PCN-SPO/ VERBATIM
Interview accordée par le président
russe
Vladimir Poutine au quotidien serbe
Politika
PCN-SPO
Samedi 18 octobre 2014
PCN-SPO avec Politika – La Voix de la
Russie /
2014 10 17/
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« De quelle volonté
de désescalade en Ukraine peut-il être
question si les décisions sur de
nouveaux paquets de sanctions sont
introduites quasi simultanément avec
l'adoption des accords faisant avancer
le processus de paix ? S'il s'agit de
vouloir isoler notre pays, cet objectif
est absolument absurde et illusoire. Il
est clair que c'est impossible bien
qu'un préjudice non négligeable puisse
être bien sûr causé à la santé
économique de l'Europe et du reste du
monde »
- V.V. POUTINE.
INTERVIEW DE VV
POUTINE PAR ‘POLITIKA’
(BELGRADE, 16 OCT. 2014)
Traduction
française abrégée/ mise en page et
titres :
PCN-SPO et LVdlR
# POLITIKA
: Vous vous rendez à Belgrade pour
participer aux célébrations du 70e
anniversaire de sa libération des
occupants nazis. Dans quoi réside
l'importance de telles commémorations à
l'heure actuelle ?
V.V.
POUTINE : Il y a 70 ans nos
peuples ont écrasé ensemble l'idéologie
criminelle misanthrope qui menaçait
l'existence de la civilisation.
Malheureusement le « vaccin » contre le
virus nazi développé lors du tribunal de
Nuremberg est en train de perdre de son
efficacité dans certains Etats
européens. Les manifestations ouvertes
de néo-nazisme devenues habituelles en
Lettonie et dans d'autres pays baltes en
constituent un exemple flagrant. En ce
sens, une préoccupation particulière est
suscitée par la situation en Ukraine où
un coup d'Etat anticonstitutionnel a été
perpétré en février dernier et dont les
nationalistes et d'autres groupes
radicaux ont été la force motrice.
Aujourd'hui il est de notre devoir
commun de faire face à la héroïsation du
nazisme. De résister avec fermeté aux
tentatives de révision des résultats de
la Seconde guerre mondiale. De lutter
avec esprit de suite contre toute forme
et manifestation du racisme, de la
xénophobie, du nationalisme agressif et
du chauvinisme.
# POLITIKA
: Qu'avons-nous réussi à atteindre au
cours de ces 20 dernières années et
quelles sont vos attentes eu égard à la
dynamique de la coopération russo-serbe
?
V.V.
POUTINE : Pour l'heure les
relations russo-serbes connaissent un
essor. En 2013 le chiffre d'affaires de
nos échanges a augmenté de 15 % pour
atteindre 1,97 milliard de dollars et au
premier semestre 2014 il a augmenté de
16,5 % jusqu'à 1,2 milliard de dollars.
Nous escomptons un taux de 2 milliards
de dollars à la fin de l'année.
Le montant total des investissements
russes en Serbie a surpassé 3 milliards
de dollars. Le gros de cette somme a été
investi dans la branche énergétique
ayant une importance stratégique. La
mise en oeuvre du projet South Stream
doit rapporter à la Serbie plus de 2
milliards d'euros de nouveaux
investissements et renforcer notablement
sa sécurité énergétique.
# POLITIKA
: Beaucoup a été dit à propos des
réductions possibles des fournitures du
gaz russe vers l'Europe à cause de la
dette ukrainienne. Quel est l'avenir du
projet South Stream dont la réalisation
intéresse la Serbie ?
V.V.
POUTINE : En tout premier lieu
je tiens à souligner que la Russie
honore entièrement ses engagements
relatifs aux fournitures de gaz aux
consommateurs européens.
Depuis les années 2000 nous sommes
parvenus avec nos partenaires européens
à réaliser plusieurs projets importants,
Nord Stream compris, qui permettent de
minimiser les risques liés au transit et
d'assurer un approvisionnement
ininterrompu des pays européens en gaz.
Ces derniers mois Gazprom augmente à des
rythmes accélérés les reserves de gaz
dans les dépôts souterrains européens.
Ces mesures visent à empêcher des
perturbations du transit et à assurer
les meilleures conditions pour surmonter
la période de consommation de pointe en
hiver.
Il va de soi que nous tenons compte des
risques liés aux phénomènes de crise en
Ukraine. Nous nous sommes vus obligés
d'arrêter les livraisons dans ce pays en
juin dernier car les autorités de Kiev
avaient refusé de payer pour le gaz déjà
reçu. A la fin de l'été et au début de
l'automne une série de consultations
trilatérales intenses a eu lieu entre la
Russie, l'UE et l'Ukraine portant sur
les dénouements mutuellement acceptables
concernant le remboursement de la dette
ukrainienne pour le gaz, la reprise des
livraisons à l'Ukraine et le transit
stable des hydrocarbures vers l'Europe.
Nous sommes prêts à poursuivre les
négociations constructives sur ces
thèmes.
