Algérie Résistance
Le Professeur Mohamed Lakhdar Maougal :
« L’Algérie a raté le rendez-vous de
Zeroual avec Mediène »
Mohsen Abdelmoumen
Le
Professeur Mohamed Lakhdar Maougal. DR.
Jeudi 24 septembre 2015
Mohsen Abdelmoumen :
Quelle lecture donnez-vous du départ du
chef du DRS, le général Toufik, et qui a
fait couler beaucoup d’encre ?
Prof. Mohamed Lakhdar Maougal
: Départ logique parce qu’il
est dans la tradition du système
politique de notre pays depuis 1962, qui
comme chacun le sait, est un continuum
du système installé à coups de force,
d’escroqueries diverses, d’assassinats,
de liquidations, de crises et
d’exclusion qu’avait connu le segment le
plus indigent de notre mouvement
national depuis les années ‘30, c’est à
dire depuis sa prise en main par Messali
Hadj sous la direction et l’orientation
à partir de Genève du délégué du Congrès
musulman de Jérusalem, Chekib Arslan,
militant nationaliste arabe et musulman
de grande facture et d’intelligence
aiguë. La brutalité et l’intransigeance
de Messali Hadj qui avait préféré se
camper sous la tutelle orientale allant
jusqu’à bouder le patriote maghrébin
réfugié en Egypte jusqu’à sa mort en
1963, à savoir Abdelkrim El Khattabi le
Rifain, et ce jusqu’à la veille de
l’indépendance de notre pays, ont
lourdement pesé sur la conduite de notre
lutte d’émancipation qui avortera dès
les premiers mois de l’été 1962, un été
particulièrement sanglant mais entre des
frères devenus des adversaires et même
des ennemis.
Ce style brutal et totalitaire, le
style messalien, a pu être relativement
contenu jusqu’à la nouvelle tragédie qui
s’imposera dans les années ‘90 et qui
débouchera sur le retour du messalisme
comme style de gestion et de
gouvernance. Or le messalisme est né en
France dans l’émigration, et nul n’est
aussi mieux placé aujourd’hui encore
pour en connaître les tenants et les
aboutissants que la France officielle
avec ses diverses et multiples officines
et services secrets. Les militants
algériens qui ont combattu Messali n’ont
réussi en fin de compte qu’à le tenir
éloigné, et ce fut une chance pour
l’Algérie, avec comme seul moyen et
outil politique le fonctionnement
démocratique et collégial qui a prévalu
durant toute l’année 1954 pendant
laquelle s’était préparée patiemment et
secrètement l’insurrection populaire
sous la conduite dévouée et maitrisée
des cadres de l’OS (Organisation
Spéciale) animés et coordonnés par deux
militants exceptionnels, Mostefa
Benboulaïd et Larbi Ben M’Hidi, les deux
fondateurs du CRUA (Comité
révolutionnaire d’unité et d’action),
tombés au champ d’honneur et exécutés
par les parachutistes coloniaux. Le
départ ou la mise au placard de Mohamed
Mediène, alias Toufik, participe de la
même logique, mutatis mutandis.
En un mot, c’est le dangereux triomphe
de la Ruse contre l’Intelligence dénudée
cette fois-ci de la traditionnelle
démocratie concertative qui avait
autrefois conduit à l’émancipation pour
une prise de conscience volontariste et
antibureaucratique. Il n’y a rien de
machiavélique dans cette sinistre
histoire. Il n’y aura eu qu’une
implacable évolution d’un système usé
par la gabegie, la corruption,
l’impopularité, la violence d’une
gouvernance néronienne. Mais dans cette
confrontation sourde et maintenue comme
telle, l’Intelligence a failli dès lors
qu’elle s’était alliée à la Ruse adossée
à des cabinets noirs extravertis de la
sphère directe de l’exercice du pouvoir
par l’État devenu un instrument clanique
de mise à genoux d’un peuple impatient
de s’en sortir et d’en finir avec ces
épreuves qu’on lui a imposées depuis
qu’il avait secoué le cocotier colonial.
