Interview
BBC Persian
Suprématie et
politique juive (Vidéo)
Gilad Atzmon

Dimanche 11 août 2013
Gilad Atzmon a dit au sujet de cette
excellente interview :"La semaine
dernière j’ai été interviewé par la
chaîne BBC Persian. Après
l’enregistrement, j’étais persuadé
qu’elle serait mise au placard mais je
me trompais. Le 1er août, elle était
diffusée sur Youtube par la BBC avec des
sous-titres en langue perse".
Transcription intégrale de l’interview
de Gilad Atzmon
BBC :
Gilad Atzmon,
bienvenue à HardTalk. Êtes-vous
antisémite ?
Gilad Atzmon :
Pas du tout ! Je suis très critique
sur l’identité juive, sur la
politique... En fait je serais très
curieux de savoir comment vous
définissez l’antisémitisme.
BBC :
Je pose cette
question car vous êtes souvent
accusé d’antisémitisme.
Gilad Atzmon :
Comme nous le savons, c’est l’une
des tactiques les plus communes
utilisées par les sionistes et les
juifs antisionistes pour faire taire
toute opposition à Israël, au
sionisme, aux politiciens juifs et
aussi au pouvoir juif.
BBC :
Dans la conclusion
de votre livre « Quel juif errant »
vous mentionnez que la formule de
Saban (ndt : 3 moyens pour
influencer la politique US : dons
aux partis, création de think tanks
et contrôle des médias) découle
profondément de la tradition
religieuse judaïque et de
l’idéologie et la culture juive. Il
semble que vous critiquez non pas un
gouvernement, non pas un État, mais
des personnes ... à cause de leur
religion.
Gilad Atzmon :
Non, vraiment pas. C’est une
interprétation tout-à-fait fausse de
mon livre. Dans mon livre, je fais
une distinction très claire parmi
ceux qui s’identifient comme juifs :
D’abord ceux qui se considèrent
comme juifs parce qu’ils suivent la
Torah, la religion. J’écris que
c’est un groupe innocent. En fait,
les juifs de la Torah sont ceux qui
sont le plus soucieux du sort des
Arabes et les plus pro-Palestiniens.
Donc ce n’est pas le Judaïsme qui
est en cause.
La seconde catégorie est celle de
ceux qui se considèrent comme juifs
parce qu’ils ont des ancêtres juifs.
C’est évidemment aussi une catégorie
innocente. Avoir des parents juifs
ne fait pas de vous un criminel de
guerre.
La troisième catégorie est un peu
plus problématique. Ce sont ceux qui
se considèrent comme "Juifs avant
tout". C’est une identité politique
très problématique. Chaim Weizmann,
qui deviendra plus tard le premier
président israélien, déclara au
début du 20ème siècle « qu’il n’y a
pas de juifs français, de juifs
anglais ou de juifs américains. Il y
a des juifs qui vivent en France, au
Royaume-Uni ou aux USA ». Pour lui,
"être juif" était une catégorie
primordiale. C’est ça le cœur du
sionisme.
D’autre part, il y a des juifs
antisionistes qui plutôt que de se
définir comme des antisionistes qui
se trouvent aussi être juifs, se
considèrent comme juifs
antisionistes. Donc pour eux aussi,
la judéité est une catégorie
primordiale.
Ce que j’essaye de faire dans mon
livre, c’est de me concentrer sur
cette 3ème catégorie. Ceux qui
s’identifient comme juifs "avant
tout". La judéité comme une chose
essentielle. J’essaye de demander :
qu’est ce que ça veut dire ? La
plupart d’entre eux ne sont pas
religieux du tout. Le sionisme n’est
pas un mouvement religieux. Le
sionisme est un mouvement séculier.
Le
Bund qui opéra en Europe de
l’Est comme un appareil marxiste
n’était pas un mouvement religieux.
C’était un mouvement séculier qui,
d’après l’historien américain Yuri
Slezkine, fut le catalyseur, la
force principale de la destruction
du peuple ukrainien. Il dit que les
juifs étaient les exécuteurs
consentants de Staline. Il se réfère
évidement aux juifs bolcheviques.
Donc ça n’a rien à voir avec le
Judaïsme.
BBC :
Mais si vous critiquez la culture
juive, les traditions juives,
l’identité juive, vous êtes au fond
pour l’annihilation de tout
Judaïsme.
