Centre Palestinien
d'Information
Interview
de Jamal Al-Khodari
Le siège, une conspiration de destruction totale contre le peuple
palestinien
Jamal Al-Khodari - Photo CPI
11
décembre 2007
Gaza – CPI
Le député palestinien Jamal Al-Khodari, président
du Comité populaire pour faire face au siège, a attiré
l’attention sur la volonté sioniste de couper l’électricité
de la bande de Gaza. Cette coupure menace tous les aspects de la
vie.
Une vraie catastrophe
touche la Bande : manque de médicaments, d’équipements de
soins et d’opérations chirurgicales…
Le siège n’est
qu’une politique de destruction totale et préméditée contre
le peuple palestinien, tout le peuple palestinien, dit Al-Khodari.
Dans la bande de Gaza,
le siège a déjà fait d’énormes ravages ; le seuil de
pauvreté y a déjà atteint les 80%, indique Al-Khodari à
l’envoyé de notre Centre Palestinien d’Information (CPI),
dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe et résumée par
nos soins.
CPI :
Commençons par parler de l’idée de départ du Comité
populaire pour faire face au siège.
Al-Khodari :
Le Comité populaire pour faire face au siège devient un
constituant important de la société palestinienne. Il assume un
rôle particulier. En peu de temps, il a pris une place
importante, dans le monde local, arabe et international. Un tel
comité est très important dans l’état de blocus sioniste pour
mettre en avant les cas humains dangereux. Mettre en exergue
l’image réelle de ce que le siège produit. Ses dommages sur la
société palestinienne dont les médias parlent de façon simple
et très fade. Le comité avait alors décidé de diffuser les
soucis de notre peuple palestinien, surtout dans la bande de Gaza
qui vit un blocus des plus étouffants. Avec l’aide d’Allah
(le Tout Puissant) et de tous les hommes sincères, l’effort
avait donné ses fruits pour que ce Comité puisse voir le jour,
donner l’image exacte du siège et de ses conséquences,
contacter les responsables concernés.
CPI :
Avez-vous effectué des contacts pour lever le siège ?
Al-Khodari :
N’ont pas arrêté un seul jour les contacts avec tout le monde,
les pays, les ministres dont les ministres des affaires étrangères
de l’Egypte, de la Jordanie, des Etats-Unis et d’autres pays.
Les secrétaires de la Ligue Arabe, des Nations Unies ont aussi été
contactés. Les organisations de l’Union européenne, de la
Croix Rouge et la majorité des institutions juridiques
internationales, des personnalités islamiques, arabes et
internationales ont été contactées pour que la situation leur
soit expliquée. Nous avons aussi mis en place un site électronique
qui diffuse tout ce qui concerne le siège. Il donne une image des
réalités du terrain et contacte ceux qui subissent des préjudices
à cause du siège : des étudiants, des hommes d’affaire,
des commerçants, des agriculteurs et d’autres personnes, pour
recenser ces gens-là et les réunir dans un comité pour faire
face au siège.
CPI :
Quelles sont les réactions de tous ces contacts ?
Al-Khodari :
Des positions positives ont été prises, suite à ces contacts,
se rendant compte que ce qui passe n’est qu’une sanction
collective pratiquée contre le peuple palestinien. Une violation
des conventions de Genève et des droits de l’homme. Des
contacts avec des institutions juridiques ont aussi été réalisés
pour étudier la situation juridique de ce qui se passe afin de
porter plainte contre l’occupation israélienne dans les
tribunaux internationaux. C’est l’occupant qui est responsable
de la situation de Gaza, du siège. Il ne faut pas donner à
l’occupant l’occasion de fuir ses responsabilités. Nous
disons qu’il en porte toute la responsabilité.
CPI :
Sont-elles suffisantes, ces positions positives ?
Al-Khodari :
Au départ, nous saluons toutes ces positions, étant un pas
important. Cependant, nous voulons qu’elles se développent pour
être solidaires et faire des pressions sur l’occupation pour
casser le siège et y faire face.
CPI :
Vos messages seront-ils accompagnés des données expliquant la
souffrance de la population de la Bande ?
Al-Khodari :
Il est évident que nos messages soient accompagnés
d’explications claires de toutes les conséquences négatives
causées par cet injuste siège imposé sur la Bande.
La Bande connaît
actuellement une vie sanitaire dangereusement déplorable. Les
jours à venir pourraient connaître un effondrement très rapide.
En effet, les médicaments essentiellement nécessaires pour les
malades de cancer sont épuisés. Les malades meurent sous le
regard du monde. Plusieurs unités de lavage de reins ne
travaillent plus, ce qui constitue un grand danger pour les
malades. Beaucoup de machines sont en panne, faute de manque de pièces
détachées. De plus, la diminution du carburant a dangereusement
affecté le déroulement de l’hôpital d’Al-Chifaa (le plus
grand centre médical de toute la bande de Gaza). Plusieurs
divisions, dont celle de stérilisation, arrêtent totalement
d’assumer leur rôle pendant la coupure d’électricité. En
outre, à cause de la fermeture des points de passage, il y a plus
de mille malades qui ne peuvent aller à l’étranger pour
trouver le soin nécessaire. Plusieurs d’entre eux en ont perdu
la vie. Les jours à venir connaîtront la mort d’autres
personnes, faute d’absence de soins.
