Un entretien avec Mahdi Darius Nazemroaya
La balkanisation de la Libye :
les plans des États-Unis et de l'OTAN
Vendredi 9 mai 2011
Cet entretien avec Mahdi Darius Nazemroaya réalisé le 26
avril 2011 traite de l’impasse de la guerre en Lybie, et de la
stratégie du Pentagone et de l’OTAN pour diviser ce pays. Il
aborde également le rôle de la Turquie et de l’Allemagne, ainsi
que les plans de l’Union européenne d’envoyer une force de
maintien de la paix. Il souligne l’importance économique de
Misrata.
XU JINGJING :
Il semble que la
coalition occidentale ait ralenti ses actions durant les trois
dernières semaines. À votre avis, quelles sont les raisons de
cette impasse ?
NAZEMROAYA :
L’impasse en Libye est calculée. Les États-Unis et l’OTAN
veulent maintenir une impasse stratégique entre le Gouvernement
libyen à Tripoli et le Conseil transitoire à Benghazi. Ils se
servent de cette impasse pour manipuler à la fois Tripoli et
Benghazi. Plus les parties seront fatiguées et affaiblies, plus
elles seront disposées à se tourner vers les États-Unis et ses
partenaires de l’OTAN pour mettre fin au conflit. Le Conseil
transitoire sera également enclin à faire davantage d’offres aux
États-Unis et à l’UE. Le régime libyen à Tripoli demandera aux
États-Unis et a l’UE de mettre fin au conflit et fera aussi des
concessions. Les États-Unis et l’UE veulent que les deux côtés,
à Benghazi et à Tripoli, soient plus dépendants de Washington et
de Bruxelles comme arbitres de la situation en Libye.
Le résultat final sera que la
Libye va se transformer en ce que les États-Unis et l’Europe de
l’Ouest voulaient qu’elle soit depuis la fin de la seconde
guerre mondiale en 1945. Leur objectif est de faire de la Libye
un pays divisé. Ils sont experts en cela. Ce sont des experts à
dresser les gens les uns contre les autres et à détruire des
nations.
Ils ont divisé les Arabes qui
devraient n’être qu’une seule nation. Ils ont contribué à
diviser le peuple de l’Inde. Ils ont divisé les Slaves du sud
dans les Balkans. Ils ont divisé les peuples de l’Asie du
Sud-est. Ils ont travaillé à diviser l’île de Taiwan de la Chine
continentale. Ils ont œuvré pour que l’Ukraine se batte contre
la Russie. Avec Israël et l’Arabie Saoudite, ils ont divisé
politiquement les Palestiniens et les Libanais. Maintenant les
États-Unis et l’UE ont l’intention de diviser davantage les
Arabes, et de créer aussi des divisions dans les pays d’Afrique
et d’Amérique du Sud. Et ils continuent à diviser les musulmans
en les identifiant comme chiites ou sunnites. Ils continuent
aussi à travailler d’arrache-pied pour diviser la Russie, l’Iran
et la Chine.
Avant 1951, les États-Unis,
la France, l’Italie et la Grande-Bretagne avaient tous des
accords entre eux pour diviser la Libye en sphères d’influence
et ils ont même tenté d’empêcher la Libye de devenir un pays uni
et indépendant. Ces puissances impérialistes voulaient à
l’origine que la Libye soit divisée en trois territoires
distincts. Le peuple libyen s’y est farouchement opposé.
Washington, Londres et Paris
ont même eu des entretiens avec l’URSS sur l’établissement de
trois mandats des Nations Unies appelés tutelles
en Libye. Un de ces mandats aurait concerné la Cyrénaïque sous
contrôle britannique, un autre le Fezzan sous contrôle français
et le dernier la Tripolitaine sous contrôle italien. Les
États-Unis supervisant l’ensemble. Mais les Soviétiques avaient
des idées différentes sur la question et désiraient le mandat en
Tripolitaine ou le partager avec l’Italie. Finalement, aucun
accord ne put être conclu et la Libye devint indépendante après
un débat à l’ONU.