Le général Toufik, patron du DRS, était
condamné à court ou à moyen terme pour
n’avoir pas compris la mutation que
l’ANP avait pu faire au milieu des
années ‘90 quand elle ouvrit la voie
démocratique avec la Constitution de
1996, laquelle avait été pensée dans un
contexte extrêmement sensible dans une
lutte sans merci entre, d’une part, les
militaires démocrates et républicains
et, d’autre part, les affairistes et
compradores. Toufik, qu’on dit intègre
et honnête, a cédé au camp compradore
ayant fait appel à Bouteflika qui, pour
avoir récupéré des dossiers top secrets
de la lutte antiterroriste, s’est trouvé
armé pour en découdre avec les
boumédiennistes qui l’avaient humilié en
1980. Et Toufik compte au nombre des
boumédiennistes comme Yahiaoui, Khaled
Nezzar, Mohamed Lamari, Djouadi,
Taghrit, Fodil Cherif, tous ces
officiers mis à la retraite et éloignés
de la radicale lutte antiterroriste.
Mais l’état de santé déliquescent de
Bouteflika montre de manière
suffisamment claire qu’aujourd’hui le
pouvoir en Algérie a muté et plutôt
dangereusement. De nouveaux paramètres
sont intervenus pour accélérer la
disqualification voire l’usure de la
souveraineté nationale et pour aggraver
la perte de contrôle de l’État sur la
société livrée au désespoir sur fond
d’une folklorique fiesta appelée sans
vergogne « ARS » (mariage) qui
rappellerait à s’y méprendre les dérives
orgiaques des empereurs de Rome. Toufik
aura été rattrapé par ses erreurs
hypothéquées par ses lourdeurs
institutionnelles imposées par la
logique du secret. Ainsi son benjamin de
successeur balloté par El Mouradia puis
rappelé peut-être à contrecœur sera
phagocyté, et sera assurément lui aussi
victime de la tactique qui a laissé la
Ruse l’emporter sur l’Intelligence.
Vous connaissez très bien
l’histoire des services de renseignement
algériens, quel est le bon concept pour
qualifier ce qui se passe au DRS ?
Est-ce une restructuration comme
l’affirment certains ou est-ce tout
simplement un démantèlement ?
Vous me prêtez plus que j’en possède.
C’est généreux de votre part, sauf que,
honnêtement, je ne connais rien du DRS
sinon quelques bribes récoltées au cours
de discussions conviviales avec des
collègues universitaires dont certains
ne cachaient pas leurs liens avec
l’École de formation des cadres de cette
ténébreuse institution. Je n’affectionne
pas les ténèbres, et encore moins les
grottes, fussent-elles merveilleuses.
Éduqué par feu mon père dans le culte
des Lumières allant de Ibn El Mouqaffaa,
Abou Bakr Errazi, El Djahidh, El Farabi,
Ibn Sina, Ghazali (Abou Hamed, pas le
mercenaire d’El Mouradia), Ibn Rochd et
Ibn Khaldoun, je hais les ténèbres sauf
le monde démoniaque des poètes maudits
comme Chanfara, Abou Alaa de Maara,
Dante, Villon, Rutebeuf, Baudelaire,
Isidore Ducasse et Nerval ; Zakarïyā
Tāmir et Ahmed Fouad Nedjm et bien
entendu Kateb Yacine, à mes yeux le plus
grand de tous et le plus généreux.
Enseignant la sémiosociologie à l’ENSJSI
de Ben Aknoun puis 2010 après avoir été
écarté de mon département d’attache par
des escrocs, des voyous et des
enseignantes affairistes, j’ai pu
découvrir une discipline passionnante
parce que lumineuse à laquelle j’initie
mes actuels post-graduants. Elle m’a
intéressé par ce qu’elle puise ses
sources dans la philosophie éthique d’El
Djahidh que je connais un peu mieux.
