Discours
Sayed Nasrallah: «
Le peuple libérera le reste des terres
occupées si l'Etat reste absent »

Jeudi 2 août 2012
A
l’occasion de l’Iftar annuel du comité
du soutien à la Résistance islamique au
Liban, le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a
prononcé un discours d’une heure devant
des milliers de membres et de partisans
rassemblés dans la banlieue Sud du
Liban, comme dans la Békaa et dans le
Sud du pays.
Voici les principales idées du discours
de Sayed Nasrallah :
« Je vous félicite
avant tout pour le début du mois béni de
ramadan. Je félicite également en ce
premier août l’armée libanaise en sa
fête nationale. Je voudrais parler de la
résistance libanaise, de la stratégie
défensive et de la stratégie de la
libération.
Personne ne peut démentir la vérité
selon laquelle "Israël" a été vaincu en
juillet 2006, et ceux qui disent le
contraire sont des envieux et des
jaloux.
Personne ne peut douter non plus que la
victoire a été réalisée grâce, après
Dieu, à la résistance et à ses
sacrifices. Les instances
internationales ou régionales n’ont joué
aucun rôle à ce sujet. Tout le monde se
rappelle qu’après la victoire de 2000,
et contrairement à toutes les autres
forces qui gagnent une guerre, la
résistance n’a pas accédé au pouvoir au
Liban. Au contraire, elle a offert sa
victoire au peuple libanais et a appelé
l’Etat à déployer ses efforts pour aider
la population du Sud et protéger le
pays.
Après l’an 2000, les Américains et les
Israéliens ont demandé d’en finir avec
la résistance. Depuis cette date, des
revendications du désarmement du
Hezbollah se sont multipliées. Ce
désarmement qui signifie en effet le
désarmement de la résistance, la force
qui fait face à l’ennemi israélien.
Certaines parties au Liban ont adopté
cette cause. Après l’an 2000, des
parties américaines et occidentales nous
ont proposé des compromis dont entre
autre accéder au pouvoir mais nous avons
refusé. Ces mêmes compromis ont été
proposés à la Syrie. En effet, un
certain dirigeant arabe est venu
proposer à Bachar el Assad en 2004 de
rester au Liban et d’arriver même
jusqu’au fleuve Al Ouwali, en échange du
désarmement du Hezbollah et des
Palestiniens. Il lui a dit : Si tu
acceptes de désarmer le Hezbollah, tu
auras tout le Liban sous le feu vert de
la communauté internationale. Voyez que
depuis 2004, et lors de la campagne des
forces du 14 mars au Liban pour exiger
le retrait des Syriens du Liban, un
dirigeant arabe pro-américain est venu
faire cette offre, aux dépens des
intérêts des forces du 14 mars. Pour le
Président Bachar el Assad, la résistance
libanaise et palestinienne fait partie
de la sécurité nationale arabe, et pour
cette raison il a rejeté l’offre.
Ensuite, la résolution 1559 a vu le
jour. Sylvan Shalom avait reconnu que
cette résolution a été adoptée grâce aux
efforts d’"Israël".
Avant son martyre, le président Rafic
Hariri avait déclaré dans l’une de mes
réunions avec lui que les armes de la
résistance doivent rester jusqu’à la
réalisation d’une paix juste et globale.
En mars 2006, le président du Parlement
Nabih Berri a convoqué une réunion du
dialogue national pour débattre des
moyens nécessaires pour protéger le
Liban des agressions israéliennes. Nous
avions l’espoir de parvenir à un
consensus national après l’entente avec
le courant patriotique libre. En effet,
le premier ministre Saad Hariri m’avait
dit qu’il respecterait tous les
engagements de son père au sujet des
armes de la résistance jusqu’à la
signature d’un compromis global arabe.
Lors de la dernière séance, Berri a
appelé les participants à débattre de la
stratégie défensive. J’avais exposé
notre histoire avec l’ennemi, les
différentes formes des agressions
sionistes, les points de force et de
faiblesse de l’ennemi et du Liban.
J’avais dit que nous avons besoin d’une
stratégie défensive entière, tant sur le
plan militaire, sécuritaire, que
diplomatique… Nous avons dit que sur le
plan militaire, nous devons avoir une
coopération totale entre la résistance
et l’armée libanaise, comme ce fut le
cas lors de l’offensive des raisins de
la colère en 1996. J’ai terminé mon
discours en citant le point de vue du
président Sélim Hoss de cette affaire:
il faut protéger le Liban des agressions
israéliennes, mais le problème c’est que
les armes sont dans les mains d’une
certaine partie. Comment réconcilier
alors entre les deux ? Le président
avait appelé à ce que l’armée et la
résistance coordonnent ensemble, sans
que cette résistance ne soit subordonnée
à l’armée. Parce que dans ce cas, tout
le Liban paiera le prix lors d’une
offensive.
Après mon intervention, le président
Berri a appelé les autres parties à
présenter leurs interventions. Le député
Walid Joumblatt a alors affiché son
appréciation à mon discours. Il a appelé
à plus de temps pour étudier la vision
du Hezbollah sur la défense nationale.
La séance fut alors levée. Peu de jours
après, la guerre de juillet fut
déclenchée. Tout ce qui a été dit lors
de la séance du dialogue a été appliqué
pendant cette guerre. L’armée de l’air
israélienne n’a pas pu détruire ni
trancher la guerre avec la résistance.