Quand les États-Unis, la
Grande-Bretagne, la France et l’Italie tombèrent d’accord pour
donner l’indépendance à la Libye, il fut décidé que cela se
ferait sous la forme d’un État fédéral sous la férule du roi
Idris. Idris fut placé comme chef de l’État libyen par les
Britanniques et les puissances coloniales et, dans le cadre de
ce système fédéral, les autres petits émirs dirigeraient la
Cyrénaïque et le Fezzan et seraient les représentants non-élus
de ces deux territoires.
En Tripolitaine, où se
concentrait la vaste majorité de la population libyenne, les
représentants libyens seraient choisis par le peuple, mais dans
le cadre d’un système fédéral qui donnerait une importance
équivalente à la Tripolitaine, à la Cyrénaïque et au Fezzan. Les
représentants choisis par le peuple libyen seraient ainsi placés
en minorité face aux émirs et aux cheikhs.
Dans le système fédéral
souhaité par Washington, les émirs non élus représentant les
populations plus réduites de la Cyrénaïque et du Fezzan seraient
majoritaires dans l’Assemblée nationale libyenne. Ce que les
États-Unis et leurs alliés essayaient de faire était d’éliminer
toute forme d’auto-détermination de la part des Libyens. Les
États-Unis et leurs alliés tentaient de transformer la Libye en
un émirat comme le Bahreïn, le Qatar, le Koweït ou les Émirats
Arabes Unis.
Aujourd’hui les États-Unis et
l’UE sont en route pour imposer un nouveau système fédéral en
Libye ou pour diviser le pays entre au moins deux
administrations, à Tripoli et à Benghazi. Ces pays poussent à
une guerre tribale en Libye, ce qui transformerait le pays en
une seconde Yougoslavie. Les guerres tribales en Libye se
répandraient au-delà des frontières de la Libye dans le reste de
l’Afrique, de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique centrale et à
l’Afrique de l’Est.
XU JINGJING :
Les négociations
politiques sont-elles dans une impasse ou au-delà ? Comment
voyez-vous ces pays attribuer les obligations de la guerre et
les intérêts de l’après-guerre ?
NAZEMROAYA :
Les Britanniques ont élaboré un schéma selon lequel les membres
arabes de la coalition contre la Libye enverront leurs troupes
en Libye ou financeront une armée massive de mercenaires
étrangers.
Une invasion terrestre
partiellement privatisée de la Libye aura lieu. À cet égard, les
Britanniques veulent que les pays arabes comme le Qatar et les
Émirats Arabes Unis financent des mercenaires britanniques et
américains en Libye. Comme les Britanniques l’ont déjà fait à
Oman il y a plusieurs années, Londres va même autoriser des
membres de l’armée britannique à quitter temporairement l’armée
pour aller travailler ou combattre en Libye comme mercenaires.
Voilà pourquoi les États-Unis étaient contre l’inclusion d’un
article dans la résolution de l’ONU 1973, qui aurait permis de
poursuivre en justice des mercenaires étrangers qui ne sont pas
parties à la cour internationale de justice.
Alors que les États-Unis ont
été chargés de diriger l’attaque contre la Libye, ce seront les
Européens de l’Ouest qui se chargeront de l’occupation.
L’UE veut maintenant occuper
la Libye. Ils le feront sous la couverture d’un mandat d’une
force de maintien de la paix. Ceci ne fera que diviser la Libye
plus avant. Et ce sera sous les yeux d’une force de maintien de
la paix de l’UE que les deux gouvernements de Tripoli et de
Benghazi s’éloigneront irrémédiablement l’un de l’autre. Très
probablement, la Libye sera gouvernée par deux gouvernements
séparés ou dans le cadre d’un système fédéral.
