Actualité
Dans une interview
accordée à France 2, le président Al
Assad : Nous sommes disposés à tout
dialogue réalisant l’intérêt des
Syriens…Nous n’avons pas utilisé le
chlore, et nous n’en avons pas besoin
SANA
Photo:
Sana
Lundi 20 avril 2015
Damas / Le président Bachar Al Assad a
accordé une interview à France 2, dans
laquelle, il a affirmé que le
gouvernement syrien n’avait point eu
recours au chlore et n’en a pas besoin.
Le président Al Assad a assuré que le
gouvernement syrien est disposé à tout
dialogue réalisant l’intérêt des
Syriens.
Voici le texte intégral de l’interview
accordée par le président Al Assad à
France 2 :
Première question :
Bonsoir Monsieur le Président. Je
voudrais commencer cette interview sans
détour. Pour une grande partie de la
France, vous êtes en large partie
responsable du chaos qui règne en Syrie
à cause de la brutalité de la répression
qui a été menée ici depuis 4 ans. Pour
vous quelle est votre part de
responsabilité ?
• Le président Al Assad:
Dès les premières semaines du conflit,
les terroristes se sont infiltrés dans
la situation en Syrie avec l’appui
d’Etats occidentaux et régionaux. Ils
ont commencé à attaquer les civils et à
détruire des propriétés publiques et
privées. Tout ceci est sur internet, et
ce sont eux qui ont mis ces vidéos en
ligne, pas nous. Notre rôle en tant que
gouvernement est de défendre notre
société et nos citoyens. Si ce que vous
venez de dire était vrai, comment un
gouvernement ou un président qui a agi
de façon brutale envers sa population,
tué ses concitoyens et affronté les pays
et les forces politiques les plus
puissants au monde bénéficiant des
pétrodollars des pays du Golfe, comment
un tel président peut-il bien résister
pendant quatre ans ? Est-il possible
d’avoir le soutien de son peuple quand
on est brutal avec lui ?
Deuxième question : Au
départ, il y avait des dizaines de
milliers de personnes dans les rues,
est-ce qu’ils étaient tous djihadistes ?
• Le président Al Assad:
Non, bien sûr que non. Mais l’autre
question que l’on doit poser est la
suivante : Si le premier policier a été
tué au sixième jour du conflit, comment
a-t-il été tué ? Par les manifestations
pacifiques ? ou par les haut-parleurs
des manifestants ?Il a été tué par des
terroristes. Quelqu’un a pris une arme à
feu et a tiré sur ce policier. Peu
importe qu’il soit djihadiste ou pas.
C’est un terroriste car il a tué un
policier.
Troisième question :
Peut-être il y a eu des djihadistes ou
des terroristes, mais nos reporters, à
l’époque, étaient sur place et ils ont
rencontré beaucoup de gens qui leurs
disaient :”Nous voulons plus de liberté
et plus de démocratie”. Ce n’était pas
des terroristes ou des djihadistes.
• Le président Al Assad:
Toute personne a assurément le droit de
réclamer la liberté, et tout
gouvernement doit appuyer la liberté,
conformément à la constitution. Mais la
liberté signifie-t-elle qu’on tue les
civils et les policiers ? Qu’on détruise
les écoles et les hôpitaux,
l’électricité… les infrastructures? Tout
cela n’appartient pas au gouvernement,
mais au peuple syrien. Ce n’est pas au
gouvernement, ce n’est pas à moi. C’est
une propriété publique. C’est ça ce que
vous entendez par liberté?
Quatrième question :
vous savez que beaucoup de journalistes
et d’analystes disent que vous avez
favorisé l’émergence de l’Organisation
Etat Islamique parce que c’est une
opportunité pour vous d’apparaître comme
un bouclier, comme un rempart.
• Le président Al Assad:
Mais l’OEI a été créé en Irak en 2006
sous la supervision des Américains. Je
ne suis pas en Irak. Je n’y ai jamais
été. Je ne contrôlais pas l’Irak.
C’était les Américains qui contrôlaient
l’Irak. L’OEI est venue d’Irak en Syrie,
car le chaos est contagieux. (Quand le
chaos est à votre porte), vous devez
vous attendre à ce qu’il entre chez
vous.
