerre, 3° contre l'humanité et 4° "l’élaboration ou l’exécution
d’un plan concerté ou complot pour commettre l’un des crimes
ci-dessus". Seulement, la loi Gayssot ne punit que la
contestation des crimes contre l'humanité. On se trouve ainsi
devant un passe-droit qui ne bénéficie qu’à une seule partie de
la population, censée incarner l’Humanité tout entière ! La loi
Gayssot estime qu'il y a des souffrances supérieures aux autres,
ce qui la rend par principe inconstitutionnelle. C'est pourquoi
de nombreuses personnalités s’y sont opposées comme Hélène
Carrère d’Encausse, Henri Amouroux, François Furet, Maurice
Allais, Michel Houellebecq, Philippe Muray, Vladimir Volkoff,
Jean Bricmont, Alain Robbe-Grillet, Philippe Bilger, Paul
Ricoeur, ou encore l’ancien président du Conseil
constitutionnel, Robert Badinter. Cette loi est la pierre
angulaire du terrorisme intellectuel que le sionisme a instauré
en France, pour éviter toute contestation de ses crimes. La loi
Gayssot épouvante et empêche les gens de s'exprimer librement.
C'est un étau. Je ne parle pas seulement des révisionnistes,
mais de tous les antisionistes, qui tremblent d'ouvrir la bouche
de peur d'être victimes par ricochet de cette loi inepte.
R.G : A cause de cette loi liberticide, Vincent
Reynouard est injustement emprisonné, loin des siens. Il est
professeur et il a réalisé une conférence magistrale sur les
armes à l'uranium appauvri (Vidéo disponible ici :
http://www.dailymotion.com/video/x4sxx1_le-scandale-des-armes-a-luranium-ap_webcam
). As tu eu l'occasion de le rencontrer personnellement? Comment
expliques tu le contraste net entre les valeurs de la République
et ce genre de législation?Le Conseil Constitutionnel aurait dû
faire rejeter cette loi non? Que s'est il passé pour qu'on en
soit là ainsi? C'est vraiment très étrange.
P.E.B. : J'ai croisé un jour, par hasard,
Vincent Reynouard dans un restaurant des quais de Seine, ce qui
ne nous a pas permis de discuter longtemps. Étant pris par mes
propres études, je n'avais lu de lui, avant l'été dernier, qu'un
texte ou deux. J'ai appris à le connaître depuis son
enfermement. Nous correspondons. C'est un homme courageux, qui
assume les conséquences des ses actes. Je suis très peiné pour
sa femme et ses huit jeunes enfants, qui vivent un enfer au
quotidien. Et c'est une honte pour la République que de l'avoir
embastillé, au mépris de ses valeurs et de son histoire. Depuis
le vote de la loi Gayssot, la France n'est plus le pays de la
liberté d'expression qu'elle se targuait d'être depuis 200 ans.
Avec l'affaire Reynouard, la répression est montée d'un sacré
cran. C'est un signal lancé à tous les contestataires du système
: ne t'avise pas de "contester" le tribunal militaire de
Nuremberg ou tu vas tâter du cachot ! Quand les militaires font
l'histoire, c'est que ça va mal, non ? Tu me demandes pourquoi
existe un tel contraste entre les valeurs affichées et les
principes républicains. C'est simple : parce que le sionisme est
un énorme mensonge qui vacille à la moindre critique. La loi
Gayssot se devait se couronner le système pour montrer qui est
le roi dans notre République. Elle a créé une telle terreur dans
les esprits que tout opposant à la politique israélienne doit
commencer chacun de ses discours par une tirade larmoyante sur
les horreurs de la Shoah, sous peine d'être présenté comme un
néo-nazi désireux de rouvrir les chambres à gaz. ou de coudre
des abat-jour avec de la peau humaine ! Elle a institué un
chantage permanent, dont l'objectif est de présenter les
Israéliens comme des victimes éternelles. Tout crime israélien
est atténué par le rappel systématique des déportations de la
Seconde Guerre mondiale. On peut espérer que le Conseil
constitutionnel, lorsqu'il sera saisi, se reprendra et choisira
de sauver l'honneur de la République en revenant aux idéaux de
Voltaire.
