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INTERVENTION DE FERIEL BERRAIES GUIGNY
CRIMINOLOGUE ET DOCTORANTE A LA FACULTE DE DROIT DE
L'UNIVERSITE DE PARIS II
(PANTHEON ASSAS,INSTITUT DE CRIMINOLOGIE)
Dans le
cadre du Séminaire « les Enfants et la Guerre au XXe siècle»
sous la direction de
Mme Laura Lee Downs (
Historienne et Professeur Associée à l’Université du Michigan
et
Directeur d’Etudes à l’IHESS de Paris)
L'URGENCE
DE JOUER DANS UNE SITUATION D'URGENCE.
21 février 2003
ATELIER
DE RECHERCHE
INSTITUT DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES DE
PARIS
SOMMAIRE
INTRODUCTION :
LES ENFANTS DE LA
GUERRE QUI SONT-ILS?
QUE FAIT LA
GUERRE AUX ENFANTS?
I LES REPERCUSSIONS PSYCHOSOCIALES DE LA GUERRE SUR
L’ENFANCE
A.
UN PETIT SURVOL DE L’HISTOIRE DE L’ENFANCE DE GUERRE ET DE L’ENFANCE
DEMUNIE :
1.
Durant la IIeme Guerre Mondiale :
les études britanniques et polonaises
2.
Les Etudes en Irlande du Nord et au
Proche-Orient
3.
La Littérature sur l’Enfance et la
délinquance de l’après guerre en France
COMPRENDRE LES BLESSURES PSYCHIQUES DE LA GUERRE :
B.
LES MANIFESTATIONS DU TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE CHEZ L’ENFANT DE GUERRE.
1. Un bref résumé : le
PTSD et les séquelles pathologiques de la guerre
2. Parce qu’il faut rompre
le cycle de la violence et de la guerre pour les enfants (étude
de cas
sur les enfants palestiniens)
II TENTATIVE D’INTERVENTION
PEDAGOGIQUE SUR LE TERRAIN DES POPULATIONS VICTIMES DE CONFLITS :
GAZA
GAZA «OU
L’URGENCE DE JOUER DANS UNE SITUATION D’URGENCE» Une ébauche
de psychopédagogie nouvelle dans un contexte de terreur et de
violence continue.
Il faut préciser,
que le projet d’Enfants Réfugiés du Monde à Gaza (
construction d’un centre d’animation dans le camp de réfugiés
à Khan Yunis), n’a pas fait l’objet d’une vérification
personnelle ou d’une quelconque évaluation. Cet exposé sera
donc uniquement descriptif et il
reposera essentiellement
sur des récits narratifs et anecdotiques, des témoignages
provenant de l’ONG française, Enfants Réfugiés du Monde ainsi
que de l’apport de certains
spécialistes sur le terrain (éducateurs et psychologues
cliniciens) comme Jean Christophe Sidoint d’ERM ou le Dr Sylvie Mansour
psychologue clinicienne basée en Palestine.
Il faudra donc s’attendre à une interprétation
subjective de ce qui a été reporté par les divers intervenants
sur le terrain, plus qu’à un réel examen scientifique de
l’apport de cette ONG sur le terrain.
Il
convient de signaler toutefois que la partie
empirique sera abordée ultérieurement au travers de (
l’étude épidémiologique et l’étude de cas) de la thèse de
doctorat en cours « les enfants violents et délinquants de
guerre » à l’Institut de Criminologie de l’Université
de Paris II ( Panthéon Assas.)
A
LA CREATION DU CENTRE D’ANIMATION AL SHURUQ WAL AMAL
1. Contexte
2. Jouer à la guerre
dans la guerre, une thérapie
pour la paix
3. La pédagogie nouvelle à Gaza, enjeux et limites.
CONCLUSION :
LES LIMITES ET
ENJEUX DE LA PSYCHIATRIE HUMANITAIRE.
LES ENFANTS DE LA GUERRE: QUI SONT ILS?
“ Un garçon a
tenté de fuir, mais il a été rattrapé.(…) ils lui ont lié
les mains puis nous ont obligés--- les autres nouveaux
prisonniers--- à le tuer à coups de bâton. (…) Quand j’ai
refusé, ils nous ont menacés avec leurs fusils. (…) Après
l’avoir tué, nous avons été forcés de nous couvrir les bras
de son sang. (…) Ils nous ont dits que c’était pour nous empêcher
de craindre la mort et de tenter de nous enfuir. (…) Il
m’arrive encore de rêver au garçon de mon village que j’ai
tué” Susan, 16 ans, enlevée par la Lord’s Resistance Army,
Ouganda.
Libération
Samedi 1er avril 2000, page 4. Rubrique Société» Un orphelin de
guerre rwandais poignarde une jeune fille. Jean k., 17 ans, a été
arrêté quelques minutes après les faits»
Colin Didier, Orléans Correspondance.
« Il n’a pas
dit un mot. Ni avant d’avoir poignardé la jeune fille, ni après.
Pas un mot, pas un motif, pas d’explication. Quand les gendarmes
l’ont arrêté quelques minutes après les faits lundi après-midi,
«il marchait tranquillement, comme si rien ne s’était passé»
«Hébété», «Absent»
La Cour
d’Assise d’appel des mineurs d’Indre et Loire a condamné,
vendredi 7 mars 2003, à huit ans d’emprisonnement, Jean K.,
orphelin de guerre rwandais.
Les expertises
s’étaient révélées contradictoires sur la responsabilité de
Jean au moment des faits et pourtant l’histoire de Jean est bien
particulière:
Jean avait à peine
dix ans lorsque sa famille, Tutsi, fut massacrée sur la colline
de Massaka, au Nord-est de Kigali. L’enfant n’a jamais pu dire
si cela s’est fait sous ses yeux, mais des photos des ruines
calcinées de sa maison ont été prises. Il a réussi à fuir et
à se mettre à l’abri dans un orphelinat dont, par chance, les
enfants sont en train d’être évacués par des soldats français.
Le département du
Loiret, qui coopère alors, avec la Province de Butare, accueille
les 76 petits réfugiés. Pendant deux ans ils séjournent au Château
de Rondon, à Olivet. Mais leur retour est prévu.
Dés 1995, une tante
de Jean s’est manifestée pour l’accueillir. Pourtant en juin
1996, il ne regagne pas son pays comme la plupart des autres
enfants. Jean a erré de famille d’accueil en foyer. A la maison
de l’enfance, établissement du Conseil Général, il a été
violenté sexuellement par des plus âgés. Un juge pour enfants
l’a entendu, mais l’affaire est restée là. Plus tard, des éducateurs
décrivent un être étrange, muré dans son silence, se réfugiant
dans les arbres. Quand il se confie, la mort revient dans presque
chacun de ses rares mots. Il
exprime le désir d’être tué.
Godard,
M O., dans son ouvrage
( Rêves et Traumatismes , ) expose ce paradoxe du rêve traumatique,
le Dr Houballah
A., dans son œuvre ( Destin du Traumatisme) nous parle
de cette relation ambiguë entre l’agression, la culpabilité et
le sentiment de responsabilité par rapport à l’agression
subie. Ensuite vient sournoisement se glisser l’amnésie ou la
relative amnésie du patient sur tout ce qui touche sa vie avant
le traumatisme. Tout se passe comme si sa vie après le
traumatisme avait atteint un tel niveau d’intensité ou de réalité
qu’elle éclipse de loin, au niveau perceptif la paisible et la
naïve réalité de l’avant événement. Rétroactivement
l’avant trauma prend les couleurs du paradis perdu. Quelque
chose était là et ne reviendra peut être jamais Alors il faut
disparaître ou affronter la mort.
Les histoires de
Susan et de Jean K. seront rangées parmi les faits divers des
atrocités de la guerre, presque comme une fatalité ils viendront
se rajouter aux nombreux exemples qui abondent dans les champs de
la mort des Nations en batailles.
Dans le premier cas l’horreur et l’effroi se mêleront
à la compassion, mais dans notre fors intérieur cela restera du
registre du réel mais lointain. Car après tout, le caractère «sensationniste»
voire distrayant de la Guerre est bien imprégné dans les valeurs morales «occidentales».
Bouthoul
G., dans son Traité de Polémologie, sur la Sociologie des
Guerres, disait
« la Guerre est avant tout une source d’émotions
incomparables…», «elle rompt la monotonie d’une société mécanisée»
Mais ce lointain se rapproche, et plus vite qu’on ne
le pense. L’histoire de Jean
K., même si cela reste un cas isolé est le résultat de
l’importation de la violence de guerre et de toutes ces
complexités traumatiques. Complexités qu’au demeurant, la
psychiatrie humanitaire n’a pas cessé de déchiffrer.
Quand l’horreur de guerre «est à nos portes»,
quand le trauma de guerre se transforme en violence et qu’il
touche notre quotidien, comment réagir? Et au fond, pourquoi en
arriver là?
Pourquoi n’avoir pas pris plus de peine à comprendre la réalité
des enfants de la guerre, leurs besoins, leurs angoisses, leurs
engagements, voire leur identité nationale?
Peu de travaux Scientifiques les évoquent, il est
d’autant plus difficile aujourd’hui de trouver le ton juste
pour en parler, sous peine de tomber comme l’explique si bien
Maquéda , ( Maquéda F., 1995, La préparation
des acteurs de terrain. Handicap International Lyon. In l’enfant
réfugié, quelle protection ? quelle assistance ? sous
la direction de Mansour S.,) nous parle d’un
«l’humanitaire déshumanisé».
Il n’y a pas si longtemps, les victimes et les
cibles de guerre étaient des hommes aujourd’hui, ce sont les
femmes et les enfants et dans certaines Nations, on appelle cela
« la Guerre Psychologique» : frapper en plein cœur d’un
peuple pour ébranler les fondements culturels et les structures
sociales qui caractérisent son identité.
