Actualité
S. Nasrallah: « Le
drone est le nôtre...
et ce ne sera pas le dernier »
Al-Manar
Vendredi 12 octobre 2012
Le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a
revendiqué au nom de la résistance
islamique libanaise l’envoi du drone de
reconnaissance qui a survolé samedi
dernier pendant 30 minutes les
territoires palestiniens occupés par
Israël. Dans une allocution prononcée en
direct jeudi soir à la chaine de
télévision AlManar, Sayed Nasrallah a
révélé que l’avion est de fabrication
iranienne, dont les pièces ont été
rassemblées au Liban par les ingénieurs
de la résistance…
S’exprimant par ailleurs sur
l’explosion qui a eu lieu à Nabi Chith à
la Békaa, et lors de laquelle trois
combattants du Hezbollah sont tombés en
martyre, Sayed Nasrallah a indiqué qu’il
est tout à fait normal que la résistance
possède plusieurs entrepôts d’armes
répartis au Sud et à la Békaa, et que
des erreurs humaines puissent avoir lieu
et couter la vie à des combattants.
Dans la troisième partie de
son intervention télévisée, Sayed
Nasrallah s’est attardé sur la situation
humanitaire et sécuritaire des localités
libanaises frontalières avec la Syrie,
exposées aux attaques de la soi-disant
armée syrienne libre.
Dans ce qui suit les idées
principales de l’allocution de Sayed
Nasrallah :
« Je voudrais évoquer essentiellement
l’affaire de l’avion de reconnaissance
qui a survolé samedi dernier les
territoires occupés par Israël. Nous
sommes face à un nouvel exploit très
important dans l’histoire de la
résistance islamique au Liban et dans la
région. Les Israéliens étaient unanimes
à reconnaitre l’importance de cet
incident et ont commencé immédiatement à
étudier ses portées.
La résistance islamique au Liban a
envoyé un avion de reconnaissance
développé depuis les territoires
libanais en direction de la mer. Il a
volé des centaines de kilomètres
au-dessus de la mer, avant de braver les
mesures sécuritaires de l’ennemi. Il a
survolé plusieurs sites israéliens
importants. Après 30 minutes de survol,
l’armée de l’air israélienne a détecté
l’avion et l’a abattu.
Cet avion est de fabrication iranienne,
non pas russe, ses pièces ont été
rassemblées par les combattants du
Hezbollah. C’est la première fois qu’un
avion de ce genre est envoyé vers cette
région sensible de la Palestine occupée.
Ce que je dis est une revendication
de cette opération de qualité. Il était
prévu et normal que l’avion soit abattu.
Mais l’exploit réside dans la réussite
de survoler pour des centaines de
kilomètres une zone remplie de radars.
Certains israéliens ont parlé d’une
nouvelle défaite. Prétendre que l’espace
aérien israélien ne peut être percé
n’est plus valable. Bref, je salue et
remercie les frères combattants qui ont
consacré leurs efforts pour défendre
leurs familles et leur peuple. Laissons
aux Israéliens le soin de chercher les
capacités de cet avion dans le domaine
opérationnel celui des renseignements.
Dès le premier essai, cet avion a pu
voler au-dessus de la mer et tout le
monde sait ce qui se trouve dans notre
mer. Nous dévoilons aujourd’hui une
partie de nos capacités et ceci ne porte
pas atteinte aux surprises en notre
possession.
Cette opération dévoile notre
capacité à cacher nos atouts de force et
à les dévoiler le moment opportun pour
envoyer des messages bien précis.
Dorénavant, il est de notre droit
d’effectuer des survols de
reconnaissance quand nous le voulons. Ce
survol n’est pas le premier et ne sera
certes pas le dernier. Avec ce genre
d’avions, nous pouvons atteindre
plusieurs sites en Palestine occupée.