R.G : Toujours en rapport avec la pétition, peux tu
nous expliquer "l'affaire" Yann Moix? Il a signé la pétition
puis s'est retiré. A quoi est du son revirement? Quelles sont
réellement ses positions? Aurait il « honte » d'avoir signé?
P.E.B. : Sacré Moix ! C'est un pétochard de première
bourre ! Il y aurait beaucoup à dire sur lui, mais, eu égard à
nos bons rapports passés, je conserverai la discrétion sur
beaucoup d'aspects de sa personnalité. Tout ce que je peux
affirmer, c'est qu'il a bien signé la pétition contre la loi
Gayssot, en sachant pertinemment l'identité de ses signataires,
même s'il a juré le contraire sur le site de son mentor BHL.
J'en ai conservé toutes les preuves que j'ai en partie produites
sur le blog du Clan des Vénitiens. Il a même été le premier à
railler Mgr Gaillot, quand celui-ci s'est désisté... Est-ce
vraiment la peine de se demander pourquoi il a soudain pris ses
jambes à son cou ? Tout le monde l'a subodoré, je pense. ll n'y
a rien à éclaircir. Le monde du show-biz est impitoyable...
R.G : Passons à quelqu'un qui a affronté bien des
ennemis en son temps et qui nous a laissé au travers ses écrits
un témoignage éclairant de ce qui allait se passer de nos jours.
Le 1er Juillet 2011 sera le cinquantième anniversaire de la mort
de Louis-Ferdinand Céline. La commémoration prévue a été annulée
par Frédéric Mitterrand, suite à une déclaration de Serge
Klarsfeld. Quel est ton point de vue sur cette situation pour le
moins abracadabrantesque. Depuis quand la Culture Française
est-elle soumise à de ce genre de personnalités?
P.E.B. : Frédéric Mitterrand aurait-il des
choses à se faire pardonner et craint quelque chantage ? On
notera, en tout cas, qu'il a fait marche arrière au premier coup
de sifflet de l'arbitre des élégances, le papa d'Arno, l'ancien
garde-frontière de Tsahal. Je ne dis pas que c'est dommage, car
Céline est un anarchiste, qui se serait bien moqué des hommages
officiels. C'est tout bêtement une nouvelle preuve que les
sionistes paniquent dès qu'ils sentent que la maitrise du
pouvoir culturel risque de leur échapper. S'il fallait supprimer
des festivités et des manuels scolaires tous les auteurs qui ont
dit pis que pendre des juifs ou du sionisme, ce sont des
bibliothèques entières qu'il faudrait brûler dans un gigantesque
autodafé mémoriel : Voltaire, Kant, Ronsard, Dickens, Marx,
Simenon, Shakespeare, Goethe, Alphonse Allais, Ezra Pound, Sacha
Guitry, George Orwell, Henry Miller, Gustave Flaubert, Victor
Hugo, et des centaines d'autres que j'ai cités dans mon
anthologie intitulée "Le Monde contre soi" (Éditions Blanche,
2007) ! Ce n'est pas sérieux.
R.G : Je tiens juste à signaler au passage qu'un
rassemblement au cimetière de Meudon a été organisé pour le 1er
juillet 2011 via un groupe facebook. Penses tu pouvoir y faire
un tour ce jour là à cet endroit?
P.E.B. : Volontiers ! Je m'y rends
régulièrement. À chacun sa mémoire. Nous en profiterons pour
aller déposer des fleurs devant le domicile de Lucette, qui
fêtera justement (in'ch Allah!) ses 99 ans en juillet prochain.
J'ai eu le bonheur de la rencontrer, c'est une dame charmante et
drôle, très au fait de l'actualité. Son avocat, François Gibault,
est un ami.
R.G : Quel est le devoir essentiel des médias? Les
médias français ont-ils un rôle dans le jeu politique actuel?
Quel est leur poids? Et enfin, peut on espérer une évolution et
entendre un peu plus de personnalités comme Alain Gresh pour ne
citer que lui, ou toi?
