Hezbollah
Lettre ouverte du
général Michel AOUN
à l'Union européenne

Photo:
Tayyar
Mercredi 24 juillet 2013
Je m’adresse à vous au nom de
cette culture européenne dont je me sens
si proche et dont je partage les valeurs
et les principes.
J’ai été choqué par la décision de
l’Union européenne d’inscrire l’aile
militaire du Hezbollah sur la liste des
organisations terroristes. En effet
cette décision est en contradiction
notoire avec la Charte des Nations-Unies
qui reconnaît le droit naturel de
légitime défense, individuelle ou
collective, dans le cas où un Membre des
Nations Unies est l'objet d'une
agression armée.
Cette aile militaire aujourd’hui accusée
de terrorisme, est celle-là même qui
força Israël à se retirer du Liban sans
conditions en mai 2000. C’est elle qui
assura la mise à exécution de la
résolution 425 adoptée le 19 mars 1978
par le Conseil de sécurité 22 ans après
l’occupation par Israël du sud-Liban.
La résolution 425 stipule en effet que
le Conseil de sécurité de l’ONU exige
d’Israël de cesser immédiatement son
action militaire contre l'intégrité
territoriale du Liban et de retirer sans
délai ses forces de tout le territoire
libanais ; elle est restée sans effet
durant 22 longues années ; car c’est
ainsi qu’Israël interpréta alors le
terme « sans délai ». Le Liban ne dut la
libération de ses territoires qu’à la
volonté sans faille de sa Résistance,
dont est également témoin l’issue de la
guerre que mena Israël contre le Liban
durant l’été 2006.
Car le Liban continue à faire face à
trois agressions israéliennes avérées :
1) L’occupation des fermes de Chebaa et
des collines de Kfarchouba et du village
El-Ghajar
2) Le problème des réfugiés Palestiniens
au Liban
3) Les violations répétées de son
intégrité territoriale, aérienne, et
maritime
A ceci, il faudra ajouter les visées
israéliennes injustifiées sur les eaux
territoriales libanaises et son refus
obstiné de respecter les frontières
maritimes tracées selon les conventions
internationales en vigueur.
On aurait souhaité que plutôt d’accuser
de terrorisme la Résistance libanaise,
les États-membres de l’Union européenne
soutiennent le droit du Liban à
préserver son intégrité territoriale,
ainsi que le droit du peuple Palestinien
à retourner sur ses terres. Certains des
motifs invoqués dans le passé pour
étayer cette accusation avaient été
rejetés tant par l’Argentine pour les
attentats de Buenos Aires que par la
Bulgarie dont le ministre des Affaires
étrangères avait déclaré il y a quelques
jours, que rien ne justifiait une
décision européenne à l’encontre du
Hezbollah qui serait basée sur son
implication non prouvée dans l’attentat
de Burgas.
Quand l’Europe réunie renie le droit
d’une nation à se défendre, un droit
consacré par la Charte des Nations
Unies. Et quand elle tourne le dos à ces
nations qui luttent pour préserver leur
liberté et leur souveraineté, cette
Europe renie alors ses propres valeurs
et ses principes ; elle tourne le dos
aux leçons de son Histoire ; car chacun
des peuples qui la constituent a versé
un jour son sang pour résister au joug
de l’occupation.
J’exhorte ainsi l’Union européenne à
rester fidèle à ses principes, à ses
idéaux, et à son Histoire qui vit tant
de sacrifices consentis sur l’autel
sacré de la Liberté. Il faudra surtout
qu’elle prenne conscience de la gravité
de ses responsabilités et qu’elle les
assume pleinement concernant son rôle
dans la guerre qui ensanglante la Syrie
et sur ses graves répercussions sur la
situation au Liban; une guerre que
certains de ses États membres continuent
d’alimenter ouvertement en hommes et en
matériel.
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