La guerre ne détruit pas uniquement les vies, elle détruit
l’idée de vie, l’idée de l’homme et tout son registre de
symbolique.
QUE FAIT LA GUERRE AUX ENFANTS?
Cette guerre d’aujourd’hui
est d’un nouveau genre, elle
détruit les structures telles que les systèmes éducatifs et médico-sanitaires,
elle remet en cause les références et l’organisation familiale
et sociale. Elle empêche l’enfant de vivre sa condition
d’enfant et le prive des éléments qui devaient participer à
son développement.
En effet,
la Guerre victimise l’enfant à maints égards, elle constitue
plusieurs menaces:
-
Les Carences et les
privations : Manque de nourriture et de fournitures médicales, d’eau potable et
d’installations sanitaires. Cela crée un terreau fertile pour
la maladie, en particulier dans les camps de réfugiés (
malnutrition, choléra, infections respiratoires et diarrhées…)
-
Disparition des repères
familiers et familiaux et perturbation de la vie quotidienne. En temps de
conflits, les structures sociales et de survie de base ( surtout
pour les peuples en zones rurales) sont précarisées: écoles,
dispensaires et hôpitaux, les récoltes, les marchés de village
et autres équipements collectifs sont des cibles privilégiées.
-
Témoins et ou
Auteurs d’atrocités de guerre: qu’ils soient simples spectateurs ou victimes
converties en bourreaux quand ils deviennent enfants-soldats ! Ce
sont ces expériences qui vont surtout les marquer considérablement.
Et les répercussions de cette violence subie de façon passive et
puis réactive dans le futur constitueront la problématique de la
thèse de Doctorat: Enfants violents et Délinquants de Guerre: victime ou Coupable? ou
le passage de Traumatisé à Traumatiseur versus Victime à
Offenseur.
-
Les enfants abandonnés
et non accompagnés sur les routes de l’exil qui subissent durant leur
long exode la violence des adultes, les agressions sexuelles, en
particulier à l’égard des femmes et des jeunes filles, phénomène
de plus en plus répandu et qui a également des implications
sociales dangereuses ( sida, grossesses prématurées, abandon
d’enfants etc.…)
LES REPERCUSSIONS PSYCHOSOCIALES DE LA GUERRE SUR L’ENFANCE
L’enfant de la guerre subit de plein fouet les
effets psychologiques des expériences traumatiques qui peuplent
son quotidien de violence ( guerre, génocide et répression
politique en particulier). On appelle communément selon la
classification psychiatrique tirée du DSM III : le syndrome du
stress post-traumatique ou PTSD, selon la littérature clinique occidentale. Il peut se décrire par
une anxiété qui se manifeste schématiquement par une tendance
de l’individu à revivre en permanence son expérience
traumatique (hallucinations, cauchemars…) et éviter systématiquement
tout stimuli qui rappelleraient cette expérience.
Les effets psychologiques d’un traumatisme ou
d’une expérience traumatique ont également la malheureuse
particularité de pouvoir toucher toute une famille et se répercuter
sur les générations futures. Mais y a t-il un remède qui efface
les traumatismes de guerre définitivement?
Toutefois, il convient de signaler que toute expérience
traumatique ne se développe pas automatiquement en PTSD. De même
que, toute personne souffrant d’un stress ne peut pas forcément
identifier l’expérience vécue qui en est la cause.
Toute une population peut donc souffrir de stress
après un événement traumatisant, mais ce sont les
enfants qui sont à la fois les plus fragiles et paradoxalement,
ceux possédant la plus grande capacité à guérir. En terme
clinique on appelle cela : la résilience.
Aujourd’hui il n’existe pas encore de théorie générale
sur les effets psychologiques à long terme de la guerre et du
refuge sur l’enfant. Les seules études qui auraient effleuré
les effets à long terme de la guerre proviennent de celles
effectués sur les vétérans du Vietnam.
UN PETIT SURVOL DE L’HISTOIRE DE L’ENFANCE DE GUERRE ET
DE L’ENFANCE DEMUNIE
En faisant une petite rétrospective des études
empiriques sur l’enfance et la guerre de l’histoire à nos
jours, on peut aboutir à deux vagues de recherches :
1.
Durant la II ème Guerre
Mondiale:
On retrouve principalement, les études Britanniques sur les Conséquences
psychologiques de
l’évacuation et des bombardements sur les Enfants. Dans ces études
il s’agissait beaucoup plus de
répondre à des préoccupations d’ordre pratique que de
prendre en considération les séquelles de guerre des enfants:
pour les politiques de l’époque la priorité était de savoir
s’il valait mieux écarter les enfants de leur famille plutôt
que de les laisser dans un environnement dangereux?
Parmi ces études on trouve
celles de ( Winicott D.W., Déprivation
et Délinquance,
1994, Editions
Payot, Burlingham, D.,
et Freud A., 1949, Enfants
sans famille, Editions PUF ,
Baley, 1949,
Influences psychiques de la dernière guerre mondiale, Revue
Sauvegarde, février-mars, n 28-29, 58-84,
Brosse T,. 1949 l’enfance victime
de la guerre, Paris
Unesco, 147 p,( publication N 461)
Vernon M.D.,1940, A
study of some effects of evacuation on adolescent girls, British Journal of
Educational Psychology, n 10,
p.114-134, Bodman F,. 1941, War
conditions and the mental health of
children , British
Medical Journal, n 4213, p.486-488
et en 1944 Child
Psychiatry in wartime britain. Journal of Educational Psychology , n 35, p.293-301, Burt C., 1940, The billeting of evacuated children, British Journal of Educational Psychology, vol. X, part I, p.8-15, Klein M., 1921-1945, Essais de psychanalyse Paris Editions
Payot, Mons W.E.R.,
1941, Air-raids and the child, British
Medical Journal, n 4217, 625-626,John E.,
1941, A study of the effects of evacuation and air-raids on children of
preschool age, British journal of Educational Psychology, n11, p.173-182,
Gill.S.E., 1940,
Nocturnal
Enuresis: Experiences with evacuated children, British Medical
Journal, n 4153, p.199-200,
Jersild A.T.& Meigs M.F., 1941,
War Strain on children, British Medical Journal, n 4177, p.124 et
en 1943,Children and War, Psychological Bulletin, n 40, p.541-573
Carey-Treftzer C. J., 1949, The
results of a clinical study of war damaged Children who attended the
Child Guidance Clinic, The hospital for sick children. Great
Ormond Street, London, Journal of mental Science, n 95, p.335-599,
Boyd W.,1941, The effects of evacuation on the children, British Journal
of Educational Psychology, n 11, p.120-126 etc.). Ces auteurs ont étudié
les effets des bombardements et de l’évacuation sur les enfants
durant la seconde guerre mondiale, ils ont mis l’accent sur la
souffrance morale de l’enfant quand il était arraché à son
environnement et à ses repères familiaux avec des comparaisons
en fonction de l’âge, du sexe, de la classe sociale mais
cependant , sans jamais faire aucune référence à une éventuelle
délinquance de guerre. Tout au plus, certains auteurs ont ils
parlé d’un désir d’arrêter la fréquentation à l’école (
les filles notamment) et ils
font référence aux
manières impolies (shocking manners) de « la ville »
une fois évacuée dans la campagne. Toutefois ce sont
Winnicott D.W et
Brosse T., qui
vont évoquer en premiers une délinquance potentielle née des
privations de la guerre et quand
au neuropsychiatre français pour enfants le Dr Heuyer,
( Heuyer G.,1948, Psychopathologie de l’enfant victime de la guerre, Revue Sauvegarde, vol
2, Paris, janvier, n 29)
il nous parle même d’un délinquant de guerre plus
intelligent et « débrouillard» que celui d’avant guerre. Dellaert
R., en 1946,( Dellaert R., 1946 les travaux de
la section médicopsychologique des S.E.P.E.G en France), évoque
les prémisses d’un malaise social engendré par les enfants de
l’après guerre.
Le flambeau sera repris par les études polonaises, où des psychologues,
éducateurs vont étudier des échantillons d’orphelins dans des
Centres de délinquant et orphelinats (délinquant de Lodz par ex)
pour tenter d’établir
une corrélation entre les conséquences de la guerre ( orphelins,
enfants abandonnés et désœuvrés) et les attitudes de la
jeunesse pouvant déboucher en délinquance ( Szeminska, A.,
1949,Les candidats pour les maisons d’enfants, Revue
Sauvegarde février-mars, n 28-29, 133-151,Zebrowska M., 1949
Les délinquants mineurs à Varsovie après la guerre, Revue
Sauvegarde, p.28-29, Stzenecka
H., 1949, L’influence
de la guerre sur les attitudes de la jeunesse, Revue Sauvegarde,
Paris, février-mars, n 28-29,
p.11-17, Szymanska Z., Zajaczkowski H., et Jaroszynski J., 1949, Quelques problèmes d’après guerre concernant le travail médico-pédagogiques,
Revue Sauvegarde, Paris, février-mars, n 28-29, p.133-151,
Iliegiewicz H., 1949 l’enfant
délinquant avant guerre et maintenant, Revue Sauvegarde, Paris,
28-29, p.122-130 etc…).
Tous ces auteurs ont essayé de comprendre le phénomène qui avait
pris une certaine ampleur car , il faut en effet rappeler que la
Pologne a été le pays le plus touché et celui qui a le plus
souffert et pâti des conséquences de la II guerre Mondiale (déportations,
exodes, privations, problèmes sociaux et partage du territoire).
