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Le projet d'Israël d'attaquer l'Iran se confirme
Jean Shaoul


Photo Réseau Voltaire

20 octobre 2008

La semaine dernière, le Guardian a confirmé qu’Israël envisageait sérieusement une attaque militaire contre les installations nucléaires iraniennes au printemps dernier. Le journal a rapporté que lorsque le premier ministre israélien d’alors, Ehoud Olmert, avait soulevé la question en mai dernier  lors de la visite du président américain, George W Bush, en Israël, Bush avait opposé son veto.

Le spécialiste du Guardian pour le Moyen-Orient, Jonathan Steele, cite du personnel diplomatique de haut rang travaillant pour un chef de gouvernement européen et qui a rencontré Olmert quelque temps après la visite de Bush.

Selon les sources du Guardian, les discussions étaient  tellement sensibles qu’elles avaient dû être menées en privé et en l’absence de secrétaires. Ces sources disent qu’Olmert « a reçu (le refus du feu vert américain) comme étant la situation du moment et que la position américaine ne changerait vraisemblablement pas tant que Bush serait aux affaires ».

Il semble que le refus de Bush de cautionner une attaque contre l’Iran se fonde sur plusieurs facteurs. Tout d’abord les Etats-Unis craignaient qu’une telle attaque ne provoque une réplique de l’Iran, ce qui signifierait certainement une vague d’attaques contre le personnel militaire et civil en Irak, en Afghanistan et contre la flotte américaine basée dans le Golfe persique.  Le gouvernement irakien à dominante chiite mis en place par les Etats-Unis, entretient des liens étroits avec Téhéran dont il dépend largement.

Deuxièmement, il est peu probable qu’une attaque aérienne israélienne, même avec des dizaines d’avions, réussisse à anéantir les installations nucléaires iraniennes, qui sont largement dispersées dans plusieurs lieux souterrains fortifiés qui sont dispersés de par le pays.

En plus, le chemin le plus court pour se rendre à Natanz, l’usine iranienne d’enrichissement d’uranium, est à plus de 1000 kilomètres d’Israël et impliquerait le survol de l’espace aérien irakien, contrôlé par les Américains. Il ne serait pas possible pour Israël de déclencher une telle attaque sans l’accord explicite des Américains.

Ceci mettrait les Américains dans l’impossibilité de démentir officiellement avoir eu connaissance de l’attaque. L’Iran aurait toutes les raisons de déduire la participation de Bush à un tel acte de guerre et cela conduirait l’Iran à riposter.

L’Iran a plusieurs fois déclaré que le pays se défendrait contre toute attaque sur ses installations nucléaires (dont elle continue à maintenir le caractère civil). Une attaque aérienne accélérerait le déclenchement d’une guerre à grande échelle, sortant largement du cadre de l’Iran et soulignant l’isolement croissant des Etats-Unis dans la région. Cela entraînerait des attaques du Hezbollah contre Israël et même des attaques terroristes sur le sol américain.

Un responsable a déclaré « Plus de dix années se sont écoulées depuis la dernière attaque terroriste du Hezbollah en dehors d’Israël, provoquant la mort de 85 personnes lors de l’attaque d’un bâtiment de l’association Argentine-Israël ». Il a ajouté : « Il y a une diaspora libanaise importante au Canada, au sein de laquelle il doit y avoir des sympathisants du Hezbollah. Il pourrait s’introduire aux Etats-Unis et y mener des actions. »

En niant que Bush ait refusé de donner son feu vert à Israël pour attaquer l’Iran lors de toutes leurs rencontres, l’attaché de presse d’Olmert n’a fait que confirmer ce que le Guardian avait avancé.

Le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Gordon Johndroe, a refusé de faire le moindre commentaire sur la teneur d’une conversation privée entre Bush et Olmert et il a précisé : « La position du président est qu’aucune option n’est à exclure, mais la diplomatie demeure notre priorité. »

Même s’il apparaît que Bush a mis son veto en privé aux intentions d’Israël d’attaquer l’Iran, il continue publiquement d’afficher une attitude belliqueuse envers l’Iran et rien n’indique qu’au moins pour le moment il ait exclu l’option militaire.

Le lendemain, dans son discours à la Knesset, Bush a dit aux députés : « L’Amérique se tient à vos côtés pour s’opposer fermement aux ambitions iraniennes d’acquérir l’arme nucléaire. Autoriser les principaux promoteurs du terrorisme mondial à posséder les armes les plus meurtrières au monde serait une trahison impardonnable envers les futures générations. Dans l’intérêt de la paix, le monde ne doit pas permettre à l’Iran d’avoir l’arme nucléaire. »

Les intentions israéliennes d’attaquer les installations nucléaires iraniennes n’ont pas du tout cessé, et ceci malgré le fait que 16 agences américaines de renseignement aient publié en décembre dernier un NIE (Estimation nationale de renseignement) longtemps ajourné qui concluait que Téhéran a mis fin depuis décembre 2003 à son programme d’armement atomique.