Cinquième question :
Mais ce n’était pas l’OEI au départ…
• Le président Al Assad:
Laissez-moi continuer. Lorsqu’il y a le
chaos dans un pays, il devient un
terrain fertile pour y faire venir les
terroristes. Ainsi, lorsqu’il y a eu le
chaos en Syrie, l’OEI est venue en
Syrie. Avant l’OEI, il y avait le front
Al-Nusra, qui fait partie d’Al-Qaïda. Et
auparavant, il y avait les frères
musulmans. Ils constituent tous le socle
sur lequel s’est appuyé l’OEI pour faire
son apparition.
Sixième question :
Alors, vous n’assumez aucune
responsabilité pour ce qui s’est passé
ces dernières années?
• Le président Al Assad:
Normalement les choses ne sont pas
absolues. Il n’est pas précis de dire
qu’on n’assume pas une responsabilité,
car chacun a une part de responsabilité.
Nous autres en Syrie, nous avons nos
problèmes. Le gouvernement est
responsable. Chacun d’entre nous est
responsable. Tout citoyen syrien est
responsable. Mais là je parle de ce qui
a amené l’OEI en Syrie. Le chaos. Et
votre gouvernement, ou si vous préférez
qu’on le désigne par le terme “régime”
comme ils le font pour nous, le régime
français est responsable car il a
soutenu ces djihadistes en les
considérant comme une opposition
modérée.
Septième question : La
France soutient la coalition nationale
syrienne. Sont-ils des terroristes?
• Le président Al Assad:
Ceux qui à l’heure actuelle reçoivent le
soutien et possèdent des armes
occidentales appartiennent à l’OEI. Ils
ont été armés et équipés par votre Etat
et par d’autres pays occidentaux. Votre
ministre de la défense l’a déclaré
publiquement au début de l’année en
affirmant avoir envoyé armes. Par
conséquent, ceux que vous qualifiez de
modérés ont diffusé en 2012, avant que
l’OEI n’apparaisse et que l’Occident ne
reconnaisse l’existence même du Front
Al-Nusra, une branche d’Al-Qaida, ils
ont diffusé des vidéos dans lesquels ils
dévoraient le cœur d’un soldat syrien,
mutilaient les corps d’autres victimes,
et en décapitaient d’autres. Ce sont eux
qui ont diffusé ces images, pas nous.
Comment pouvez-vous ignorer cette
réalité, puisque ce sont eux qui
diffusent de telles images et vous
disent que telle est la réalité?
Huitième question :
Parlons du présent. Il apparaît que
l’armée syrienne continue à utiliser des
armes aveugles qui ont des effets
dévastateurs pour les civils pour la
population, notamment les barils
explosifs. Pourquoi poursuivez-vous
cette stratégie?
• Le président Al Assad:
Nous n’avons jamais entendu parler au
sein de notre armée d’armes aveugles.
D’ailleurs aucune armée au monde, y
compris la nôtre, n’accepterait
d’utiliser des armes qui ne peuvent pas
cibler avec précision, car elles
n’auraient aucun intérêt, elles seraient
inutiles d’un point de vue miliaire.
Par ailleurs, lorsque vous parlez de
tueries aveugles qui ne font aucune
discrimination entre civils et
combattants, il ne s’agit pas d’armes
mais de la manière dont vous faites
usage de ces armes. La preuve, ce sont
les drones utilisés par les Américains
au Pakistan et en Afghanistan, qui tuent
des civils beaucoup plus que des
terroristes. Ce sont les armes les plus
précises au monde. Ce n’est donc pas un
problème de type de bombes. Nous avons
des bombes conventionnelles et des
armements classiques réguliers.
Neuvième question :
Vous n’utilisez pas les barils explosifs
?
• Le président Al Assad:
C’est quoi les barils explosifs?
Pouvez-vous me dire ce que c’est?
Dixième question : Il y
a plusieurs documents, plusieurs
extraits de vidéos et des photos comme
celles-ci où on peut voir un baril
explosif largué d’un hélicoptère. C’est
à Alep et Hama, il y a quelques mois, il
y a un an. Seule l’armée syrienne
possède des hélicoptères, quelle est
votre réponse ?
• Le président Al Assad:
Ce n’est pas une preuve. Ce sont deux
images de deux choses différentes.
Personne ne peut les relier l’une à
l’autre.