La France quant
à elle, n’est pas en reste quant il s’agit d’étudier les
effets si l’on puit dire « criminologiques « de la
guerre : Louis Chevalier, dans une approche historique du phénomène,
nous parle des Classes Laborieuses et Classes Dangereuses
à, qui ont longtemps alimenté le mythe de la dangerosité
sociale à Paris
pendant la première moitié du XIXe s (Chevalier L., 1958, Classes laborieuses et
classes dangereuses, pour l’Histoire Editions Perrin ). L’auteur nous parle de la
criminalité constatée à Paris, ville considérée comme la plus
criminogène à l’époque ( thèse reprise par les grands
auteurs classiques français, de Hugo
à Balzac). Ville en pleine évolution attirant tout un tas de
populations sans repère ( exode rural des paysans vers la ville)
et occasionnant à l’époque le phénomène des
rivalités entre les confréries (compagnonnage) qui ont longtemps fait rage. Il explique aussi comment, la
disproportions entre les sexes ( plus de hommes que de femmes, )
le nombre important d’enfants abandonnés ( le mythe de Gavroche
qui a longtemps bercé l’imaginaire collectif sur l’activisme
politique juvénile et la délinquance des enfants des rues,
moralement abandonnés durant la révolution), la recrudescence
des maladies vénériennes et le Choléra ont rajouté dans
l’imaginaire populaire quant à la perception de l’insécurité
et l’état d’insécurité réelle dans la Capitale. A l’aube
de la lutte des classes on entrevoit ici l’opposition entre le
Paris « bourgeois » et le Paris « prolétaire »
Chicago en 1920 et 1930, sera considéré, cent ans plus tard,
comme l’égale de Paris à l’époque de la Monarchie de
Juillet. Il est en effet intéressant de faire cette comparaison
car les Etats-Unis
vont connaître plus tard à leur tour, un phénomène similaire,
avec le flux massifs d’immigrants étrangers, alors que Paris
avait connu cent ans plus tôt
cet exode massif mais
des populations rurales.
Un peu plus loin dans l’histoire, pendant la IIème guerre une autre
jeunesse rebelle s’éveille, on les appelle , »les Zazous»
Ces enfants aux pères «absents» ( soit à cause de la détention,
ou le service de travail obligatoire en Allemagne) qui dérivent
vers la délinquance en marge du conflit. L’œuvre de Fishman
S., en 1957,
( Fishman S.,2002, The battle for Children, Word War
II, Youth Crime, and Juvenile Justice in Twentieth Century France,
Editions Harvard
University Press, 2002)nous parle de ces enfants dont les actions
en marge de la légitimité et frisant la délinquance, se
faisaient sous couvert d’actions héroïques de la résistance. On
pourrait considérer aujourd’hui à juste titre que la France de
l’occupation allemande a aussi eu son «Intifada» pour lutter
contre l’occupation. Paradoxalement le régime de Vichy a considéré
que ces enfants délinquants étaient des victimes de la situation
d’occupation et a mis en œuvre une politique thérapeutique qui
se démarque du système judiciaire en place pour jeter les bases
de la nouvelle thérapie préventive pour les enfants à problèmes
et ceux en danger moral. On les orientait à cette fin vers des méthodes
de réinsertions par les travaux d’utilité publique.
La deuxième vague de jeunesse délinquante post-conflit arrive dix ans
après la guerre, «c’est la génération des blousons noirs»
dont nous parle en 1962,
(Copferman E., La génération des blousons noirs, problèmes de la
jeunesse française, Editions
la (Re)Découverte, 2003)
il l’a voit comme une catégorie « désocialisée» en
quête d’une identité et qui affiche par une attitude réactionnaire
un malaise social en l’absence de repères structurants de la
part de la famille et du système éducatif. A cette époque, la
recherche «des loisirs faciles» entraîne une perte des valeurs
profondes de la Société. La création du service militaire et
l’approche des conflits d’indépendance coloniale, réuniront
une jeunesse de toutes les catégories sociales sur un même
front, jeunesse qui a du mal à comprendre son passé et à
envisager son avenir.
La valeur des deux courants de recherches ( britannique et polonais) mais
également les phénomènes vécus par la jeunesse française
depuis le milieu du XIX, ont une valeur historique et humaniste
incontestable à notre sens, mais leurs apports restent encore
dans l’anecdotique.
Ces phénomènes
sociaux et la polémique
qui en découle, vont remettre en cause l’opportunité de
certains programmes et pratiques sociales des gouvernements de
l’époque. La gestion par ex des situations d’urgence de
guerre comme nous
l’avons vu dans le contexte britannique ( les programmes d’évacuation
et le cas des orphelins et des enfants sans foyer suite à la
guerre) et les politiques de prise en charge sociale des jeunes
pendant et après les conflits
en Pologne et en France , jetteront les bases des
premières politique sociales et criminelles à portée préventive
et « réhabilitatrice » en faveur de la jeunesse en
danger.
Pour revenir aux études
polonaises qui sont celles qui seraient les
« plus scientifiques » à notre sens, ( il faut noter le fait que dans le cas de la France, les
premières études faites
par le biais des programmes de l’UNESCO, en particulier l’étude
de Brosse T en 1949) l’objectif est essentiellement
politique, les statistiques étaient grossies dans un but
de propagande et pour éveiller la conscience sociale quand à la
nécessité de « mettre les gamins sur le bon chemin »
et donc il n’y a aucune valeur scientifique) et l’échantillon
empirique d’enfants délinquants, en l’absence d’un groupe
de contrôle ; reste discutable car la méthodologie et les outils de mesure sont peut fiables).
Il faut néanmoins reconnaître l’effort de curiosité
intellectuel qui reste très louable notamment dans le contexte
polonais, à l’époque la Pologne sortie de guerre très
meurtrie ne, dispose pas d’instruments scientifiques capable
d’expliquer le problème. Avec ces limites il est en effet impossible d’aboutir à un début de modélisation.
On pourrait par ailleurs se poser la question de savoir pourquoi il a
fallu attendre la deuxième guerre mondiale pour étudier les répercussions
de la guerre sur l’enfance ?
L’explication est simple : au cours de la Iere Guerre Mondiale, le domaine de la recherche clinique n’avait pas
fait de l’enfance une priorité. La psychiatrie militaire prédominait
alors, et n’y a presque pas
d’études sur l’enfance et la guerre ( il n’y a pas
à notre connaissance d`études empiriques scientifiquement vérifiables
sur l’enfance de guerre), à part l’étude de Kimmins
C.W., 1916, The
interests of London Children at different age in air-raids,
Journal of Experimental Pedagogy) qui
relate le comportement des
enfants en temps de bombardements.
La majorité de la littérature de cette période concernait
essentiellement le soldat ( engagé dans les conflits) et patient
de prédilection des thérapeutes de l’époque. La littérature
des syndromes des batailles « le
battlefield shock syndrom» et la psychanalyse de Ferenczi,
Rivers et de Freud, abondaient en définitions diverses sur
les pathologies et les névroses de guerre des adultes.
Mais l’enfance démunie de
guerre est devenue un
véritable fléau social pour certaines Nations en Reconstruction, en ex URSS,les études de Dorena
Caroli sur l’enfance abandonnée en Russie nous dévoile
l’ampleur de ce phénomène ( Caroli D., Socialisme et
Protection Sociale : une tautologie ? l’enfance
abandonnée en URSS 1917-1937, Annales HSS novembre-décembre
1999, n 6+, p.1291-1316). C’est dans ce contexte précis que naîtront
les colonies pour enfants abandonnés et délinquants de guerre en
Russie de Makarenko ( Makarenko, A, 1956, Poèmes
Pédagogiques,) et de Moulieg. Ces deux éducateurs
tenteront de réhabiliter dans ces colonies toute une
jeunesse délinquante et marginale d’après guerre en
vantant les mérites de
la discipline et du
travail communautaire, allant de pair avec l’idéologie
politique de l’époque. En
Autriche, la tradition psychanalytique freudienne sur
l’étude de la
pensée enfantine et le développement morale, est reprise par
l’éducateur, Auguste
Aichhorn ,( Aichhorn A., 1973, Jeunesse à l’abandon. Préface
de Sigmund Freud. Etudes et Recherches sur l’enfance. Privat
Editeur). Il s’inspirera également des colonies délinquantes
russes pour réhabiliter
dans son pays, les enfants délinquants et les enfants à
problèmes.
Il est part ailleurs intéressant de noter que vers le XVII - XVIII, les
enfants abandonnés étaient considérés comme «moralement déficients»
Au début du XX e siècle, ces enfants abandonnés seront considérés
d’abord comme des victimes, puis des déficients mentaux et
enfin des délinquants. Dans un but uniquement thérapeutique et
par souci de prise en charge sociale et d’hygiène, l’enfance
démunie considérée délinquante et amorale glissera des filets
de la pénalisation pour passer au Traitement pédagogique, et
cela ira de pair comme nous l’avons déjà évoqué, avec la création
des colonies d’orphelins de la guerre .
Avec Zalkind, A, B., la
psychiatrie soviétique va lentement mais douloureusement évoluer
quand même, en s’affranchissant sous l’instigation de ce spécialiste,
du déterminisme qui voulait que les
enfants abandonnés « besprizornst» du qualificatif
soient des «
déficients moraux». Zalkind
au contraire, insistera sur
la nature extraordinairement flexible de l’organisme humain et
tournera ainsi le dos à la statique biologique que l’on
attribuait auparavant à la personnalité humaine. Il introduira ainsi, des
concepts freudiens au Marxisme (
A.B., Zalkind., Frejdizm, Marksizm ( Freudisme et Marxisme);
Krasnaja nov, 4, 1924, pp.163-186).
Les psychologues et éducateurs de
cette époque vont alors s’intéresser dans un but thérapeutique
et préventif au concept de développement moral de l’enfant. On
finira par établir une véritable catégorisation de l’enfance
allant de: enfant névrotique, enfant maltraité, enfant en
carence affective, enfant moralement abandonné, enfant déficient
intellectuel et enfant délinquant.
Tous ces enfants constitueront ce qu’on appelle encore aujourd’hui «
les enfants à risque» à l’instar « d’enfants en
danger ».