Les dirigeants politiques et militaires israéliens, qui considèrent l’Iran comme le principal rival d’Israël dans la région, ont rejeté le rapport du NIE et ont à plusieurs reprises voulu s’assurer que l’administration Bush « s’occuperait » de l’Iran avant de quitter le pouvoir.

Ces dirigeants veulent absolument garder leur suprématie militaire au Moyen-Orient et empêcher que l’Iran ou tout autre voisin n’ait la possibilité de maîtriser la technologie nucléaire leur permettant de produire des armes nucléaires. Ce n’est un secret pour personne qu’Israël possède un arsenal de plus de 200 missiles nucléaires. Afin de garder son monopole nucléaire, la classe dirigeante israélienne est tout à fait disposée à plonger toute la région dans la guerre par l’intermédiaire d’une attaque sans provocation préalable et criminelle contre l’Iran.

Des ministres chevronnés, dont Olmert en personne, en novembre dernier ont averti qu’Israël engagerait seul des actions militaires pour supprimer la « menace » posée par les installations nucléaires iraniennes. En septembre dernier, Israël avait détruit une cible syrienne désertée que Washington et Tel-Aviv prétendaient être une installation nucléaire construite par la Corée du Nord. Cette attaque n’avait pas suscité de condamnation internationale sérieuse et est considérée comme précurseur d’une attaque à venir contre l’Iran.

En avril dernier, le ministre de l’Aménagement du territoire, Benjamin Ben-Eliezer a menacé l’Iran de destruction complète si ce pays s’attaquait à Israël. Cette menace a été formulée lors d’un exercice militaire de 5 jours et d’indications continuelles d’une attaque israélienne préventive contre les installations nucléaires iraniennes.

Même après l’apparent veto de Bush, les menaces verbales et les spéculations quant à une attaque aérienne imminente contre l’Iran n’ont pas cessé. En juin, Israël a effectué des manœuvres à grande échelle au dessus de la Méditerranée occidentale avec 100 avions de combat F-15 et F-16, avec des avions de ravitaillement et des hélicoptères de sauvetage. S’appuyant sur des sources anonymes, le New York Times a annoncé que l’opération était une répétition d’une attaque contre l’Iran.

Quelques semaines plus tard, Shaul Mofaz, vice premier ministre et ancien ministre de la Défense, a prévenu que, comme les sanctions internationales avaient été inefficaces, une attaque unilatérale contre l’Iran était inévitable.  

La position officielle de Washington et Tel-Aviv consiste à dire que la diplomatie est la voie qu’ils préfèrent pour les relations avec l’Iran.  Et beaucoup considèrent ces menaces et ces jeux guerriers comme participant d’une campagne de pression orchestrée contre l’Iran pour que ce dernier obéisse aux exigences américaines d’arrêt de son programme d’enrichissement nucléaire. Mais, comme Israël n’est pas en mesure de mener seul une attaque réussie contre les installations nucléaires iraniennes, le but final de telles menaces, en ce qui concerne des personnalités influentes de Tel-Aviv et de Washington, est d’attirer les Etats-Unis dans une telle attaque.

Il ne fait pas de doute qu’il y a des individus au sein de la classe dirigeante israélienne et américaine qui font pression pour une escalade du militarisme dans cette région, tandis que la question iranienne est l’un des sujets les plus polémiques des élections présidentielles américaines.

Récemment Israël a conclu un marché avec Washington en vue de l’achat de bombardiers furtifs F-22 qui conviennent parfaitement pour le type de bombardement ciblé planifié le commandement militaire aérien israélien. La flotte existante d’avions de combat F-15 pourrait également être utilisée pour lancer une attaque sur l’Iran.

L’armée israélienne a acheté 90 chasseurs bombardiers F-161 qui peuvent atteindre l’Iran et en recevra 11 de plus d’ici la fin de l’année prochaine. Elle a également acheté à l’Allemagne deux nouveaux sous-marins de type Dolphin qui s’ajoutent aux trois sous-marins déjà en sa possession. Ces sous-marins sont déclarés capables de lancer des missiles nucléaires.

Début septembre, le ministère américain de la Défense  a déclaré au Congrès qu’ils avaient l’intention de vendre  à Israël 1000 bombes intelligentes assez  puissantes pour pénétrer 90cm de béton armé.

Dimanche, il a été annoncé que les Etats-Unis avaient fourni à Israël un système de radar supérieur qui pourra fournir  une alerte précoce dans le cas d’une attaque de missiles iraniens. Du nom de FBX-T, il sera relié à la Station terrestre tactique principale américaine et sera géré par 120 militaires américains. Actuellement, le bouclier antimissiles israélien Arrow II fonctionne avec un système de radar moins perfectionné.

Alors qu’en mai dernier, Bush a refusé à Israël son accord pour attaquer l’Iran car il pensait que c’était là un pas trop abrupt, l’intensification militaire dans la région montre clairement qu’une telle attaque est loin d’être définitivement écartée.  En effet, certains éléments au sein de l’Administration Bush n’ont pas encore exclu une attaque non provoquée contre l’Iran avant les élections présidentielles de novembre prochain.

(Article original anglais paru le 30 septembre 2008)

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Publié le 21 octobre 2008 avec l'aimable autorisation du WSWS



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