Les États-Unis et l’UE ont
contribué à créer à Benghazi une nouvelle banque centrale, ainsi
qu’une nouvelle compagnie pétrolière nationale. Les États-Unis
veulent sans doute se positionner militairement en Libye et
peut-être même essayer d’y établir plus tard le QG de
l’AFRICOM. Wall Street et les grosses banques européennes
géreront également les finances de la Libye. Le secteur de
l’énergie sera partagé entre les États-Unis et l’UE, avec
l’inclusion du Qatar en récompense à son émir pour les services
rendus. Celui-ci est déjà responsable de l’accord entre la
nouvelle compagnie pétrolière nationale à Benghazi et
Al Jazeera a également contribué à créer les
stations médiatiques du Conseil national transitoire.
XU JINGJING :
Voyez-vous des
dissensions au sein des pays de la coalition se battant contre
Kadhafi ? Ont-ils des buts et des intérêts nationaux
différents ?
NAZEMROAYA :
Je ne vois aucune preuve de dissensions majeures entre les
États-Unis et leurs alliés. S’il y en avait cela ne pourrait se
produire qu’entre la partie anglo-américaine d’un côté et
franco-allemande de l’autre. Ce sont les deux piliers de l’OTAN.
Tout le monde au sein de l’OTAN suit un de ces fronts.
Il a été dit que l’Allemagne
et la Turquie ont des vues opposées à celles des États-Unis, de
la Grande-Bretagne et de la France. Avec Rome quelque part entre
les deux. Mais les actions des dirigeants de ces pays en disent
plus long que leurs paroles. Le gouvernement allemand a soutenu
la guerre dès le début. Parce que le peuple allemand ne l’aurait
pas permis, Berlin n’a pas pu prendre directement part à
l’attaque contre la Libye. Ce que le gouvernement allemand a
fait en revanche, est d’envoyer plus de ressources militaires en
Afghanistan de façon à ce que davantage de ressources de l’OTAN
puissent être consacrées à la Libye.
La Turquie et l’Allemagne
auraient pu empêcher l’utilisation de l’OTAN si elles avaient
vraiment été contre cette guerre. Un des QG opérationnel de
cette guerre est basé en Turquie. La Turquie est aussi
l’autorité administrative à l’aéroport de Benghazi et elle
fournit une aide dans les opérations navales contre la Libye.
Oui, il y a des intérêts
divergents entre le bloc américano-britannique et le bloc
franco-allemand, surtout en ce qui concerne le contrôle des
réserves énergétiques en Libye et en Afrique du Nord.
Contrairement aux États-Unis, les pays de l’UE sont dépendants
de l’énergie libyenne, en particulier l’Italie. Il est dans leur
intérêt stratégique de contrôler les ressources pétrolières et
gazières en Afrique du Nord. Si Washington et Londres gagnent le
contrôle majeur de ces réserves, ils contrôleront la sécurité
énergétique de l’UE. Mais je crois que les États-Unis et l’UE
travaillent en associés en Afrique du Nord et coordonnent en
fait des opérations contre la Chine et ses alliés en Afrique.
XU JINGJING :
Les combats dans la
ville de Misrata attirent toute l’attention maintenant. Que
pensez-vous de l’importance de cette ville ? Comment le résultat
de cette bataille peut-il influer sur les mouvements de
l’opposition libyenne ?
NAZEMROAYA :
La ville de Misrata est le Shanghai de la Libye. Pour le Conseil
transitoire ce serait une victoire économique majeure. Elle est
une importante base industrielle et commerciale pour la Libye et
l’Afrique. Certaines des plus grosses compagnies africaines sont
basées à Misrata, y compris la Libyan Iron and
Steel Company. Misrata est aussi un port très important.
Beaucoup de compagnies nationales libyennes et d’industries ont
leur siège à Misrata et dans les districts avoisinants.