Onzième question : Alep
et Hama
• Le président Al Assad: Alep et Hama
Non, non. Cette image que vous montrez,
qu’est ce que c’est ? Je n’ai jamais vu
une chose ce genre de chose dans notre
armée ? Je ne parle pas des
hélicoptères. Je parle de ces deux
photos. Qu’est-ce qui vous permet de les
associer l’une à l’autre ?
Douzième question :
Est-ce que vous dites que se sont des
photos ou des documents falsifiées?
• Le président Al Assad:
Non, il faut que ce soit vérifier. Mais
dans notre armée, nous n’utilisons que
des bombes conventionnelles qui
nécessitent de viser. Nous n’avons aucun
armement qui puisse être utilisé
aveuglément. C’est tout.
Treizième question :
Mais se sont bien des hélicoptères, et
seule l’armée syrienne en possède.
• Le président Al-Assad
Oui, bien sûr. Je n’ai pas dit que nous
n’avons pas d’hélicoptères, ni que nous
ne les utilisons pas. Je parle des armes
avec lesquelles nous visons les
terroristes. A quoi bon tuer
aveuglément? Pourquoi tuer les civils?
La guerre en Syrie consiste à gagner le
cœur des gens, et non à les tuer. Si
vous tuer les gens, vous ne pouvez pas
rester au gouvernement ou rester
président.
C’est impossible.
Quatorzième question :
Qu’en est-il des armes chimiques ? Il y
a deux ans vous vous êtes engagé à ne
plus utiliser d’armes chimiques.
Avez-vous utilisé du gaz du Chlore
durant la bataille d’Irbil le mois
derniers ?
• Le président Al-Assad
Non, c’est un autre faux récit donné par
des gouvernements occidentaux. Pourquoi?
Parce que nous possédons deux usines de
chlore. L’une a été fermée il y a
plusieurs années et n’est plus donc
opérationnelle, l’autre se trouve au
Nord de la Syrie, et c’est l’usine la
plus importante. Elle se situe sur la
frontière avec la Turquie et se trouve
sous le contrôle des terroristes depuis
deux ans. Nous avons envoyé à l’ONU des
documents officiels à ce sujet. Ils
voulaient venir, et nous ont adressé une
réponse officielle disant qu’il leur
était impossible d’arriver jusqu’à cette
usine. Par conséquent, le chlore en
Syrie et sous le contrôle des groupes
armés. Par ailleurs, ce ne sont pas des
armes de destruction massive. Les armes
conventionnelles que nous possédons sont
beaucoup plus efficaces que le chlore.
Nous n’avons donc pas besoin de
l’utiliser de toute manière.
Quinzième question :
Mais il y a eu des investigations et je
pense que vous avez lu les rapports de
HRW concernant Idlib le mois dernier. Il
y a eu trois attaques dans lesquelles on
pouvait distinguer l’odeur du chlore,
ainsi que des symptômes semblables à
ceux de l’utilisation des gaz toxiques.
Cela est cité dans le rapport. Ces
attaques ont eu lieu dans des zones sous
contrôle de l’opposition armée. Est-ce
que HRW ment?
• Le président Al-Assad
Nous n’avons pas utilisé le chlore, et
nous n’en avons pas besoin. Nous avons
nos armements classiques, et nous
pouvons atteindre nos objectifs sans y
avoir recours. Nous n’en avons pas
besoin. Il n’y a aucune preuve.
Seizième question : Il
y a des témoins de l’attaque et des
témoignages de médecins
• Le président Al-Assad
Non, non. En réponse à toutes les
allégations concernant l’usage, dans le
passé ou le présent, d’armes chimiques,
c’est nous qui demandions toujours aux
institutions internationales d’envoyer
des délégations pour enquêter. C’était
nous qui avons formulé cette demande et
pas le camp adverse. Il y a deux ans,
nos soldats ont été exposés au gaz
sarin. Nous avons invité l’ONU à mener
une enquête. Comment aurait-on pu le
faire si c’était nous qui utilisons ce
gaz? Ce n’est pas vrai.
Dix-septième question :
Seriez- vous prêt à les inviter à
nouveau à venir, concernant Idlib?
• Le président Al-Assad
Nous l’avons déjà fait. Nous le faisons
toujours. Nous n’avons aucun problème à
cet égard.
