La Voix de
la Russie
Vladimir Poutine a
répondu aux questions des journalistes
Victoria Issaïva
Photo: RIA
Novosti
Jeudi 19 décembre 2013
La neuvième « grande conférence de
presse » de Vladimir Poutine dont le but
est de dresser le bilan d’une année
politique a touché à sa fin. Cette année
le président russe répondait aux
questions des journalistes pendant 4h3m.
Plus de 1300 journalistes russes ainsi
qu’étrangers ont pris part à la
rencontre avec le chef d’Etat de la
Russie. Bien que le porte-parole de
Poutine Dmitri Peskov ait annoncé à la
veille de la conférence que le président
Poutine n’allait pas faire de
déclarations sensationnelles, celui-ci
en a fait tout de même une juste après
l’entretien avec les journalistes :
l’ex-chef d’Yukos Mikhail Khodorkovski
va être gracié.
Lors de la conférence Poutine a apporté
ses commentaires sur les problèmes
intérieurs et la politique extérieure du
pays. Dans un premier temps, le
président a fait savoir que le PIB de la
Russie a augmenté cette année de 1,4-1,5
%, l’inflation en baisse de 0,5 %.
La première question adressée à Poutine
portait sur la décision de la Russie
d’investir 15 milliards de dollars et de
baisser le prix du gaz pour l’Ukraine.
Vladimir Poutine a remarqué que cette
décision est dûe au fait que la Russie
et l’Ukraine sont deux nations sœurs et
que la Russie est obligée d’aider le
peuple frère.
« Nous utilisons souvent le terme
de « pays fraternel », de « peuple
fraternel ». Nous voyons aujourd’hui que
l’Ukraine se trouve dans une situation
difficile, que ce soit du point de vue
économique ou politique. Cette situation
a plusieurs causes mais c’est une
réalité objective. Si nous disons que
c’est notre peuple fraternel, notre pays
fraternel, nous devons agir en tant que
membres de la même famille et soutenir
le peuple ukrainien qui se trouve dans
cette situation difficile. Je vous
assure que c’est la principale raison
pour laquelle cette décision a été
prise. Nous ne s’opposons pas à
l’association, nous devons protéger
notre économie à nous. Nous agissons
dans l’intérêt du peuple ukrainien.
C’est la lutte politique qu’on voit
aujourd’hui en Ukraine et la signature
de l’accord d’association n’est qu’un
prétexte. »
Les journalistes étaient également
inquiets du sort d’Edward Snowden. On a
demandé si Vladimir Poutine le
connaissait en personne. Il se trouve
que le président russe n’a jamais vu
l'ex-consultant de la NSA : la Russie a
seulement lui accordé l'asile. Le
président à par ailleurs souligné que
les autorités russes n’avaient pas tenté
de connaître les détails du
fonctionnement des services secrets
américains à l’égard de la Russie.
« Je vous dirai en jargon presque
professionnel : sur le plan
opérationnel, nous ne travaillons pas
avec lui et nous n’avons jamais
travaillé avec lui. Et nous ne
l’embêtons pas avec les questions du
genre quoi et comment les services
secrets faisaient en ce qui concerne la
Russie, ni où il a travaillé», a
expliqué Poutine. Le chef de l’Etat a
par ailleurs souligné que grâce à
Snowden « des millions de
personnes ont eu le déclic. »
En Occident on accuse souvent la Russie
de garder les valeurs traditionnelles
propres à un pays chrétien, de suivre sa
voie et de ne pas adopter des valeurs
dites « progressives ». Dans son
discours Vladimir Poutine a évoqué ce
sujet :
«Ce qui compte pour moi ce n'est
pas le fait de critiquer les valeurs
occidentales, mais l'importance de
protéger notre société contre des
pseudo-valeurs que nos citoyens ont du
mal à accepter ». C’est pourquoi
les autorités russes feront tout le
possible pour protéger les gens contre
le comportement de certains groupes
sociaux qui «non seulement vivent
à leur façon, mais imposent en outre de
manière agressive leur point de vue aux
citoyens d'autres pays.». Poutine
a par ailleurs rappelé que l’idéologie
de l’URSS était quasi-religieuse et que
le code du constructeur du communisme
est une copie de la Bible bien qu’assez
piteuse. Il a souligné qu’il jugeait
important de protéger la société russe
qui voyait ses valeurs traditionnelles
attaquer.
En commentant les informations diffusées
par certains médias et concernant le
déploiement de missiles Iskander dans la
région de Kaliningrad, Poutine a déclaré
qu’une décision n’avait pas encore été
prise. « Je voudrais noter que
nous n'avons pas encore décidé (de
déployer ces missiles), gardez votre
calme », a-t-il indiqué en
soulignant que les missiles Iskander
n’étaient pas le seul moyen de défense
et de réaction aux menaces qui
entouraient la Russie.
« L’arme nucléaire tactique des
Etats-Unis est déployé en Europe. Les
Européens n’en ont pas le contrôle. Un
autre segment très important de l’arme
stratégique américaine déployé en
périphérie de l’Europe est en train de
faire son apparition. Je parle du
bouclier antimissile. Nous avons à
maintes reprises fait savoir que le
bouclier antimissile constituait une
menace pour nous, pour notre potentiel
nucléaire. Et que nous devions y réagir
d’une façon ou d’une autre. Si je me
souviens biens c’est mon prédécesseur
qui avait déjà dit que le déploiement de
missiles dans la région de
Kaliningrad étaient considéré comme
l’une des options en ce qui concerne
notre réaction. Il n’y a rien de nouveau
», a déclaré Poutine.
Les journalistes n’ont pas manqué
d’évoquer l’action scandaleuse de
Greenpeace. Le président russe a fait
savoir à ce propos qu’il soutenait tous
ceux qui protégeaient la nature mais pas
ceux qui cherchaient à en faire un moyen
de publicité et d’enrichissement
personnel. Poutine a insisté qu’il
n’allait pas adoucir sa position
concernant l’infraction commise par
Greenpeace. Selon le président, la
mission du bateau Arctic Sunrise pouvait
être commanditée avec pour l’objectif de
torpiller les travaux de prospection
russes en Arctique. Le chef de l’Etat a
en outre précisé que les militants de
Greenpeace pourraient être amnistiés et
ce serait bien, si c’était le cas, mais
que l’amnistie n’avait pas été adoptée
spécialement pour eux.
Pour ce qui est du succès de la Russie
en matière du règlement du conflit
syrien, Vladimir Poutine a dit que la
Russie pouvait être fière de sa position
de principe sur ce dossier. « Nous
estimons avoir largement contribué à la
résolution des problèmes urgents qui
s’étaient accumulés depuis de nombreuses
années, en ce qui concerne la Syrie mais
aussi le dossier nucléaire iranien mais
nous sommes loin d’être les seuls à le
faire afin de la communauté nationale
puisse s’avancer dans la résolution de
ces problèmes. Sans notre collaboration
avec les Américains, avec les Européens,
avec nos amis chinois il aurait été
impossible d’obtenir ces résultats-là».
En 2014 la Russie présidera le G8. Le
président a assuré qu’elle respecterait
le principe de continuité pendant sa
présidence. En évoquant des mécanismes
concrets à mettre en place Poutine a
précisé que les sherpas cherchaient les
sujets les plus importants et actuels
tout en élaborant ensemble des textes
acceptables pour tous les Etats. Le chef
de l’Etat russe a par ailleurs attiré
l’attention sur le rôle clé des Nations
unies dans les questions
internationales.
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La Voix de la Russie
Publié le 20 décembre 2013
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