Nous avons baptisé cette opération au
nom du martyr Hussein Ayoub, le premier
à avoir fabriqué cette arme au
Hezbollah, et pour cette raison, nous
baptisons cet avion « l’avion d’Ayoub ».
Ce travail a nécessité beaucoup de
temps et d’efforts, et ceci est une
preuve qu’au Hezbollah, les conflits
régionaux et locaux ne peuvent distraire
nos combattants de se préparer à la
confrontation avec l’ennemi.
Passons à une autre affaire, celle de
l’explosion survenue la semaine dernière
à Nabi Chith et qui a couté la vie à
trois de nos frères combattants.
Rappelons qu’à chaque guerre, comme lors
de la guerre de juillet 2006, la Békaa a
été bombardée aussi bien que le Sud et
la banlieue Sud. L’ennemi israélien a
fait une descente dans la Békaa de
l’ouest pour enlever cheikh Abdel
karimObeid, et dans la Békaa du nord
pour enlever Moustapha Dirani. L’ennemi
israélien bombarde la Békaa comme il le
fait au Sud. Donc, on ne peut pas parler
de front avancé et de front secondaire.
Toute résistance ne peut garder ses
armes et ses munitions dans les fronts
avancés seulement. Donc, il va de soi
que les forces de défense etde la
résistance gardent leurs munitions sur
toute l’étendue géographique de leur
présence. D’aucuns se demandent pourquoi
le Hezbollah a des entrepôts d’armes à
Nabi Chith. Ils ont posé les mêmes
questions lorsqu’un dépôt d’armes a
explosé à KherbetSelm au sud. Leur
véritable problème c’est qu’il y a une
résistance qui combat Israël, c’est ce
qui les gêne le plus.
Il est donc normal que la résistance
répartisse ses armes et ses munitions
dans plusieurs dépôts. Malheureusement,
les Israéliens semblent comprendre cette
réalité plus que certains libanais.
C’est l’animosité et la rancœur qui
empêchent certains Libanais de
comprendre la réalité des faits.
Les dépôts de la résistance doivent
être secrets mais évidemment lorsque
nous possédons plusieurs dépôts nous
sommes exposés à des erreurs humaines
qui coutent la vie à certains de nos
chers frères. J’espère que certaines
parties libanaises comprendront notre
point de vue, ou au moins d’imiter
l’ennemi qui justifie et qui comprend le
comportement de la résistance.
Passons à l’affaire du martyr Abou
Abbas qui a fait couler beaucoup d’encre
et de salive. Dès le début de la crise
en syrienne, nous avons expliqué notre
position sur les évènements en cours.
Nous avons clairement exposé notre
position du point de vue religieux et
politique et nous avons expliqué notre
vision quant au complot réalisé dans ce
pays. Certains nous disent que nous
payons le prix de notre position, et
c’est normal.
Rappelons que dès les premiers jours
des incidents en Syrie, certains membres
de l’opposition syrienne ont accusé le
Hezbollah d’avoir envoyé des centaines
et des milliers de combattants en Syrie,
avant même que les affrontements ne
commencent. Ce sont des mensonges, et
ils le sont à ce jour. Nous ne mentons
pas parce que ceci est prohibé sur le
plan religieux et moral. A chaque fois
qu’un martyr tombe nous organisons des
funérailles publiques et donc tout le
monde peut voir la réalité. Les médias
du 14 mars prétendent depuis des jours
que 75 combattants sont morts àRabla en
Syrie, ces informations sont
mensongères. Ils cherchent toujours à
nous accuser de combattre auprès du
régime syrien. Tout le monde connait
certes notre position politique envers
le régime syrien, mais celui-ci n’a pas
demandé notre aide. Et qui a dit qu’il
est dans notre intérêt de combattre
là-bas. A ce jour, nous ne combattons
pas en Syrie.
Que s’est-il donc passé à Abou Abbas
ou à d’autres martyrs ?