Gilad Atzmon :
Vous vous êtes déjà contredit. Je ne
critique pas la tradition juive. Si
des juifs veulent manger de la soupe
de poulet…aucun problème ! J’aime la
soupe de poulet moi même. Mais la
soupe n’est pas un concept
politique. Et cela ne va
certainement pas apporter une
solution au Moyen Orient. Quant à la
culture, soyons un peu précis !
Qu’est ce que je critique dans la
culture juive ? L’élitisme, le
suprématisme, l’idée d’être le
peuple élu.
Maintenant, à propos du judaïsme,
c’est pourquoi j’ai écris ce livre,
et je crois que vous l’avez lu, j’ai
démontré clairement qu’en fait, d’un
point de vue religieux juif, le fait
d’être "élu" est une lourde charge.
Les juifs doivent être moralement
exemplaires.
BBC :
C’est pareil avec d’autres
religions. Pour l’islam, par
exemple, les seuls qui vont
automatiquement au paradis sont les
musulmans.
Gilad Atzmon :
Vous n’avez pas compris. Je viens
juste de dire que pour le Judaïsme,
être le "peuple élu" est une belle
chose. Pour le Judaïsme, il est
demandé aux juifs d’être moralement
irréprochables. Le problème commence
en fait avec le sécularisme, le
sécularisme juif. C’est simple. Donc
on ne parle pas de Judaïsme. C’est
la 3éme fois que vous essayez de me
faire parler de judaïsme. Cela ne
m’intéresse pas ! Mon livre n’en
parle presque pas. Lorsque j’évoque
la bible, c’est pour critiquer
l’interprétation qu’en fait le
mouvement séculier sioniste et je
montre que, d’un point de vue
judaïque, on peut l’interpréter
différemment.
Nous parlons donc de sécularisme
juif. Qu’est ce que le sécularisme
juif ?
« Les lumières » peuvent être vues
comme l’émergence d’un mouvement
séculier. Dans le monde chrétien,
l’Occident, le monde européen il y
eu une tentative de remplacement de
la religion par une philosophie
anthropocentrique qui mettrait
l’homme au centre de la réflexion
éthique. Alors Kant est venu avec sa
seconde critique et a enseigné que
l’on pouvait trouver l’éthique en
soi-même, dans notre propre
subjectivité. Dans le Judaïsme, cela
ne s’est pas produit ! Nous avions
des juifs orthodoxes, et à un
certain moment des juifs ont décidé
qu’ils n’avaient pas besoin de Dieu.
Il y avait une opportunité
d’assimilation et cette intensité
éthique que l’on a vu dans la
chrétienté ne s’est pas produite
dans le Judaïsme, à l’exception
d’une fois : de manière assez
intéressante, le sionisme - le
sionisme des débuts, soyons précis –
a été l’unique tentative de
constituer une civilisation
séculière juive. Ils disaient : Nous
ne sommes pas heureux quand nous
regardons dans le miroir. Nous
sommes des bourgeois, des
capitalistes et des usuriers.
Ils étaient vraiment... ils étaient
antisémites. Ils étaient très
mécontents de l’image du juif dans
la société européenne. Et ils ont
beaucoup écrit là-dessus. Vous
pouvez lire Herzl, Nordau [...] Ils
ont dit : On va changer ça, ce n’est
pas notre faute, c’est parce que
nous sommes loin de notre terre. Une
fois que nous serons de retour sur
notre terre, nous deviendrons un
peuple admirable et civilisé. Donc
le sionisme primitif était en fait
la promesse de faire des juifs de
merveilleux être humains.
Cela a échoué, c’est très clair.
Pourquoi cela a-t-il échoué ? Mais
parce qu’il y avait déjà beaucoup de
gens qui vivaient sur cette terre
là ! C’est devenu un mouvement de
pillards. Et il y avait un autre
problème. Si le sionisme était la
promesse de faire des juifs un
peuple comme un autre, il se
retrouvait dans un paradoxe : nul
peuple ne veut être comme les
autres. Donc cela ne pouvait mener
nulle part. Mais le sionisme n’est
qu’une partie du problème.
BBC :
Mais que voulez vous
exactement ? Quelle est votre
mission
Gilad Atzmon :
Je n’ai pas de mission politique,
parce que je ne suis pas un homme
politique. Je suis un être humain
curieux.
BBC :
Mais,
fondamentalement, vous vous opposez
à l’existence d’Israël ? Cela vous
amène à la politique que vous le
vouliez ou non.
