CPI : interview exclusive
Duwik :
Rassemblement de toutes les forces
palestiniennes pour une stratégie
nationale
Photo: CPI
Jeudi 3 novembre 2011
Al-Khalil – CPI
Dr. Aziz Duwik,
président du Conseil Législatif
Palestinien, a appelé les chefs
nationaux et islamiques et toutes les
forces représentées au conseil
législatif à se réunir pour parvenir à
une stratégie nationale pour tout le
peuple palestinien où qu’il soit.
Dans une interview
spéciale accordée à notre Centre
Palestinien d’Information (CPI), Dr.
Duwik commente plusieurs points de
l’actualité :
Dissolution de
l’autorité
CPI :
Le mouvement du Fatah avait déclaré
qu’il étudierait l’avenir de l’autorité.
Puis on a parlé d’une possible
dissolution de cette autorité et dit que
Mahmoud Abbas discutera de cette affaire
avec Khaled Michaal. Qu’en dites-vous ?
Duwik :
Apparemment, le projet sur lequel s’est
basée la construction de l’autorité est
entré dans un chemin sans issue, ce qui
pousse ses responsables à le dissoudre.
Mais des doutes persistent. Il est
difficile de voir l’autorité s’engager
dans cette voie, au vu de ses
engagements envers la communauté
internationale, surtout envers les
Etats-Unis et l’Europe occidentale,
ainsi qu’envers l’occupation
israélienne. D’autres déclarations
viennent de confirmer que cette affaire
est irréalisable.
L’unité du peuple
palestinien
CPI :
Quelle est votre position ? Et quelle
sera la sortie de la crise actuelle ?
Duwik :
La situation a besoin de l’unité du
peuple palestinien. Il doit être uni
face à son passé, son présent et son
avenir. Cette unité n’est pas réalisable
par une seule faction. Etudier la
position palestinienne, son passé, son
présent et son avenir n’est réalisable
que par l’union, par l’union des
dirigeants, surtout ceux qui ont la
majorité dans le Conseil Législatif
Palestinien, une union pour mettre les
points sur les i et pour dessiner une
stratégie d’avenir.
C’est à travers cette
stratégie qu’une opinion ferme émergera
sur l’utilité de cette autorité pour le
peuple et pour l’occupant ; une
comparaison entre les gains et les
pertes sera possible. Une nouvelle
stratégie viendra se baser sur cette
comparaison, tout en profitant de tous
les événements dont la dernière
transaction bien honorable.
La position du
Conseil Législatif Palestinien
CPI :
Et pour ce qui est de la position du
Conseil Législatif Palestinien ?
Duwik :
Dans le Conseil Législatif Palestinien,
nous avons un vrai besoin de discuter de
ce qui se passe. En réalité, faute de
rassemblement, chaque faction lit tout
événement avec son point de vue. Nous
avons besoin d’une opinion et de son
contraire, afin de bien connaître et de
comprendre les questions. Nous avons
aussi besoin de questionner toutes les
personnalités publiques du peuple
palestinien afin d’arriver à des
conséquences concernant l’avenir du
peuple palestinien.
La responsabilité
CPI :
Le Conseil Législatif Palestinien est
suspendu, qui en est le responsable ?
Duwik :
Le premier responsable est celui qui
possède la capacité de l’ouvrir et
l’autorité pour prendre une décision
politique. Ceux qui empêchent les
députés d’atteindre le parlement nous
disent souvent que cela a besoin d’une
décision politique de la part de
Ramallah. On l’appelle : le niveau
politique. Ce même niveau politique qui
est le responsable direct de l’arrêt de
la vie démocratique. Et depuis cet
arrêt, nous sommes gouvernés par des
décrets présidentiels, une nouvelle
sorte d’autocratie.
La réconciliation
CPI :
Comment avez-vous suivi le dossier de la
réconciliation ? Pourquoi n’était-elle
pas appliquée, des mois après la
signature, bien qu’il y ait des
déclarations positives de temps à
autre ?
Duwik :
En vérité, la réconciliation est morte,
parce qu’il y a une partie palestinienne
qui ne peut sortir de ses engagements
pris avec l’occupant ou avec l’occident.
CPI :
Devons-nous prendre l’initiative
d’appliquer l’union et la
réconciliation, au lieu de penser à
résoudre le problème de l’autorité ?
Duwik :
Nous appelons à cela, mais
malheureusement, la réconciliation est
au point mort.
Le pessimisme
CPI :
On ne vous voit pas optimiste ?
Duwik :
Vraiment, je ne suis pas du tout
optimiste. Le président Abou Mazen a
déclaré dans son discours donné au
Conseil de Sécurité qu’il retournerait
pour renforcer la réconciliation. Cela
était en septembre, et voilà le mois de
novembre et rien n’arrive.
Les libérés
convoqués !
CPI :
En lien avec la tragédie de
non-application de la réconciliation,
quelle est la réalité de ces détenus,
libérés par l’échange de prisonniers
avec les occupants israéliens, convoqués
et harcelés par l’autorité de Ramallah,
ainsi que de tous ceux qui fêtaient
cette réalisation ?
