Discours
S.
Nasrallah : l’Arabie est en colère
et torpille le règlement politique en
Syrie
Sayyed Hassan Nasrallah
Mardi 29 octobre 2013
Le secrétaire général du Hezbollah
Sayed Hassan Nasrallah a fustigé le rôle
de l’Arabie saoudite dans la crise
syrienne qui est selon lui le seul pays
qui œuvre pour torpiller le règlement
politique basé sur la conférence de
Genève.
Lors d’un discours prononcé via écran
à l’hôpital ar-Rassoul al-Akram, pour
fêter ses 25 ans d’expérience, il a
appelé cette monarchie à se fier à
l’évidence de la réalité, en optant pour
le règlement politique, pour faire
éviter à la Syrie et à tous les pays de
la région davantage de souffrances et de
destructions. Selon lui, même la cause
palestinienne est lésée par cette
position saoudienne.
S’adressant aux forces du 14-mars,
son éminence les a appelées à se
consacrer pour le règlement des dossiers
libanais épineux, dont certains ne
peuvent plus attendre, et ce
indépendamment des évolutions de la
crise syrienne. Il leur a conseillé
d’accepter la formule de répartition des
sièges ministériels 9-9-6 pour la
formation du procahin gouvernement avant
que les changements en cours ne fassent
changer au Hezbollah sa position.
Les idées principales du
discours
Je vais commencer par l’affaire de la
libération des Libanais enlevés à Azzaz
: je félicite leur liberté et leur
retour à la patrie et à leurs familles,
et félicite la patience de leurs
familles... et l’accueil qui leur a été
réservé
Mais c’est aussi l’occasion d’ouvrir
tous les autres dossiers de ce genre et
qui sont toujours source de
préoccupation chez les Libanais...
Nous souhaitons de même pour la
libération des deux évêques syriens
enlevés en Syrie Yazaji et ----
Nous compatissons avec tous les
citoyens libanais qui ont été enlevés
dernièrement, à commencer par Hassan
Mokdad sans oublier le photographe Samir
Kassab et dont le dossier devrait être –
par les autorités libanaises.
Nous savons tous quelle est la partie
responsable et chacun pouvant aider
quelque part devait suivre le dossier...
De même, tous les anciens dossiers
devraient être recouverts : on constate
que depuis le retour des kidnappés d’Azzaz,
certaines familles d’enlevés libanais ou
de prisonniers en Syrie se sont un peu
---, ce qui est normal...
La leçon d’Azzaz et celle de
la résistance
Au lieu de se livrer à des
surenchères dans ce genre d’affaires,
qui ne servent à rien, il serait utile
charger une partie officielle d’un tel
dossier, comme ceci s’est passé depuis
quelques années entre la Syrie et le
Liban, et nous avions alors fait partie
de ceux qui ont offert leur aide...si
nous sommes un pays qui se respecte, ces
dossiers devraient être rouverts, hormis
les considérations et les sensibilités
politiques, en toute responsabilité.
L’une des leçons de l’affaire des
Libanais enlevés à Azzaz, c’est que nous
somme un État qui assume la
responsabilité de ses citoyens : les 11
libanais kidnappés n’ont pas été
abandonnés à leur sort, entre les mains
de leurs ravisseurs.
Quoique nous sommes un pays du Tiers
monde mais nous ne laissons jamais nos
citoyens souffrir, ou abandonnés à leur
sort.
Comme cela a aussi été le cas avec les
rescapés et les victimes du bateau qui a
fait naufrage sur les côtes
indonésiennes et qui ont tous été
restitués au Liban... c’est la preuve
que notre Etat assume la responsabilité
de ses citoyens où qu’ils soient.
C’est l’école de la résistance qui
refuse de laisser ses détenus ou les
cadavres ou les dépouilles de ses
martyrs et tués chez les ennemis...
C’est ainsi que nous acquérons la
réputation d’un pays qui se respecte...
Les autres dossiers
Or, certains dossiers similaires sont
laissés pour compte aussi bien ceux aux
mains de l’ennemi israélien, qu’avec les
Libanais qu’avec le frère syrien.
Dans le premier, il y a le détenu Yahia
Skaf, enlevé par les israéliens et dont
le sort n’a pas encore été élucidé...
Des milliers de libanais ont disparus
depuis l’invasion 1982, qui en est
responsable ? Les milices libanaises,
les militaires israéliens. Selon le
droit international, c’est l’État de
l’occupation qui en est responsable.
Mais ce dossier est endormi, et personne
ne l’évoque...
Nous avons aussi plus de 17.000
personnes, dont les 4 diplomates
iraniens qui ont disparu sur le sol
libanais. Qui donc suit ces dossiers
??... Pour ceux qui ont disparu au Liban
aussi il faut un règlement définitif.
