Discours
"Tout le Hezbollah
prêt à se rendre en Syrie"
Sayyed Hassan Nasrallah
Vendredi 16 août 2013
Le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a
accusé des groupuscules takfiris
d'être derrière les attentats et les
attaques perpétrés contre la banlieue
Sud de Beyrouth et dans les autres
régions libanaises, assurant qu'ils ne
feront jamais fléchir ni dissuader la
résistance.
Selon lui, si la bataille
contre ces takfiris nécessite que tout
le Hezbollah aille en Syrie, "moi et
tout le parti irons là-bas", précisant
qu'une guerre pareille sera moins
couteuse que de les attendre venir à nos
régions pour massacrer nos familles.
S'exprimant devant des
milliers de partisans via un écran géant
depuis le village de Aïta Chaab au Sud
Liban, à la frontière avec la Palestine
occupée, à l'occasion du septième
anniversaire de la victoire de 2006,
Sayed Nasrallah a appelé les familles
sinistrées à la patience et à éviter
toute réaction hâtive qui entraine le
pays dans une guerre sectaire.
Tout en affirmant que les
auteurs des attentats et des tirs de
roquettes sont déjà connus par les
services de sécurité, le chef de la
résistance a demandé à l'Etat de prendre
des mesures préventives et de démanteler
les groupes takfiris pour ne pas
entrainer le pays vers le gouffre.
Voici les idées
principales du discours de Sayed Hassan
Nasrallah prononcé ce vendredi:
« Que la paix de Dieu soit sur vous.
Au début, je vous remercie pour votre
présence dans cette localité frontalière
avec l’entité usurpatrice. De plus, nous
prions pour le repos d’âme des martyrs
opprimés qui ont succombé dans
l’attentat terroriste d’hier et pour le
prompt rétablissement des blessés.
Nous présentons nos condoléances aux
familles des victimes qui ont fait
preuve de prise de conscience et de
patience et nous remercions tous les
dirigeants libanais ou autres qui ont
condamné cet attentat.
Par contre, nous condamnons le silence
de certains pays qui s’avèreront dans
l’avenir les commanditaires du meurtre
et du terrorisme dans notre région.
Je voudrais évoquer deux sujets dans
mon discours d’aujourd’hui :
1- la guerre de juillet ou la deuxième
guerre israélienne au Liban
2- la conjoncture actuelle dans le pays,
partant de l’attentat terroriste qui a
frappé hier la banlieue Sud et des tirs
de roquettes précédents. Je voudrais
parler en toute clarté et en toute
transparence pour dessiner une feuille
de route capable de saboter ce projet de
destruction.
Aita, un village symbolique
Cette
année, nous avons choisi de célébrer la
victoire de juillet 2006 depuis cette
localité frontalière, proche de la
Palestine. Ici souffle l’air de la
Palestine. Vous êtes proches de l’ennemi
israélien, 65 ans après l’établissement
de cette entité usurpatrice, et ceci est
très symbolique.
Aita, comme tous nos villages et nos
villes est le symbole des habitants
attachés à leur terre, le symbole des
combattants qui se sacrifient, des
martyrs auprès de Dieu. Aita est le
symbole de la ténacité, du courage, de
la persévérance.
Ce qui s’est passé à Aita pendant 33
jours a dépassé de loin l’obligation du
devoir. Ce qui s’est passé reflète la
volonté et la passion du peuple de la
résistance et des combattants. Je
n’oublierai jamais lorsque ce village
était exposé à toutes les formes
d’agressions sionistes. Ses habitants et
ses combattants étaient menacés
d'extermination.
Je leur avais dit à l’époque que vous
n’êtes pas obligés d’y rester jusqu’au
dernier souffle. Que cesi ne vas pas à
l'encontre de notre stratégie militaire
qui n'est pas arrachée à la
géographie. Mais les combattants ont
choisi de combattre jusqu’à la dernière
balle, et jusqu’au dernier souffle,
reflétant ainsi la véritable valeur de
cette résistance.
Ceci me rappelle la veille de
l’épopée de Kerbala, lorsque l’imam
Hussein dit à ses compagnons de profiter
de l’obscurité de la nuit pour fuir
l’ennemi mais ses compagnons ont refusé
de l’abandonner. Les combattants de la
résistance scandent de leur côté : « A
tes ordres imam hussein ! ».