Dix-huitième question :
Aujourd’hui il y a une coalition
internationale avec à sa tête les
Etats-Unis qui mène des bombardements
aériens contre l’OEI. Est-ce que pour
vous c’est un problème, ou est-ce que
c’est une aide?
18. Le président Al-Assad
Ni l’un ni l’autre. Il n’y a bien
entendu aucun problème à attaquer les
terroristes. Mais si la coalition n’est
pas sérieuse, cela ne nous aide pas.
Dix-neuvième question :
Pourquoi, elle n’est pas sérieuse?
• Le président Al-Assad
Si vous comparez le nombre de frappes
aériennes effectuées par les forces de
la coalition composée de 60 Etats à
celles que nous avons effectuées, nous
petit Etat, vous constaterez que nous
bombardons parfois 10 fois plus que la
coalition en l’espace d’une journée.
Est-ce sérieux? Ça leur a pris quatre
mois pour libérer ce que leurs médias
appellent la ville de Kobani, sur les
frontières turques, malgré la présence
de combattants syriens sur le terrain.
Ils ne sont donc pas sérieux jusqu’à
présent. Une autre preuve, c’est que
l’OEI s’est élargie en Syrie, en Irak,
en Libye et dans la région en générale.
Comment pouvez donc dire que la
coalition a été efficace? Ils ne sont
pas sérieux, c’est la raison pour
laquelle ils n’aident personne dans
cette région.
Vingtième question : La
coalition a effectué des milliers de
frappes aériennes depuis le début de
l’intervention. Mais la France fait des
frappes uniquement en Irak.
Voudriez-vous que la France rejoigne la
coalition pour frapper en Syrie?
• Le président Al-Assad
J’ai dit qu’ils ne sont pas sérieux de
toute manière. On ne peut pas former une
coalition contre le terrorisme et
soutenir en même temps les terroristes.
Ça nous est donc égal qu’ils frappent en
Syrie, en Irak ou dans les deux à la
fois, tant qu’ils continuent à soutenir
ces mêmes terroristes en même temps. Ils
envoient des armes à ces mêmes
terroristes sous prétexte de soutenir
l’opposition modérée. Au moment même où
Obama a qualifié cette opposition
d’illusoire. A qui donc vont ces armes
réellement ? Aux terroristes. C’est
contradictoire. C’est voué à l’échec.
Vingt et unième question :
Vous avez un ennemi commun avec la
France, l’OEI. Est-ce que depuis les
attentats du mois de janvier à Paris il
y a des contacts entre vos services de
renseignement et les services de
renseignement français.
• Le président Al-Assad
Il y a des contacts, mais il n’y pas de…
coopération.
Vingt deuxième question :
Que voulez-vous dire par contacts?
• Le président Al-Assad
Nous avons rencontré certains
responsables de vos services de
renseignement, mais il n’y a point de
coopération.
Vingt troisième question :
Il n’y a pas d’échange d’informations ?
• Le président Al-Assad
Non. Rien du tout.
Vingt
quatrième question :
Alors, vous vous êtes réunis ?
• Le président Al-Assad
Ce sont eux qui sont venus en Syrie, et
pas nous qui sommes allés en France. Ils
sont venus peut-être pour un échange
d’informations. Mais lorsque vous
souhaitez établir ce genre de
coopération, ça doit être dans les deux
sens: Nous les aidons, et ils nous
aident en retour. Mais d’après vos
politiques et celle du gouvernement
français, il faudrait les aider alors
qu’ils soutiennent les terroristes et
tuent nos citoyens. ça ne marche pas
comme ça.
25. Est-ce la France
qui a demandé ces contacts avec vos
services de renseignement?
• Le président Al-Assad
Oui, nous les avons rencontrés. Il y a
eu une réunion avec eux.
26. est –ce que c’était
suite à une demande de la France ?
• Le président Al-Assad
Oui. Nous, nous n’avons rien à demander
aux services de renseignements français.
Nous disposons de tous les
renseignements sur les terroristes.
27. Il y a des
centaines de français qui sont venus se
battre aux côtés du groupe Etat
islamique. Est-ce que vous avez arrêté
des français ? Et est-ce qu’il y a des
français du groupe de l’Etat islamique
qui sont détenus aujourd’hui dans vos
prisons ?
