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Centre Palestinien
d'Information
Hamas : son histoire de l'intérieur (95)
Photo CPI
Mardi 21 septembre 2010
Dr. Azzam Tamimi
L’ouvrage Hamas : Son histoire de l’intérieur de Dr. Azzam
Tamimi s’inscrit dans une volonté de montrer au monde la vision
du mouvement du Hamas et d’expliquer ainsi son développement. Le
département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) a
donc jugé intéressant d’en présenter ici la traduction complète,
diffusée régulièrement en de nombreuses parties.
Le Hamas au
gouvernement (21)
Deux jours plus tard, parlant en marge de la seconde Conférence
de Petra des vainqueurs du Prix Nobel en Jordanie, le président
Mahmoud Abbas suggéra que le Hamas pouvait peut-être accepter
une solution à deux Etats et reconnaître Israël. Cependant, le
Hamas envoya un communiqué au bureau de l’agence de presse UPI à
Beyrouth démentant une telle intention. Décrivant la déclaration
d’Abbas de « bizarre et inacceptable », le mouvement dit que sa
remarque « reflète seulement ses opinions, non pas celles du
Hamas, qui est parfaitement capable d’exprimer sa position et
n’a pas besoin de porte-parole ». Mais la colère du Hamas à
l’encontre d’Abbas n’était pas le produit de ce qu’il dit
seulement, mais aussi, et même davantage, de ce qu’il fit. Les
télévisions du monde diffusèrent des images de lui étreignant et
embrassant le premier ministre israélien Ehud Olmert, qui
participa aussi à la conférence, en dépit des attaques
israéliennes incessantes à Gaza. Le communiqué du Hamas dit :
« Nous avions espéré, à la lumière des massacres sionistes
ordonnés par Olmert contre les Palestiniens et au vu du siège
américano-sioniste imposé sur notre peuple, que le président de
l’autorité palestinienne s’abstienne de rencontre ce terroriste
[Olmert] jusqu’à ce que les mises à mort cessent et le siège à
l’encontre du peuple palestinien et de son gouvernement soit
soulevé ».
Les spéculations sur la volonté du Hamas à accepter les
conditions du Fatah continuèrent à être alimentées par des
déclarations similaires. Le 24 juin, un porte-parole du Fatah,
Dr. Jamal Nazal, dit à l’agence de presse palestinienne que le
Hamas avait exprimé sa volonté d’abandonner la plupart de ses
réserves concernant le Document des prisonniers. Ceci fut
clarifié lorsque le Hamas annonça le même jour qu’un accord
avait en effet été réalisé, mais que des modifications avaient
été apportées au Documents des prisonniers afin que les points
essentiels de la position palestinienne soient maintenus. En
d’autres termes, tout en continuant à refuser de reconnaître le
droit d’Israël à exister, le Hamas avait accepté une version
modifié du document qui soit acceptable pour les deux parties.
Ainsi, le Fatah pouvait prétendre au succès alors que le Hamas
pouvait insister qu’il n’avait fait de concession. Le résultat
fut l’abandon du référendum. Il n’y eut toutefois que peu de
temps pour célébrer cet accord, car il fut immédiatement rejeté
par les Israéliens et considéré comme sans valeur. Toute la
région, et non pas juste la bande de Gaza, fut dépassée par une
escalade non-anticipée entre Israël et le Hamas. Il ne serait
pas excessif de supposer que les Israéliens avaient prévu un
élargissement du conflit, qu’ils déclenchèrent avec le
bombardement de la plage qui dévasta la famille de Ghalia.
Les soldats israéliens entrèrent dans la bande de Gaza samedi
matin, le 24 juin, et kidnappèrent deux frères, Mustafa et
Ossama Muammar, tous deux membres du Hamas, après avoir battu
leur père, qui dut se faire hospitaliser. Ceci, pour le Hamas,
fut le signal pour l’action. Moins de vingt-quatre heures plus
tard, les brigades Ezzeddine Al-Qassam, côte-à-côte avec les
Comités de la Résistance Populaire et un nouveau groupe appelé
l’Armée Islamique, attaquèrent un avant-poste de l’armée
israélienne près du point de passage de Kerem Shalom entre
Israël et la bande de Gaza. Sept commandos palestiniens
s’infiltrèrent à travers la frontière via un unnel de cent
mètres, creusé sous le terminal dans la région de Rafah. Deux
soldats israéliens furent tués, quatre furent blessés et un
caporal de 19 ans, Gilad Shalit, fut capturé et ramené à Gaza.
La réponse immédiate du gouvernement israélien fut de déclarer
l’autorité palestinienne responsable, dont son président et son
premier ministre.
Le Hamas ne tarda pas avant de publier ses exigences. Il demanda
la libération des femmes et enfants détenus dans les prisons
israéliennes en échange du retour du soldat, sain et sauf. Il
devint vite clair qu’Israël souhaitait plus que juste sauver le
caporal Shalit : son intention semblait être de saisir
l’opportunité pour mettre fin à la menace que lui posait le
Hamas et les autres groupes de résistance palestiniens. Sur la
base d’informations tirées apparemment de sources au sein de
l’organisation du Fatah, les Israéliens désignèrent du doigt le
chef du bureau politique du Hamas Khaled Meshaal et son pays
hôte, la Syrie, qu’ils condamnèrent. Le 25 juin, le
Jerusalem Post cita des officiels du Fatah, dont l’ancien
ministre des affaires des prisonniers de l’autorité
palestinienne Sufian Abu Zaida, qui accusa Meshaal d’avoir
orchestré l’opération de kidnapping afin de détruire l’espoir
d’un accord entre le Fatah et le Hamas sur le Document des
prisonniers. Il se peut que ce fut une tactique destinée à
diviser le Hamas, mais dans ce cas, elle échoua cette fois comme
elle avait échoué à plusieurs occasions dans le passé. Cela
n’était pas une question mettant en opposition la direction de
l’extérieur du Hamas et le Hamas de l’intérieur, mais c’était
plutôt une affaire qui concernait tous les Palestiniens. Le
Jerusalem Post cita aussi Sami Abu Zuhri, un éminent
porte-parole du Hamas et membre du Conseil Législatif
Palestinien, qui accueillait la capture de Shalit. Zuhri dit que
l’opération qui venait d’être effectuée était « une réponse
naturelle aux crimes israéliens, qui tuent des femmes et des
enfants ». La crédibilité donnée par les Israéliens à l’idée que
les décisions du Hamas étaient prises à Damas était clairement
destinée à détourner l’attention du vrai problème, qui était la
détention continue de milliers de Palestiniens.
Traduction réalisée
par le Centre
Palestinien d’Information (CPI)
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