Cela consiste à rester toujours en état
d’alerte intellectuelle et éthique. Cela
permet de comprendre que derrière toute
crise, et le DRS a été mis sciemment et
de manière délibérée et ourdie en état
de crise, on peut y aisément lire les
strates des manœuvres de démantèlement
tendant à occulter la crise sous l’effet
narcotique de la restructuration
institutionnelle. Bouteflika est marqué
par son passé janusien d’homme de
l’ombre mais que son narcissisme
viscéral pousse malgré lui sur les
devants de la scène, avançant à la
manière des alligators en chasse de
proie en eaux troubles. Mais diminué
comme il l’est aujourd’hui, il ne sert
que de garagouz (marionnette)
dans un théâtre d’ombres et de lumières
où s’affrontent des intérêts qui se
calculent loin, à l’abri de l‘apparente
turbulence algéroise. La décision
politique et sécuritaire de notre patrie
a cessé d’être nationale et devient de
plus en plus antipatriotique. Le DRS ne
sert plus à rien car il ne peut plus
rien. La logique de compradorisation a
placé notre patrie à la portée des
fourches caudines du néocolonialisme.
Mais nous sommes bien loin aujourd’hui
de la conjoncture rendue favorable au
début du siècle dernier par Woodrow
Wilson et sa Charte du Droit des peuples
et des nations à disposer d’eux-mêmes.
Il ne reste plus qu’à retravailler à
redonner vie au feu sacré de la
résistance légendaire des Numides et
restaurer dans l’urgence la figure
emblématique de Jograne, l’éternel
Jughurta.
Dans tous les événements qui
secouent la scène nationale algérienne,
où est l’élite progressiste et éclairée
?
Victime toute désignée de la vague
fascisante du tsunami de la
« Gandourie-Boudallahie » (sic
Kateb Yacine), l’élite progressiste et
éclairée de notre pays aura connu la
même trajectoire que le général Toufik.
De compromis en compromissions –
politiciennes bien entendu -, une
érosion méthodique aura été entreprise à
son intention. Aujourd’hui, une bonne
partie de cette élite progressiste,
celle qui a baissé les bras, cherche à
s’intégrer au programme de reconversion
idéologico-politique commencé en Europe
après la fin de l’ère du communisme
militant et son remplacement par la
déconfiture eltsinienne qui aura préparé
la voie à la dictature implacable du
KGB, dont le DRS de la version Toufik
est un des derniers produits rescapé de
la glasnost internationale.
On évoque une crise
multidimensionnelle en Algérie sur fond
de faux débats, diversions multiples,
cacophonie, comment en sommes-nous
arrivés là ?
Il faudrait sortir du magma de la
conceptologie qui sévit dans les débats
chez nous pour tenter de voir plus
clair. Quand on parle de crise, il faut
en préciser rigoureusement les tenants
et les aboutissants, les causes et les
conséquences, les matrices et les
dérivés. On dit que l’Algérie est en
crise. Soit. Mais de quoi parle-t-on au
juste ? Le limogeage ou le départ à la
retraite d’un officier des services de
sécurité aussi peu quelconque que
Mohamed Mediène sont-ils au cœur d’une
crise ? A-t-elle commencé avec cet
événement ou le termine-t-elle ? On dit
que Mediène est un homme secret, très
secret. Mais les commentaires que
suscite son départ semblent prouver le
contraire. Tout le monde en parle, tout
le monde suppute, tout le monde
conjoncture. La scène politique s’anime
et le ballet médiatique s’emballe.