• Le président Al-Assad
Non, nous n’en avons aucun dans les
prisons. Nous n’avons que des
informations. La plupart de ces
djihadistes viennent ici pour combattre,
mourir et aller au paradis. Telle est
leur idéologie. Ils ne sont donc pas
prêts à aller dans les prisons, quelles
qu’elles soient.
28. Alors, il n’y en a
aucun dans les prisons.
aaaa
• Le président Al-Assad
Non, nous n’en avons aucun dans nos
prisons.
29. Il y a aujourd’hui
des gens en France et parmi eux des
hommes politiques, des parlementaires
notamment, vous en avez reçu
quelques-uns ici… Ils disent qu’il faut
renouer le dialogue avec vous. Quelle
initiative seriez-vous prêt à prendre
pour convaincre l’autre partie de la
France et des français, que vous pouvez
être un partenaire ?
• Le président Al-Assad
Avec eux?
30. avec la France ?
• Le président Al-Assad
Ils doivent d’abord me convaincre qu’ils
ne soutiennent pas les terroristes, et
qu’ils ne sont pas impliqués dans
l’effusion de sang en Syrie. Ce sont eux
qui se sont trompés à l’égard de la
Syrie. Nous n’avons tué aucun français
ni aucun européen. Nous n’avons pas aidé
les terroristes dans votre pays. Nous
n’avons pas aidé ceux qui ont attaqué
Charlie Hebdo. C’est vous qui avez aidé
les terroristes. Par conséquent, votre
pays, les responsables occidentaux
doivent nous convaincre qu’ils ne
soutiennent pas les terroristes. Mais
nous sommes prêts à tout dialogue,
prenant en considération le fait que
ceci sera dans l’intérêt des citoyens
Syriens.
31. Alors, actuellement
vous n’êtes pas intéressé au dialogue
avec les France ?
• Le président Al-Assad
Non, nous sommes toujours intéressés au
dialogue avec quiconque. Mais comment
peut-on établir un dialogue avec un
régime qui soutient le terrorisme dans
notre pays. Et pour quelle raison? Telle
est la question. Lorsqu’ils changeront
de politique, nous serons prêts pour le
dialogue. Sans ça, le dialogue n’aura
aucun but. Il n’y a pas de dialogue pour
le dialogue. L’objectif est d’aboutir à
certains résultats. Pour moi, le
résultat serait que le gouvernement
français cesse son appui aux terroristes
dans mon pays.
32. Alors, vous n’avez
pas de message à adresser à Hollande en
vue d’un dialogue ?
• Le président Al-Assad
Je crois que le principal message qui
doit lui être adressé doit l’être par le
peuple français. Les sondages en France
montrent bien le message que Hollande
devrait écouter davantage. A savoir,
qu’il est le président le plus
impopulaire depuis les années cinquante.
Il devrait s’occuper de ses citoyens et
les protéger des terroristes qui
viennent en France. En ce qui me
concerne, en tant que président qui
souffre en Syrie avec ses citoyens de ce
terrorisme, je pense que le message le
plus important est que ce que vous avez
vécu en France n’est que la partie
émergée de l’iceberg.
Quand on parle de terrorisme, sachez
qu’il y a toute une montagne sous la
mer. Soyez conscients que cette montagne
s’en prendra à votre société.
33. Le secrétaire
d’Etat américain a dit que peut être il
y aura un dialogue avec le président
Bachar Al Assad, avant de revenir sur
cette position. Vous aviez dit ce ne
sont que des mots, et moi je voudrais
entamer le dialoguer, vous y êtes donc
prêt ?
• Le président Al-Assad
Bien sûr que nous sommes prêt. J’ai dit
que nous sommes disposés à mener un
dialogue avec tout pays dans le monde, y
compris avec les grandes puissances… y
compris avec la France. Mais j’ai dit
que le dialogue doit s’appuyer sur une
politique précise. Les fers de lance
contre la Syrie ont été: un, la France.
Deux, le Royaume-Uni. Ce n’était pas les
Etats-Unis cette fois au soutien des
terroristes en Syrie. Obama a reconnu
que l’opposition modérée en Syrie est
une illusion.
34. Il a dit que c’est
illusoire de croire que nous pouvons les
armer et qu’ils peuvent gagner la
guerre, mais il n’a pas dit qu’il n’y a
pas d’opposition modérée ?