Par cette normatisation de l’enfance en danger, les psychologues et éducateurs
espéraient «dépister» l’enfant qui pouvait «mal tourner»,
( tentative maladroitement entamée aussi par la criminologie
positiviste de l’école « lombrosienne »,
tentative de typologie du criminel
adulte qui n’a également pas survécu). La difficulté résidait
justement sur le flou entre les différentes
catégories d’enfants.
Il est cependant fort intéressant
de voir qu’à l’époque déjà, et
sans le vouloir, naissait une sorte de « politique
criminelle» avec des concepts qui s’apparentaient à la «dangerosité
sociale» et une réflexion sur l’impact du milieu «criminogène»
( la rue qui pouvait donner des tares héréditaires à l’enfant
) et qui expliqueraient un certain déterminisme comme facteur
incitatif au passage à l’acte délinquant. Ainsi dès la Iere
Guerre Mondiale, l’enfant devient le second sujet d’étude de
la psychanalyse après la névrose des adultes. La jeunesse à
l’abandon dans la période de 1910- 1940, en Europe et en URSS,
sera saisie à travers deux phénomènes:
1)
la névrose
2)
la délinquance perçue comme une conséquence de la
perturbation névrotique.
Il reste toutefois, que ces expériences démontrent avant tout et
notamment dans le cas de l’ex URSS, que la prise en charge
sociale de l’enfance démunie répondait avant tout à un souci
populationniste . On désirait
forger un homme nouveau et l’enfant de part sa vulnérabilité,
était considéré une
arme hautement manipulable, autant que le devenir d’une Nation.
Il pouvait pacifier mais également
alimenter les conflits entre les Nations.
On est encore loin ici, de tout souci de protection véritable de
l’enfance par la prévention ou la réinsertion sociale. Quant
à la Défense Sociale, la période Stalinienne a fait montre de
peu de scrupules quant il s’agissait d’éradiquer le fléau
des enfants abandonnés: puisqu’on a fini par les abattre quand
ils sont devenus trop nombreux et «insocialisables».
Ce que l’on pourra retenir de cette période sera l’impact du
Politique sur l’humain ( ce qui ne nous dépayse pas du reste de
la violence politique contemporaine que subissent les enfants,
aujourd’hui) et également la « théorie du milieu» et ces
effets «dégénérants» sur l’enfant ( la rue).
Le deuxième courant des recherches empiriques ouvre le pas aux enfants
d’Irlande du Nord, d’Israël, du Liban et de la Palestine.
2.
Les Etudes en Irlande du
Nord et au Proche-Orient:
L’approche ici est
plus sophistiquée et scientifique d’un point de vue méthodologie
de recherches..
On retrouve les études
sur la perception de la violence urbaine ( Lyons, H.A., 1971,
Psychiatric Sequelae
of the Belfast Riots, British Journal of , n 118, p.265-273 et 1972, Depressive illness
and agression in Belfast, British Medical Journal, i, p.342-344,
O’Malley P.P., 1972, Attempted
suicide before and after communal violence in Belfast, august,
1969, Journal of the Irish Medical Association, Vol 65, 5. Cairns E., Hunter D., & Henning, 1980, Young children’s awareness of
violence in Northern Ireland : The influence of N.I
television in Scotland and Northern Irland, British Journal of
Social and Clinical Psychology, n 14, p.3-6. Les études sur la perception de leur pays avec
Hosin A., et
Cairns, E., 1984, The impact of conflict
on children’s ideas about their country, The Journal of Psychology, 118 (2), p.161-168. Les études sur l’usage
des drogues, King
D. J., Griffiths K., Reilly P.M., Merrett D. J., 1982, Psychotropic
drug use in Northern Ireland 1966-1980 :Prescribing Trends,
inter and intra-regional comparisons and relationships to
demographic and socioeconomic variables, Psychological Medecine. Les
études sur la compréhension de la mort, Mc Whiter L., Young V., Majury J.,
1983, Belfast
Children’s awarenes s of violent death, The British
Psychological Society, 22, p.81-92, les études sur la connaissance de l’ennemi en Irlande du Nord, Cairns, E.,
Hunter D., L., 1980, Young
Children’s awareness of Violence in Northern Ireland : The
influence of Northern Ireland
Television in Scotland and and N I,
British
Journal of Social and Clinical Psychology, 14, 3-6,
et Mc Whiter
L. et Trew, K., 1982, Children
in Northern Ireland : A
lost generation ?, In L.J Anthony and C. Chiland ( eds). The
child in the family, vol 7, New York, John Wiley and Sons. Des études
sur l’identité
nationale chez les enfants d’Irlande du Nord, Mc Whirter, L.,& Gamble, R.,1982, Development of ethnic awareness in the absence of physical cues, The Irish Journal of
Psychology,5,2, p.109-127. Les études faites
en Israël, en Palestine et au Liban, évoquent le thème déjà
étudié par les britanniques sur les conséquences
des bombardements sur l’équilibre mental des enfants exposés
à la guerre.
En
Israël
principalement, les premières études ont été faites par
Ziv et Israeli 1973 ( Ziv
A. &Israeli R., 1973, Effects
of Bombardment on
the manifest anxiety level of children living in Kibbutzim,
Journal of Consulting and Clinical
Psychology, n 40 (2), 287-291 et Milgram
R .M., & Milgram,
N. A ., en 1976, The Effects
of the Yom Kippur War on anxiety level in Israeli children, The
Journal of Psychology, n 94,, p 107-113. Ces chercheurs ont
également effectué des comparaisons sur l’adaptation au stress et le taux
d’anxiété des enfants vivant dans les zones à risque ou non. Les études sur les conséquences
de la déportation des enfants palestiniens ont également vu le
jour,notamment avec le travail d’Abu Hein F., & Raundalen M., en 1993, Deportation and
its effects on the palestinian children in Gaza. Gaza : GCMHP, unpublished
manuscript.
En Irlande du Nord, l’étude de Fields
R.M., 1975, Psychological genocide : The children
of Northern Ireland :
History of Childhood. Quaterly Journal of psychohistory, 3 (2), p.201-224,
abordera les conséquences psychosociales de la violence
politique,et
au Liban,
cette perspective est reprise au travers des études de, Saigh P.A., 1985, An
experimental analysis of chronic posttraumatic stress among
adolescents, Journal of Genetic Psychology, 146, p.125-131, de Day R.C., en 1986, « Psychological Study
of Children in Lebanon. In J.W. Bryce& H.K. Armenian (Eds), In Wartime the state of children in
Lebanon, American University of Beirut, p.105-116” et un peu plus tôt
en Israël Ziv, A., Kruglanski
A.W.,et Shulman S., 1974, Children’s
Psychological reaction to wartime stress, Journal
of Personality and Social Psychology, 30(1) p.24-31.
La relative
sécurité ou non des Kibboutz sera abordée par (Kaffman, M., 1977, Kibbutz Civilian Population under War Stress, British Journal of Psychiatry, 130, p.489-494, et Camiel
S.,1978, Some observation about the effect of war on kibbutz family structure, The family coordinator, 27(1),
p.43-46. La mesure de l’identité nationale
en Palestine ( Mahjoub A., Delbovier M.C.,
1988, Passation du Rozenweig Picture Frustration Study aux enfants
palestiniens. In M.C Delbovier. Les
traumatismes psycho-sociaux de la guerre chez les enfants, une
approche de la frustration et l’agression chez les enfants
palestiniens. Mémoire de fin d’études. Louvain
la Neuve, U.C.L, Belgique. Et l’étude de Mahjoub
A., Leyens J.PH., Yzerbyt V., Di Giaocomo J P., 1989, War stress and Coping Modes :
Representations of the self identity and time perspective among
Palestinian children, International
Journal of Mental Health, Vol 18, N 2., fait état des stratégies de faire face “ coping modes” face au
stress de la guerre.
La
souffrance morale des enfants orphelins de père à cause de la
guerre, a fait l’objet de certaines études dont celles en Israël avec
Kaffman M., Elizur
E., 1979, Children’s
bereavment reactions following death of the father. International Journal of Family
Therapy, 1, 203-231.
Les
attitudes et la compréhension de la guerre se retrouvent dans des études sur les enfants
palestiniens et israéliens , Ziv
A., et Israeli R.,
1973, Effects Bombardment
on the manifest anxiety level of Children living in Kibbutzim, Journal of Consulting and Clinical
psychology, 40(2), p.287-291.,Goldman R.,
1974, Israeli Preschool children during wartime stress : their knoweledge
and interpretation of the 1973 war, Social
Education, 38(4), p.367-370. et Punamaki R. L.,1983, Psychological Reactions of
Palestinian and Israeli Children to War and Violence. In M. Kahnert, D. Pitt& Taipale
(Eds), Children and War, Proceedings of the Symposium at Siunto
Baths, Finland, GIPRI, IPB; Peace Union of Finland etc…
Cependant le vide théorique persiste, on pose plus de questions qu’on
ne trouve de réponses.
Néanmoins, certaines études contemporaines ont des implications
théoriques, comme les études relatives à l’adaptation au
stress entreprises par un psychologue clinicien finnois Punamaki
Raija- Leena, (Punamaki
R L., 1981, Children
living under war and threat : Israeli and Palestinian
children’s attitudes and emotional life, Academy of Science,
Finland, unpublished, en 1983, Psychological Reactions of Palestinian and Israeli Children to War and
Violence. In M. Kahnert, D. Pitt& Taipale (Eds), Children
and War, Proceedings of the Symposium at Siunto Baths, Finland,
GIPRI, IPB; Peace Union of Finland, en 1986, Stress among
palestinian women under military occupation : Women’s
Appraisal of Stressors, Their Coping Modes and Their Mental
Health, International Journal of Psychology,
21, p.445-462, en 1987, Psychological
Stress Responses of Palestinians mothers and their children on
conditions of military occupation and political violence. The
Quaterly Newsletter of the laboratory of comparative human
cognition, 9, p.76-84, en 1989, Political Violence and Mental Health, International Journal of Mental Health, 17 (4), p.3-15. l’ensemble de
ces recherches vont remettre
en question l’idée
bien établie la « learned helplessness» ou l’état de
victimisation passive (impuissance apprise), auprès des enfants
palestiniens et israéliens .