J’adore le No et le
Garagouz, voire même Guignol le
caustique. Un ami, que dire, un frère,
sans doute bien informé ou, si l’on
veut, bien désinformé, m’avait assuré
sous le ton de la confidence, que
Mediène était toujours l’homme fort du
pays et que les rumeurs qui couraient
sur lui étaient infondées. Moins d’une
semaine après, « Mediène prenait sa
valise comme Mohamed ». Avec Kateb
Yacine au moins, c’était une
tragicomédie au vitriol contre le
néocolonialisme. Mais ça restait du
spectacle de haute voltige. Un colonel
du DRS, toujours en activité et
rencontré par inadvertance, m’a rassuré
me disant que ce n’était là qu’un fait
banal de la gestion des carrières qui
met sous les feux de la rampe une
génération qui traîne les pieds pour ne
pas partir. Il m’a assuré qu’il allait y
avoir des élections anticipées dans le
semestre qui suit et que la situation
était bien maitrisée. Je ne lui avais
rien demandé pourtant. Pourquoi m’a-t-il
fait cette confidence? Il sait que je
n’écris plus dans la presse. Mais il
connaît bien mes affinités politiques
qu’il n’a pas l’air d’apprécier
beaucoup. Il doit sans doute se douter
que je suis l’actualité au jour le jour
et que je constate les conséquences du
montage théâtral dans la résidence de
Mhalma (Mahelma, commune voisine de
Zéralda) et que j’apprends chaque jour
les résultats du déchainement violent
des réactions en cascades de la panique
et de la terreur vécues par des mesures
ubuesques. L’Algérie en crise économique
? Il y a encore moins d’un an, le
gouvernement d’incapables qui nous
dirige en parlait avec ironie et humour
noir et promettait de loger et de marier
tous les Algériens plusieurs fois plutôt
qu’une et avec baroud et zorna,
aveczerda outaam. Il n’a jamais
coûté de promettre, surtout avec des
sornettes et du mensonge sans vergogne.
Mais la réalité est toujours là et elle
finit par déchirer voile, hidjab
et niqab. Même au sein du
patronat, le néo patronat, se découvrent
et se révèlent des « cicérones »,
hachakoum en langue populaire « darija« ,
on appelle cela « qawadin laqhab« ,
pour attirer des investisseurs. Que dire
de la crise politique ? Oui, elle
existe, celle-là, et celui qui l’a
provoquée sans se donner les moyens –
encore aurait-il fallu que cela
l’intéressât – c’est le judicieux et
astucieux général démocrate Liamine
Zeroual, père de la première
Constitution authentiquement citoyenne
et républicaine, qui se révèle derrière
sa bonhomie affectée, un redoutable
stratège hors pair, d’une intelligence
autrement supérieure à cette stupide
ruse qui a subjugué tant d’abrutis à
cervelle d’oiseaux qui ont cru pouvoir
en venir à bout par quelques menaces et
par des attentats plus ou moins manqués.
Et l’intelligence du général démocrate
n’est pas à mettre sur le compte ou au
profit, hélas, du compradore qui lui
servait de chef des services secrets.
L’Algérie a raté le rendez-vous de
Zeroual avec Mediène. C’est à ce niveau
qu’il y a lieu de s’intéresser aux
arcanes de la vie de la casquette et à
ce qui détermine les amitiés et les
alliances. Et qu’on cesse de nous
rabâcher les oreilles avec ces « experts
de la casquette » parce qu’ils sont les
enfants du système, formule aussi creuse
que banale. Pour ce qui est de la crise
idéologique, celle-là est réelle et elle
sévit depuis la non résolution de la
crise de 1980, non résolue parce que
celui qui en avait pressenti et
l’importance et le danger avait été
écarté ou mis sur voie de garage avant
d’être liquidé physiquement une décennie
plus tard. La mutation démocratique et
républicaine avait été sciemment avortée
par des faiseurs de bâtards et
d’assassins.
Peut-on dire qu’avec
Bouteflika, l’Algérie a raté un tournant
politico-économique majeur pour être un
pays émergent ?