Une fois la guerre terminée, les
habitants de Aita ont immédiatement
reconstruit leur village, planté ses
terres et redonné vie à ce village grâce
au sang des martyrs.
La victoire de 2006, coup dur au
projet sioniste
La victoire historique d’aout a porté
un coup fatal au projet du grand Israël,
cet ennemi qui cherchait à s’imposer
dans la région arabe et islamique en
tant que force hégémonique. Israël
voulait être une force terrifiante mais
la victoire du 14 aout a asséné un coup
dur aux rêves israéliens.
Le premier résultat stratégique de la
première victoire en mai 2000 fut
l’importance du rôle de la résistance
populaire pour vaincre l’ennemi.
Le deuxième résultat stratégique de la
deuxième victoire en aout 2006 fut la
capacité de la résistance populaire à
constituer une force de défense réelle
au moment où le pays ne possède pas les
facteurs de force nécessaires....
Une fois de plus, nous réitérons
notre attachement à la voie de la
résistance populaire pour libérer le
reste de nos territoires occupés, de
protéger les ressources naturelles du
pays. Nous sommes toujours convaincus
que l’équation armée-peuple-résistance
constitue la véritable force du Liban.
Une fois de plus, nous réitérons que
nous resterons ici dans cette terre
frontalière, nous allons construire et
planter notre territoire tout près du
siège de fils barbelés - que la FINUL et
les autres nous excusent- nous allons
exploiter les ressources naturelles du
pays et empêcher l’ennemi d’y mettre la
main...
De plus, nous reprenons ce que nous
avons dit dernièrement que nous allons
couper les pieds de l’ennemi quand il va
essayer de pénétrer et de violer la
souveraineté de notre terre. Le temps du
tourisme militaire israélien au Liban
est révolu. La résistance est plus
forte, plus tenace, plus solide, plus
armée que jamais....
Viser les civils n'est pas
nouveau
Passons au deuxième volet du
discours : le fait de viser les jeunes,
les vieux, les commerçants, les enfants
de la base populaire de la résistance
n’est pas nouveau. Chaque fois que
l’ennemi se trouve dans l’incapacité de
vaincre la résistance, il frappe ses
partisans. Les massacres commis par les
Israéliens dans toutes les régions
libanaises en sont l’exemple clair.
L’ennemi considère que c’est notre point
de faiblesse mais ceci est un facteur
dont nous devons être fiers...
Ceci démontre que la relation est
très intime entre la résistance et son
peuple. Ce n’est pas le cas des
combattants importés des quatre coins du
monde.
L’entente d’avril 1996 a réussi à
imposer une nouvelle équation efficace
pour protéger la population libanaise.
Ce qui s’est passé hier dans la banlieue
Sud n’était pas un assassinat d’un cadre
du Hezbollah, ni un attentat contre un
siège du Hezbollah. Celui qui a commis
l’attentat d’hier planifiait de faire le
plus grand nombre de victimes parmi les
civils. La charge explosive pesait
beaucoup plus que 50 kg, nous en
parlerons plus tard. Tant qu’il existe
un groupe qui refuse de se soumettre aux
diktats, il va payer le prix de ses
choix...
Le Hezbollah aux côtés de ses
partisans
Certes, le Hezbollah ne va pas
laisser les sinistrés, tout comme doit
le faire l’Etat. Ce qui a eu lieu est un
maillon dans la chaine des incidents
sécuritaires dans le pays. Ces derniers
mois, des roquettes se sont abattues sur
des régions dans la Békaa. Des groupes
syriens ont revendiqué les attaques.
Donc, les auteurs étaient connus, pas
besoin de faire des investigations pour
en dévoiler l’identité. Il y a eu
également des roquettes sur la banlieue
Sud, des roquettes sur Baabda,
l’attentat à Bir elAbed le 9 juillet et
dernièrement l’attentat d’hier.
Réaction rationnelle du
Hezbollah aux attentats
Comment le Hezbollah a-t-il réagi ?
La grande explosion qui a eu lieu le 9
juillet visait notre zone et notre
population. Quelle était notre
réaction ? Nous n’avons pas eu recours à
des réactions instantanées et nous
saluons la prise de conscience de la
population. J’ai demandé aux dirigeants
frères de ne pas se prononcer sur
l’affaire. Sans lancer d’accusations ni
de condamnations, nous avons entamé des
enquêtes. Lors de l’attentat de Bir
el-Abed, d’aucuns ont accusé le
Hezbollah d’avoir commis cet attentat
pour renverser la table dessus-dessous
et changer la donne au Liban. Ce sont
vos services de renseignements qui
agissent de la sorte, vous agissez de la
sorte. Mais vous n’allez trouver
personne qui chérisse cette population
plus que le Hezbollah.