• Le président Al-Assad
Exactement. Que veut-il dire par “nous
pouvons leur fournir des armes, et ils
pourront gagner la guerre?” Qu’est-ce
que ça veut dire? Que signifie ce
fantasme? Ils ont dit qu’ils allaient
armer l’opposition modérée. Pouvez vous
me dire ce que c’est que cette
opposition modérée? Où est-elle? Nous,
nous ne la voyons pas. Nous vivons en
Syrie et vous, vous vivez en France. Moi
je vis ici et je ne vois pas cette
opposition modérée pour la combattre, si
nous devons la combattre. Elle n’existe
pas.
35. Vous dites qu’il y
a un grand nombre de pays étrangers
impliqués dans le conflit en Syrie. Mais
Est-ce que vous auriez pu, sans le
soutien de l’Iran et de Hezbollah,
combattre le terrorisme en ce moment?
C’est-à-dire vous avez condamnez les
pays étrangers impliqués dans le conflit
en Syrie, qu’en est-il du soutien
iranien et de celui de Hezbollah ?
• Le président Al-Assad
Il y a une grande différence entre
l’intervention et l’invitation. Tout
pays, tout gouvernement dans le monde,
tout Etat a le droit d’inviter n’importe
quel pays ou n’importe quel parti ou
organisation à l’aider dans n’importe
quel domaine. Mais nul pays n’a le droit
d’intervenir sans y être invité. Nous
avons invité Hezbollah, mais pas les
Iraniens. Ils n’y a pas de troupes
iraniennes en Syrie, et ils n’ont envoyé
aucune force.
36. Il n’y a pas
d’iraniens qui combattent à vos cotés?
• Le président Al-Assad
Non, non. Ils ne combattent pas. Nous
avons avec l’Iran des relations
régulières, et ce depuis plus de trente
ans. Des commandants et des officiers
vont et viennent entre les deux pays
conformément à la coopération existant
entre nous depuis bien longtemps. C’est
différent que de participer aux combats.
Ils ne combattent pas. En tant que
gouvernement, nous avons droit à ce
genre de collaboration. En revanche, la
France et d’autre pays n’ont pas le
droit de soutenir qui que ce soit dans
notre pays. C’est une violation du droit
international, de notre souveraineté et
des valeurs dont ils se vantent, ou dont
certains prétendent être fiers depuis
des décennies, voire peut-être depuis
des siècles; et parmi lesquelles celle
de la démocratie. Est-ce de la
démocratie que d’envoyer des armes aux
terroristes et de les appuyer? Ai-je le
droit de soutenir les terroristes qui
ont attaqué Charlie Hebdo par exemple?
37. Vous savez ce que
le premier ministre français a dit,
récemment, de vous ? il a dit que vous
êtes “un boucher” que répondriez-vous ?
• Le président Al-Assad
Tout d’abord, je vais être franc avec
vous. Personne ne prend plus aux sérieux
les déclarations des responsables
français. Pour une simple raison: c’est
que la France est devenue en quelque
sorte un satellite de la politique
américaine dans la région. Elle n’est
pas indépendante, et n’a aucun poids.
Elle n’a plus aucune crédibilité.
Par ailleurs, En tant que responsable,
je m’occupe toujours de l’opinion du
peuple et des citoyens syriens. ce n’est
pas la France ou un autre pays qui a
fait de moi ce que je suis. Je suis là
par la volonté des citoyens syriens, et
c’est ça ce qui m’importe.
38. Est-ce que
vous pensez qu’un jour, réellement, vous
gagnerez cette guerre et que tout
redeviendra comme avant en Syrie ?
• Le président Al-Assad
Non. Rien ne sera plus comme avant.
Revenir au point de départ signifie que
nous n’évoluons pas, et que nous n’avons
pas tiré les bonnes leçons du conflit.
Plusieurs leçons se dégagent de ce
conflit. Nous devons les assimiler et
faire en sorte que les choses
s’améliorent, et non qu’elles reviennent
comme avant. Il y a là une grande
différence.
39. Avec Bachar Al
Assad à la tête du pays?
• Le président Al-Assad
Peu m’importe. Ce qui m’intéresse c’est
ce que souhaite le peuple syrien. S’ils
veulent Bachar Al-Assad, il restera.
