Sputnik
Se trouver sur la liste des
sanctions de Kiev est un honneur pour
Fabrice Beaur
Mikhail Gamandiy-Egorov

© Photo.
Fabrice Beaur
Mercredi 30 septembre 2015
Source:
Sputnik
Fabrice Beaur est un
citoyen français installé dans le sud de
la Russie.
Il est le chef
du département de Russie/Caucase de
l'Observatoire Eurasien pour la
Démocratie et les Elections (EODE) et a
dirigé une mission d'observation pour
les élections présidentielles et
législatives dans les Républiques
populaires de Donetsk (DNR) et de
Lougansk (LNR), en novembre de l'année
dernière.
Il a été placé en
première position sur la liste des
sanctions décrétées par Kiev. Pour
rappel, récemment la junte kiévienne a
publié une liste de 400 personnalités,
russes, ukrainiennes et étrangères, qui
sont désormais sous sanctions de la «
nouvelle » Ukraine. Parmi ces personnes,
on retrouve beaucoup de beau monde:
Sergueï Choigou, ministre russe de la
Défense. Roy Jones Jr., rappeur et
multiple champion du monde
afro-américain de boxe. Steven Seagal,
célèbre acteur hollywoodien, Gérard
Depardieu, ou encore Ramzan Kadyrov, le
président tchétchène. Sans oublier
plusieurs journalistes (merci la «
liberté d'expression ») et représentants
de la société civile russe, ukrainienne
et de plusieurs autres pays.
Sputnik:
Vous avez été placé premier sur la liste
des sanctions décrétées récemment par
Kiev. Quel sentiment cela vous
inspire-t-il?
Fabrice Beaur
: Mon apparition sur cette liste est
un honneur. Et être le premier de
celle-ci est pour moi un plaisir
personnel que je ne cacherais pas.
C'est une
reconnaissance de mon action en faveur
de la résistance antifasciste des
républiques rebelles du Donbass de
Donetsk et de Lougansk.
Cela marque la
fuite en avant du régime de Kiev qui ne
sait plus quoi inventer pour expliquer
sa répression armée sur les régions de
l'Est et justifier sa politique
suicidaire pour l'avenir de l'Ukraine en
tant qu'Etat en inventant à tour de bras
des « ennemis » de l'Ukraine.
Sputnik:
Vous avez en effet pris part en qualité
d'observateur aux élections
présidentielles et législatives à
Novorossia en novembre 2014. Un petit
rappel de ce que cela représentait?
Fabrice Beaur
: Le régime actuellement en place à
Kiev est arrivé par un coup d'Etat dans
la nuit du 21 février 2014. En totale
contradiction avec l'accord signé le
soir même qui validait une transition
légale du pouvoir au niveau
gouvernemental.
Les régions de
l'Est et du Sud de l'Ukraine se sont
alors soulevées pour refuser le cours
russophobe du nouveau pouvoir.
La suite des
événements, aujourd'hui, tout le monde
les connaît. Soulèvement populaire,
répression de la junte néo-bandériste
pro-US de Kiev, organisation des milices
populaires dans le Donbass,
confrontation armée et naissance de
facto de deux nouvelles entités
étatiques; à savoir les Républiques
populaires de Donetsk et de Lougansk.
Il suffit de se
rappeler des résultats sans aucun détour
des referendums d'auto-détermination
organisés dès le début du conflit pour
comprendre que nous sommes face à une
dynamique réellement populaire.
C'est dans ce cadre
que des élections ont alors été
organisées en novembre 2014 dans ce
Donbass en résistance. Il s'agissait de
donner une assise légale à ces jeunes
républiques.
J'ai alors
participé à une délégation
d'observateurs internationaux via une
Mission de l'ONG EODE — Eurasian
Observatory for Democracy and Elections.
Comme je l'ai déjà fait en
Priednestrovié (Transnistrie, ndlr), en
Abkhazie, en Ukraine, en Russie ces
dernières années.
Tant par les
observations que nous avons faîtes, que
le rapport de mission ou les résultats,
ces élections ont été une étape reconnue
de consolidation d'un processus
démocratique que contestent seulement
les partisans de l'escroquerie du «
Maïdan ».
Sputnik: Le
fait d'avoir été placé en première
position sur cette fameuse liste de «
sanctions », est selon vous un simple
hasard ou une confirmation de la haine
venant de la junte de Kiev à votre
égard, pour le fait d'avoir permis à
deux ex-régions ukrainiennes d'avoir des
observateurs internationaux lors de
leurs élections?
Fabrice Beaur
: Mes actions pour soutenir le
combat populaire des républiques
rebelles du Donbass ne plaisent
évidemment pas à Kiev.