L’Algérie avait émergé dans les
années ‘60 quand elle surclassait
certains pays du bassin nord de la
Méditerranée (Espagne, Grèce) et
commençait son ascension dans la
décennie de la crise pétrolière sur fond
de luttes populaires à travers le Monde
dont Alger « était devenue la Mekke »
(la Mecque). Quelle prémonition pour une
catastrophe préméditée. Elle fut mise
délibérément en crise juste après la
chute du mur de Berlin au lendemain de
l’automne de la dignité – 5 octobre 1988
– comme si elle était le second
dispositif à nécessairement
déverrouiller. Seules les premières
générations de stagiaires des
intelligences services des écoles du KGB
soviétique avec Kasdi Merbah, le seul à
avoir été assassiné, Mohamed Mediène,
Lakehal Ayat, Mohamed Betchine,
pouvaient alors mesurer à l’époque
l’ampleur du tsunami qui se préparait à
déferler sur les anciennes colonies
libérées et si fragiles au nombre
desquelles compte en premier lieu notre
pays, l’ex-colonie, se trouvant dans la
plus proche proximité avec l’ancienne
puissance coloniale à laquelle elle
continuait à tenir tête, et pour un
temps. Depuis, l’économie algérienne a
été la cible d’une stratégie d’usure,
l’idée d’usure étant avancée pour la
première fois par un éminent sociologue
syrien, Borhane Ghalioun, qui officia au
département de sociologie de
l’université d’Alger mais qui fut écarté
par les médiocres apparatchiks auxquels
il faisait de l’ombre. L’Algérie a été
mise en crise par le Fond monétaire et
la Banque mondiale avec l’appui
intérieur de prétendus économistes qui
ont découvert les vertus dissolvantes du
libéralisme sauvage, moteur principal de
toute accumulation primitive sur fond de
lois scélérates comme on en voit
aujourd’hui à profusion.
Pour le chercheur et le
militant que vous êtes, est-ce qu’avec
ce qui se passe en ce moment en Algérie,
nous ne sommes pas amenés à regretter
les débats très importants qui avaient
lieu lors du Mouvement National dans les
années 20, 30 et 40 et qui ont débouché
vers la Révolution de Novembre qui a
changé l’histoire de l’Algérie ? Comment
expliquez-vous cette régression ?
Permettez-moi d’infléchir un petit
peu votre problématique enthousiaste
vers plus d’objectivité. Les débats des
années 20, 30 et 40, s’ils ont existé et
j’en doute, mis à part les combats
journalistiques de talentueux polémistes
comme Ferhat Abbas et Aziz Kessous ou
encore Tewfik El Madani, Lamoudi et
Ahmed Rédha Houhou, voire Amar Ouzegane
et même Albert Camus le tant décrié par
d’imbéciles heureux suffisants,
restèrent sans grand effet sur la lente
évolution de notre mouvement national
impétueux, volontariste mais indigent
politiquement. Pour preuve, le travail
militant aura été profond et porteur
dans les zones rurales plutôt que dans
le vacarme citadin. J’ai récolté un
témoignage du moudjahid Boudiaf Said,
alias Hamed de Téleghma, membre du
groupe de choc de protection et de
couverture de Mostefa Benboulaïd sous la
direction de Si Lakhdar Belboti de
Maghaïr. Le mouvement national algérien
s’est construit et consolidé dans les
campagnes où l’on parle si peu et où on
agit consciencieusement. De ce fait,
l’Algérie n’a pas régressé mais n’a pas
été aidée ni encouragée à s’émanciper et
à se faire par elle-même. Aujourd’hui,
on tente de nous faire admettre et
accroire que la Casbah d’Alger aura été
depuis toujours le cœur névralgique du
mouvement national algérien après avoir
été le studio de tournage de Pépé le
Moko. Même l’actuelle biographie
allusive du respectable Si Mohamed
Mediène veut asseoir cette contre-
vérité. Il y a là tout juste matière à
romance et à pièce théâtrale ou à un
film pour des écrivains en panne
d’inspiration ou pour des metteurs en
scène en chômage.
Pour informer notre lectorat
qui nous suit à travers le monde, sur
quelles thématiques travaillez-vous en
ce moment ?
