En direct de Gaza
Trois ans après,
la situation est de pire en pire à Gaza
Ziad Medoukh
Vendredi 7 juillet 2017
7 Juillet 2014, 7 juillet 2017 ! Trois
ans déjà, trois ans se sont écoulés
depuis le début de la dernière
agression israélienne contre la bande de
Gaza en juillet-août 2014-la troisième
en cinq ans-. C’est comme si c’était
hier, un événement terrible en
Palestine, un véritable carnage à Gaza,
des crimes et des massacres israéliens
contre des civils et des innocents.
Cette attaque avait pour objectif de
briser la volonté d’une population
résistante, d'une population courageuse
qui a résolu de défier le blocus, mais
qui a surtout décidé de rester attachée
à sa terre, en dépit de toutes les
difficultés et des mesures atroces d’une
occupation aveugle.
C’est difficile de revenir sur les
événements tragiques de cette dernière
offensive contre la population civile de
Gaza, une offensive menée par une
puissance militaire contre des enfants,
des femmes, des personnes âgées, et des
innocents, dans un territoire enfermé,
isolé et soumis à un blocus inhumain,
offensive qui a duré plus de 50 jours. Ou de rappeler les
pertes humaines de ce nouveau pilonnage
- plus de 2200 morts, parmi eux, 600
enfants, et 11000 blessés, civils et
enfants en majorité-, sans oublier la
destruction massive de l'infrastructure
civile de la bande de Gaza.
Personne ne pourra
oublier ce drame, parce que le monde
entier le connaît, mais un seul mot pour
dire à ce monde que rien n’a changé dans
notre région oubliée, trois ans après ce
nouveau massacre contre nos civils.
Ces jours-ci, les
Palestiniens en général, les habitants
de Gaza en particulier et avec eux, tous
les solidaires internationaux,
commémorent le troisième anniversaire de
l’agression israélienne de l’été 2014.
Difficile
d’oublier- et il sera difficile
d’oublier, même après des années et des
années-, difficile de sortir de nos
mémoires ces images bouleversantes de 50
jours de bombes, de missiles et
d'attaques sanglantes.
Il est impossible
pour nous Palestiniens de Gaza d’oublier
la guerre, les morts et les blessés, les
maisons et les écoles détruites, les
massacres, et les crimes commis par
cette armée d’occupation, contre nos
femmes et nos enfants, contre nos biens
et nos structures, contre notre volonté
et notre résistance, contre notre avenir
et notre existence.
Comment pourrait-on
effacer les événements dramatiques de
cette guerre israélienne contre la
population civile de Gaza ? Lequel
d’entre nous pourrait oublier les pertes
humaines, la destruction massive de nos
infrastructures civiles ? Y-a-il un seul
palestinien de Gaza qui n’ait pas été
touché directement ou indirectement par
les attaques sanglantes d’une armée
d’occupation qui visait avant tout les
civils ?
Trois ans après :
les projets de reconstruction privé ou
public avancent mal dans les rues de
Gaza qui témoignent de la barbarie subie
pendant ces 50 jours : ruines des
maisons, des immeubles, des mosquées,
des écoles, des stades, des usines ou
des bâtiments détruits et visés par les
bombardements israéliens.
Trois ans après :
les attaques et les agressions se
poursuivent jour et nuit provoquant la
mort de civils et des dégâts importants.
Et cela se poursuivra tant que ces
crimes resteront impunis, et tant que
cet état d’apartheid et d’occupation ne
sera pas jugé pour les crimes de guerre
commis contre les enfants de Gaza.
Trois ans après :
rien n’a changé pour les sans-abris,
plus de 3.000 habitants vivent toujours
sous des tentes, dans des caravanes
inhabitables, ou à côté des ruines de
leurs maisons détruites dans des
conditions très difficiles, beaucoup
d’habitations n’ont pas été réparées, à
cause du maintien du blocus et de
l’interdiction d’entrée, par ordre
militaire israélien, des matériaux de
construction.
Trois ans après :
beaucoup d’événements se sont passés en
Palestine, notamment le déclenchement
d’un soulèvement populaire en
Cisjordanie, dans la région, avec les
conflits et les guerres dans des pays
arabes, et dans le monde, avec l’arrivée
d’un nouveau président aux U.S.A., mais
pour la population civile de cette
région abandonnée : rien n’a changé.
