Communiqué
PPE : le renoncement
EÉLV
Samedi 1er décembre 2018
Après les annonces du GIEC et les
alertes de la communauté scientifique,
la prise de conscience de l’urgence
climatique s’est imposée en France, dans
toute les couches de la population,
devenant la deuxième préoccupation des
Français·e·s.
Dans un contexte
d’inégalités sociales grandissantes, la
question de l’énergie est centrale. La
précarité énergétique touche près de 4
millions de ménages, en zones rurales
comme en zones urbaines, grevant chaque
année un peu plus le budget des
Français·e·s. Dans cette équation, les
plus précaires subissent la double peine
: ils paient trop cher et sont les plus
exposés aux pollutions générées.
En France les
ressources ne manquent pas pour une
énergie décarbonée, bon marché et
indépendante : éolien, photovoltaïque,
énergie hydraulique, géothermie, etc.
Pourtant, le choix renouvelé de la
France repose sur un mix énergétique qui
s’appuie en premier lieu sur le
nucléaire. Cette énergie chère, qui nous
rend dépendants des pays producteurs,
dont on ne sait que faire des déchets,
et qui constitue une épée de Damoclès
permanente tant elle est dangereuse.
Aujourd’hui, les
renouvelables font la preuve de leur
avantage compétitif, tant économique
qu’écologique. Elles sont six fois plus
créatrices d’emplois que le nucléaire,
des emplois en outre mieux répartis sur
le territoire.
La PPE devait être
l’occasion de respecter enfin les
engagements de la France, ceux de la loi
de transition énergétique de 2015, qui
engageait la sortie du nucléaire et
donnait le pouvoir au Parlement après
des années de confiscation
technocratique des choix énergétiques.
Elle devait être également une étape
indispensable vers les engagements de
l’Accord de Paris et la réduction des
émissions de gaz à effet de serre.
Malheureusement,
malgré un discours soigné, malgré la
reprise d’éléments de langages
environnementalistes et des tentatives
de laisser entendre que la « grogne
sociale » serait comprise, il n’en est
rien. Derrière la façade de ces belles
lettres, le flou des propositions mises
en avant sonne comme une régression à la
fois sociale et environnementale.
La loi sur les
mobilités venait déjà donner le ton en
laissant le verrou de Bercy décider.
Pour rénover nos petites lignes
ferroviaires, pour améliorer nos
transports collectifs, pour favoriser le
vélo, nous avons besoin de moyens
financiers. L’un des moyens était la
mise en place d’une redevance
poids-lourds sur laquelle le
gouvernement a choisi de reculer. De
même, le choix de favoriser des projets
rétrogrades comme le « Lyon-Turin »,
montre que l’orientation du gouvernement
va coûter cher à l’Etat et à la planète.
Pour que la
transition ne laisse personne sur le
bord du chemin, il est nécessaire
d’allier au plan de transition vers les
renouvelables un plan de réduction de la
consommation d’énergie, particulièrement
via l’isolation des bâtiments. Or si la
questions des passoires thermiques est
évoquée, aucune mesure concrète ne vient
répondre à la difficulté réelle des
personnes concernées.
Pour que la
transition soit possible et acceptable,
la charge de son financement devrait
être partagée et les grandes
entreprises, particulièrement les plus
polluantes, mises à contribution. Or le
financement, tel qu’exposé par le
président, continue à peser
intégralement sur l’impôt des
particuliers, et pas des plus favorisés.
Pour que la
transition soit réelle, permettre
l’essor des renouvelables et prendre le
tournant de l’efficacité et de la
sobriété énergétique, il est urgent de
sortir du gouffre du nucléaire. Or, si
le président rappelle que la France doit
avancer vers une indépendance
énergétique, il omet volontairement le
nucléaire dont les matières premières
rendent pourtant la France dépendante de
la situation politique de pays tiers.
Pire, il laisse à EDF le choix du
calendrier, propose le scénario quasi
minimal de fermeture de réacteurs et
refuse au passage la fermeture
définitive des centrales concernées.
Cette PPE devait
permettre de garantir aux Français-es un
avenir énergétique durable : encore une
fois, le gouvernement a renoncé.
Julien Bayou et
Sandra Regol, porte-parole
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