Entretien
Le président al-Assad
: La situation en Syrie est grave en
raison de l’absence du droit
international
SANA
Photo:
Sana
Vendredi 17 avril 2015
Damas / Le président Bachar al-Assad a
affirmé que le terrorisme est dangereux
et n’a pas de limites, soulignant que ce
phénomène n’est pas une question locale
ni régionale, mais mondiale.
Dans la 1ère partie de l’entretien qu’il
a accordé au journal suédois “Expressen”,
le président al-Assad a fait savoir que
la situation en Syrie est grave en
raison de l’absence du droit
international et d’une organisation
onusienne efficace qui protège un pays
contre un autre qui recoure aux
terroristes en tant qu’agents pour le
détruire.
A la question de savoir si l’armée
syrienne est devenue plus faible
qu’avant, le président al-Assad a dit :
“C’est normal, car toute guerre
affaiblit n’importe quelle armée sans
prendre en compte sa force et sa
modernité”.
Le président al-Assad a ajouté que
l’affaiblissement de l’armée dépend de
nombre de normes et de paramètres
intérieurs, dont certains sont relatifs
au soutien apporté aux terroristes,
soulignant que ce qui s’était passé à
Idleb était dû à l’appui logistique et
militaire apporté par la Turquie aux
terroristes, en plus du soutien
financier que leur octroient l’Arabie
Saoudite et le Qatar.
“Les terroristes, ainsi que le
gouvernement, les institutions et les
services de renseignement turcs
agissaient dans la bataille d’Idleb en
tant qu’une même armée. Donc, la
question n’a rien à voir avec la
faiblesse et ou la force de l’armée,
mais elle dépend plus de l’ampleur du
soutien que les terroristes avaient reçu
de la Turquie”, a fait allusion le
président.
Quant au changement de l’agenda de la
Turquie, du Qatar et de l’Arabie
Saoudite, le président al-Assad a assuré
que ces pays ne sont pas indépendants,
c’est pourquoi ils ne disposent point
d’agenda, disant : “Le comportement de
vengeance des pays précités, qui se base
sur la haine et qui verse dans certains
cas dans l’agenda des Etats-Unis, n’a
rien à voir avec la crise en Syrie, vu
qu’ils ont soutenu les terroristes en
Afghanistan en apportant tout appui à
l’idéologie wahhabite et extrémiste,
lequel s’est soldé par la propagation du
terrorisme en Europe”.
Questionné sur la poursuite par les
Etats-Unis de soutenir l’Arabie Saoudite
bien qu’ils connaissent le lien entre
l’idéologie wahhabite et les
terroristes, le président al-Assad a
affirmé que les Etats-Unis connaissaient
bien ce lien, mais ils n’évaluaient pas
le niveau de gravité du terrorisme en
cas de son usage comme carte politique.
A propos des résultats de la rencontre
tenue récemment à Moscou entre une
délégation officielle syrienne et une
partie de l’opposition, le président al-Assad
a dit : “C’était la 1ère fois qu’on
parvient à un accord sur certains
principes qui constitueront une base de
dialogue prochain entre les Syriens”,
soulignant que la durée du dialogue
était insuffisante pour achever l’ordre
du jour de la rencontre.
Et le président al-Assad d’ajouter : “La
nouvelle rencontre sera prometteuse pour
parvenir à un accord complet sur les
principes du dialogue qui se soldera par
le règlement du conflit en Syrie”.
Questionné sur sa vision à propos des
consultations que l’émissaire onusien
pour la Syrie, Staffan De Mistura,
tiendrait à partir du mois de mai ou de
juin prochains pour trouver un terrain
commun entre les pays principaux
s’intéressant au conflit, le président
al-Assad a fait savoir qu’il est
d’accord avec De Mistura sur ce point, ”
vu que la considération du conflit en
Syrie comme celui entre des factions
syriennes est irréelle et non
objective”, a-t-il précisé.
“Tout plan à exécuter pour résoudre la
crise en Syrie sera voué à l’échec à
cause de l’intervention étrangère, comme
c’était le cas dans le plan de De
Mistura à Alep, quand les Turcs ont
demandé aux factions ou aux terroristes
qu’ils soutiennent de rejeter la
coopération avec lui. Donc, je crois que
De Mistura sait qu’il va échouer sans
convaincre les pays appuyant les
terroristes de cesser de le faire et de
laisser les Syriens à résoudre leur
problème”, a-t-il dit.