Ce qui est intéressant de relever dans cette seconde vague de recherches,
c’est l’influence du milieu social environnant. Selon la
qualité de ce milieu on pouvait avoir soit « des enfants martyrs»
soit « des enfants héros» et dans une perspective purement
clinique soit «des enfants malades» ou des «enfants sains» Ces
études nous indiquent donc que c’est moins la situation
traumatisante objective ou sa vision subjective qui importe que les réactions que favorise l’entourage. Le
Psychologue Mahjoub A., ( Mahjoub A.,
& Leyens, J. P H., 1986, Etude
épidémiologique des enfants de la cité éducationnelle des
Enfants des Martyrs palestiniens, Adra,
Damas,Syrie. Etude non publiée),.
disait en ces termes « c’est l’omnipotence du milieu qui
explique l’échec de la théorie de l’impuissance apprise à
rendre compte des réactions ».
Dans toutes les études contemporaines sur les conséquences de la guerre,
ni le sexe des enfants, ni l’efficience intellectuelle (
intelligence), ni les mécanismes de défense ou d’adaptation ne
permettent de déterminer comment et pourquoi un enfant réagit
d’une certaine façon à la guerre. Rien ne peut véritablement
quantifier ou qualifier la nature des séquelles de guerre chez
l’enfant. Que le traumatisme soit apparent ou pas, qu’il se
manifeste ou pas, plus tôt ou plus tard, que l’adaptation ait réussi
ou échoué, que le comportement soit resté social ou pas, et en
l’absence d’une théorie générale de la victimisation qui
soit scientifiquement valable, toutes ces questions pour
l’instant resteront en suspens.
LES MANIFESTATIONS DU TRAUMATISME PSYCHOLOGIQUE CHEZ
L’ENFANT DE GUERRE: UN BREF
RESUME
-
Altération du sommeil: terreurs nocturnes, cauchemars, hallucinations
sont les signes de réminiscence de la souffrance sous forme
obsessionnelle et nuisent au travail de deuil;
-
Désordres alimentaires: refus de se nourrir, perte de poids, dénutrition
d’origine psychologique, anorexie nerveuse ( plus les lésions cérébrales
dues à la malnutrition sévère);
-
Désordres gastro-intestinaux d’origine psychosomatique, coliques,
vomissements,. Diarrhées et migraines, maux d’estomac, chute
des cheveux et allergies d’origine psychosomatique;
-
Altérations du langage jusqu`à l’adolescence: bégaiements;
-
Désordres du développement: régression à des étapes antérieures,
oubli du langage parlé, de la lecture et de l’écriture, énurésie
( perte de contrôle du sphincter urinaire) encoprésie ( perte du
contrôle du sphincter anal), difficulté d’apprentissage, désorientation
spatio-temporelle, difficultés à poser une frontière entre
l’imaginaire et la réalité;
-
Altération et désordres de type affectif: Inhibition, indifférence,
tristesse, besoin pathologique d’affection, dépendance,
irritabilité, agressivité, inquiétude, peurs intenses liées à
des stimulations du milieu ambiant ( ex: sirènes, bruits de véhicules…)
fermeture à la communication, manque de concentration, attitudes
psychotiques, cas de schizophrénie et attitudes autistiformes;
-
Troubles du comportement des adolescents directement liés au traumatisme:
vols, bagarres, alcoolisme, prostitution et suicides. Ces troubles
du comportement sont des risques réels et criminogènes nocifs
pour l’enfant et pour la Communauté.
Il convient de signaler, néanmoins que tous les enfants ne réagissent
pas de la même façon. Les réactions différent selon l’âge,
la situation familiale, la présence ou non de la famille au
moment des évènements, les réactions de la famille, la cohésion
de la famille.
Les réactions différent
aussi en fonction de la nature de l’évènement traumatisant
(avec ou sans violence humaine, avec ou sans violence directe
subie par l’enfant) et la manière dont la communauté (
structures, cohésion…) a été affectée et les conditions matérielles
de la famille.
Au-delà de la compréhension d’un point de vue «victimelle» de ces
comportements, il existe une dangerosité sociale qu’on ne peut
occulter. La problématique actuelle réside justement dans le «dépistage»
de cette dangerosité qui peut passer à l’acte et se
transformer en agression.
Une attention spéciale
doit être en effet portée sur les enfants qui ont vu d’autres
enfants participer activement à des massacres ( car ce phénomène
dépasse celui, couramment rencontré, des enfants soldats) nous
avons ici, un risque de reproduction des faits par imitation, à
l’instar des enfants soldats qui sont enrôlés la plupart du
temps de force ( à l’exception des enfants martyrs d’Iran ou
de Palestine, Liban etc...).
A l’heure actuelle la difficulté d’un point de vue clinique mais également
socio-criminologique provient du fait, qu’il n’y a pas de
profil type de «victime de guerre future délinquante» En
rejetant le déterminisme absolu qui à défaut, nous plongerait
dans les vieilles perspectives de l’école positiviste (
Lombroso) ou de l’école «Lacassagnienne « ( la Société est
une bouillon de cultures) et en acceptant la théorie du milieu
qui conditionne et fournit un terrain d’apprentissage, comment
mesurer les probabilités du devenir antisocial de l’enfant?
En rejetant la fatalité qui consiste à penser que les enfants de la guerre
sont les enfants délinquants et les combattants, voire les
terroristes de demain, comment à défaut de pouvoir reconnaître
à temps, et canaliser cette violence en eux, peut-on arriver à
la transférer à des fins socialisantes?
A défaut, aujourd’hui de pouvoir être « les guérisseurs»
infaillibles des traumatismes de l’enfance, nous allons examiner
un début de réponse sur le terrain et présenter les actions
mises en œuvre pour tempérer, voire apprivoiser, l’agressivité
et la violence refoulée des enfants vivant dans un environnement
d’insécurité et de violence continue.
Nous vous parlerons donc, dans la prochaine partie, d’une tentative ou
d’une expérience particulière pour réhabiliter un potentiel
de développement en danger chez des enfants.
PARCE QU’IL FAUT ROMPRE LE CYCLE DE LA
VIOLENCE ET DE LA GUERRE POUR LES ENFANTS: (LE CAS DES
ENFANTS PALESTINIENS)
Nous aborderons ici
une expérience bien particulière qui a été menée à Gaza :
Le Partenariat d’ENFANTS REFUGIES DU MONDE/ France dans la mise en place
d D’UN CENTRE D’ANIMATION POUR ENFANTS AU CAMP DE REFUGIES DE
KHAN YUNIS DANS LA BANDE DE GAZA.
Aujourd’hui l’idée de la prise en charge de la santé mentale des
enfants a fait son chemin. Elle continue cependant à être considérée
comme une intervention secondaire, située loin derrière les
urgences plus immédiates comme l’alimentaire, le médical. Les
modes d’intervention restent à construire, alors que le développement
des enfants de guerre est en danger.
L’ENFANT PALESTINIEN ET LA VIOLENCE: PORTRAIT
DE L’ENFANT LANCEUR DE PIERRES.
« L’enfant palestinien porte sur ses épaules
les humiliations et les frustrations qui ont fait le pain
quotidien de ses arrière-grands-parents, de ses parents et de ses
grands-parents; il a grandi et continue de grandir au rythme des
drames qui secouent sa famille en Palestine, ses voisins, ses
parents éloignés au Liban ou en Jordanie. Il est condamné à être
partie prenante des évènements non seulement à cause de son «roman
familial», mais par le simple fait qu’il est palestinien et que
perdure ce qu’il est convenu d’appeler « le problème
palestinien» Il a aussi grandi au rythme des évocations de la
Palestine d’avant l’occupation israélienne » Tels sont
les propos de Sylvie Mansour dans son ouvrage sur la génération
de l’Intifada (Mansour,
S., 1989, Des enfants et des
pierres, enquête en Palestine occupée. Institut des études
palestiniennes. Les
livres de la revue d’études palestiniennes) C’est ainsi qu’elle résume le lourd héritage
qui a conduit à la violence politisée de «l’Enfance de Pierre
«à Gaza.
L’Intifada ou la « Révolte des Pierres» est venue
en fait secouer «l’impuissance apprise» learned helplessness»
de l’ancienne génération. La révolte spontanée des enfants
(déclenchée en décembre 1987) a également signifié la
transformation d’un jeu en protestation véritable, car il lance
à son tour, un message teinté d’une lourde prise de conscience
identitaire et ce, dans l’aréne de la réalité. C’est ainsi
que, d’une simple pierre lancée, l’enfant palestinien a accédé
à défaut d’une socialisation «sociale» à sa socialisation
politique. La vie quotidienne de l’enfant est un terrain propice
à la socialisation politique, car on ne prépare par des enfants
à la paix quand on les confronte jour après jour aux
frustrations et aux humiliations de leurs proches, d’autant plus
que ces frustrations et ces humiliations nourrissent aussi la montée
de la violence dans les relations à l’intérieur de la famille
et de la société en générale. Les jeunes lanceurs de pierres
de Bethlehem, de Ramallah, de Hébron et de Naplouse remplissent
toujours les écrans de nos postes de téléviseurs et leur
violence n’est que le reflet de leur désespoir. Mais peut-on
vraiment qualifier leur résistance de violence quand sont pointés
sur eux les canons ?
Mais il faut malgré vivre et réapprendre
l’Enfance. Ce défi Enfants Réfugiés du Monde a tenté de le
relever.