Une décision avait été prise par le
gouvernement de Sélim el-Hoss, et les
familles n’ont pas baissé les bras...
mais depuis, l’affaire a été abandonnée.
Ces dossiers devraient être suivis par
des parties officielles
Sur le côté syrien, une occasion a été
perdue dans les années précédentes et
l’occasion s’était présentée avec la
direction et j’ai entendu en personne
des responsables syriens qui ont affirmé
être totalement disposés à en finir avec
ce dossier...
Et l'affaire de Sayed Sadr
Il reste toutefois un dossier
hautement sensible et dangereux qui
affecte les émotions de nombreux
libanais, celui de notre imam sayed
Moussa Sadr et de ses deux compagnons...
Cette affaire ne concerne pas seulement
une famille ou une communauté mais
l’honneur d’un pays, c’est une affaire
nationale par excellence...
Il n’est pas permis de laisser cette
affaire au chef du parlement ou au
ministre des AE, pour des raisons
confessionnelles, laissant entendre que
ce sont les chiites qui devraient s’en
charger seulement. C’est une affaire
nationale qui concerne l’ensemble des
Libanais. Nous avons envoyé des messages
à la direction iranienne pour lui
demander d’interférer dans cette affaire
mais c’est l’État libanais qui devrait
s’en charger...
Parlons concrètement, dans les faits
nous avons deux ex-responsables libyens
qui étaient proches de Kadhafi censés
être liés à cette affaire : l’un d’entre
eux est en prison, il s’agit de Mohammad
Sannoussi tandis que l’autre se promène
entre les capitales des pays du Golfe,
Moussa Koussa : tous deux étaient dans
les services de renseignements de
Kadhafi et tous deux pourraient donner
des informations sur le sort de l’imam
Sadr. Celui qui se trouve emprisonné
devrait faire l’objet d’un
interrogatoire mais les autorités
libyennes actuelles font tout pour
l’empêcher et celui qui ne se trouve pas
en prison aussi devrait être de même...
Ces dossiers sont souvent oubliés...
Pourtant ils sont humanitaires par
excellence, et jouissent d’une dimension
nationale et morale et c’est l’État
libanais qui devrait en assumer la
responsabilité...
Les zones d’ombres de
l’affaire d’Azzaz
Sur l’affaire d’Azzaz, rappelons que
lors de la première tentative de leur
libération, lorsque nous avons dépêché
les avions et avons prononcé des
discours, sans qu’ils ne soient libérés,
et où nous avons franchement été
choqués. L’identité des ravisseurs est
inconnue, s’agit-il des jihadistes, ou
de simples pilleurs, des indépendants ou
des groupes au service de parties
régionales. Il est nécessaire de révéler
leur identité, c’est le simple droit des
victimes...
Il est vrai que nous étions très
méticuleux dans cette affaire parce que
nous craignions pour la vie des enlevés.
Mais pour l’heure qu’ils sont libres,
l’affaire n’est pas encore finie : qui
les a enlevés, quels sont les buts de
leur enlèvement, il reste des zones
d’ombre que les gens devraient savoir.
Les raisons affichées ne sont pas les
véridiques... Nous avons depuis plus
d’un an apporté l’engagement syrien de
libérer les prisonnières syriennes dans
les geôles des autorités. Qui a entravé
leur première libération et permis que
leur incarcération perdure plus d’un an
et demi.
Des droits devraient être rendus et des
masques devraient tomber
Les évolutions syriennes
En politique, j’ai deux mots à dire.
À commencer par la Syrie, car ce qui s’y
passe exerce une grande influence sur le
Liban dans tous les domaines à peu près
: sécuritaire, politique, économique,
social, ...
Une équipe politique au Liban a
décidé de lier tout dans notre pays avec
ce qui se passe en Syrie et depuis elle
torpille sa vie politique dans l’attente
de ce qui va se passer, dans l’espoir
que le régime syrien va être renversé.
Certains rêvaient d’ores et déjà de
rentrer au Liban en passant par
l’aéroport de Damas, espérant que la
Syrie allait changer de cap. Et
prévoyant le renforcement de leurs
cartes de cette équipe éliminatrice des
autres sur la scène libanaise...
Je ne veux pas entrer dans cette
interminable controverse d’accusations
et de contraccusations que nous nous
livrons au Liban. Les Libanais devraient
savoir tous seul qui au Liban torpille
la vie politique, qui entrave la
formation du gouvernement, qui
empoisonne l’exercice
parlementaire, qui empêche le cabinet
actuel de prendre des décisions qui ne
devraient être ajournées...
Concernant la Syrie, des évolutions
importantes aussi bien localement que
dans la région et dans le monde ont eu
lieu...