Voilà pourquoi l’Allemagne et
l’UE veulent envoyer des troupes à Misrata sous prétexte de
maintien de la paix. L’UE veut envoyer des militaires là-bas
pour des raisons purement stratégiques et économiques et pas du
tout pour des raisons humanitaires. La force de l’UE est
composée des mêmes pays qui font partie de l’OTAN. Ils utilisent
simplement un autre nom. La différence entre la force de l’UE et
l’OTAN est purement technique.
Ceci qui est aussi ridicule,
c’est que les pays qui veulent envoyer leurs soldats comme
soldats de la paix, sont des combattants de cette guerre. De
fait, parce que l’OTAN est entrée en guerre de manière
collective, toute nation faisant partie de l’OTAN est une nation
combattante. Ceci inclut l’Allemagne. Ceci devrait disqualifier
l’ensemble des nations européennes comme force de paix en Libye.
Seules des parties neutres et non combattantes peuvent faire
office de force d’interposition et de maintien de la paix.
Des nations comme la Russie,
la Chine, l’Algérie, le Kazakhstan, l’Ukraine, l’Iran, la
Biélorussie, le Brésil, la Malaisie et le Venezuela devraient
envoyer des forces de maintien de la paix. Les Russes et leurs
partenaires militaires dans l’espace post-soviétique pourraient
tous jouer un rôle majeur en tant que gardiens de la paix. Même
l’Organisation de Coopération de Shangai pourrait jouer un rôle.
Il est dans l’intérêt stratégique de la Chine et ses alliés de
s’assurer que la Libye ne soit pas colonisée ou victimisée comme
l’est l’Afghanistan sous les forces d’occupation de l’OTAN. Pour
l’alliance militaire occidentale, les évènements de Libye sont
des préalables dans sa politique d’isolement et de confrontation
vis-à-vis de l’Iran, de la Russie, et de la Chine et de
l’Eurasie.
XU JINGJING :
Pensez-vous que les
États-Unis sont toujours l’acteur décisif ? Pourquoi ?
NAZEMROAYA :
Oui, sans l’ombre d’un doute.
Pour répondre à cette
question, définissons en premier lieu la coalition qui est
impliquée dans cette guerre d’agression contre la Libye. Le
Pentagone a transféré les opérations militaires à l’OTAN après
quelques jours. Ainsi la guerre est officiellement pilotée par
l’OTAN. Quelques autres pays comme le Qatar, la Jordanie, les
Émirats Arabes Unis et la Suède, sont aussi partenaires sous
commandement de l’OTAN.
Dès lors et avant que je
n’analyse l’OTAN, voyons de plus près une autre alliance
militaire datant de la guerre froide appelée le Pacte de
Varsovie. Washington et l’Europe occidentale avaient l’habitude
de critiquer l’ancienne Union soviétique en disant que le Pacte
de Varsovie était en fait une organisation fictive, qu’en fait
ce n’était que l’Armée Rouge soviétique. En d’autres termes que
la Bulgarie, la Roumanie, l’Allemagne de l’Est, la Pologne, la
Tchécoslovaquie, la Hongrie et l’Albanie n’avaient pas de force
réelle au sein du Pacte de Varsovie et que ce Pacte n’était que
l’Union soviétique agissant sous le masque du multilatéralisme
en Europe de l’Est. Je ne discuterai pas ce point.
L’OTAN est bien plus
compliquée que le Pacte de Varsovie et n’est pas gérée par un
seul pays. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et
l’Allemagne sont les piliers de cette force et ils sont le vrai
pouvoir décisionnaire à Bruxelles. La Turquie, à cause de
l’héritage de Kemal Atatürk a aussi une certaine indépendance au
sein de l’OTAN. Toutes les autres nations ou bien suivent les
anglo-américains ou bien suivent le bloc franco-allemand. Mais
dans tout cela, l’OTAN est juste un Pacte de Varsovie plus
sophistiqué Les États-Unis devraient se regarder dans le miroir.
