Centre
Palestinien
d'Information
Opinion
La vision de Barak par rapport aux menaces guettant l'Entité
sioniste
Photo CPI
Vendredi 12 février 2010
Palestine – CPI
Ehud Barak, ministre israélien de la guerre,
considère que la démarcation de frontières bien claires entre
"Israël" et un Etat palestinien est très importante. Ne pas le
faire sera, pour lui, la plus grande menace qu’envisage
"Israël", plus grande que la menace iranienne ou d’autres.
Un seul Etat, "Israël", existant entre la
Méditerranée et le fleuve du Jourdain ne pourra supporter
trente-six solutions, mais seulement deux : Un Etat à double
nationalité ou un Etat de pur apartheid, avertit-il.
Benyamin Netanyahu, le premier ministre
israélien, voit, lui, dans le projet nucléaire iranien la plus
grande menace qui guette "Israël". Cependant, Barak, le
président du parti travailliste, croit qu’il faut voir la
réalité en face, c’est une responsabilité historique. Il faut
diviser la terre d’"Israël" en deux Etats. Un pour "Israël"
comportant toujours une majorité juive. Et à côté, un Etat,
image des espérances des Palestiniens. Cette affaire représente,
pour Barak, la plus grande menace au sionisme et au peuple
d’"Israël". C’est l’affaire la plus urgente à résoudre.
Dans un colloque organisé par le Centre
israélien du management de l’université Bar-Ilan, Barak a exposé
sa vision de solutions aux problèmes auxquels l’Etat hébreu fait
face. Il s’est montré fier d’être membre d’un gouvernement qui
avait choisi comme solution la feuille de route internationale.
Il croit que cette feuille n’est pas mauvaise, qu’elle assurera
à "Israël" le ralliement de tous les groupes coloniaux de la
Cisjordanie. Ils seront une partie intégrante de tout
arrangement permanent dans l’avenir. « Il est de notre intérêt
d’avoir une démarcation tout à faire claire entre nous, dit-il,
et les Palestiniens. Des frontières qui seront une solution :
deux pays pour deux peuples ».
Les milieux religieux extrémistes ne veulent
faire aucune concession vis-à-vis de la « Terre d’"Israël" », en
avançant des prétextes tirés de la Torah. Barak s’est adressé à
de tels gens en disant que la souveraineté juive a connu des
hauts et des bas, que les rabbins acceptaient la réalité
politique du terrain comme elle était. « Nous devons comprendre,
a-t-il ajouté, que s’il y avait un seul Etat entre la Jordanie
et la mer, qui s’appellerait "Israël", il serait soit un Etat
non juif, soit un Etat non démocratique, un Etat d’apartheid.
» Mais si nous voulons un Etat dont le
peuple juif sera fier et dans lequel les jeunes veulent habiter,
nous devons entamer cette démarche douloureuse. Ce n’est pas
parce que nous n’avons pas un lien avec cette terre ou parce que
nous n’avons le droit à cette terre, toute la terre, mais parce
que nous sommes réalistes. Cette douloureuse démarche (le
partage de la terre) est obligatoire. Il y a des millions de
Palestiniens dans la région. S’ils avaient mis leurs voix dans
les urnes, il y aurait eu un Etat à double nation. Dans le cas
contraire, il y aurait un Etat de ségrégation ».
Barak croit que « la paix ne se réalisera
que lorsque nos voisins-ennemis auront compris qu’ils ne peuvent
nous tirer vers un piège de miel diplomatique ».
"Israël" est le pays le plus fort dans la
région, dit-il, « mais le temps n’est pas en notre faveur. Nous
devons avoir des yeux ouverts et des pieds solides. L’œil gauche
doit virer sur toute fenêtre s’ouvrant sur la paix, mais cela ne
sera possible que lorsque la main sera posée sur l’arme ».
Et pour ce qui est de la Syrie, Barak voit
dans son dossier comme « à la fois une menace et une chance ».
« Nous sommes de loin les plus forts. Mais la Syrie pourrait
nous déranger. Elle possède des missiles de longue portée. C’est
un pays qui parle franc. Son président exprime face au monde sa
volonté d’arriver à un arrangement. Le prix et les aspects de
cet arrangement sont connus, cependant, les profits pour
"Israël" ne sont pas bien clairs ».
Il est difficile d’imaginer comment se
terminera l’affaire, continue-t-il, « mais ce sera de notre
intérêt de faire sortir la Syrie du cycle des ennemis. Je ne
suis pas bien sûr que cela soit possible vue nos agissements
avec le dossier palestinien ».
Et en ce qui concerne le Liban, Barak dit
que dans ce pays, « il y a une énorme quantité de missiles, ce
n’est pas un phénomène anodin. Le Liban est un pays membre de
toutes les institutions de l’ONU. Cependant, en son intérieur
existe une milice représentée au gouvernement qui possède le
veto sur ses décisions. Il y a un parti avec une armée, une
politique indépendante déclarée et influencée par l’Iran. Et en
dépit de tout le succès de nos services de renseignements à
intercepter les bateaux porteurs d’armes, la contrebande d’arme
continue ».
Il ajoute que la décision de l’ONU 1701 n’a
pas mis fin à la menace du nord, « il y a des missiles qui
couvrent pratiquement toute "Israël" ».
Barak menace en disant qu’"Israël" ne
voudrait pas détériorer la situation au Liban. « Toutefois, nous
rendons son gouvernement responsable de cette situation
dangereuse et de toute détérioration qui se produira. Nous
n’accusons pas tel activiste ou un autre du Hezbollah, mais le
gouvernement libanais. Ce sont ses infrastructures qui seront
visées, et je pèse mes mots ».
Et pour ce qui est du dossier iranien, Barak
dit que l’Iran profite de ses négociations avec les Occidentaux
pour gagner du temps et continuer son avancée dans son projet
nucléaire. Pour Barak, « il est important de mettre un cadre
temporel court et précis pour toutes négociations et sanctions.
Les sanctions doivent être efficaces ».
Il appelle à ne donner aucune légitimité à
l’enrichissement d’uranium, enrichissement qui pourra mener
l’Iran vers un pouvoir nucléaire militaire.
Une attaque militaire contre les structures
nucléaires iraniennes reste toujours possible, répète-t-il.
« Nous disons à nos amis dans le monde que toutes les
alternatives sont mises sur la table et nous conseillons toute
personne logique à n’en supprimer aucune. »
Article paru dans le journal hébreu Maariv, le 29 janvier
2010
Traduit par le département français du CPI
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