Trois ans après :
Gaza est toujours sous blocus, Gaza
subit les bombardements et les raids
israéliens, Gaza est plus que jamais une
prison à ciel ouvert. Et l’armée de
l’occupation poursuit sa politique
agressive à l’encontre des civils.
Trois ans après
cette nouvelle offensive, la situation
stagne, au contraire, elle devient de
pire en pire, rien ne bouge. Pour plus
de deux millions habitants toujours
enfermés, cette situation reste très
grave à tous les niveaux, surtout sur le
plan humanitaire, malgré, partout dans
le monde, la mobilisation internationale
contre les crimes israéliens et malgré
les promesses de reconstruction rapide.
Trois ans après,
aucune enquête officielle a été faite
pour juger les criminels de guerre
israéliens, et aucune commission
internationale s’est rendue sur place
pour constater l’ampleur de cette
horreur absolue.
Trois ans après,
suite à leur résistance remarquable
contre les armes de l'aviation, de la
marine et la force terrestre
israéliennes, rien ne semble différent
pour les Palestiniens de Gaza, toujours
à la recherche d'une solution politique
et pas seulement humanitaire. Les
passages et les frontières avec
l'extérieur sont souvent fermés par
ordre militaire israélien et les
produits alimentaires et autres qui
entrent à Gaza sont rares. Les autorités
israéliennes ouvrent le seul passage
commercial qui relie la bande de Gaza à
l’extérieur deux ou trois fois par
semaine pour permettre l'entrée de 300
camions et de quelques convois
humanitaires. Parmi ces camions, 5 à
6 seulement contiennent des matériaux de
construction, souvent destinés aux
projets internationaux. Ce passage se
ferme sous n’importe quel prétexte, par
décision israélienne, sans prendre en
considération les besoins énormes de la
population civile.
Chaque foyer à Gaza
n’a droit qu’à 4 heures d’électricité
par jour, et quelque fois deux heures,
car la seule centrale électrique, qui a
été détruite en juillet 2014, ne
fonctionne pas, par manque de fioul et
de carburant. Les conséquences sont
dramatiques pour les hôpitaux, les
centres médicaux, et les institutions
éducatives.
L’armée israélienne
viole presque tous les jours l’accord du
cessez le feu et ne respecte pas la
trêve. Souvent, les chars mènent des
incursions dans la bande de Gaza. Les
soldats contrôlent toujours les zones
tampons sur les zones frontalières et
tirent sur les paysans. La marine
empêche l’extension de la zone de pêche
et tire sur les pêcheurs palestiniens et
leurs bateaux. Malgré la retenue des
factions de Gaza, l’armée d'occupation
poursuit ses provocations.
Les Palestiniens de
Gaza craignent la reprise des attaques
israéliennes à n’importe quel moment et
sous n’importe quel prétexte, car la
communauté internationale officielle qui
a gardé un silence complice durant la
dernière offensive israélienne, n'exerce
pas de pressions sur le gouvernement
israélien afin qu'il lève le blocus
imposé à la population depuis plus de
dix ans.
Les habitants de
Gaza, épuisés à la fin de cette nouvelle
agression, ont peur pour leurs enfants
et leur avenir. Ils espèrent le début
rapide des projets de reconstruction,
notamment après les promesses
internationales.
L’aspect le plus
grave de toute cette situation
difficile, aspect qui marque l’esprit de
la majorité des habitants, est l’absence
de perspectives pour ces habitants qui
ne voient aucun changement. C’est un
sentiment horrible qui va influencer
l’avenir de cette génération, surtout
des jeunes.
Les Palestiniens de
Gaza attendent et attendent. Ils n’ont
pas d’autre choix que d’attendre. Ils
attendent une ouverture, ils attendent
la levée de ce blocus inhumain, imposé
depuis plus de dix ans, ils attendent
une réelle réaction internationale qui
mette fin à l’impunité de cet occupant.
Ils attendent avec un courage à toute
épreuve, une sérénité exemplaire et une
volonté remarquable. Ils attendent avec
un message simple est claire : nous
n’oublierons pas.
En attendant, à
Gaza, la vie continue, ses habitants
confiants et déterminés s’adaptent et
montrent une patience extraordinaire,
ils tiennent bon, persistent,
patientent, résistent, restent à côté de
leurs maisons détruites, mais surtout,
ils continuent d’espérer, espérer un
changement radical, une solution
politique. Ils espèrent en un lendemain
meilleur, un lendemain de liberté, de
paix, mais, avant tout et surtout, un
lendemain de justice.
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