Gilad Atzmon :
Non, je ne suis pas contre
l’existence d’Israël. Je suis contre
l’existence d’un État nationaliste
expansionniste fondé sur la race aux
dépends du peuple indigène
palestinien et qui menace la région
entière, l’Iran inclus ! Une fois
par jour, on entend une menace
israélienne envers l’Iran. Une fois
par jour, on entend que le lobby
juif, ici en Angleterre et aux USA,
pousse l’Angleterre et les USA à la
guerre avec l’Iran ! Une guerre qui
peut facilement évoluer en conflit
nucléaire.
BBC :
Vous êtes souvent accusé de nier
l’holocauste. Niez-vous
l’holocauste ?
Gilad Atzmon :
Avez-vous jamais lu quelque chose de
moi qui niait l’holocauste ?
BBC :
Non, pas par vous. Non, ce que je
veux dire ... en se basant sur ce
que vous prêchez, ce que vous
écrivez, c’est comme ça que l’on
vous voit.
Gilad Atzmon :
C’est très simple. C’est comme pour
l’antisémitisme. Je pense que
l’événement le plus significatif et
crucial au 20ème siècle, la seconde
guerre mondiale et le génocide qui
se déroula lors de cet événement
historique doivent être traités
comme des événements historiques. Je
n’accepte pas qu’il y ait un
événement qui soit exclu de la libre
parole. Je n’accepte pas que le
génocide juif de la seconde guerre
mondiale soit un événement sacré. Je
n’accepte pas la notion de primauté
de la souffrance juive. Et je
n’accepte pas non plus que le
gouvernement israélien nous
interdise de parler de la Nakba
(ndt : invasion de la Palestine).
L’histoire devient, et c’est mon
argument, un fait significatif
lorsqu’il peut être revisité,
révisé, lorsque nous regardons le
passé et que nous parvenons à
produire un jugement éthique qui
nous permet d’envisager un avenir
meilleur ! Si les juifs, en
particulier, regardaient dans leur
histoire, les événements qui ont
amené à leur destruction et cette
destruction elle-même, peut être,
comprendraient-ils que séquestrer
des millions de Palestiniens dans
une prison à ciel ouvert, est une
très mauvaise chose !
La question que j’essaye de traiter
est la suivante : comment est il
possible que 3 ans après la
libération d’Auschwitz, Israël, en
1948, ait pu procéder à un nettoyage
ethnique de la vaste majorité des
Palestiniens en reproduisant, en
fait, le crime nazi ?
BBC :
Donc vous dites que
si les juifs se regardaient dans le
miroir...On dirait que vous suggérez
que ce qui est arrivé aux juifs,
l’holocauste, est leur faute.
Gilad Atzmon :
Ce n’est pas ce que je suggère mais
c’est exactement ce que les premiers
sionistes disaient. En fait, les
premiers sionistes disaient : nous
avons un problème, en fait, les
goys, les gentils ont raison. Mais
je dis que tout le monde doit se
regarder dans le miroir y compris
les Anglais et les Américains qui
ont rasé Dresde, sans jamais
reconsidérer cela comme il le
faudrait et continuent ce genre de
crimes en Irak, en Afghanistan et
maintenant menacent l’Iran et la
Syrie et la Libye...Ce n’est pas que
les juifs. C’est chaque peuple,
chaque personne. Vous, moi, on doit
tous se regarder dans le miroir !
Maintenant, si vous faites partie
des « élus », vous serez moins
enclin à vous regarder dans le
miroir. Pourquoi ? Parce que vous
vous considérez meilleur que
quiconque !
Et ce n’est pas un secret que
l’empire anglophone, l’Amérique, est
également
exceptionnaliste. C’’est
pourquoi elle a inventé le
néo-conservatisme. Cela aide à
comprendre le lien entre la
politique identitaire juive et
l’exceptionnalisme américain. Et je
suis celui qui en parle.
BBC :
De toute évidence,
vous soutenez la cause palestinienne
et vous êtes pour un État
palestinien ...
Gilad Atzmon :
Au passage, je soutiens aussi la
cause des israéliens de vivre en
tant que citoyens égaux, avec des
mêmes droits civils.
BBC :
Pour résumer, vous
êtes pour la solution à un État et
non deux. Mais en soutenant la
solution à un État, vous n’aidez pas
les Palestiniens. En un sens, vous
leur causez même du tort, car même
les Palestiniens les plus radicaux
sont devenus pragmatiques et
acceptent la solution à deux États,
parce que la solution à un État est
comme un rêve impossible !
