Rapport
Mafoud Bozieh : une résistance
laborieuse
face à la colonisation rampante
CPI
Photo du
CPI
Lundi 27 mars 2017
Silfit – CPI
Au petit matin, le Palestinien Mahfoud
Bozieh, originaire du village de Kifil
Hares, se réveille pour accomplir la
prière de l’aube. Et dès qu’il la finit,
il prend sa monture et s’oriente vers sa
terre, dans la vallée d’al-Bi’r, à
l’ouest de la colonie d’Ariel. Cette
colonie d’Ariel rampe vers sa terre en
dévorant tout sur son passage : terres
agricoles, terrains de pâturage, arbres,
tout. Malgré ce contexte, Mahfoud Bozieh
défie l’extension géographique
coloniale, en restant sur sa terre, il
la travaille et prend soin d’elle.
Mahfoud Bozieh
parle de ses expériences avec la
colonisation au correspondant de notre
Centre Palestinien d’Information :
« Il y a à peu près
vingt-sept ans, un colon est venu nous
voir et nous a demandé de quitter notre
terre, sous prétexte qu’elle appartient
à lui et non à nous. Nous avons refusé
ses menaces. Tous les agriculteurs
originaires de Silfit, Farkha et Kifil
Hares et nous-mêmes sommes restés sur
notre terre. L’armée de l’occupation et
les colons sont venus et ont commencé à
raser les terrains autour de notre terre
et à y ouvrir des routes ».
Pressions
perpétuelles
Mahfoud Bozieh
continue son histoire :
« J’ai fait fi des
colons et de l’extension coloniale, j’ai
continué à travailler ma terre, à
prendre soin de mes oliviers. Ils sont
comme mes enfants, j’en prends soin, je
les protège. Aucune force du monde
entier ne pourra me chasser de ma terre
pour la prendre ».
Pour aller arroser
sa terre et ses oliviers, Mahfoud Bozieh
est obligé de prendre sa monture et
d’emprunter plusieurs kilomètres. Ces
jours-ci, il y va pour traiter ses
plantes pour les protéger et éloigner
d’eux toutes maladies.
Et des pressions
qu’il subit, Mahfoud Bozieh en donne des
exemples :
« L’occupation nous
interdit de creuser un puits, sous
prétexte que la zone est une zone C.
Nous avons peur que l’extension
coloniale dévore nos terres, avec la
force des armes s’il le faut. Mais je
resterai sur ma terre et ne la laisserai
jamais, aussi cher soit le prix à
donner. La mort ne se fait qu’une fois,
autant mourir avec dignité ».
Le problème, c’est
que les agriculteurs palestiniens n’ont
aucun soutien, se plaint Bozieh.
Pourtant, il faut les aider, étant dans
une zone qui fait face au danger
colonial. « Nous ne demandons pas
grand-chose. Il nous suffit d’un
tracteur et de quelques petits oliviers
pour le boisement des terrains en friche
», dit-il.
L’extension des
zones coloniales
Et quant à la
source de sa vie, bien faible, Bozieh
parle d’environ quatre-vingts bidons
d’olives purs et extra produits chaque
saison. Sans l’olive, il n’aurait pu
éduquer ses enfants et faire face à une
vie de plus en plus difficile et chère.
Bozieh lève la main
et invoque Allah, le Tout Puissant :
« Notre Seigneur !
Bénis l’olivier et son huile ! C’est
notre âme. Nous devons le protéger
(l’olivier) et ne pas le laisser sujet
au maraudage des troupeaux de colons ».
Selon le chercheur
Dr Khaled Ma’ali, la zone de la vallée
d’al-Bi’r est convoitée par
les habitants de la colonie d’Ariel. Ces
colons la considèrent comme une
extension de leur colonie et sa zone
industrielle
Cette zone
industrielle, à l’ouest de la ville de
Silfit, ajoute Ma’ali, met la main sur
de nouveaux terrains en y construisant
de nouvelles usines. De nouveaux
terrains, appartenant au village de
Brouqine, ont été rasés au profit la
construction de la zone industrielle, et
des oliviers ont été déracinés.
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