GAZA: «OU L’URGENCE DE JOUER DANS UNE SITUATION
D’URGENCE»
LA CREATION DU
CENTRE D’ANIMATION AL SHURUQ WAL AMAL( LE LEVER DU SOLEIL,
L’ESPOIR) UN PARTENARIAT ENTRE ENFANTS REFUGIES DU MONDE ET
L’ASSOCIATION « CULTURE ET PENSEE LIBRE»
( Association palestinienne regroupant cinq comités
de femmes)
CONTEXTE :
Sous occupation israélienne depuis 1967, la bande de
Gaza est aujourd’hui encore, le plus grand camp de réfugiés au
Proche Orient ( plus de 800 000 réfugiés), 50% de la population
a moins de 15 ans. Soumise aux aléas de l’application des
Accords d’Oslo, du blocus israélien et des exactions de l’armée
d’occupation, une situation d’Urgence psychologique pour les
enfants palestiniens s’est installée à partir de 1988. Enfants
Réfugiés du Monde s’est donné pour mission de tenter de « récupérer
les enfants» traumatisés par la violence et l’exil.
A travers des interventions qui devaient prendre en
compte les traumatismes tant physiques que psychologiques, les
intervenants humanitaires ont opté pour la « thérapie du jeu»
pour aider le développement des enfants palestiniens.
« Le jeu reste et même devient indispensable pour
les enfants en situation de guerre si l’ont veut qu’ils ne
soient pas abandonnés à la peur et la haine»; « le jeu n’est
possible que si les adultes sont capables d’assumer et de dépasser
leurs propres angoisses pour apporter une réponse sécurisante á
l’enfant, sans pour cela lui mentir» Ce sont les propos de
l’un des éducateurs français d’Enfants Réfugiés du Monde (
France) Sidoit, J.M., avant la mise en place du Centre
D’animation de Khan Yunis.
JOUER A LA GUERRE UNE THERAPIE DE LA PAIX
Quand on
se rend en Cisjordanie où à Gaza et que l’on observe le jeu
des enfants palestiniens dans la rue, où dans les cours de récréation,
on constate très rapidement l’aspect rudimentaire, presque
caricaturale de leur jeu de rôle ; en fait, ils ne font que
transposer par le biais d’excitations motrices, des automatismes
appris de leur environnement. Alors que les enfants occidentaux
jouent aux cow-boys et aux indiens, les enfants palestiniens eux,
jouent aux israéliens et aux palestiniens dans différents scénarios
de confrontation. Cela est tout aussi probable pour les enfants
israéliens, les schémas restent les même du moment où l’on a
une connaissance en commun de « l’ennemi» à abattre. Mis à
part que les «goodies » et les «badies» sont inversés,
la littérature de guerre est pleine d’anecdotes de ce genre,
dans différents pays et à différentes époques. En France, les
enfants on fait de même durant la dernière guerre, les enfants
vietnamiens et plus récemment d’ex-Yougoslavie aussi.
En temps de guerre comme en temps de paix, les parents
et les éducateurs ne savent jamais quoi penser quand ils
constatent le potentiel agressif et la haine de l’autre que
l’enfant porte en lui. Jusqu`à quel point joue-t-il? Pourquoi déshumanise-t-il
l’autre, est-il aussi insensible dans la vraie vie? Car qu’est
ce qui différencie les « jeux ordinaires» des «jeux
post-traumatiques? Et la question est d’autant plus pertinente
quand on parle d’enfants réfugiés ou d’enfants de la guerre.
Le déterminisme du milieu ne revient-il pas toujours au galop?
Attention, néanmoins de ne pas trop les accabler ces
enfants, car comme le disait Bettelheim (rescapé des camps de
concentrations nazis) « ce n’est pas parce qu’un enfant
joue avec un camion, qu’il deviendra conducteur de camions »
Ceci devrait en tout cas, modérer certaines de nos projections
quand on voit les enfants de l’Intifada ou tout autre enfant qui
participerait dans une démarche de résistance, ils ne sont pas
fatalement violents ou agressifs quand ils jouent à la guerre
mais à force de les stigmatiser comme «futurs terroristes «
nous risquons de fortement induire cette agressivité par le poids
de nos projections ! Du reste, point n’est besoin de nous
acharner sur eux, les médias et les politiques de certaines
Nations y parviennent sans nous.
Partant de toutes ces questions, et du postulat que
les enfants rejouent dans leurs jeux les conflits et les
situations stressantes auxquelles ils ont été confrontés pour
mieux assimiler le Monde Extérieur, nous évoqueront les modalités,
les enjeux et les objectifs atteints par le Centre d’animation
Al Shuruq Wal Amal et de l’utilité pédagogique du jeu et de
certains de ces instruments à savoir ( le dessin et la création)
en tant que modes d’expression et de socialisation de
l’enfance traumatisée et maltraitée par la guerre.
LA PEDAGOGIE NOUVELLE A GAZA: ENJEUX ET LIMITES
A la demande de l’Association « Culture et Pensée
Libre» ( réunissant cinq comités de femmes palestiniennes de
factions politiques diverses) ENFANTS REFUGIES DU MONDE (France),
a créé dans le camps de réfugiés de Khan Yunis, au sud de la
bande de Gaza le centre d’animation «Shuruq
Wal Amal» Ce Centre a pour vocation d’allier l’aide
scolaire aux activités d’expression et de loisirs.
Ce Projet est né d’un constat d’impuissance et
d’échec dans le contexte palestinien: l’autorité parentale
remise en question ( de par les constantes humiliations et
exactions que subissent les parents et adultes par l’armée
d’occupation, scènes dont les enfants sont très souvent témoins),
un encadrement inexistant du fait des fermetures répétées des
écoles par les autorités militaires israéliennes. Pourtant nous
savons tous que l’enseignement élémentaire est un droit
universel ( il faut aussi signaler l’interdiction sous menace de
représailles de faire du tutorat à domicile, des enseignantes
qui se porteraient volontaires) et que l’absence ou
quasi-insuffisance de la compétence pédagogique ( du reste mis
à mal et dénoncée) est une des autres facettes de la violence
psychologique que subit l’enfance palestinienne.
La Remise en Cause des
Schémas éducatifs traditionnels:
Les éducatrices palestiniennes qui ont été sélectionnées
par les cinq comités de femmes ont du remettre progressivement en
cause leurs propres schémas éducatifs. Cela s’est fait et non
sans quelques difficultés ( comme nous le verrons plus tard) par
le biais d’un cycle de formation planifié sur trois ans et avec
un accompagnement au quotidien par l’équipe de volontaires
d’ENFANT REFUGIES DU MONDE.
Actuellement le Centre, accueille prés de 500 enfants
chaque année dont une centaine viennent de façon permanente.
Parallèlement au Centre destiné aux enfants de 6 à 12 ans, Un
Centre pour adolescents a ouvert ses portes suivi par un Centre
Culturel Communautaire
LE TRAVAIL AVEC LES ENFANTS DE
GAZA: SPECIFICITES
La particularité du travail éducatif avec les
enfants de Gaza, réside dans le fait que les intervenants ont
face à eux avant tout, des enfants de troisième et de quatrième
génération de réfugiés. On a, dans ce contexte particulier, un
travail qui se fait avec un «statut de refuge» à durée illimitée
et indéterminée sous peine et risque de devenir un «refuge
permanent»
Depuis les négociations d’Oslo,
et les différentes signatures qui ont suivi, la situation n’a
pas changé, elle s’est empirée pour l’enfance réfugiée qui
entre dans une phase»d’intégration définitive» dans la zone
de refuge ( qui du reste, grande comme un mouchoir de poche,
semble rétrécir comme une peau de chagrin, à cause de la densité
démographique et les découpages géographiques qui persistent).
Tout intervenant humanitaire connaît les implications
et les embarras que peuvent susciter une situation de précarité
indéterminée, à
l’instar des enfants d’ex-Yougoslavie qui ont eu la malchance
de connaître une situation de transition certes mais vécue comme
une situation momentanée qui a trouvé sa solution vers le
retour. Les enfants palestiniens, eux n’ont jamais eu cette
chance.
L’Enfant et son environnement
dans un contexte où :
-1 la violence est
quasiment la seule réponse fournie à l’enfant quand il est
face à ces difficultés
-2 la violence est
la seule réponse que trouve l’adulte confronté à ses propres
difficultés
3 la seule image que
lui renvoie son environnement est extrêmement négative;
Le dilemme pour l’intervenant humanitaire est donc
le suivant:
a)
Comment permettre à l’enfant de se construire une image
positive de lui-même?
b)
Comment intégrer la Communauté (famille, enseignants et
animatrices du Centre) à cette dynamique de changement du système
éducatif en contradiction justement avec les méthodes
traditionnelles ?
Il convient de signaler ici, que la dynamique
interpersonnelle et inter familiale dans les Territoires Occupés
est teintée de violence ( perçue du reste, par ces acteurs,
comme un moyen d’expression normal dans pareil contexte). Il
n’y aurait en effet aucune raison d’être choqué par les
rapports de violence entre parents-enfants, professeurs-enfants et
enfants-enfants. Les adultes n’ont vécu que cela et c’est un
système fermé qui se reproduit, la société palestinienne est
profondément arabo-musulmane et patriarcale, elle puise ses
valeurs dans le traditionnel, un traditionnel en perdition car érodé
par l’usure du refuge, la guerre et l’occupation ( ceci
explique aussi la perte des références familiales chez les
enfants de l’Intifada qui en plus, la défie). C’est justement
là que se situe la frontière et les limites de la thérapeutique
humanitaire occidentale, à trop vouloir imposer un système économique
à un système de valeurs différent. (Cette problématique sera
abordée dans la thèse de doctorat en conclusion in «la
Reconstruction morale et sociale de l’enfance de guerre: les
limites de la psychiatrie humanitaire occidentale et les conséquences
criminogènes d’un non dépistage des enfants à risques»).
