Discours
Oui, nous rentrerons à AlQuds,
c’est une certitude (2)
S. Nasrallah
Vendredi 15 août 2014
Une partie importante de l’interview
accordée par le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah au
journal libanais al-Akhbar a été
consacrée à la dernière guerre
israélienne « Bordure protectrice »
contre la Bande de Gaza.
Il y a réitéré son diagnostic
exposé dans son discours datant du 12
juillet dernier.
Les calculs erronés
Interrogé sur la modestie des
objectifs déclarés par Israël, il a
totalement approuvé : « ce sont
les leçons de de la guerre de juillet
contre le Liban en 2006. Les Israéliens
ont tenté de les tirer mais ils se sont
retrouvés coincés dans leur problème.
Ils n’ont pas voulu mentionner de but
précis. La guerre s’est poursuivie les
premiers jours sans que l’on ne sache
ses objectifs : d’aucuns ont dit vouloir
abattre le Hamas, d’autres ont parlé de
désarmer la résistance, d’autres
de faire cesser les roquettes ou leur
fabrication, même le sujet des deux
soldats faits prisonniers a été ignoré.
Les Israéliens se sont retrouvés dans
l’impasse. Ils s’attendaient à ce que
les gens ne supportent pas tant de
sacrifices. Comme en 1996,
lorsque Shimon Perez misait dans la
guerre Raisins de la colère contre le
Liban sur l'épuisement des missiles chez
la résistance ... Tous ces calculs se
sont avérés erronés ».
Intervention du Hezbollah ?
Sur la proposition d’intervention
directe du Hezbollah aux côtés du Hamas
qui avait été évoquée par le dirigeant
de ce dernier Moussa Abou Marzouk, le
numéro un de la résistance libanaise
explique : « personne d’autre ne
nous en a parlé. Si cette demande avait
été sérieuse, elle aurait été discutée
dans les cercles fermés et non à travers
les medias. Les lignes de contacts entre
nous n’ont jamais été rompues même au
moment où la relation régressait. .. Il
aurait pu lui ou un autre dirigeant en
parler... le fait de l’avoir soulevé
dans les medias, à mon avis, soulève
certaines questions, mais je ne l’ai pas
apprécié, je ne veux pas analyser , par
principe, il vaut mieux être bien
intentionné et compréhensif ... mais ce
genre de sujet ne peut être soulevé à
travers les medias... »
Sayed Nasrallah ajoute que depuis, cette
question n’a pas plus été abordée avec
le Hamas.
Les leçons non tirées
Sur l’impact de la dernière guerre
israélienne sur le Liban, Sayed
Nasrallah admet qu’elle a contribué
relativement à retarder la prochaine
guerre israélienne contre le Liban : «
je ne peux pas dire si c’est pour
longtemps ou peu de temps parce que ce
n’est pas clair dans quelles conditions
ou données les israéliens peuvent
déclencher une guerre s’ils le veulent.
Parmi les leçons qu’ils ont tirées
depuis la guerre de juillet, celle
qu’une guerre éventuelle devrait aboutir
à une victoire cursive, décisive, et
apparente. Dans la guerre de Juillet,
tous ont dit qu’Israël a été vaincu,
mais d’aucuns sortiront pour dire le
contraire, comme ceux qui l’ont fait
dernièrement au motif que le front du
sud n’a pas été ouvert, sachant qu’il
n’a jamais été ouvert ni lors de
l’intifada de l’an 2000, ni durant
l’opération Plomb durci en 2008, ni
durant la guerre des 8 jours en 2012.
Les Israéliens ont stipulé tout
d’abord que la victoire se devait d’être
rapide, qui ne se transforme pas en une
guerre d’usure et qui empêche le
pilonnage des villes. Ils ont aussi
voulu en second lieu qu’elle soit
décisive, non momentanée ni temporaire,
et qu’elle puisse aussi réaliser
tous les objectifs et non des buts
secondaires. Ils insistent pour qu’elle
soit aussi éclatante et non sujette à
discussion.
L’une des causes essentielles est
qu’ils s’attendent à ce que la prochaine
guerre soit bien plus difficile de par
ses cibles, compte tenu des capacités de
la résistance, balistiques et autres.
L’ennemi ne supporte pas de guerre
d’usure. Il est actuellement sous
pression, quoique le nombre des
roquettes tirées à partir de Gaza sur
Tel Aviv est très limité. Il parle de
l’efficacité du Dôme d’acier mais c’est
discutable parce qu’il peut intercepter
un nombre limité de roquettes mais
affrontera un problème réel face à un
grand nombre de missiles... En fin de
compte, l’ennemi a échoué dans sa
tentative de tirer les leçons de la
guerre du Liban ... »
Le bon choix des Gazaouis
Interrogé sur le peuple gazaoui dans
la dernière guerre, sayed constate qu’il
a pris position de ne pas capituler, de
supporter les séquelles de sa position,
quel qu’en soit le coût. Selon lui,
il semble aussi être parfaitement en
phase avec résistance et être confiant
que le chemin de la résistance pourrait
très bien être fructueux. La logique des
choses et la raison –et non les slogans-
disent qu’il faut qu’il poursuive le
combat ».