Je leur avais dit avant la guerre que la
résistance peut infliger de lourdes
pertes à l’armée israélienne. Les
Israéliens ont reconnu clairement leur
défaite. D’aucuns ont refusé de dire que
le Hezbollah a vaincu "Israël". Après
plusieurs évènements survenus dans le
pays, le président Michel Souleimane a
convoqué à la séance de dialogue. A ce
jour, plusieurs séances ont été tenues,
mais la vision du Hezbollah n’a pas
encore été débattue par aucune partie
participant au dialogue. Et je vous
assure qu’ils ne débattront point de
cette vision parce que l’objectif unique
demandé par les Etats-Unis est le
désarmement de la Résistance. L’objectif
des forces du 14 mars n’est point la
protection du Liban et j’assume la
responsabilité de mes propos. Certaines
forces du 14 mars ont présenté des
propositions qui stipulent uniquement
que le Hezbollah livre ses armes à
l’armée libanaise. Il y a quelques jours
un certain dirigeant du 14 mars disait
que ce n’est plus la peine de participer
à la table du dialogue, parce que le
régime d’Assad tombera prochainement et
ensuite le Hezbollah désarmera. Nous
sommes intéressés à parvenir à une
véritable stratégie défensive de
protéger le Liban. Malgré cette
conviction, nous n’envisageons pas de
boycotter la table du dialogue. Mais
nous refusons que la participation des
forces du 14 mars à la table du dialogue
se transforme en un facteur de chantage
du chef de la République pour lui
imposer certaines conditions comme
l’affaire des datas et d’autres
questions vitales. L’objectif de
défendre le Liban est un objectif plus
sacré de toutes les autres affaires. Les
forces du 14 mars cherchent entre autre
la chute du gouvernement.
Quoi que ce soit, nous allons toujours
participer à la table du dialogue, et
j’assure à tout le monde que le maintien
ou la chute du gouvernement ne dépendent
pas de la tenue du dialogue.
Je passe à un autre point qui a été
mentionné à la table du dialogue. Tout
le monde affiche son désir d’avoir une
armée forte. Le système politique et
l’Etat libanais sont-ils prêts à armer
l’armée libanaise et à profiter des pays
voulant fournir les équipements
nécessaires, c’est-à-dire de l’Iran ?
Malheureusement, cet Etat a peur des
Etats-Unis. Lorsqu’une délégation
iranienne est venue présenter son aide à
tous les plans vitaux et économiques au
Liban, Jeffrey Feltman est venu avertir
les dirigeants libanais 24 heures à
l’avance de ne pas collaborer avec les
Iraniens. Si nous livrons nos armes à
l’armée, où cette armée allait-elle les
mettre ? Resteront-elles cachées ou bien
Israël pourra découvrir les abris.
L’armée israélienne est capable de
détruire l’armée libanaise en 2 heures.
Celui qui prône cet appel veut détruire
la résistance et faire perdre l’armée en
même temps.
Celui qui prône cette idée vise à se
débarrasser des armes de la résistance.
Je voudrais faire une remarque.
Aujourd’hui ce qui protège le Liban est
l’équilibre de la terreur avec Israël.
Comme le Liban a peur d’Israël pour son
arme de l’air, Israël a peur des
roquettes du Liban. Israël reconnait que
le Liban constitue une menace. Israël
craint non seulement les armes, mais la
partie qui possède ces armes. Israël
réalise bien que s’il bombarde un port
au Liban, le Hezbollah ripostera en
bombardant un port israélien. Mais au
cas où nos armes sont livrées à l’Etat,
cet Etat qui n’arrive pas à régler
l’affaire des journaliers, ces armes
perdront leur capacité de dissuasion.
Pourquoi ? Parce que les Américains dans
ce cas menaceront le système bancaire ou
imposeront des sanctions sur le Liban.
C’est la réalité de notre système
politique. Il faut donc avoir une armée
et une résistance forte qui coopèrent
étroitement.
Le dernier point de mon discours :
parler de la stratégie de la libération
n’est pas nouveau. Nous avons besoin de
la stratégie de défense et d’une
stratégie de libération. Les hameaux de
Chebaa, les collines de kfarchouba et
une partie de la localité de Ghajar sont
toujours sous occupation. C’est une
affaire de souveraineté. Où se trouvent
ces terres occupées dans le discours des
forces du 14 mars ? Nous exhortons les
participants à la table de dialogue de
trouver une stratégie de libération,
sinon, il est du droit du peuple
libanais et des habitants du sud
d’assumer leurs responsabilités.
L’abandon par l’Etat de cette terre
occupée poussera la population à assumer
sa responsabilité comme ce fut le cas en
1982.
Pourquoi ne veut-on pas de stratégie de
libération ? Parce qu’elle renforce la
position de la résistance qui représente
tout un patrimoine et tous les
sacrifices de notre peuple. Nous ne
sommes pas adorateurs d’armes, ni de
terre, nous adorons Dieu qui nous a fait
naître en méprisant par instinct
l’occupation et l’esclavage.
Nous sommes prêts à dialoguer et à faire
tout le nécessaire pour défendre le
Liban et la dignité de son peuple et
nous serons prêts à rester dans les
fronts de premières lignes pour assurer
cet objectif.
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