Gilad Atzmon :
Vraiment ? Réalisez-vous, qu’Israël
est, aujourd’hui, un État unique ?
Israël et Palestine sont
actuellement un seul État. Les
frontières naturelles : la mer, le
Jourdain, la Galilée, réseaux
bancaire et électrique uniques, le
972 : code téléphonique commun...
Donc Israël et la Palestine sont
vraiment un seul État. Tout ce qui
manque, c’est l’acceptation de
l’égalité des droits ! Est ce si
compliqué ?
Peut-être est-ce vous l’antisémite
en pensant que les juifs ne
pourraient pas accepter cette notion
d’égalité des droits.
Et vous n’avez peut-être pas tort -
vous voyez ce que je veux dire -
mais je pense que ça pourrait
arriver. En réalité, je soutiens
cette idée de la solution d’un État
unique d’un point de vue éthique,
d’un point de vue humaniste. Je ne
suis ni un activiste ni un
politicien. Je crois que ça
n’arrivera pas grâce à une
résolution mais par les faits, sur
le terrain. Donc nous ne devrions
pas interférer et je suis assez
dérouté par ...
BBC :
Pour résumer, pour
vous et ceux qui y croient, la
solution à un État c’est que les
Palestiniens en exil reviennent en
Israël et qu’en tant que nation,
juifs, chrétiens et musulmans
ensemble y élisent leur
gouvernement. C’est bien ce que vous
dites ?
Gilad Atzmon :
Exactement. D’ailleurs c’est tout à
fait le rêve sioniste initial ! Ils
voulaient être des gens qui vivent
comme les autres. Le Royaume-Uni,
est une société multiculturelle. J’y
suis venu et après 7 ans j’en étais
citoyen, comme vous j’imagine. Et
nous avons des droits équivalents à
ceux qui y sont nés. Alors pourquoi
est-il difficile pour vous
d’imaginer qu’Israël et Palestine
puisse devenir une telle entité
souveraine ? Et d’accepter
réellement la démocratie ?
Mais vous avez raison ! Savez-vous
pourquoi ? Parce que vous avez
compris que cela ne sera pas facile
aux juifs de l’accepter. Et c’est
pourquoi j’ai écrit ce livre et que
j’ai été assez courageux ou assez
stupide de prendre un tel risque
pour expliquer pourquoi certains
juifs, ceux de la 3ème catégorie,
auront tant de mal à accepter cette
idée.
J’ai vraiment voulu croire que
quelques personnes en Israël
pourraient le lire et changer de
point de vue. En fait un certain
nombre de mes sympathisants sont
juifs. Certains d’entre eux sont des
intellectuels juifs reconnus.
BBC :
Mais pensez-vous que
le peuple israélien acceptera un
jour votre argument ?
Gilad Atzmon :
Je ne suis pas en train d’essayer de
prendre la tête d’un mouvement. Je
ne suis pas un politicien. Je suis
un philosophe. Ma tâche c’est de
poser les questions et de les
définir et redéfinir.
BBC :
Vous dites que
lorsque parlez d’Israël, de l’AIPAC
ou du lobby juif, vous faites
toujours face à des difficultés, ou
disons, de l’autocensure. Pourtant
votre livre, vos discours, votre
travail, montrent plutôt l’inverse.
Vous êtes vous jamais autocensuré ?
Gilad Atzmon :
Le fait que j’ai pu dépasser ces
pressions, c’est quelque chose comme
un miracle ... Je pense que j’ai pu
survivre car je n’enseigne pas à
l’université de manière régulière.
Je suis musicien comme vous l’avez
mentionné, et assez bon dans ce
domaine.
La pression pour me faire taire a
été énorme. Et j’en suis bien
content. Car si je n’avais pas
rencontré une opposition aussi forte
cela aurait signifié que je
racontais des stupidités. Donc je
suis conscient de la pression. Et
j’y ai totalement survécu.
D’ailleurs je suis déjà en train de
me faire de nouveaux ennemis.
BBC :
Vous voulez dire que
vous écrivez un nouveau livre ?
Gilad Atzmon :
Oui, j’étends le domaine de la
lutte.
BBC :
Parlons de votre
musique. En 1992, lorsque vous avez
visité les camps de réfugiés
palestiniens quand vous étiez dans
l’armée, vous vous êtes intéressé à
la musique de Charly Parker et cela
vous a incité à jouer du saxophone,
n’est ce pas ?