Gaza, entre deux axes
L’une des questions posées par le
journal basée sur le constat qu’il
existe un problème réel entre l’axe de
la résistance et l’administration
égyptienne, et pas seulement avec le
Hamas s’interroge sur la position
que le Hezbollah va adopter du
gouvernement de Sissi.
Sayed répond : « je voudrais
emprunter des propos de dirigeants de la
résistance palestinienne selon lequel il
n’y a pas un seul problème à Gaza, mais
un problème double. Le problème de la
confiance avec les Israéliens, et celui,
certes plus essentiel et plus primordial
est que Gaza se trouve à cheval entre
deux axes, l’axe qatari-turc et l’axe
égypto-saoudien... cette division est
certes bien violente. Mais il faut à
tout prix la surmonter.
Dans nos consultations avec nos
frères dans les factions palestiniennes
et nos frères iraniens, j’ai
proposé aux iraniens de contacter les
Turcs, les Qataris et les Égyptiens et
les Saoudiens mêmes, via les Émiratis ou
Oman. En ce qui nous concerne en tant
qu’axe de la résistance, nous ne sommes
nullement concernés par la politique de
marquer des points ou d’investir
la résistance dans des calculs internes
ou régionaux. Il y a un but essentiel
c’est de faire cesser la guerre contre
Gaza et de suspendre le blocus. En temps
de guerre, la priorité est que les gens
parlent ensemble.
Mais au milieu des évènements, la
position égyptienne a été difficile et
le Premier ministre turc Recep Tayyeb
Erdogan a mené une attaque personnelle
contre le président égyptien Abdel
Fattah Sissi, il en de même pour le
Qatar à travers al-Jazeera. Leur
position était très négative de
l’Égypte, or lorsqu’on veut aider gaza
il faut parler avec l’Egypte et les
Palestiniens eux-mêmes avouent qu’il ne
peut y avoir de solution sans l’Égypte.
Ceci nécessite que les deux axes
entre lesquels se trouve bloquée Gaza
devraient accorder la priorité à Gaza, à
l’insu de toutes les autres discordes ou
conflits, ce qui n’a pas lieu comme il
le faut.
Hamas – Hezbollah : retour à
la normale
Sur la relation entre le Hezbollah et
le Hamas ces derniers temps, Nasrallah
assure que les contacts s n’ont jamais
été rompus malgré les divergences sur le
dossier syrien. « Bien entendu la
situation a été affectée en raison des
évènements syriens et irakiens et dans
la région. Concernant le dossier syrien,
dans toutes les rencontres qui avaient
eu lieu, ils nous demandaient de
comprendre leur position et nous le
demandions de même avec la nôtre, ... de
longues discussions ont été entamées
entre nous... bien entendu le sujet de
Gaza ramène ce processus à ses débuts ce
qui va nous permettre de communiquer et
de coopérer davantage ce qui va avoir
pour effet d’améliorer les relations
entre le Hamas et le Hezbollah et entre
le Hamas et la république islamique
d’Iran. Le sujet syrien est très
compliqué, il dépendra des évolutions
régionales, et n’a aucune perspective
pour le moment.
Allons-nous entrer à Jérusalem ?, a été
l’une des questions qui lui ont été
adressées. « Oui j’en suis certain
», a-t-il assuré.
La Palestine, une doctrine
Une humeur générale se répand et
consiste à s’interroger sur le lien des
gens avec la Palestine et pourquoi
devrions-nous libérer AlQuds, a été une
autre question à laquelle il a répondu
longuement.
« L’un des problèmes les plus
dangereux que nous pourrions affronter
compte tenu de l’humeur générale des
libanais que celle des arabes, est celui
que les peuples de la région considère
la présence d’Israël comme quelque chose
de normale, qu’il ne représente plus de
menace ni pour la région, ni pour ses
peuples et qu’il n’est que le problème
exclusif du peuple palestinien...
Ce genre de propos a une dimension
politique, sécuritaire et économique.
Tout d’abord Israël est un État
illégitime qui constitue une menace
continue pour toute la région avec
laquelle on ne peut cohabiter...
Raison pour laquelle l’objectif final
de la nation devrait être celui
d’éliminer ce danger, hormis les
sensibilités et les problèmes et tout ce
qui se passe entre les Palestiniens et
les autres, entre les chiites et les
sunnites, entre les musulmans et les
chrétiens ... tous les conflits et les
divergences ne doivent en aucun cas
altérer la culture qu’Israël est une
tumeur cancérigène, qu’il est un mal
absolu, et une menace pour tous les pays
de la région, aussi bien ses
gouvernements que ses peuples, voire
pour sa dignité et son honneur,..., et
qu’il faut éradiquer.
Oui, eux voudraient nous faire
parvenir à ce stade et parfois ils
arrivent à le faire. Mais nous ne devons
en aucun cas les laisser faire... De
point de vue dogmatique (idéologique) ce
sujet ne devrait en aucun cas être
discuté...Dans le domaine
doctrinal se rétrécit la marge de
l’humeur et de l’émotion
populaire, lorsque les gens disent
qu’ils adoptent une position dogmatique
concernant Israël, cette position ne
peut être ébranlée par la nature
de la relation avec les palestiniens.
Raison pour laquelle, la relation du
Hezbollah avec le conflit contre
l’ennemi sioniste et avec les faits en
Palestine ne peut en aucun cas être
discutée.
Le dossier Hezbollah
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