Je suis toujours préoccupé de
recherche sur les formations élitaires
tous azimuts : culture et langues,
militances et engagements, projets et
perspectives qui concernent en
particulier l’Algérie, mon souci majeur.
Je contribue modestement à quelques
réflexions conjoncturelles comme le
problème linguistique, la refonte de la
sémiologie sociale, la crise de la
sociologie, particulièrement celles des
médias. Je me suis retiré pour me donner
à mes activités favorites : la lecture
de la poésie arabe ancienne, la chanson
amazigh, j’écoute à longueur de journée
de la musique universelle et j’imagine
avec délectation le ballet de la
« Troupe villemorienne » (sic
Denis Diderot, Le Neveu de Rameau) qui
s’agite et agite la scène nationale
comme une tempête dans une tasse de
mauvais café frelaté.
Interview réalisée par Mohsen
Abdelmoumen
Qui est le Professeur Mohamed
Lakhdar Maougal ?
Né à Khenchela dans les Aurès en
1945, Mohamed Lakhdar Maougal est un
penseur universitaire et écrivain
algérien. Il a enseigné dans différentes
universités françaises (Paris VII
Jussieu et Paris III Censier) ainsi qu’à
l’Institut des langues étrangères de
l’Université d’Alger où il était en
charge des cours de sociolinguistique et
de littérature comparée. Dans les années
‘80, il a été très actif dans les
collectifs d’enseignants, participant à
la création des syndicats autonomes des
enseignants et des étudiants. En 1980,
il a créé à Paris la revue Nedjma,
en hommage à Kateb Yacine et à l’Étoile
nord-africaine. Spécialiste de la
philosophie du langage et de la
sociolinguistique, il est un
conférencier réputé au niveau
international, son intérêt portant sur
la culture, la linguistique et la
sociologie.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages,
dont : Langages et langues entre
tradition et modernité (Essai),
Marinoor, Alger 2000 ; KATEB Yacine
ou les harmonies poétiques (1945-1962)
(Critique). Éditions Casbah, Alger, 2003
;L’Algérie en français dans le texte,
Édition ANEP, Alger 2003 sous la
direction de Aicha Kassoul et en
collaboration avec Simone Rezzoug ;
Les élites algériennes, histoire et
conscience de caste, livre 1(Essai),
Éditions APIC, Alger, 2004 ;
Langages et langues en partage et
paroles données(Essai). Éditions
Enag, Alger, 2004 ; Kateb Yacine,
l’indomptable démocrate(Critique).
Éditions APIC, Alger, 2004 ; Albert
Camus, l’assassinat post mortem, en
collaboration avec Aicha Kassoul, Malika
Kebbas, Thanina Maougal, Éditions APIC,
Alger 2004 ; Les élites algériennes,
livre 2 (Essai), Éditions APIC,
Alger, 2005 en co-écriture avec Saïd-Nacer
Boudiaf ; Histoire du mouvement
national algérien entre 1914 et 1954 ;
Albert Camus et le destin algérien,
édition Academica Press, Nevada, USA,
2006, en collaboration avec Aicha
Kassoul ; Mammeri Mouloud le
démocrate impénitent, en
collaboration avec Aicha Kassoul et sous
la direction de Mailka Kebbasm, Casbah
éditions, Alger 2008 ; Albert Camus
et le choc des cultures, Livre 1: A
l’ombre de la patrie des morts,
Éditions Mille Feuilles Alger 2009, en
collaboration avec Aïcha Kassoul ;
Les élites arabes et musulmanes,
Éditions Mille Feuilles Alger, 2010.
Published in Oximity, September
24, 2015:https://www.oximity.com/article/Le-Professeur-Mohamed-Lakhdar-Maougal-1
In Whatsupic:http://fr.whatsupic.com/sp%C3%A9ciale-monde/le-professeur-mohamed-lakhdar-maougal540980.html
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