Gilad Atzmon :
Cétait juste avant que je ne
rejoigne l’armée israélienne ; j’ai
découvert la musique de jazz.
BBC :
J’ai écouté votre
musique et elle est remarquable
...mais essayez vous de faire passer
un message avec ?
Gilad Atzmon :
Oui et non, je change souvent d’avis
sur cette question. À une époque, je
pensais que je pouvais transmettre
un message. À une époque, je pensais
que si je prenais la musique juive,
celle de la souffrance, du retour à
la terre promise, etc... et que je
la transformais en musique arabe, en
musique palestinienne, je serais
capable de transmettre un message au
Israéliens, aux juifs : de leur
faire comprendre qu’il n’y a pas de
primauté de la souffrance juive. Les
autres peuples souffrent aussi et
les Palestiniens, en particulier, à
cause de ce projet nationaliste
juif. Et je dois admettre que cela a
fait de moi un musicien très
populaire. mais je ne pense pas que
le message...
BBC :
Donc vous travaillez
avec des Palestiniens, n’est ce
pas ?
Gilad Atzmon :
Oui bien sûr, avec des musiciens
palestiniens, arabes, iraniens
...tout le temps. Quand vous jouez
de la musique, il n’y a pas de
frontières. En fait, en dépit du
Boycott contre Israël (BDS),
je travaille aussi avec des
Israéliens.
BBC :
Récemment le
réalisateur iranien, Moïse
Makhmalbaf a été critiqué pour
s’être rendu à un festival de film à
Jérusalem. Pensez vous qu’il
n’aurait pas dû y aller ?
Gilad Atzmon :
Non, je suis très clair là-dessus.
Je pense que n’importe quelle mesure
prise pour stopper le barbarisme
d’Israël est légitime. Cependant
quand il s’agit de boycotter la
liberté d’expression, la liberté
universitaire ou l’art, je suis
vraiment très embarrassé.
Peut-être il faut faire autrement.
Il y’a plein de façons, je crois que
la liberté d’expression est vraiment
notre droit le plus précieux.
D’ailleurs, je souhaite que les
propagandistes israéliens puissent
venir et dire ce qu’ils ont à dire,
car c’est comme cela que l’on débat,
que l’on échange, et peut-être aussi
comme cela que l’on peut essayer de
les convaincre qu’ils ont tort. Je
comprends pourquoi ces gens en
arrivent à faire cette campagne. Au
début, je la soutenais et puis j’ai
réalisé que ce n’était pas juste.
Dans notre combat pour la libération
des Palestiniens, nous commencions à
perdre nous-mêmes notre humanité !
Toutefois, cela fait au moins 20 ans
que je ne suis pas allé en Israël.
Et je ne prévois pas d’y jouer de
concert. Beaucoup de musiciens
arabes ont décidé de ne pas s’y
rendre, des réalisateurs de film,
des scientifiques ont refusé d’aller
en Israël et c’est vraiment très
bien !
BBC :
Gilad, vous considérez vous comme
...juif ?
Gilad Atzmon :
Non, certainement pas !
BBC :
En fait, vous ne
croyez plus en la religion, c’est
ça ?
Gilad Atzmon :
Non ! ça n’à rien avoir avec la
religion ! J’ai été élevé comme la
plupart des juifs...
BBC :
Dans votre livre,
vous dites que votre grand-père
était un vétéran terroriste sioniste
poétique et charismatique
Gilad Atzmon :
Oui ! Il l’était.
BBC :
Donc vous venez de
ce genre de famille. Il était membre
de l’Irgoun ?
Gilad Atzmon :
De l’Irgoun, oui !
BBC :
Et pourtant ... vous
n’êtes plus juif maintenant ?
Gilad Atzmon :
Non, j’ai grandi dans une famille
juive non religieuse et quand j’ai
commencé à creuser ces choses
sérieusement j’ai réalisé qu’en
étant juif, soit il faut croire en
la Torah, soit il faut devenir un
être humain ordinaire. Et j’ai
décidé d’être simplement un être
humain ordinaire ! J’ai renoncé
moi-même à mon « grade ». Et
maintenant je suis comme vous !
BBC :
Merci vraiment beaucoup Gilad Atzmon.

Gilad Atzmon, britannique né en
Israël en 1963, est un musicien et
un intellectuel de génie. Dans son
dernier livre "The wandering who"
[édité en France et titré : "Quel
juif errant ?"] il s’interroge et
nous invite à débattre sur les
conséquences de la politique
identitaire juive.
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