FONCTIONNEMENT DU CENTRE
Il
fonctionne avec une équipe éducative de douze personnes. Ce lieu
se veut être un sécurisant et structurant. Il est ouvert aux
enfants de six à douze ans, désireux de s’y inscrire. Il
propose des activités et des espaces en vue de favoriser l’expression,
la créativité et la socialisation de ceux qui le fréquentent. C’est un lieu qui
responsabilise l’enfant, l’informe des droits inhérents à sa
personne et lui permet d’évoluer á son rythme. On peut ici
faire un parallélisme avec la maison des enfants «Casa dei
Bambini» de Maria Montessori qui a mis l’accent sur
l’importance de la liberté de mouvement et de pensée de
l’enfant tout en mettant en exergue son potentiel créateur.
Le travail des animatrices consiste également à
utiliser le jeu et les méthodes
actives afin de permettre aux enfants de devenir acteurs de
leur apprentissage et de les responsabiliser face à leur retard
scolaire
La Pédagogie du
Centre: est donc fondée sur les principes de la pédagogie nouvelle, ce qu’on
appelle en Palestine « la Pédagogie Développementaliste» ( par
opposition aux autres théories sur le développement, soit le
comportementalisme ou behaviorisme).
Les principes pédagogiques du Centre:
- l’opposition du principe entre la liberté/contrainte: L’enfant a accès à l’ensemble des jeux et
espaces de jeux de la ludothèque ( espaces ludiques), s’il
respecte des contraintes simples comme le fait de marquer sa présence
par une fiche, accrocher la fiche de jeu qu’il emprunte, vérifier
que le jeu est complet avant restitution et surtout de ne pas
perturber les autres enfants. Ces règles sont ouvertes à la
discussion et à l’explicitation pour l’enfant s’il n’en
comprend pas le sens. Mais elles constituent une référence pour
l’enfant comme pour le personnel du Centre. C’est un moyen de
donner à l’enfant des repères structurants dans un contexte déstructuré.
Ce qui est particulièrement important dans le contexte de
l’Intifada
-
Le libre arbitre : C’est le choix
de l’enfant qui motive sa venue au Centre. Il peut repartir
quand bon lui semble et rester autant qu’il le voudra
-
Le Centre n’est
pas une Garderie: on y vient par choix et ce principe est systématisé pour l’ensemble
du Fonctionnement. Ici la Casa dei Bambini de Montessori M.,
diverge, car elle répond avant tout à une nécessité pour les mères
de travailler ou de vaquer à leurs occupations sans la présence
perturbatrice des enfants. Le Centre d’Animation Shuruq Wal Amal
veut donner à l’enfant la possibilité d’apprendre
à ne plus subir, à devenir responsable mais surtout à apprendre
à dire non.
L’enfant a la parole et il a le droit de
s’exprimer. Pour l’enfant palestinien qui vient au Centre
toutes ces libertés « sont déconcertantes » lui qui
a des difficultés à s’exprimer en temps normal parce qu’il
l’opportunité ne lui a pas été offerte. Il est encore plus déconcertant
pour lui d’écouter la parole de l’autre et de la respecter.
-
Le non à la
violence: est clairement exprimé dans cet espace, on ne peut y recourir quelque
soit le motif: faire respecter le règlement ou répondre à un
conflit ou une discorde.
-
Le dialogue et la
discussion règlent les relations entre les intervenants du Centre et les enfants. Le
personnel ne peut recourir à la violence physique, psychologique
ou verbale dans ses relations avec les enfants, la Communauté et
les Collègues.
Les enfants sont amenés à respecter ce principe qui
laisse entrevoir pour eux une nouvelle façon d’envisager les
relations adultes/adultes, enfants/adultes et enfants/enfants.
Tous ces principes en fait constituent la base pour le
respect de l’autre et la tolérance.
Cette méthode a
été le fruit d’un travail de suivi quotidien avec les
animatrices afin de leur permettre d’analyser les différentes
situations auxquelles elles ont été ou pourraient être confrontées.
Elle a pu prendre forme par le biais de réunions régulières
avec les enfants (uniquement à leur demande) pour discuter du
programme, des activités, des couvre-feux et des exactions de
l’armée israélienne. Les entretiens ont été complétés par
des entretiens individuels entre les enfants et une animatrice, la
directrice ou la travailleuse sociale.
L’OPINION DES ANIMATRICES PAR RAPPORT A LA PEDAGOGIE NOUVELLE
était un curieux mélange d’angoisse et
d’enthousiasme. Angoisses car la plupart d’entre elles se
demandaient « comment elles allaient faire pour se faire
respecter par des enfants qui jettent des pierres aux soldats! »
Des enfants qui n’écoutent même plus leurs pères, « nous qui
sommes des femmes, si on n’a pas le droit de les punir ou de les
frapper »
La crainte de ces femmes était en fait, double: la
relation avec les enfants mais également la remise en question
des anciennes pratiques éducatives pour le moins répressives.
Les intervenants de l’ONG ont du effectuer un travail de
sensibilisation intensif avec les animatrices qui finirent par
aussi montrer un certain enthousiasme et alors elles se
rappelaient en ces termes « nos enfants ont le droit de
vivre comme tous les enfants du monde » ou « ce sont
les martyrs de l’humanité », « ce sont des héros
et on les aime » Mais la seconde d’enthousiasme passée,
les mêmes appréhensions revenaient en surface et des considérations
du genre « nos enfants sont mal polis », « nos
enfants sont mal élevés » et « il ne faut pas se laisser
faire » et tout cela, pour justifier de l’usage des châtiments
corporels.
Heureusement « cette représentation initiale »
de l’éducation finira par s’estomper au fur et à mesure de
l’acquisition de la formation et de l’expérience des
animatrices. Cet effort a été consolidé au travers de
l’intervention régulière d’intervenants palestiniens de Gaza
et de Cisjordanie, qui ont défendu la même politique éducative.
Les animatrices ont fini par remettre en cause l’ancien Schéma
éducatif et par adopter le nouveau courant.
L’OPINION DES ENFANTS:
Les enfants palestiniens ont tout de suite saisi la
différence entre les pratiques du Centre et l’extérieur
« Ici on n’est pas battu! » Plus tard, d’autres
enfants viendront vérifier la rumeur «c’est vrai qu’on n’a
pas le droit de se battre? » Après l’étonnement et la période
nécessaire pour tester les animatrices, la grande majorité des
enfants s’est adaptée au milieu. Paradoxalement, celles qui ont
eu du mal à s’adapter restent les animatrices, d’autant
qu’elles sont toujours prises au dépourvu quand l’enfant en
faute dit « de tout de façon tu n’as pas le droit de me
battre! »
LE PASSAGE D’UN SYSTEME REPRESSIF D’EDUCATION
A UN SYSTEME PERMISSIF :
Où l’enfant est écouté et considéré, où la
violence est exclue, a permis de tester l’incroyable capacité
d’adaptation des enfants palestiniens En les observant
longuement au Centre, dans la rue, à l’école, les intervenants
occidentaux ont constaté que les choses n’avaient pas changé,
bien que conscients des différences de comportements à adopter
en fonction du milieu, le fait de savoir ce qui était possible ou
prohibé, argumentaient de la formidable propension à faire la
part des choses. Cela du reste, n’empêche pas l’enfant
palestinien de se battre dans la rue.
LES MODELES THERAPEUTIQUES DU CENTRE: LE DESSIN
ET LA CREATION
Convaincus de l’utilité pédagogique et
psychologique du dessin pour les enfants de la guerre, ERM a
installé un atelier de dessin peinture dans le Centre
d’animation. L’objectif était de permettre à ces enfants
d’exprimer ce qu’ils vivent, de favoriser leur imagination et
de promouvoir leur socialisation par l’autogestion de
l’atelier. Cet atelier fut un immense terrain d’observation et
comme le dit si bien J.M., Sidoit, In « de l’utilité pédagogique et psychologique
du dessin comme mode d’expression et de socialisation au bénéfice
des enfants et… de leurs mères » éducateur à ERM
« Nous savions que les enfants dessineraient ce qu’ils
avaient à dire, à laisser éclater, mais nous n’imaginions pas
qu’ils auraient à se dévêtir de leur manteau d’adulte »
Les premiers dessins furent des dessins du drapeau
palestinien dont la représentation, (le port, et le fait de le
hisser sur un toit ou de le porter) constitue une grave entorse
aux lois de l’armée d’occupation. Pour les animatrices et les
membres occidentaux de l’ONG et du Centre, il y eut
immanquablement une question sécuritaire à débattre. Certains
craignaient que cela soit un motif pour fermer le Centre. Le vote
français, et le personnel palestinien finirent par décider de
laisser la liberté aux enfants de dessiner en toute liberté, car
cela faisait partie du projet pédagogique: pas de tabous, pas
d’interdits, pas de pressions et encore moins de contraintes.
Les autres dessins furent des dessins relatant des scènes de
confrontations avec l’armée israélienne, peu à peu des scènes
de vie de tous les jours: mariages, sortie à la mer, saison des
dattes, vinrent compléter la collection des artistes en herbe.
Mais à chaque fois que de nouvelles confrontations se déclenchaient
à Khan Yunis, les drapeaux et les scènes de violence
ressurgissent au bout des pinceaux.
Des cas d’enfants :
L’histoire de Tahar et de Sherin
Tahar est un enfant de onze ans, sans problème
particulier, il est joueur, il est actif, il aime dessiner. Le
lendemain de son arrivée au Centre, il s’est très vite engagé
dans une bagarre. A la ludothèque, il a cassé le jeu de
construction d’un autre enfant. Une discussion s’est engagée
avec une animatrice. Puis l’enfant est allé dessiner. Il a
dessiné la Mosquée Al Aqsa à Jérusalem avec de nombreux
slogans politiques particulièrement violents. Une animatrice qui
avait remarqué son attitude depuis le matin et le trouvait
anormalement triste engage avec lui une discussion à partir de
son dessin qui s’est élargie très vite pour arriver aux évènements
de la veille. L’enfant a pu parler, il a pu décharger sa
violence, sa haine et sa honte, peu après il allait mieux. Tahar
avait été passé à tabac par des soldats israéliens.