S’ils ne veulent pas de lui, il quittera
sur le champ. Je veux dire comment
sera-t-il en mesure de gouverner sans
l’appui de son peuple? Il ne le pourra
pas.
40. Comment saviez-vous
que vous jouissez d’un soutien populaire
?
• Le président Al-Assad
D’abord, si je ne jouissais pas du
soutien, le peuple n’aurait pas soutenu
l’armée et on n’aurait pas pu résister
pendant quatre ans. Comment pouvez-vous
résister sans l’appui du peuple?
41. Peut être, ils ont
peur
• Le président Al-Assad
Il y a 23 millions de Syriens. Comment
peuvent-ils avoir peur d’une seule
personne, ou d’un seul service de
renseignement, ou d’un seul
gouvernement? Ce n’est pas réaliste, et
c’est insensé.
42. Croyez-vous que la
Syrie est une démocratie ?croyez-vous
vraiment que les gens peuvent dire ce
qu’il veulent ?
• Le président Al-Assad
Non. Nous étions sur la voie de la
démocratie. C’est un long processus. Il
n’y a pas un point que vous atteignez et
vous dites “c’est ça la démocratie”. Si
vous voulez nous comparer à l’occident,
à la France et à d’autres pays, je dirai
“non”. Vous êtes certainement bien plus
avancés que nous en raison de votre
histoire et de plusieurs circonstances
et facteurs. Mais si vous voulez nous
comparer à votre ami le plus proche,
l’Arabie saoudite, je dirai bien sûre
que nous avons la démocratie. Ça dépend
donc avec qui vous me comparez.
43. Si vous aviez la
certitude que votre départ signifierait
la paix en Syrie, partiriez-vous?
• Le président Al-Assad
Sans hésitation. Si c’est le cas, je le
ferai sans hésitation. Je quitterai le
pouvoir. Si je suis la cause du conflit
dans mon pays, je ne dois pas être là où
je suis. C’est évident.
44. Je voudrais vous
montrer une autre photo. C’est Gilles
Jacquier. Un journaliste dans notre
chaîne France 2. Il a été tué en Syrie
il y a 3 ans. Vous aviez promis de faire
une enquête pour savoir qui l’a tué. Que
pourriez-vous nous dire concernant cette
investigation ?
• Le président Al-Assad
Indépendamment des accusations qui nous
ont été adressées à l’époque de l’avoir
tué, il était dans un quartier
résidentiel sous contrôle du
gouvernement. Il a été tué par un obus
mortier et non par balle. Il est évident
que le gouvernement ne se serait pas
bombardé, ni n’aurait bombardé les
quartiers de ses propres partisans. Il
est donc très clair, et tout le monde le
sait, plusieurs médias français l’ont
reconnu: il a été tué par un obus
mortier tiré par ce que vous appelez
l’opposition, alors qu’il s’agit en fait
de terroristes. Il a sans aucun doute
été tué par eux. Mais votre question
était sur l’enquête?
45. Est-ce que seriez
prêt à communiquer les résultats de ses
investigations à la justice française,
peut-être même les preuves?
•
Le président Al-Assad
Non. Nous n’avons rien à prouver. Nous
avons nos propres procédures légales; et
lorsqu’un crime est commis en Syrie,
nous suivons ces procédures comme
n’importe quel autre pays. En Syrie,
nous avons un système judiciaire et ds
procédures habituelles. Si vous voulez
en savoir plus après cette interview, on
peut vous renvoyer vers les autorités
compétentes.
46. Est-ce que seriez
prêt à communiquer les résultats de ses
investigations à la justice française ?
• Le président Al-Assad
Bien sûre, aucun problème.
47. Est-ce que seriez
prêt à laisser venir des enquêteurs
français, des policiers ou des juges
pour mener leur propre investigation ici
en Syrie ?
• Le président Al-Assad
Ça dépend de l’existence ou non d’un
accord entre les deux gouvernements.
S’il y a un accord, une convention ou un
traité relatif au système judiciaire
entre les deux pays et la coopération
bilatérale dans ce domaine, il n’y a pas
de problème. Ce n’est pas une décision
politique.
48. Merci Monsieur le
Président
• Le président Al-Assad
C’est moi qui vous remercie.
Le
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