P.E.B. : Alain Gresh a contribué à lever la
"censure par le vide" qui pesait sur mon livre, mais il n'a
publié son article que sur son blog, et non dans la formule
papier du "Monde Diplomatique". Pourquoi ? Les médias ont peu,
trop peu de marge de manoeuvre, hélas. De nombreux journalistes
aimeraient pouvoir en dire davantage, mais ils sont bridés ou se
brident pas peur des retombées négatives pour leur carrière.
Normal quand on connaît l'orientation des directeurs des grands
patrons de presse. Les lois restreignant la liberté de la presse
ont fait beaucoup de mal. La pression est quotidienne. Par
ailleurs, il n'existe presque plus de grands journalistes
d'investigation. Ceux qui restent sont tracassés pour tout et
rien, ils sont sans cesse menacés de procès divers. Celui avec
qui j'ai écrit quelques livres, Chris Laffaille, ancien
rédacteur en chef de "Paris Match", vient d'être poursuivi en
justice par Mme Borrel, dans l'affaire de la mort de son mari,
parce qu'il dit des choses qui n'ont pas eu l'heur de lui
plaire. On a vu comment s'est fait traiter Pierre Péan à la
barre lorsqu'il a sorti son livre sur le Rwanda pour lequel il
était attaqué : "négationniste" ! Il en a pleuré, le
malheureux... Il ne fallait pas. Le futur est à l'information
libre sur le net. Reste à trouver la formule qui conviendra,
c'est-à-dire celle qui permettra de mener de grandes enquêtes
vraiment indépendantes comme on le faisait dans la France des
années 70. J'ai bon espoir, car l'esprit humain est ainsi fait
qu'il ne se satisfait pas des redites et du mensonge généralisé.
R.G. : Beaucoup de sondages actuels donnent Marine Le
Pen et DSK au second tour. Quelles seraient les conséquences
pour la France, sa politique intérieure et extérieur si l'une de
ces deux personnalités prenait le pouvoir? Pourquoi ces deux là
sont-ils populaires en ce moment? Comment vois tu l'année 2012?
P.E.B. : Comme disait Pompidou, je ne suis
pas Madame Soleil et je me méfie des prévisions à long terme,
surtout dans le domaine politique, instable par définition. Bien
malin celui qui peut affirmer ce qui se passera en 2012. Par
expérience, on sait que les sondages qui sortent un an avant la
Présidentielle ne sont pas fiables. Ceci étant, à considérer les
forces en présence aujourd'hui, si jamais Marine Le Pen et DSK
étaient présents au second tour, il me semble évident que DSK
l'emporterait. Du reste, depuis la grande fracture qui a eu lieu
au Front national avec le départ des mégretistes en 1999, le FN
n'a pas les cadres suffisants pour gouverner. Quant à DSK et
Sarkozy, ce sont les deux oreilles d'un même cochon : on
pourrait s'amuser (avis aux amateurs) à faire un tableau
synoptique de leurs correspondances ! C'est la raison pour
laquelle je pense qu'il est vain de vouloir établir une
stratégie quelconque en fonction du résultat éventuel de 2012.
Nous devons dire d'ores et déjà ce que nous avons à dire, quelle
que soit l'identité du prochain président, qui, de toutes
façons, ne nous fera pas de cadeau. En prévision de la
Présidentielle, des Français pourraient néanmoins demander à
tous les candidats 1° s'ils comptent se rendre, eux et leurs
futurs ministres, après l'élection, au dîner du CRIF et 2° s'ils
sont prêts à entamer un processus d'abolition de la loi Gayssot.
Ces deux points sont un bon début pour attester qu'on s'éloigne
du projet sioniste. C'est en posant ce genre de questions et en
les rendant populaires qu'on pourra avancer.
Un grand merci à Rania S. pour son aide très
précieuse.
Rachid Guedjal pour AlgerieNetwork
Copyright
© 2011 AlgerieNetwork. Tous droits réservés
Publié le 26 février 2011
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