Certains villages frontaliers libanais
sont situés dans les territoires
syriens. Des Libanais vivent dans ces
villages, pourtant le territoire est
syrien. Ils sont au nombre de 23
localités et 13 fermes. Ils sont habités
par 30000 libanais et des Syriens de
différentes confessions. Ces libanais
possèdent là-bas des terres et du
commerce et vivent depuis plus de 150
ans.
La plupart des jeunes des familles
libanaises dans ces localités syriennes
sont des membres du Hezbollah et
d’autres jeunes appartiennent à d’autres
partis libanais. Au début des
évènements, ces libanais ont effectué de
multiples contacts pour savoir quelle
position doivent-ils adopter. Personne
ne leur a fourni de réponse claire. Les
familles ont donc adopté la politique de
dissociation envers la crise syrienne.
L’armée syrienne a établi plusieurs
barrages pour les défendre. Mais ils ont
été attaqueés par l’armée syrienne
libre. C’est cette armée syrienne libre
qui a attaqué les maisons, brulé leurs
terres, violé les femmes, expulsé les
familles de leurs maisons.
Certains habitants, après avoir été
attaqué ou enlevés ont pris la décision
de partir vers la Békaa et le Sud, mais
la grande partie est restée dans ses
terres et a acheté des armes pour se
défendre. Tout le monde connait
l’ampleur du trafic et des ventes
d’armes tout au long de la frontière
avec la Syrie. Ça n’a rien à voir avec
la lutte contre les groupes armés mais
pour se protéger face à des groupes
armés syriens et d’autres nationalités.
Ces libanais donc cherchent à se
défendre et ne sont pas impliqués dans
les combats là-bas.
La résistance n’a pas ouvert de front
pour combattre en Syrie. On ne peut pas
empêcher ces familles de rester dans
leurs terres.
Notre front est unique et bien connu.
D’aucuns ont accusé le Hezbollah de
vouloir joindre militairement les
territoires syriens et libanaisen
prévision d’une possible chute du
régime.
Nous avons demande à l’Etat quelles
mesures doit-on prendre pour protéger
ces habitants, mais nous n’avons reçu
aucune réponse. Donnez-nous une réponse
: comment ces libanais doivent-ils se
protéger ? Quelle est la responsabilité
de l’Etat et des autorités religieuses ?
Concernant le martyr Abou Abbas. Tout
ce qui a été dit dans les médias est
erroné. Certains ont dit qu’il est le
dirigeant militaire du Hezbollah en
Syrie, tout le monde dans la Békaa sait
qu’il est le responsable de l’infanterie
de la résistance dans la région. Il est
donc responsable de toutes les
formations de jeunes combattants, dont
les combattants des localités
frontalières précitées. Des combattants
tombent en martyr dans ces localités
syriennes habitées par des Libanais dont
Abou Abbas.
Nous appelons toujours au dialogue en
Syrie, même si un milliard de personnes
de par le monde manifestent contre nous,
nous n’allons pas changer notre
position. Une fois de plus, je vous
assure que le régime syrien n’a pas
demandé notre aide à ce jour. Mais je ne
vous cache pas que si un jour le régime
demande notre aide et si notre
responsabilité consistaità l’aider, nous
allons le faire.
Dernier point. Je conseille certaines
parties de l’opposition syrienne de ne
pas essayer de nous intimider. Ça ne
change rien à la situation. C’est
inefficace. Nous sommes une résistance
âgée de 30 ans. Les menaces et les
intimidations n’ont aucun effet. La même
chose en ce qui concerne les libanais
enlevés en Syrie, à chaque fois que vous
allez enlever des Libanais vous allez
dire que ce sont des hauts officiers du
Hezbollah ! Vous vous attendez à ce que
je présente des excuses, je ne pense pas
que quelqu’un accepte que je m’excuse.
Enfin, je termine mon allocution par
ce message : que personne ne nous
menace, que personne ne nous intimide,
que personne n’essaie de faire chanter.
Le
dossier Hezbollah
Les dernières mises à jour
|