Il est évident que le problème de
transit par le territoire ukrainien
persiste. Une des solutions évidentes
réside dans la diversification des
itinéraires d'acheminement des
fournitures. A cet effet, nous espérons
que la Commission européenne va enfin
régler la question sur l'utilisation à
pleine puissance du gazoduc OPAL.
En outre il est nécessaire de débloquer
la situation avec South Stream. Nous
sommes convaincus que ce projet
apportera une contribution sensible à la
sécurité énergétique complexe de
l'Europe. Alors tous seront gagnants :
aussi bien la Russie que les
consommateurs européens, la Serbie
comprise.
# POLITIKA
: Quel est, à votre avis, l'objectif des
sanctions économiques de l'UE et des
Etats-Unis contre la Russie ? Dans
quelle mesure peuvent-elles nuire à la
Russie ?
V.V.
POUTINE : Nos partenaires
doivent prendre nettement conscience que
les tentatives pour exercer la pression
sur la Russie par le biais des mesures
restrictives illégitimes unilatérales ne
rapprochent pas le règlement et ne font
que compliquer le dialogue. De quelle
volonté de désescalade en Ukraine
peut-il être question si les décisions
sur de nouveaux paquets de sanctions
sont introduites quasi simultanément
avec l'adoption des accords faisant
avancer le processus de paix ? S'il
s'agit de vouloir isoler notre pays, cet
objectif est absolument absurde et
illusoire. Il est clair que c'est
impossible bien qu'un préjudice non
négligeable puisse être bien sûr causé à
la santé économique de l'Europe et du
reste du monde.
Pour ce qui est de la durée d'action des
mesures restrictives, cela dépend
également des Etats-Unis et de l'Union
européenne. Il est évident qu'une baisse
de la confiance mutuelle ne peut pas ne
pas exercer un impact négatif aussi bien
sur le climat des affaires
internationales dans leur ensemble que
sur l'activité des sociétés américaines
et européennes en Russie pour lesquelles
il sera difficile de réparer le
préjudice réputationnel.
# POLITIKA
: Comment voyez-vous l'avenir des
relations russo-ukrainienns ? Un
partenariat stratégique sera-t-il
rétabli entre les Etats-Unis et la
Russie ou bien dans l'avenir les
relations seront organisées autrement ?
V.V.
POUTINE : Pour la Russie les
relations avec l'Ukraine ont toujours
joué et continueront de jouer un rôle
très important. Nos peuples sont
indestructiblement liés avec les racines
spirituelles, culturelles et
civilisationnelles communes.
L'étape actuelle des relations
russo-ukrainiennes a beau être
compliquée, mais nous sommes intéressés
dans une coopération progressive, égale
en droits et mutuellement avantageuse
avec les partenaires ukrainiens.
Une possibilité réelle apparaît
aujourd'hui d'arrêter la confrontation
armée qui est, de fait, une guerre
civile. Il est nécessaire d'engager le
plus vite possible un dialogue
pan-ukrainien réel avec la participation
des représentants de toutes les régions
et de toutes les forces politiques.
Cette approche a été fixée dans la
déclaration de Genève du 17 avril. Ce
dialogue national doit donner lieu à une
discussion détaillée de l'organisation
constitutionnelle et de l'avenir du pays
dans lequel tous les citoyens de
l'Ukraine sans exception puissent vivre
confortablement et en sécurité.
En ce qui concerne
les perspectives des liens
russo-américains, nous avons toujours
aspiré à avoir des relations de
partenariat ouvertes avec les
Etats-Unis.
Il ne reste qu'à déplorer ce qui se
passe depuis le début de cette année.
Washington a activement soutenu Maïdan
et quand ses créatures à Kiev ont plongé
le pays dans une guerre civile il s'est
mis à accuser la Russie d'avoir provoqué
la crise.
Maintenant le président Barack Obama du
haut de la tribune de l'Assemblée
générale de l'ONU cite « l'agression
russe en Europe » parmi trois
principales menaces à l'humanité à côté
de la fièvre mortelle Ebola et le groupe
terroriste Etat islamique. Vu les
restrictions imposées à des secteurs
entiers de notre économie, il est
difficile de qualifier cette approche
autrement que d'hostile.
Les Etats-Unis sont allés jusqu'à faire
des déclarations tapageuses sur la
suspension de notre coopération dans
l'exploration de l'espace et dans
l'énergie atomique. Ils ont gelé
l'activité de la commission
présidentielle russo-américaine créée en
2009 et comprenant 21 groupes de travail
qui s'occupaient, entre autres, de la
lutte contre le terrorisme et le trafic
de drogue.
Nous espérons que les partenaires
prendront conscience du caractère
insensé des tentatives de chantage à
l'égard de la Russie et qu'ils se
souviendront de quoi la discorde entre
les grandes puissances nucléaires est
lourde pour la stabilité stratégique.
Pour notre part, nous sommes prêts à
développer la coopération constructive
basée sur les principes d'égalité en
droits et de prise en considération
réelle des intérêts réciproques.
POLITIKA / PCN-SPO
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