En direct de Gaza
Le deuxième anniversaire du soulèvement
populaire en Palestine
Quand les jeunes abandonnés se
révoltent !
Ziad Medoukh
Mardi 3 octobre 2017
2 octobre 2015, 2 octobre 2017, deux ans
depuis le déclenchement du soulèvement
populaire dans les territoires
palestiniens, notamment en Cisjordanie
occupée, et dans la ville de Jérusalem.
Deux ans, et les jeunes palestiniens
poursuivent leurs actions pacifiques et
spontanées contre les soldats et les
colons israéliens.
Une révolte de jeunes de plus en plus
déterminés contre les soldats occupants
et contre les colons agresseurs. Ces
jeunes, qui affrontent les forces de
l’occupation avec des pierres et leurs
poitrines nues et qui quelques fois
attaquent soldats et colons sur les
check-points, voient leur avenir
oblitéré par la colonisation et des
mesures israéliennes contre toute une
population civile.
Ces jeunes de la
génération d’Oslo, souvent désespérés
après 24 ans de processus de paix sans
résultats concrets et sans perspectives
pour l’avenir, manifestent leur colère
contre l’oppression israélienne, contre
l’humiliation et contre l’injustice. Ils
envoient un message clair au monde
entier, exprimant que les accords d’Oslo
sont mort-nés.
Malgré les
représailles sanglantes de la part des
soldats qui répondent tout le temps par
des balles réelles, et qui tuent les
civils palestiniens de sang froid, et
malgré les provocation des colons, les
jeunes répondent par des manifestations
pacifiques et une résistance exemplaire,
et les attentats de ces jeunes ne vont
pas au-delà de l’attaque au couteau.
En deux ans, le
bilan est très lourd au niveau des
pertes humaines côté palestinien : plus
de 320 morts, parmi eux 270 qui ont
moins de 22 ans, et 34 jeunes filles.
Plus de 15.000 blessés et 7000
incarcérés dont 2000 enfants de moins de
16 ans et 50 femmes.
Les autorités
israéliennes gardent toujours les
cadavres de 20 jeunes palestiniens tués
par l’armée israélienne, et refusent de
les rendre à leurs familles pour les
enterrer, en violation de toutes les
conventions internationales.
Côté israélien, on
compte 60 morts et 900 blessés, tous
sont des soldats et des colons qui se
trouvent d’une façon illégale dans des
territoires palestiniens reconnus
occupés.
C’est vrai, dans la
deuxième année, le nombre d’opérations
contre les soldats et les colons
israéliens a beaucoup démuni, mais les
jeunes palestiniens abandonnés par leurs
autorités et leurs partis politiques,
continuent à mener des actions très
puissantes comme le soutien à la grève
historique des prisonniers palestiniens
en avril 2017, et les événements de
Jérusalem en juillet 2017.
Le gouvernement
israélien d’extrême droite ferait mieux
de comprendre les vraies raisons de ce
soulèvement populaire mené par de jeunes
palestiniens désespérés. Ce
gouvernement, encouragé par les
puissances internationales et par
l’absence d’une position arabe ferme,
poursuit ses attaques et ses agressions
au quotidiens contre les civils
palestiniens.
Un soulèvement qui
se développe notamment en Cisjordanie et
moins dans la bande de Gaza, pour la
simple raison que dans la bande de Gaza,
il n’ y a plus de soldats ni de colons à
l’intérieur des villes et de villages de
cette région sous blocus, même si la
présence militaire israélienne est quasi
quotidienne sur les frontières, dans le
ciel et sur la mer de Gaza.
Un aspect très
important, qui distingue ce soulèvement,
est l’absence d’un soutien officiel et
politique à ces actions, soit par
l’autorité palestinienne, qui est très
impliquée dans des négociations de paix
n’ayant jamais apporté ni liberté ni
amélioration pour les Palestiniens, soit
par les partis politiques et les
factions militaires qui voient dans ce
soulèvement des actions différentes qui
ne s’accordent pas avec leurs principes,
comme la résistance militaire ou les
actions non violentes sur les terrains
confisqués.
Israël profite de
la division en Palestine et des
évènements dans les pays arabes. Les
Palestiniens sont divisés et n’arrivent
pas à adopter une forme unique de
résistance contre l’occupation, et les
pays arabes sont très occupés par les
évènements tragiques dans beaucoup de
pays comme la Syrie, le Yémen, la Libye,
l’Iraq et l’Egypte, ce que laisse
l’armée israélienne agresser les
Palestiniens sans aucune réaction des
partis et factions en Palestine ni des
pays arabes.
Une autre
particularité dans ce soulèvement, c’est
la participation de jeunes filles dans
les manifestations pacifiques, dans le
jet de pierres et même dans les attaques
de soldats avec des couteaux. Cela
montre un courage et une détermination
de la part de ces jeunes filles,
absentes de la deuxième intifada, qui
reviennent et participent activement
soit directement soit en soutenant les
jeunes révoltés.
Les jeunes
participants à ce soulèvement sont en
train de développer une nouvelle forme
de résistance, qui se base sur la
spontanéité des actions menées contre
les soldats et les colons, et la
continuité dans la durée.
Depuis deux ans, la
situation est toujours explosive dans
les territoires palestiniens, et toutes
les mesures israéliennes de sécurité
n’ont pas réussi à arrêter ou à
infléchir ce soulèvement. Les jeunes
sont toujours déterminés, ils montrent
un courage exemplaire et une volonté
remarquable malgré le manque de soutien
et l’absence d’une vraie organisation et
d’encadrement.
Malgré ces attaques
sanglantes par l’armée de l’occupation
israélienne, malgré le bilan lourd de
ces attaques, et en dépit du silence
complice de ce monde, les Palestiniens
sont de plus en plus déterminés, ils
vont poursuivre leur soulèvement
populaire, il n’y a pas de retour en
arrière, la lutte des Palestiniens pour
leur liberté se poursuit.
La lutte continue
et le combat se poursuit jusqu’à la
réalisation de toutes nos
revendications, jusqu’à la liberté,
jusqu’à l’installation d’une paix
durable dans notre région, une paix qui
passera avant tout par la justice.
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