Les auteurs potentiels des
attentats
Nous
avons supposé au début que le premier
bénéficiaire de l’attentat est Israël.
Selon les données disponibles, nous
avons réalisé que l’auteur n’était pas
Israël. La deuxième hypothèse est celle
des groupes takfiris qui ont déclaré la
guerre contre les chiites dès les
premiers jours de la crise en Syrie.
Mais là encore, nous avons trouvé cette
hypothèse peu plausible. Quant à la
troisième hypothèse, on a avancé qu’il
s’agirait d’une partie tierce qui
voudrait profiter de la conjoncture
actuelle pour semer la discorde dans le
pays.
Commençons par l’explosion au Hermel,
les auteurs sont connus par le nom et
l’un d’eux est arrêté par le département
des renseignements et il a reconnu sa
responsabilité dans le meurtre de quatre
jeunes des familles de Jaafar, Amhaz et
Oglu.
Ceux qui ont placé les bombes à Anjar
sont connus. Selon les enquêtes, ceux-ci
ne sont pas agents d’Israël. Ce sont des
groupes takfiris, dont les
commanditaires et opérateurs sont
connus. Les auteurs sont Libanais,
syriens et Palestiniens.
Tous les indices montrent que
l’explosion d’hier est en relation avec
ces groupes takfiris.
Certains services de sécurité
libanais nous ont informés que ces
groupes préparent des voitures piégées
en grand nombre pour les faire exploser
dans la banlieue Sud. Ces groupes
takfiris opèrent-ils au profit
d’Israël ? Certainement qu’ils le font.
Nous n’avons aucun doute que les
services de renseignements américains et
israéliens peuvent infiltrer ces groupes
facilement. Que ferons-nous donc ? On
avance l’hypothèse d’un kamikaze et les
enquêtes confirmeront ou non cette idée.
Actuellement, nous devons réaliser un
objectif national pour empêcher que de
telles explosions ne se reproduisent
dans d’autres régions libanaises. Les
Israéliens n’hésitent pas à tuer et à
faire des explosions partout dans le
pays. De même, les takfiris tuent tout
le monde, détruisent les mosquées des
sunnites comme celles des chiites, tuent
les sunnites avant les chiites et pouvez
voir l’exemple en Irak, en Afghanistan,
en Syrie, au Pakistan.
Les chiites ne sont pas la seule
cible des attentats
Donc, les explosions ne visent pas
seulement la banlieue Sud de Beyrouth ni
les régions chiites. Je m’adresse à tous
les responsables pour leur dire que le
Liban est au bord du gouffre en cas de
poursuite de ces explosions. Celui qui
pense que ces attentats visent seulement
une communauté a tort. Celui qui a pris
la décision de détruire la région veut
détruire le Liban.
Mesures nationales urgentes
Nous
avons besoin de la coopération de tout
le monde, de l’Etat et de la population.
Il faut œuvrer sur deux axes :
1- prendre des mesures préventives
conventionnelles comme les barrages, les
fouilles et autres et ceci émane de la
responsabilité de l’Etat et de ses
services. Toutefois, ces mesures sont
loin d’être suffisantes pour mettre un
terme aux attentats suicides ou aux
explosions.
2- le deuxième axe est encore plus
important que le premier : Il s’agit
d’œuvrer pour dévoiler, démanteler,
arrêter et lutter contre ces groupes.
Les services compétents doivent
rechercher les identités des auteurs de
tels attentats et des parties qui les
soutiennent pour empêcher que de tels
attentats aient lieu. Donc, il ne faut
point couvrir ces groupes, ni les
protéger, ni les prendre à la légère.
Vous devez empêcher que le Liban ne soit
entrainé dans une guerre civile.
En politique, nous pouvons poursuivre
notre bataille. Mais laissons de côté
les haines confessionnelles entre
sunnites et chiites pour ne pas
provoquer une discorde.