Sherin est une petite fille de 9 ans, calme et
affectueuse. Au cours d’un affrontement,
Aid, son frère aîné, est tué. Son corps est porté chez ses
parents. Lorsque Sherin revient de l’école, elle voit le corps
de son frère et se met à hurler. Il y a du sang sur les murs. Le
lendemain au Centre, elle dessine le corps de son frère, maculant
la page de rouge sang.
Cette deuxième
histoire ( car elle ne sera pas la dernière) souligne la
difficulté de continuer à vivre pour ceux qui restent. «Sherin
n’est pas trop affectée, elle est jeune, elle oubliera»
confiera plus tard sa mère. Mais l’animatrice
remarque un changement chez la petite fille. Sherin se montre plus
silencieuse, comme absente. Petit à petit, au fil des activités,
elle retrouve sa joie de vivre. Mais sa mère ne le supporte pas
« elle ne peut pas être heureuse, elle doit penser à la
mort de son frère » Un travail de longue haleine devra se
faire avec la mère pour que celle-ci accepte un jour que son
enfant, sans refuser la réalité, continue à vivre.
Les animatrices du Centre, et il faut le souligner, ne
sont aucunement dans une démarche thérapeutique, elles ne sont
que le réceptacle des émotions de l’enfant. Ce sont les
activités du Centre qui favorise les espaces d’expression.
CONCLUSION:
Le
Programme d’Enfants Réfugiés du Monde, ou tout autre programme
humanitaire dans ce contexte précis, fait ressortir
l’importance de la prise en compte du système social qui
constitue le contexte à l’intervention en faveur des enfants.
La connaissance des réalités du terrain, permet en
fait d’intégrer des stratégies curatives tout en mettant en
place des stratégies préventives en vue de créer un
environnement qui puisse amortir voir amoindrir au maximum les
risques et les agressions externes que subit l’enfant de la
guerre.
Bien sûr, comme l’ont constaté divers intervenants
de l’humanitaire, un contexte de militarisation quotidien, avec
un recours à la violence avalisée par la Communauté, contribue
ni plus ni moins qu’à déterminer l’environnement politique
et idéologique de l’enfant.
Le vrai problème, cependant, c’est de savoir doser
les besoins de l’enfant: la réponse humanitaire idéale si elle
existe vraiment, doit se faire de façon soutenue et non
ponctuelle, tant dans les interventions de survie que dans le développement
de l’enfant.
Pour protéger l’enfant réfugié, il faut le
comprendre dans toute sa globalité, il faut cerner ses besoins en
fonction de son environnement. Il faut comprendre les mécanismes
qui vont dans le sens à lui garantir un développement sain, en
se rapportant toujours à son contexte de vie. Ne jamais faire de
séparation entre l’enfant et son contexte. Son contexte sera
immanquablement, sa famille et sa Communauté car ce sont les
pivots de son identité et les clés de son éducation, quelle que
soit la façon dont elle est conceptualisée d’une Culture à
l’autre. Il ne faut jamais entretenir une cassure vis-à-vis de
la famille , la Communauté et la culture.
DEBAT :
Après lecture de l’expérience d’Enfants Réfugiés du
Monde en Palestine :
Une série de questions nous semblent opportunes :
1) Les valeurs thérapeutiques du dessin
et du jeu sont elles réelles ou en tout cas sont elle suffisantes
ou les seules
capables de guérir ? expriment-elles vraiment le fond
psychique et la
douleur de l’enfant ? y aurait-il d’autres méthodes
dites « thérapeutiques » ?
lors du Symposium International sur « les Enfants de
la guerre, Devenir, mémoire et traumatisme », organisé par
la CIDEF ( Centre pour l’Enfance et la Famille, du
6 au 8 mars 1997 on a proposé plusieurs moyens, au travers
par ex du langage ; en favorisant la forme narrative.
Certains spécialistes comme le Dr Michèle Bertrand,
Psychanalyste nous parle de la mise « en récit » du
trauma, mise en récit qui permet de mieux comprendre et représenter
la douleur vécue. Le récit qu’il soit oral ou écrit place la
souffrance dans une perspective d’échange ce qui permet un
relatif détachement subjectif par rapport à l’expérience
subie par la victime. Des sociologues comme M. Nicolas Dodier
nous parle de mise « en forme » du récit
traumatique ( qui cesse d’être une expression uniquement orale,
mais devient également une expression « imagée »
du Trauma. On passe ici à la « sociologie de la mise en
forme des événements traumatiques » qui peut se faire par
( le récit, les productions imagées, les fictions, les tableaux
statistiques. Que penser par contre des Sociétés dont
les valeurs morales privilégient le silence et la pudeur par
rapport à la douleur, le récit serait-il vraiment thérapeutique ?
la psychiatrie occidentale imposée dans ces contextes,
n’est-elle pas une forme d’agression ? ( parler du tabou
dans certaines sociétés traditionnelles à être « victime »
notamment dans le monde occidentale avant la deuxième guerre
mondiale ( dans un contexte non occidental, également, le tabou
dans certaines communautés et religions, le cas des
femmes musulmanes violées en Bosnie, les enfants nés des
viols de guerre, conf l’œuvre d’Audoin Rouzeau sur les
enfants nés des viols de guerre).
2) Si l’on aborde les mécanismes de la
résilience ou la capacité de s’en sortir malgré le trauma
subi, il serait intéressant de se demander s’il y aurait un
« profil » d’enfants résilients ? que penser
de la thèse de Boris Cyrulnik et d’autres auteurs dont Pines
et Erikson ?
3) Pour ce qui est des « enfants à
risques » y aurait il une symptomatologie ? que penser
des situations d’adversité ou l’on a des enfants positifs ?
que penser de la thèse de Heuyer G., sur les
« délinquants de guerre » qui seraient plus débrouillards ?
Aujourd’hui peut on dire la même chose des enfants des rues
dans certains pays ? ( conf.
les enfants de Roumanie selon,l’article de Maquéda F., 1997, De la pensée interrompue à
la sollicitude tempérée, intervention lors du Symposium
International sur les enfants de la guerre, aux enfants du Brésil,
avec l’étude de Dos Santos B.,2001, Street Children in
Contemporary Brazil : Social Mobilization, Education and
Public Policy, David Rockfeller Center for American Studies,
et de la Colombie)., aux enfants du Salvador,
intervention du Psychiatre Santiago Sequeira Molina,
dans le Cadre du Symposium International
sur les enfants de la guerre, 1997, nous parle des conséquences dévastatrices
de la guerre dans son pays sur l’évolution de la jeunesse et le
statut de l’enfance ( taux de suicide qui a triplé entre 1989
et 1996, la formation des bandes, la désoccupation entraînant la
délinquance et notamment la stigmatisation négative des « rescapés
« de la guerre qui vivent leur statut avec
honte et sont complètement marginalisés.
JE DESIRE REMERCIER CERTAINES PERSONNES SANS QUI LA
REDACTION DE CET ARTICLE MAIS EGALE MENT LA CONCRETISATION DE
MON PROJET DE THESE COURANT N’AURAIENT PU ETRE POSSIBLES :
-
Mon Directeur de Thèse, le
Professeur Jacques Henri Robert, Professeur en Droit Pénal et
Directeur de l’Institut de Criminologie de Paris II, qui a bien
voulu donner une chance à la naissance de ce Projet.
-
Le Professeur
Mahjoub Abdelwahab, de l’Université de Tunis I, pour l’amitié infaillible et la
confiance qu’il m’a démontrée ( et sa patience).
-
Le Dr Lopez spécialiste en
Victimologie et pédopsychiatre, dont l’encadrement et les
conseils «pratiques» m’ont permis d’aller au-delà de
l’aspect théorique du problème.
-
Mme Laura Lee Downs,
Directrice d’Etudes à l’IHESS, pour toute la confiance dont elle
m’a fait preuve, en me permettant de participer et
d’intervenir à son Séminaire sur « l’Enfance et la Guerre
au XXe s » ce qui a considérablement enrichi ma
connaissance historique du Phénomène.
-
Les encouragements et la contribution de certains spécialistes,
praticiens, chercheurs et enseignants dans le domaine qui ont cru
à ma recherche doctorale en me fournissant des références et
des ouvrages à l’appui dont:
Mme Sylvie
Mansour psychologue clinicienne basée à Gaza., ( dont les
travaux sur l’Enfance à Gaza ont déterminés le choix de l’étude
de Terrain) merci Madame pour tout ce que vous faites pour ces
enfants.
Mme Hyam Kahi, Directeur du Centre Universitaire de
la Santé Familiale et Communautaire, Ecole
Libanaise de Formation Sociale. Université de Saint Joseph,
Liban, merci de votre aimable contribution..
Mme Marie Odile
Godard, Psychologue et
psychanalyste, Maître de Conférence à l’Université
Jules Verne de Picardie. France, merci de vos encouragements et de
votre intérêt.
Mme Adeline
Pillet, Division
Juridique du CICR Genève,
Suisse, merci pour toutes les informations données.
Mr Ezzat Fattah, Criminologue,
British Columbia, Canada
Dr Jean Claude Métraux,
pédopsychiatre, Appartenances,
Lausanne, Suisse.
Dr Bernard-Israel
Feldman, psychologue, psychanalyste et victimologue, Président de l’Association israélienne
de l’éthique médicale, Israël.
M. Jean
Christophe Sidoit, éducateur ( ancien D’ERM) dont l’apport
pratique pour la création du Centre d’animation à Khan Yunis,
a inspiré ma présente présentation
M. Emmanuel
Didier, Avocat, Fonctionnaire
au Département pour les Réfugiés
Politiques, Montréal Canada.
M. Boris Cyrulnik pour sa vision optimiste et « courageuse »
sur la Reconstruction morale de l’homme après le Trauma.
(En
m’excusant pour toutes les autres personnes que j’aurais omis
de citer, je leur dédie cette petite intervention)
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