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Communiqué Amnesty International France
Les propos de Bernard Kouchner méritent clarification
Jeudi 11 décembre 2008 Le 10 décembre 2008, jour du 60ème
anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l’homme, Bernard Kouchner a fait des déclarations ambiguës qui
ont amené une polémique regrettable : « il y a contradiction
permanente entre les droits de l’homme et la politique étrangère
d’un Etat, même en France »
Le Parisien 10 décembre 2008, Grand entretien, l'interview choc
de BERNARD KOUCHNER, ministre des Affaires étrangères.
Les propos tenus par Nicolas Sarkozy le 16 mai 2007, lors de son
discours d’investiture, étaient pourtant prometteurs : « je
ferai de la défense des droits de l'homme et de la lutte contre
le réchauffement climatique les priorités de l'action
diplomatique de la France dans le monde ». Le ton était
alors donné.
Selon Stephan Oberreit, Directeur général d’Amnesty
International France (AIF) : « Monsieur Kouchner doit
préciser ses propos. Car, au-delà du débat sur l’utilité d’un
secrétariat aux Droits de l’homme, il semble remettre en cause
le fait que les droits humains doivent être un paramètre majeur
de la diplomatie française. »
AIF ne se prononce pas sur la nécessité de créer un ministère ou
un secrétariat d’Etat chargé des droits de l’homme. AIF est en
contact régulier avec les responsables politiques et assez au
fait de ces questions pour savoir que l’existence d’un tel
ministère ne suffit pas en soi pour faire reculer les violations
des droits de l’homme dans le monde et dans le pays considéré.
Il est à rappeler que, selon l’étude de la
CNCDH «Diplomatie et droits de l’homme» de 2008: «
la nature transversale des droits de l’homme implique qu’ils
fassent partie de l’agenda de tous les ministères ou services
impliqués dans tous les domaines de la politique étrangère. Mais
cette intégration ne peut être efficace si elle n’est pas
continuellement impulsée, guidée et contrôlée par une instance
coordinatrice dotée de l’expertise et de moyens suffisants et
d’un soutien politique affirmé ».
La France, qui est partie prenante à de nombreux textes
internationaux et qui occupe une place significative sur la
scène internationale, a des responsabilités importantes. Elle
doit promouvoir, respecter et protéger les droits humains à
l’intérieur de ses frontières comme à l’extérieur, à travers sa
politique intérieure comme dans ses relations bilatérales ou au
sein des instances internationales ou régionales.
Pour être en accord avec ses engagements internationaux, sa
devise et ses valeurs, la France doit condamner sans ambiguïté
les violations des droits humains et placer ces derniers au cœur
de ses politiques intérieure et internationale.
Dans chaque instance dont elle est membre, dans tous les lieux
où sa voix porte, au plan national comme à l’international, la
France doit être un ferment du progrès des droits humains.
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