Communiqué
Halte aux
récupérations politiques et
mercatiques de la Marche
Marche 1983
Mercredi 20 novembre 2013
A l’approche de la commémoration du
trentième anniversaire de l’arrivée à
Paris de « La Marche pour l’égalité et
contre le racisme », nous créons
l’Association des « Marcheurs
historiques de 1983 ». Cette association
regroupe essentiellement les marcheurs
permanents et, plus largement, les
militants qui se reconnaissent dans les
valeurs humanistes de la Marche. Nous
nous donnons comme humble devoir de
témoigner de cette action historique,
fondatrice d’une nouvelle conscience
citoyenne, de transmettre son message de
paix, de fraternité et de solidarité aux
générations actuelles et futures,
d’œuvrer à sa reconnaissance comme
balise éclairante de l’histoire
républicaine.
Force est de constater que depuis
trente ans la situation socio-économique
des banlieues et des quartiers
populaires n’a cessé de s’aggraver, que
les discriminations se sont
généralisées, que le racisme s’est
décomplexé au point d’engager une
offensive sans précédent qui submerge
les médias et sape à la racine les
principes démocratiques. Les espérances
suscitées par le retour de la gauche au
pouvoir ont vite mué en profonde
déception. L’égalité n’a jamais été
autant bafouée qu’aujourd’hui.
L’énarchie gouvernante ignore
délibérément les réalités de terrain,
débarque, tour à tour, les hauts
fonctionnaires et les cadres politiques
issus de la diversité, pratique
elle-même des discriminations au sommet.
Nous avons le devoir, en tant que
marcheurs historiques, sursollicités
pour des évènements festifs qui ne
débouchent sur aucune action concrète,
de dénoncer toutes les récupérations
politiques et mercatiques de la Marche,
d’attirer l’attention sur les problèmes
réels vécus dans les cités, d’exiger des
pouvoirs publics, de mettre en œuvre une
véritable politique d’égalité citoyenne.
Président : Djamel Atallah
Site :
http://www.marche1983.fr
Email : marcheegalite1983@gmail.com
Téléphone : 06 59 80 77 74
L’association des
marcheurs historiques de 1983
Marche
pour l’égalité et contre le racisme à
travers Marseille le 15 octobre 1983.
Christian DELORME et Djamel ATALLAH
En 1983, parmi les évènements
fondateur de l’histoire de l’immigration
en France, il y a eu la Marche pour
l’égalité et contre le racisme, que
d’aucuns avaient appelé à tort "la
marche des beurs".
Cette initiative prise par Toumi
Djaidja, Djamel Atallah respectivement
président et trésorier de l’association
" SOS Avenir Minguettes" implantée à
Vénissieux dans la banlieue lyonnaise
soutenu par le père Christian Delorme,
s’est transformée, au fur et à mesure de
son déroulement, en un grand mouvement
social.
A l’origine les jeunes qui portaient
ce projet voulaient, tout simplement,
protester contre certaines pratiques
policières discriminatoires et dénoncer
une justice à deux vitesses dont ils se
sentaient être les victimes.
Ses concepteurs avaient alors pour
objectif d’attirer l’attention de
l’Etat, des pouvoirs publics, des
responsables politiques, des
organisations syndicales, des
associations, de la société civile et de
l’opinion publique.
La Marche était inspiré par le
Mouvement des droits civiques menée, au
début des années 60, par la communauté
noire aux Etats-Unis ainsi que par
la philosophie, de la non violence,
pronée en autres, par le Pasteur Martin
King et Gandhi.
Au cours de leurs diverses étapes,
les Marcheurs ont eu à débattre avec les
citoyens, toutes origines, classes d’âge
et conditions sociales confondues, des
questions fondamentales de la société
française, tel que celles de la
production et de la reproduction
sociales des inégalités, des pratiques
ségrégatives et discriminatoires.
Partis de la cité de la Cayolle à
Marseille, le 15 octobre 1983, des
acteurs impliqués dans cette action
collective furent accueillis à paris le
3 décembre 1983 par plus de 100.000
personnes, en présence de Madame
Georgina Dufoix, alors Ministre des
Affaires sociales et de la solidarité
nationale.
Le choix de la cité phocéenne comme
lieu de départ n’était pas dû au hasard.
Cette ville est, en effet, riche des
vagues successifs de voyageurs et de
vagues d’immigrants qui ont fait son
Histoire. Il s’agissait pour les
intéressés de faire l’éloge de la
diversité, d’instaurer un dialogue
Sud-Nord et de rendre hommage à leurs
parents et à ceux et celles qui les ont
précédés dans l’aventure migratoire.
En même temps, les initiateurs
voulaient s’approprier l’espace
nationale symbolique pour affirmer
leur volonté et leur détermination à
être traités, non comme des Français
entièrement à part, mais en temps que
citoyens; à part entière.
La forte médiatisation qui devait
accompagner ce mouvement social a été un
facteur important de son ampleur et son
impact.
Certes, au final, les Marcheurs ne
purent obtenir qu’un titre unique de
séjour de 10 ans pour tous les immigrés
– qui n’était pourtant pas la
revendication principale des marcheurs
mais plutôt celle de leurs comités de
soutien - suite à leur rencontre
avec le Président de la République
Française, François Mitterand, du
3 décembre 1983 et qui devait être mise
en application en juillet 1984.
Cependant, ce résultat somme toute
modeste, ne traduit pas véritablement la
portée de cette marche. Son succès est
en réalité à rechercher dans sa
dimension symbolique par la
réactualisation des grands principes
républicains, Egalité, Liberté,
Fraternité.
Nul doute, que les problématiques
liées aux inégalités sociales, aux
discriminations, sous toutes ses formes,
à la ségrégation-relégation des
quartiers et à la mémoire de
l’immigration, continuent à apparaitre
comme des enjeux de lutte importants et
décisifs pour le présent et le devenir
de la société française.
Constatant, trente ans après, que les
idéaux et les valeurs de la République
qui ont guidés l’action des marcheurs et
de leurs soutiens peuvent encore donnés
lieu à de nouvelles initiatives et à
d’autres combats, une partie d’entre eux
a décidé de se constituer en association
loi 1901. L’objectif principal de cette
structure étant de mener des
actions multiformes afin de promouvoir
les idées portées par les marcheuses et
marcheurs, tout en entreprenant un
travail sur la mémoire de l’immigration.
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