Duwik :
En ce qui concerne les libérés, j’avoue
que je n’en sais rien. Cependant,
beaucoup de ceux qui avaient célébré cet
événement ont été convoqués par
l’autorité, puis arrêtés par les
occupants israéliens. Ces sont des
réalités et nous avons leurs noms.
CPI :
Précisément ?
Duwik :
Nous connaissons leurs noms ; nous
savons aussi que certains ont été
également poursuivis !
La porte de sortie
CPI :
Pourriez-vous nous dessiner une feuille
de route pour une sortie de la crise
intérieure ?
Duwik :
Disons tout d’abord que l’avenir est
pour notre peuple. Le printemps arabe
est de bon augure. Les peuples arabes
prennent en main leur volonté et se
libèrent de leurs dictateurs. Cela est
la meilleure feuille de route sur
laquelle notre peuple doit compter. Tout
cela ne serait pas arrivé s’il n’y avait
pas eu le soutien d’Allah (le Tout
Puissant).
Et puis sur le niveau
national, il faut qu’il y ait des
réunions de toutes les factions
palestiniennes représentées dans
l’actuel Conseil Législatif Palestinien,
afin de mettre en place une stratégie
nationale pour sortir de la crise
actuelle. Cette stratégie doit commencer
en revoyant toutes les positions et tous
les événements, et elle doit être basée
sur les points positifs réalisés, en
évitant les échecs. Nous devons, à
l’instar de tous les peuples du monde,
prendre la défense de nos droits, avec
force et audace.
Les Etats-Unis
CPI :
Le problème, c’est que les Etats-Unis
font des provocations contre la
révolution, le gouvernement légitime et
le mouvement du Hamas dans la bande de
Gaza ?
Duwik :
Notre peuple connaît son chemin. Je
conseille aux Américains de s’intéresser
à leurs affaires intérieures, au lieu de
nous donner des leçons, de s’occuper de
leur économie en déclin. Plus de 640
banques ont mis la clé sous la porte ;
les manifestations des sans-abri ne
s’affaiblissent pas. Je m’attendais à ce
que le président américain évacue son
armée qui occupe des pays arabes et
musulmans ; je m’attendais à ce qu’ils
se retirent et revoient leurs comptes,
au lieu de montrer leurs muscles à des
peuples pacifiques possédant néanmoins
une volonté de fer. L’Amérique ne fait
que jouer à l’équilibriste, il ne lui
reste pas beaucoup avant qu’elle ne
tombe.
L’UNESCO
CPI :
L’UNESCO a voté en faveur d’une adhésion
de la Palestine comme membre à part
entière, qu’en dites-vous ?
Duwik :
Globalement, la décision est positive.
Si elle est exploitée à bon escient,
elle pourra être intéressante pour le
peuple palestinien. Il est important
qu’elle ne soit pas une nouvelle
décision ajoutée à toutes les autres
mises de côté aux Nations Unies.
Je crois que le fait
d’être membre de l’UNESCO pourrait être
utilisé pour défendre la ville sainte et
son patrimoine islamique et chrétien
face à l’attaque sans précédent de
l’occupation.
Ma crainte est de
voir cette décision suivre les autres
qui sont restées lettres mortes, à
l’instar de la décision de la cour
internationale de justice qui a condamné
la construction du mur discriminatoire
de séparation et a confirmé que les
territoires palestiniens sont des
territoires occupés et que la ville
d'Al-Quds est une terre occupée ; cette
décision était grandiose, mais les
systèmes et les Palestiniens de
l’autorité n’étaient au même niveau
élevé de la décision qui condamne
l’occupation et ses agissements dont la
construction du mur discriminatoire de
séparation, la judaïsation de la ville
d'Al-Quds, la démolition de maisons.
Les menaces des
colons
CPI :
Les colons ont menacé les détenus
palestiniens libérés, ils ont même
exprimé leur volonté de les assassiner.
Qu’en pensez-vous ?
Duwik :
La transaction a suscité des réactions
de colère parmi les occupants
israéliens. Et les colons restent un
outil utilisé par l’Etat pour faire du
mal au peuple palestinien. Le pays
parrain de la transaction devra prendre
une position courageuse, afin que ces
menaces ne se concrétisent pas. Nous
sommes sûrs que l’Egypte ne permettra
pas à l’occupant de jouer avec la
sécurité de la région.
Emprisonner les
députés palestiniens
CPI :
Un tribunal sioniste a condamné le
député Djemal Al-Tirawi, membre du
mouvement du Fatah, à trente ans de
prison, en parallèle avec la campagne
menée contre les députés du groupe du
« Changement et réforme ».
Duwik :
Le dernier jugement contre le député
Djemal Al-Tirawi est une décision
injuste venant de l’occupant qui ne
respecte l’immunité du député.
En réalité, porter
atteinte à l’immunité diplomatique des
personnalités du peuple palestinien est
un acte criminel, qui ne tient compte
des critères internationaux et
humanitaires. L’occupation continue à
dénigrer les droits du peuple
palestinien, à l’image de l’arrestation
de ses députés, sous ce régime de
« Détention administrative », sans
accusation. L’occupant continue à
dénigrer tous les traités et toutes les
conventions des droits de l’homme et à
ne respecter aucun membre de ce grand
peuple.
Les
rapports du CPI
Les
opinions du CPI
Le dossier Hamas
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