Sur le terrain, les évolutions
inscrivent une avancée de l’Armée arabe
syrienne et des forces populaires qui la
soutiennent. Elles rendent compte de
l’impuissance des groupes armés à
changer la donne et sont favorables pour
le régime, y compris les conflits
intestinaux qui ont éclaté entre les
milices elles-mêmes et toutes les
répercussions qui en découlent et le
changement d’humeur de l’intérieur
syrienne, dans le monde arabe et dans
l’opinion internationale.
Ces évolutions excluent toute attaque
militaire contre la Syrie. Elles rendent
compte de l’incapacité de l’opposition à
s’unir, et du démantèlement du front de
soutien qui lui était acquis, du fait de
sa préoccupation dans ses défis
internes...
L’Arabie en colère
Mais certains n’en font qu’à leur
tête... Alors que le monde entier est
persuadé qu’il n’y aura pas de solution
militaire et que la solution politique
est la seule possible, via le dialogue
sans conditions préalables, (car le fait
d’en imposer torpille le règlement) ...
Alors que tout ce qui est dit sur
Genève 2 ouvre de nouveaux horizons,
alors que tous les peuples de la région
particulièrement lésés par la crise
syrienne poussent vers l’adoption du
règlement politique,..., un seul État de
la région est très en colère !!
Je ne veux pas soulever une
controverse sur cet État mais tout le
monde sait déjà qu’il s’agit de l’Arabie
saoudite qui affiche une grande
irritation.
Le fait d’avoir envoyé des dizaines de
milliers de combattants de tous les
coins du monde...., d’avoir dépêché des
armes de tous les calibres, d’avoir
fourni un financement à hauteur de 30
milliards de dollars, sans oublier les
campagnes politiques et médiatiques et
les sanctions économiques et autres
n’aura donc servi à rien !
Tout a été utilisé et fourni à ces
protagonistes locaux, régionaux et
internationaux qui voulaient renverser
le régime, mais en vain. Désormais, il
faut œuvrer en fonction de qui est
possible...
La région ne peut rester embrasée parce
qu’un Etat est en colère et tente de
torpiller la conférence
Ce que vous entendez en Syrie sur les
changements de cap au sein des milices
ne sont que l’illustration de ces
tentatives d’avorter la solution
politique qui ne veut dire que davantage
de destructions et de graves séquelles
dst s les domaines sur tous les pays de
la région et surtout pour la cause
palestinienne
Cet entêtement est sans horizon
Avant qu’il ne soit trop tard
Le dialogue est une occasion pour
tous. Il faut la saisir avant qu’il ne
soit trop tard. Je vous conseille de ne
pas la rater. Car ce qui adviendra dans
l’avenir n’est pas dans votre intérêt,
je vous conseille d’aller vers le
dialogue politique sur la Syrie
avant qu’il ne soit trop tard !
Pour tous ceux qui souffrent pour
tous les malheurs endurés en Syrie, ils
devraient pointer leurs doigts
accusateurs à tous ceux qui entravent le
règlement politique. Ils sont connus et
ils affichent leur position ouvertement
! Il en incombe à la nation entière de
les empêcher !
L’organisation de la conférence des
États islamiques, la Ligue arabe,...
tous en appellent à une solution
politique...
Vous avez utilisé tous les moyens
plausibles entre vos mains et vous avez
échoué.
Il vous faut désormais être réaliste
et non s’entêter, pour soigner les
blessures de la Syrie et l’édifier de
nouveau
Sauf si vous et certaines parties
locales, dont le courant du Futur avez
une lecture différente de la conjoncture
internationale et régionale !
S’agissant de la situation libanaise,
je conseille à ces parties locales de
mettre le sujet de la Syrie de côté.
Davantage d’attentisme ne va
qu’améliorer les conditions de vos
adversaires.
Saisir la formule 9-9-6
Jusqu’à présent nous acceptons la
formule du gouvernement à former basée
sur une répartition 9-9-6 mais si
les conditions changent, il se peut que
nous la rejetions. Je ne menace
personne, mais je fais des conseils !
Celui qui voudrait revenir via
l’aéroport de Damas ( en allusion au
chef du Futur Saad Hariri), ou il
reste là où il est, ( à Paris ou à Riad)
ou son seul accès est l’aéroport du
martyr Rafic Hariri qui est le seul à
l’accueillir !
Il y a 2 ans, dans un discours j’ai
prononcé, j’avais signalé que le camp de
14-Mars avait misé sur 5 ou 6 thèmes,
très sensibles dans l’histoire du Liban,
et qu’il a échoué. Je vous avais dit que
vous misez sur un changement syrien et
que vous allez perdre une nouvelle
fois !