Et en ce qui concerne le
domaine du bâtiment et des infrastructures, tout est endommagé.
Plus de quatre-vingt mille ouvriers viennent de s’ajouter à la
liste des chômeurs. 250 millions de dollars, venant de donateurs
palestiniens privés, arabes, islamiques et internationaux, ont été
stoppés. Cet argent a été réservé pour bâtir des unités résidentielles
pour les familles qui avaient perdu leurs maisons et leurs chefs
à cause d’invasions de l’occupation israélienne. Ces
familles se trouvent sans abri, dans cette saison qui menace
d’apporter une pluie torrentielle. Par ailleurs, plusieurs
projets de route se sont arrêtés, ce qui menace le réseau des
routes, dans cette saison pluviale…
Les domaines du commerce
et de l’industrie ne sont pas mieux lotis. Leurs pertes ont
atteint 100 millions de dollars ; 65 mille ouvriers ont perdu
leur travail… L’agriculture est dangereusement endommagée.
Les produits agricoles ne peuvent être exportés. Beaucoup de matériels
agricoles ne peuvent entrer à Gaza. Beaucoup de magasins sont
fermés, faute de produits.
Quant au carburant, sa réserve
est en baisse, après la réduction de l’approvisionnement et la
montée de sa consommation en cette saison hivernale. Et les
menaces sionistes d’une coupure dangereuse d’électricité
provoquera une vraie catastrophe dans la bande de Gaza. La
diminution de la quantité de carburant pourra causer une
catastrophe plus grave encore que celle du village d’Om Al-Nasr
qui avait connu une catastrophe sanitaire et écologique…
L’éducation est aussi
touchée. Certaines universités ont arrêté leurs projets de
construction. Les fournitures scolaires et les papiers
d’imprimerie sont en manque considérable, menaçant l’année
scolaire. Les étudiants ne peuvent plus payer les frais
d’inscription, et les fonctionnaires ne peuvent bientôt
recevoir leurs salaires.
Ainsi, le peuple
palestinien est le sujet d’une destruction totale et préméditée.
CPI :
Les dernières activités ?
Al-Khodari :
Elles sont nombreuses. Nous avons visité les hôpitaux et de
graves malades. Il y a aussi l’activité « Chandelles
malgré le siège », exprimant le refus des enfants du
blocus. Sur la plage de Gaza, une activité « Devant vous le
siège et derrière vous la mer », cela exprime l’état
des Palestiniens de Gaza qui sont bloqués entre le blocus, les
passages fermés et la mer. Sans ouverture sur le monde. Sans
alternative. Nous avons rendu des visites de solidarité à
certaines familles subissant des préjudices et à certaines
familles dont des membres avaient perdu la vie à cause de
l’interdiction de voyager afin de recevoir le soin.
CPI :
Les plus importantes réalisations du Comité ?
Al-Khodari :
Nous continuons à réaliser des contacts et à expliquer la
souffrance. Cela a donné cinquante unités de rein reversés
d’un comité saoudien. C’est une opération concrète pour
briser le siège. Il y a aussi un pas positif pris par l’Egypte
pour augmenter l’électricité fournie à la bande de Gaza…
Les contacts continuent avec l’Egypte pour trouver des solutions
aux malades, ceux qui ont des carte de résidence et les étudiants…
CPI :
Y aura-t-elle une tentative politique, connaissant son importance
dans ce blocus ?
Al-Khodari :
Depuis le départ, le Comité travaille loin de toutes les différences
politiques…
Cependant, nous nous
adressons à tout Arabe, à tout Musulman, aux Européens et à
tout le monde pour qu’ils parlent, dans toutes leurs réunions,
de l’affaire du siège. Pour qu’ils se rendent compte que ce
siège est une sanction collective qui vient à l’encontre des
droits de l’homme et des conventions internationales…
CPI :
Qui porte la responsabilité du siège ?
Al-Khodari :
C’est l’occupant qui est le premier et le dernier responsable
de ce siège injuste.
Nous appelons la
communauté internationale à être aux côtés de l’homme et à
participer à la levée du siège imposé sur Gaza et sur nos
familles de la Cisjordanie. En fait, ce qui se passe en
Cisjordanie n’est en aucun cas moins important que se qui se
passe à Gaza. Les colonies existent toujours, ainsi que le siège
intérieur. Les villes sont isolées et séparées les unes des
autres… Tout cela est pour venir à bout de la résistance du
peuple palestinien.
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