Quant à son avis sur les efforts de De
Mistura, le président al-Assad a fait
allusion à l’examen avec De Mistura de
son plan sur Alep, “ce plan qui est
compatible avec nos efforts dans la
réalisation des réconciliations dans de
différentes zones en Syrie”, a-t-il
précisé.
“Nous avons dès le début soutenu le plan
de De Mistura sur Alep et nous appuyons
toujours ses efforts à cet égard”, a
souligné le président al-Assad.
A la question de savoir comment il
trouve la politique de la Suède qui est
le seul pays qui octroie un séjour
permanent aux personnes qui ont fui la
guerre en Syrie, le président al-Assad a
mis en exergue la position humanitaire
qu’adopte la Suède quant aux différents
conflits, dont celui en Syrie.
“C’est bien qu’on assure l’abri aux
gens, mais le meilleur est de les aider
à regagner leurs pays. Je crois que la
Suède peut jouer un rôle à cet égard en
tant que pays important à l’Union
Européenne, et ce, en aidant à lever les
sanctions imposées à la Syrie, car les
Syriens ne se sont pas rendus en Suède
ou à tout autre pays pour fuir, comme
raison unique, les actes terroristes,
mais aussi du fait de l’embargo qui a
influé sur eux”, a fait savoir le
président al-Assad.
“La Suède peut en même temps interdire à
tout pays européen de donner un
parapluie aux terroristes sous de
différentes appellations, telles que
l’opposition pacifique ou opposition
modérée”, a-t-il dit, soulignant que
cette opposition soutenue par les pays
européens est le Front Nosra, al-Qaïda
et les Frères Musulmans.
Et le président al-Assad de poursuivre :
“La Suède peut également exercer des
pressions sur les pays soutenant les
terroristes et interdisant les plans de
la paix en Syrie, en particulier
l’Arabie Saoudite, le Qatar et la
Turquie”.
Questionné sur la situation actuelle en
Syrie, considérée comme la plus mauvaise
après la Seconde Guerre Mondiale, le
président al-Assad a indiqué que c’est
une grande exagération de faire une
comparaison entre ce qui se passe en
Syrie, du point de vue humanitaire, et
ce qui s’était produit lors de la
Seconde Guerre Mondiale. “Mais en
mettant cette exagération à l’écart,
nous avons des millions de personnes qui
ont été déplacées de leurs zones à cause
des actes terroristes”, a-t-il ajouté.
Le président al-Assad a souligné que
tous les pays et les organisations
onusiennes n’avaient octroyé en 2014 que
22% des aides alimentaires présentées
par l’Etat syrien.
“L’Etat syrien paie toujours les
salaires, envoie les vaccins aux enfants
et assure les impératifs nécessaires aux
hôpitaux dans les zones contrôlées par
les terroristes”, a-t-il expliqué.
Concernant son avis sur les menaces que
représentent les djihadistes, dont
certains se trouvent actuellement en
Syrie, sur la Suède après y être
retournés, le président al-Assad a
indiqué que les plus dangereux chefs de
Daech dans la région sont des
Scandinaves, faisant noter que la Suède
ne restera point sûre tant que le
terrorisme se propage dans de différents
pays européens.
A propos de la demande de la Suède à
l’Etat syrien d’échanger des
informations sur les combattants de
Daech et sur les autres djihadistes, le
président al-Assad a dit qu’il n’y a pas
de contacts entre les services de
renseignement de la Syrie et de la
Suède.
A la question de savoir si les pays
occidentaux connaîtront le même scénario
des attaques terroristes qui se sont
produits à Stockholm et ensuite à Paris,
le président al-Assad a affirmé que la
Syrie avait dès le début de la crise mis
en garde contre les attaques terroristes
qui avaient visé l’Europe.
Quant à sa vision sur les voies les plus
efficaces pour traiter avec les
terroristes, le président al-Assad a dit
: “Le terrorisme n’est pas une guerre,
c’est une culture avec laquelle il faut
traiter d’une manière idéologique. En
plus, les terroristes exploitent les
pauvres, c’est pourquoi il faut traiter
la question de la pauvreté par le biais
de la croissance économique et du
développement. Il faut aussi traiter
avec les questions politiques
qu’utilisent les terroristes pour
mobiliser d’autres terroristes, en
particulier la cause de la paix entre
les Arabes et Israël. Et enfin, il est
nécessaire d’échanger les informations
entre les services de renseignement”.
