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Aujourd’hui le Maroc
Élections
françaises : Quels enjeux pour le Maroc ?
Robert Assaraf
Dès le mois d’avril 2007, la France va connaître
plusieurs scrutins décisifs pour l’avenir des relations
franco-marocaines dans la mesure où leurs résultats pourraient
entraîner d’importants changements dans l’attitude de Paris. Le
Maroc a tout intérêt à surveiller de près le déroulement et
le résultat des élections présidentielles et législatives
en France car celles-ci pourraient se traduire par un changement
de l’attitude française à son égard, contrastant avec le
soutien du président Jacques Chirac à Rabat, notamment dans le
dossier du Sahara.
De fait, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy semblent partager une
sorte de «consensus mou» concernant les grandes options
politico-stratégiques de la France, avec une certaine continuité
de la diplomatie française et de ce que l’on appelle «la
politique arabe de la France».
Les deux challengers principaux de l’élection présidentielle
ne peuvent toutefois se désintéresser totalement de la politique
étrangère en général et du Maroc en particulier.
Selon certaines statistiques, il y aurait en France près de 1, 2
million de Franco-marocains dont la moitié seraient inscrits sur
les listes électorales. Le scrutin de 2007 sera le premier
scrutin présidentiel où le «vote arabe» ou le «vote des
banlieues» jouera un rôle important. Ce sera la première fois où
s’exprimera massivement la «deuxième génération», les
enfants issus de l’immigration, nés en France et qui entendent
y rester.
La mobilisation en faveur de l’inscription sur les listes électorales,
s’est doublée de l’ouverture d’un débat sur la meilleure
représentativité, dans les institutions et les partis
politiques, des «minorités dites visibles». Beaucoup considèrent
que ces générations issues de l’immigration voteront
majoritairement en faveur de la gauche. Toutefois, il faut tenir
compte de l’existence d’une certaine «bourgoisie» qui
pourrait apporter son soutien massif à Nicolas Sarkozy pour
marquer sa désapprobation de l’échec radical de la gauche en
matière d’intégration alors qu’elle était au pouvoir.
Des élus, fortement intégrés dans la société locale,
revendiquent haut et fort leur marocanité. Pour eux, «Les
identités ne s’opposent pas, elles se renforcent» même si
Rachida Dati, porte-parole de Nicolas Sarkozy, refuse tout contact
avec le pays de son père. Pourtant, «un tiers des militants de
l’UMP sont issus de l’immigration, surtout parmi les nouveaux
adhérents».
Que peut attendre le Maroc des prochaines élections présidentielles
et législatives ?
S’agissant des deux principaux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène
Royal, il ne fait aucun doute que l’élection de l’un ou de
l’autre aura d’importantes conséquences sur les relations
franco-marocaines. Certes, pour la première fois depuis 1981
le/la futur(e) président(e) de la République n’aura pas un
fort lien, quasi-naturel, d’empathie avec le Maroc ou d’amitié
instinctive pour celui-ci comme cela était le cas, pour des
raisons différentes, de François Mitterrand et de Jacques
Chirac.
Avec Ségolène Royal, cette dimension passionnelle, personnelle,
disparaîtra probablement. Cela sera moins le cas avec Nicolas
Sarkozy. Certains de ses proches, un Jean Reno par exemple, ont
conservé de forts liens sentimentaux avec leur pays natal.
Si elle était élue présidente de la République, Ségolène
Royal pourrait être à l’origine d’un relâchement des liens
entre Paris et Rabat et se montrera encline à privilégier
l’axe Paris-Alger, ce qui serait préjudiciable aux intérêts
du Maroc. Nicolas Sarkozy, même s’il n’aura jamais avec le
Maroc la proximité d’un Jacques Chirac, aura une attitude plus
positive. Il voit dans le Maroc un allié potentiel, infiniment
plus fiable que l’Algérie, dans la lutte contre le
fondamentalisme religieux et il a pu mesurer, lors de son passage
au ministère de l’Intérieur, la part active prise par le Maroc
dans la prévention de l’immigration clandestine en provenance
d’Afrique sub-saharienne. Cela l’amènera naturellement
, si ce n’est à renforcer, du moins à maintenir, dans l’intérêt
commun des deux pays, les relations privilégiées entre la
France et le Maroc et à défendre la position marocaine sur le
Sahara. Droits de reproduction et
de diffusion réservés © Aujourd’hui le Maroc 2007. Publié
avec l'aimable autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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