Il n'est point nécessaire d'être un citoyen averti pour
comprendre qu'il y a un complot politique qui se trame. Ce
complot tombe à point nommé puisque le gouvernement profite du
vide présidentiel pour mettre à mal le sort de la seule
institution garante de l'unité, de la sécurité et de la paix
civile du pays.
Il serait illusoire de croire que le gouvernement a
subitement retrouvé son sens du patriotisme après avoir raté
tant d'occasions et d'initiatives de sauvetage notamment celle
du général Aoun. Le voilà soudainement nous proposer le nom
du général Sleimane comme candidat consensuel à la présidence
de la République dont le sort est à mal. Le gouvernement nous
a proposé cette alternative sans vraiment pouvoir justifier son
choix qui, au vu des tensions actuelles, semble une décision
bien étrange.
Nous aimerons savoir que s'est-il passé ces dernières
heures pour que la majorité accepte d'amender la Constitution
pour proposer le général Michel Sleimane, cette même majorité
qui était contre ce candidat consensuel et contre l'amendement,
on serait tenté de penser que cette décision leur a été
imposée par un pays étranger.
C'est à se demander pourquoi cette proposition n'a pas été
formulée avant la fin du mandat présidentiel, quand il était
plus aisé de modifier la Constitution, chose qui relève du très
difficile aujourd'hui. Le hasard du calendrier a voulu que cette
proposition coïncide avec les rencontres de paix d'Annapolis
entre Palestiniens et Israéliens et coïncide également avec
la publication du rapport Brammertz, vide de toute désignation
d'inculpés, mais remplis de présumés coupables.
Comment se fait-il que le gouvernement et ses alliés suggèrent
le général Sleimane sans concertation préalable avec
l'opposition tandis que la désignation d'un nom repose sur le
consensus.
Est-ce que le gouvernement s'est posé la question de sa légitimité
et de sa légalité avant de proposer l'amendement de la
Constitution ? Nous rappelons que ce gouvernement peut au
mieux gérer les affaires courantes du pays, il n'est plus exécutif.
Nous aimerions savoir que s'est-il passé pour que le
gouvernement et ses alliés acceptent aujourd'hui la candidature
du général Sleimane alors que nous, Opposition, n'avions
pas refusé cette alternative.
Les spécialistes trouvent deux explications à ce
revirement:
- Que des consignes soient parvenues d'Annapolis suite à un
accord syro américain, il y aurait eu accord entre les deux
pour régler la problématique de la présidentielle dans le
cadre d'une solution régionale et internationale.
- La majorité, gouvernement et alliés, tente de griller les
candidats maronites l'un après l'autre y compris le général
Sleimane pour enfin nous sortir leur candidat désigné.
Ce jeu est très dangereux, éliminer le chef de l'Armée après
avoir:
- isolé la présidence de la République durant ces deux
dernières années,
- monopolisé le pouvoir en excluant les Chiites
- anéanti le Conseil constitutionnel
- isolé du pouvoir la majorité écrasante des Chrétiens
- bafoué l'initiative de Bkerké et toutes les autres.
Tous ces signes démontrent un plan de renversement de la
Constitution et du Pouvoir. Ceci ne sera réalisable qu'en
neutralisant la présidence de la République.
Pour ces raisons, l'opposition reste vigilante et prudente et
met les responsables politiques face à leur responsabilité car
il y va de l'avenir du pays.
L'opposition les met également en garde contre tout complot
visant à disloquer l'Armée, ou qui bafouera les intérêts
suprêmes de la nation au bénéfice d’intérêts régionaux
et internationaux.
BCR
Traduit par l’équipe de presse Rhone Alpes