Je vous demande de retourner aux
dossiers libanais internes : celui du
pétrole, de la loi électorale, les
élections législatives ou
présidentielles,..., et tous les autres
dossiers suspendus
Je ne veux accuser personne mais
voudrais approcher le sujet d’un nouvel
angle
Le Liban fait face à une paralysie
générale avérée et tout le monde le
sent. Selon le 14-mars le règlement
passe avant tout par la formation d’un
gouvernement, et ce avant même de
participer à la table de dialogue, ou
avant d’aller au parlement...
Notre équipe a accepté la répartition
des cabinets 9-9-6 mais vous le
refusez, parce que vous dites ne voulez
pas nous donner le pouvoir torpiller
certaines décisions prises au
gouvernement...
Or, la formation d’un gouvernement
permet de relancer la vie politique, de
relancer les prises de décision dans le
parlement et dans le gouvernement.
Toutes les décisions peuvent être prises
à la majorité des deux tiers, sauf
celles qui nécessitent plus que les deux
tiers...
Deux possibilités devant les
Libanais
Je m’adresse au libanais : deux
éventualités se présentent : la
poursuite de la paralysie de la vie à
l’état actuel, et qui rien ne peut
changer et ne fait que perdre l’état ses
atouts...
La deuxième, par le fait que vous soyez
plus modeste. Nous l’avons été en
admettant les 9 sièges qui ne reflètent
pas notre réelle proportion. Acceptez,
vous aussi. Ainsi, la vie reprendra dans
les trois quart des décisions du pays,
et il se peut que le quart de ces
décisions fassent l’objet de
désaccords...
Que dicte la raison dans une
situation pareille, quel choix faut-il
faire face à ces deux éventualités, ou
se situent l’intérêt des libanais et
leur avenir...
Supposant que vous êtes les gens
honorables comme vous prétendez l’être,
ceci ne mériterait-il pas de votre part
que vous donniez leur droit de
représentation à ceux qui le méritent??
Si vous insistez dans votre refus,
dans le cas du strict minimum, je vous
imputerai la responsabilité qui en
découle...
Est-il permis que pour des considération
non constitutionnelles que vous
paralysiez le vote au Parlement, que
vous entraviez des décisions
gouvernementales sur des questions qui
ne supportent pas d’ajournement, dont
entre autre le dossier du pétrole et
surtout celui de la sécurité à Tripoli
en particulier. Toutes les forces
politiques présentes dans le
gouvernement sont disposées à le faire,
si ce n’est les pressions énormes
exercées sur le Premier ministre Najib
Mikati en particulier (je ne sais pas ce
ce qu’il en est du président de la
république) de la part de parties qui ne
cessent de l’humilier quotidiennement et
sans oublier aussi la pression
saoudienne et su sur fond de haines
communautaires et confessionnelles
attisées...
Le pétrole et la sécurité
D’autant plus que deux dossiers
essentiels ne supportent aucun report :
celui du pétrole qui fait l’objet d’un
pillage et devrait être réglé le plus
tôt possible, sinon c’est une grosse
perte pour les droits des libanais. Et
il y a aussi la question sécuritaire
dont celle de Tripoli où ce qui se passe
est affligeant, et dont la seule
solution est une décision du
gouvernement libanais soutenue par une
feu vert des différentes forces
locales permettant à l’armée libanaise
de prendre en charge la mission de la
sécurité de la ville entière et de ses
banlieues et de lui prêter main forte
pour être présente partout...
C’est la seule solution, via l’armée,
et non via l’Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) ou du front al-Nosra,
qui ne fait que compliquer davantage la
situation. Où donc l’EIIL a-t-il apporté
la paix et la sécurité ?? Et quel
exemple a-t-il donné ?
Cette décision devrait être escortée par
des positions politiques et religieuses
qui la soutiennent et non qui
l’entravent et l’encombrent...
Le dossier sécuritaire au Liban est
très dangereux. L’État libanais connait
très bien sur les différents réseaux
terroristes et où se trouvent les
voitures piégées dans telle ou telle
localité. Mais il ne peut broncher...
Sans couverture politique, il ne peut
intervenir car il y va de la vie des
libanais...
En cette occasion ou nous célébrons
le développement d’une institution qui a
pour souci de donner la vie aux gens, de
les soigner, nous disons que notre
espoir est d’édifier des institutions
humanitaires pour toute la nation, pour
la débarrasser de tous les dangers
Pas seulement la présence des
chrétiens est menacée, et il est de leur
droit de pousser un cri d’alarme et
d’organiser des conférences. Mais en
réalité, ce sont les adeptes de toutes
les religions qui sont menacés. Aussi
bien les musulmans que les chrétiens,
aussi bien les chiites que les
sunnites...
La région sombre vers la haine et le
mépris. Il faut agir dans cette étape
difficile pour éviter qu’elle ne finisse
dans l’urgence.
Le dossier Hezbollah
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