Si l'origine de
tout cela est ma participation en tant
qu'observateur international aux
élections en République Populaire de
Donetsk (DNR) en novembre 2014 comme
nous venons d'en parler, je pense que
c'est surtout ma rencontre avec
Alexandre Zakhartchenko à cette même
période qui a produit cette obsession
sur ma personne. J'en ai pour preuve que
les petits délateurs franco-ukrainiens
de Paris se sont déchaînés pendant
plusieurs semaines sur les réseaux
sociaux contre moi. Je pensais que la
haine de ces activistes aux méthodes de
petits gestapistes sur le tard était
seulement une poussée de fièvre. Mais me
voir réapparaître dans cette nouvelle «
liste noire » démontre semble-t-il que
la peste néo-bandériste est belle et
bien une infection généralisée en
Ukraine, jusqu'au plus haut sommet de
l'Etat ukrainien à la main de la junte.
Vient s'ajouter à
tout cela que l'ONG EODE, qui a organisé
la mission internationale de monitoring
électoral du référendum pour
l'autodétermination de la Crimée et de
Sébastopol.
Tout cela est
évidemment insupportable pour le
gouvernement pro-US de Kiev.
Sputnik : La
liste comportait tout de même 400 noms
de personnalités, parmi lesquelles des
hommes politiques, des journalistes, des
activistes de la société civile, des
sportifs, des acteurs et un bien grand
nombre de pays représentés via les
personnes sanctionnées. Pensez-vous que
la junte de Kiev continuera à élargir
encore plus cette liste?
Fabrice Beaur:
Ce n'est ni la première, ni la dernière
« liste ». Il semble y en avoir
plusieurs ou bien une dont la mise à
jour constante soit un passe-temps à
temps complet pour les ambassades
ukrainiennes et du ministère des
affaires étrangères de Kiev. Sans
oublier le SBU dont le professionnalisme
est aujourd'hui à l'image de la nature «
pacifiste » des activistes du Maïdan qui
l'ont intégré.
Sputnik :
N'est-ce pas selon vous un aveu de
faiblesse, voire d'isolation, de la part
des autorités putschistes ukrainiennes
qui à travers ce genre d'actes essaient
de punir des personnalités, pour
certaines très connues au niveau
mondial, pour d'autres moins connues
mais étant très actives afin que la
vérité se sache sur ce qui se passe
véritablement en Ukraine et dans les
territoires l'ayant quitté? Et ce malgré
tout le soutien affiché des élites
politiques et médiatiques de l'Occident,
ainsi que de l'OTAN, à ces mêmes
autorités?
Fabrice Beaur:
Je ne crois pas que la propagande
grossière de la junte fonctionne encore
auprès de la population ukrainienne. «
L'ennemi » est une carte qui ne semble
plus passer. Les « promesses » du «
Maïdan » sont aujourd'hui lettres
mortes. Rien n'a changé en Ukraine. Tout
a empiré. Et non du fait de «
l'agression de la Russie » mais de la
politique antirusse et russophobe de
cette junte néo-bandériste pro-US.
L'alignement du nouveau pouvoir bandéro-oligarchique
à l'allégeance atlantiste a produit un
Etat-zombi où le ridicule côtoie la
criminalité, la corruption à un niveau
encore plus élevé que cela ne pouvait
l'être dans le passé.
Si la junte de Kiev
tient encore debout c'est par le
matraquage de sa propagande et de sa
chasse à tout ce qui s'oppose à elle. La
situation économique et financière de
l'Ukraine est catastrophique. L'Etat
ukrainien est en réalité en banqueroute.
Mais les organisations soi-disant
internationales, mais sous contrôle
U.S., que sont le FMI et la Banque
mondiale la perfusent pour éviter d'en
arriver officiellement à ce stade. Mais
je crois que c'est peine perdue du fait
que s'ils veulent sauver le système
financier ukrainien, les banques, ils ne
font que prolonger le supplice social
que subit la population en Ukraine. Et
retarder l'inévitable n'a jamais empêché
qu'il se produise.
Maintenant,
personne ne peut affirmer que demain se
produira la chute du pouvoir en place à
Kiev. Et si cela devait se produire par
quel régime il serait remplacé. Dans la
lutte d'influence entre oligarques et
autres employés de l'impérialisme US,
c'est à qui montrera le plus ses muscles
afin de plaire à l'Ambassade US de Kiev
qui est le vrai centre de commandement
de la "révolution" (sic) du "Maïdan" (re-sic).
En Ukraine actuelle tout est possible.
Surtout le pire!
© 2014 Sputnik
Tous droits réservés.
Publié le 1er octobre 2015 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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