L’argument critique de Washington envers le Pacte de Varsovie
s’applique à eux-mêmes et à l’OTAN.
L’OTAN d’aujourd’hui n’est
pas très différente de ce que les États-Unis qualifiaient le
Pacte de Varsovie d’être, à savoir l’Union soviétique sous un
drapeau multilatéral. L’OTAN elle-même et les commandants du
Pentagone disent que l’OTAN n’est presqu’exclusivement
constituée que de l’armée états-unienne. En d’autres termes,
l’OTAN est l’armée états-unienne, renforcée par la
Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Turquie, le Canada,
l’Italie et quelques autres pays européens comme auxiliaires.
Les États-Unis font la guerre, puis envoient ces pays pour
occuper les pays défaits, pour privatiser leurs économies sous
contrôle étranger. Au bout du compte, l’OTAN est en réalité
l’armée états-unienne avec le soutien politique et financier de
ces autres pays. Le sénateur MC Caïn et le Sénat états-unien ont
demandé il y a quelques semaines que le reste de l’OTAN finance
les États-Unis pour la guerre contre la Libye. La plupart des
membres de l’OTAN sont en fait des pays satellites des
États-Unis.
L’OTAN sans les États-Unis
n’aurait jamais pu faire la guerre en Yougoslavie et en
Afghanistan, sans même parler de lancer une guerre dévastatrice
contre la Libye. Il suffit de regarder le rôle que les
États-Unis ont joué dans les bombardements en Libye. Ils y ont
fait l’essentiel des bombardements et du pilonnage. En fait,
réellement, les États-Unis se cachent derrière l’image de
multilatéralisme offerte par l’OTAN. Ils ne veulent pas
apparaître comme étant en charge de tout ce qui se passe.
Washington a peur de l’opinion publique. C’est pourquoi Obama,
Clinton et Gates ont prétendu publiquement que le gouvernement
états-unien était contre la création d’une zone d’exclusion
aérienne au dessus de la Libye et ce jusqu’au tout dernier
moment lorsque les véritables objectifs des États-Unis sont
devenus transparents. Dans le même temps où l’Administration
Obama disait être contre la zone d’exclusion, les États-Unis se
préparaient pour attaquer la Libye. Paris et Londres ont juste
joué les rôles principaux sur la scène publique.
Je désire ici faire une
remarque finale et importante. Le président Obama, le premier
ministre Cameron, le président Sarkozy se cachent tous derrière
le paravent de l’OTAN ; parce que l’OTAN est une organisation
internationale qui échappe à toute forme de responsabilité
politique. Il n’existe aucune circonscription d’électeurs
vis-à-vis desquels l’OTAN doive rendre des comptes. Les
États-Unis et la Grande-Bretagne peuvent bombarder la Libye
pendant des mois et clamer que tout cela est dans les mains de
l’OTAN, que l’OTAN est en charge de la guerre. De fait. Obama,
Cameron et Sarkozy essaient tous d’échapper à leurs
responsabilités d’hommes politiques vis-à-vis du public en
laissant l’OTAN faire la guerre et en se cachant derrière elle
pour se protéger.
Entretien avec Mahdi
Darius Nazemroaya spécialiste du Moyen-Orient et de l’Asie
Centrale, réalisé le 26 avril 2011 par Xu Jingjing pour le
magazine chinois Life Week Magazine.
Mahdi Darius
Nazemroaya est chercheur associé du “Centre for
Research on Globalization” (CRG), spécialisé en géopolitique
et stratégie.
Traduction de l’anglais en français par
Résistance 71 (30.04.2011), révisée par JPH
(11.05.2011).
Article original en
anglais (28.04.2011) :
http://www.globalresearch.ca/index.php ?context=va&aid=24527.
Le dossier
Libye
Les
interviews et analyses de Silvia Cattori
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