A la question de savoir comment il
trouve l’avenir de Daech, le président
al-Assad a assuré que Daech n’est pas
soutenu jusqu’à présent dans la société
syrienne, mais ce réseau se trouve aussi
en Irak, au Liban, en Libye et en
Egypte, ajoutant : ” A court terme,
Daech n’a pas d’avenir, mais à moyen
terme, l’avenir de la région sera
al-Qaïda, car on ne peut pas contrôler
les idéologies quand elles sont ancrées
dans l’esprit”.
Par ailleurs, le président al-Assad a
affirmé que les Syriens n’admettent
point de faire une comparaison entre
l’Etat et les organisations terroristes,
soulignant : “Notre mission est d’aider
le pays et de défendre les citoyens et
je ne crois pas que Daech, le Front
Nosra et les Frères Musulmans qui tuent
et terrifient les gens jouent le même
rôle que le nôtre”.
Questionné sur le besoin du Hezbollah en
Syrie, le président al-Assad a indiqué
que le terrorisme n’est pas une question
locale, insistant sur l’importance de la
coopération avec les différentes forces
dans la région.
Évoquant la coopération militaire et de
renseignement avec l’Irak avant même la
recrudescence de Daech, le président al-Assad
a dit : “Le Hezbollah sait bien que le
terrorisme en Syrie signifie le
terrorisme au Liban, c’est pourquoi la
coopération est importante pour nous
tous”.
Questionné sur l’usage par l’armée
syrienne des armes chimiques en Syrie,
le président al-Assad a répondu :” Ce
sont des accusations qui font partie de
la propagande visant la Syrie pour
diaboliser le président et l’Etat afin
de gagner les cœurs du peuple syrien au
profit de leurs agendas”.
Et le président al-Assad de poursuivre :
“Ils parlent des armes chimiques sans
avoir aucune preuve à cet égard. Par
contre, c’est nous qui ont demandé aux
Nations Unies d’envoyer une délégation
pour vérifier les allégations lancées
sur l’usage de ces armes en Syrie”.
A propos de sa connaissance de la
torture qui a lieu dans les prisons
syriennes, le président al-Assad a fait
savoir que la Syrie ne dispose pas d’une
politique systématique de torture, comme
c’était le cas à Guantanamo où
l’administration américaine suivait
cette politique après l’admission du
président Bush, de son Secrétaire à la
Défense et d’autres membres de son
administration.
Questionné sur les possibilités de la
visite de l’Amnesty International et de
la Croix-Rouge aux prisons en Syrie, le
président al-Assad a assuré que de
nombreux journalistes et organisations
étaient venus en Syrie, soulignant que
la visite d’une organisation donnée en
Syrie dépend de la nature de la
coopération existante entre elle et le
gouvernement syrien, ainsi que de sa
crédibilité. “En principe, plusieurs
organisations et entités peuvent visiter
nos prisons”, a-t-il dit.
Quant à son message aux activistes qui
ne sont pas des islamistes et qui
luttent, disons, pour la liberté, le
président al-Assad a fait noter “Nous
n’avons guère dit que tout combattant
est un islamiste bien que nous sachions
que la partie dominante sont les
terroristes, Daech et le Front Nosra”.
“Nous soutenons toute personne oeuvrant
pour obtenir davantage de liberté, d’une
manière institutionnelle et dans le
cadre de la constitution, mais non pas
par le biais de la violence, du
terrorisme et de la destruction du pays.
Ceci n’a rien à voir avec la liberté”,
a-t-il fait allusion.
De même, le président al-Assad a indiqué
que ceux qui accusent l’armée syrienne
de commettre des actes de meurtre
doivent confirmer cela, posant les
questions suivantes : “Comment peut-on
résister dans une guerre face à des pays
de grandes puissances et à des pays
riches si on tue notre peuple? Comment
peut-on continuer à jouir de l’appui de
notre peuple? C’est impossible, irréel
et inacceptable”.
En outre, le président al-Assad a
indiqué que l’Etat syrien avait adopté
dès le début du conflit en Syrie deux
choses, à savoir la lutte contre les
terroristes et le lancement d’un
dialogue, ajoutant : “Nous avons invité
toutes les parties au dialogue et
coopéré avec toute initiative avancée
par l’ONU, la Ligue arabe ou tout autre
pays sans prendre en compte la
crédibilité de cette initiative, juste
pour ne pas laisser une voie sans le
suivre”.
A. Chatta
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