Attention au conflit sectaire
Un mot aux gens, surtout aux familles
sinistrées d’hier : Nous avons confiance
en votre patience, votre conscience,
votre responsabilité. On veut vous
séparer de votre engagement en faveur de
la résistance. Par contre nous sommes
sûrs que vous serez toujours patients et
attachés à cette résistance. Ce dont
nous avons peur, ce que vous soyez
entrainés dans des réactions hâtives et
émotives pour provoquer une discorde et
une guerre confessionnelle. Les auteurs
seront de la confession sunnite pour
vous dire que les sunnites cherchent à
vous tuer et envoient des voitures pour
vous faire exploser.
Ces propos sont purement israéliens.
Les auteurs ne sont ni sunnites, ni
syriens, ni Libanais, ni arabes, ce sont
des criminels. Ceux-ci ont tué des
sunnites beaucoup plus de chiites. Dans
l’attentat d’hier, il existe un martyr
palestinien, des blessés syriens…
d’aucuns cherchent à provoquer une
guerre avec les camps palestiniens. Les
auteurs sont des groupes takfiris qui
veulent promouvoir un projet de
destruction dans toute la région. Nos
frères en Irak possèdent des
renseignements sûrs sur le rôle des
services de renseignements occidentaux
qui poussent ces groupes criminels à
faire des attentats.
Les criminels qui ont tué les fils de
la famille Jaafar et Amhaz sont
désormais connus par le nom et
l’identité. Il est prohibé de tuer
quiconque ne soit pas responsable de ce
meurtre, et toute réaction contraire
provoquerait un problème plus compliqué
dans la région de la Békaa-Hermel.
Aux meurtriers: Nous vous
rattraperons
Quant
aux auteurs des attentats, je leur dis :
Nous vous connaissons très bien, nos
mains vous rattraperons certainement.
Certes il revient à l’Etat de le faire
mais là où l’Etat échoue, nous allons
assumer nos responsabilités.
Vous, les groupes takfiris, prétendez
défendre le peuple syrien, mais vous
êtes responsables en premier du meurtre
de ce peuple syrien. Vous enlevez et
tuez les dignitaires religieux chrétiens
qui vous soutiennent, vous tuez les
enfants et bombardez les mosquées.
Nous respectons les normes des
combats
Quant à nous, nous sommes entrés en
Syrie pour combattre dans des zones bien
déterminés. Nous combattons tout en
respectant les normes des combats. Nous
ne tuons pas de blessés, ni de détenus
alors que vous plaquez vos détenus au
mur et vous les tuez tous devant les
caméras. Le Hezbollah n’a point commis
de massacres en Syrie comme vous le
prétendez. Nous avons perdu plusieurs
combattants pour défendre les civils.
Au public qui suit toujours les chaines
al Jazira et al-Arabiya. Ces deux
chaines convergent sur la Syrie, l’Irak,
l’Iran et le Liban mais divergent sur
l’Egypte et la Tunisie.
Remarquez qu’elles présentent des
informations contradictoires sur ces
deux pays. Pourquoi les croyez-vous ?
Pourquoi acceptez-vous ce que ces deux
chaines disent sur la Syrie et
rejetez-vous ce qu’elles disent sur
l’Egypte ?
A la place de 1000 combattants
en Syrie, il y aura 2000
Aux
meurtriers je dis : Sachez que les
attentats contre nous ne nous ferons
jamais fléchir. Espèce d’imbéciles,
revoyez notre expérience pendant 30 ans
avec les Israéliens. Si nous déployons
actuellement 1000 combattants en Syrie,
ils seront 2000 en riposte à vos
attentats. Si nous avons 5000
combattants en Syrie, ils seront 10000.
Vous frappez dans l’endroit inapproprié.
Sachez que si la bataille contre ces
terroristes nécessite que nous aillions
tous, moi et tout le Hezbollah en Syrie,
nous le ferons pour la Syrie et son
peuple, pour le Liban et son peuple,
pour la Palestine et sa cause
primordiale. Soyez sûrs que vous êtes
incapables de trancher la guerre avec
nous. Nous trancherons la guerre.
C'est le Hezbollah qui tranchera
la guerre et non les takfiris
En 1996, nous sommes nous qui avons
tiré la dernière balle. En 2006,
nous sommes nous qui avons tiré la
dernière balle aussi. Et sachez que nous
allons remporter la guerre sur les
terroristes takfiris. Cette guerre sera
couteuse, oui, mais elle sera moins
couteuse que d’attendre les takfiris
arriver à nos portes pour tuer nos
familles et nous égorger comme les
moutons. Nous sommes les adeptes du
slogan de la victoire du sang sur
l’épée. Que la Paix de Dieu soit sur
vous ».
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