LE CRI DES PEUPLES
Les États-Unis admettent qu’ils sont
responsables
de la faim en Syrie
Steven Sahiounie
Vendredi 26 juin 2020 Par Steven
Sahiounie, journaliste et analyste
politique
Source :
Mideast Discourse, 11 juin 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
L’envoyé spécial
des États-Unis en Syrie, James Jeffrey,
a annoncé dimanche que Washington avait
proposé à la Syrie de mettre fin aux
sanctions américaines. Le ministère des
Affaires étrangères et des Expatriés à
Damas a déclaré que les déclarations de
James Jeffrey constituaient un aveu
clair de la part de l’administration
Trump qu’elle était directement
responsable des souffrances des Syriens.
Les Syriens considèrent les sanctions
croissantes comme une guerre économique,
imposée après l’échec des
États-Unis à provoquer un « changement
de régime » en utilisant des terroristes
soutenus par la CIA (comme le reconnaît
même le
New York Times). Damas déclare que
les sanctions violent les droits de
l’homme et le droit international car
elles affectent la population syrienne.
Le Président Trump
a hérité de la guerre en Syrie fomentée
en premier lieu par son prédécesseur,
l’ancien Président Obama. En 2016, Trump
a fait campagne en promettant d’arrêter
le soutien américain à la guerre en
Syrie ; cependant, il a depuis envahi et
occupé plusieurs zones en Syrie et a
déclaré qu’il était là pour empêcher la
Syrie d’utiliser ses ressources en
pétrole. Quant à la Russie, elle est
entrée en Syrie en 2015 à la demande de
Damas pour aider à la lutte contre les
terroristes d’Al-Qaïda et de Daech.
L’Iran et le Hezbollah étaient
intervenus aux côtés de Damas
respectivement en 2011 et 2013.
Les sanctions les
plus récentes sont prévues pour durer 5
ans et peuvent être levées si
sept critères sont remplis ;
cependant, les deux premiers points sont
conçus spécifiquement pour empêcher la
lutte contre les terroristes d’Al-Qaïda
qui contrôlent Idlib et détiennent
environ 3 millions de personnes comme
boucliers humains. La Syrie et la
Russie, son alliée en Syrie, ont toutes
deux déclaré que vaincre le terrorisme
était un objectif stratégique.
Les sanctions
américaines contre la Syrie se sont
accumulées en diverses couches depuis
1979 et ont augmenté au cours de la
période 2011-2020, aboutissant aux
sanctions les plus récentes de ce
mois-ci. Certains représentants de l’ONU
et des ONG occidentales ont dénoncé les
sanctions comme inefficaces et
inhumaines.
Un
homme d’affaires de Damas a déclaré
: « Les sanctions aideront à empêcher la
Syrie de parvenir à une quelconque forme
de rétablissement », tout en ajoutant :
« Les riches expatriés ne reviendront
pas tant que des sanctions seront en
vigueur ».
Le frère Firas
Lutfi, de l’ordre franciscain des
Gardiens de la Terre Sainte, a accordé
une
interview vidéo à « Rome Reports »,
dans laquelle il a donné son témoignage
de première main sur la Syrie avant,
pendant et après la guerre. Il a rappelé
son ancienne vie à Alep et a expliqué le
sort des chrétiens persécutés, qui
avaient joui de la pleine liberté de
religion en Syrie jusqu’à ce que les
terroristes d’Al-Qaïda déferlent sur le
pays suite à l’attaque coordonnée par
les Frères musulmans qui a commencé en
2011.
Les terroristes ont
été vaincus, à l’exception d’Idlib ;
cependant, une nouvelle forme de terreur
est arrivée sous la forme du virus
COVID-19. Bien que le nombre de cas soit
faible en Syrie, l’effet du confinement
a conduit à la pauvreté, car les revenus
ont été arrêtés.
Le frère Lutfi a
téléphoné à un ami en Syrie, qui lui a
affirmé : « Je préfère mourir du
coronavirus que de faim. Je ne peux pas
me permettre de voir mes enfants mourir
sous mes yeux, sans pouvoir rien faire.
»
Le prix des
aliments de base en Syrie a augmenté de
111% en un an. Le coût de la nourriture,
des médicaments et d’autres produits de
base grimpe en flèche sur les marchés
syriens, tandis que la livre syrienne
s’effondre en valeur. La valeur de la
livre syrienne sur le marché informel
est passée d’environ 940 livres pour un
dollar américain en janvier à un taux de
change d’environ 4 000 livres pour un
dollar récemment. De 1992 à 2011, le
taux est resté stable à 50 livres
syriennes pour 1 dollar. Les années de
guerre et les sanctions américaines ont
dévalué la monnaie syrienne et plongé
les Syriens de la classe moyenne dans la
pauvreté.
Depuis peu,
certains magasins et pharmacies gardent
leurs portes fermées car la valeur de la
monnaie baisse trop vite. La hausse des
prix des produits essentiels, dont le
gaz de cuisine et le pain, cause des
souffrances. Même dans les zones qui
n’ont pas été attaquées par des
terroristes et qui ont passé la guerre
dans un calme relatif, les effets des
sanctions, qui se sont traduites par une
guerre économique, se font ressentir.
Le Programme
alimentaire mondial des Nations Unies a
rapporté une enquête en avril selon
laquelle environ un tiers de la
population ne mangeait pas suffisamment,
tandis que 87% avaient épuisé leurs
économies après 9 ans de guerre.
La zone contrôlée
par Al-Qaïda à Idlib utilise le dollar
américain et la livre turque et a été
épargnée par la crise monétaire. Il en
va de même pour certaines parties du
Nord-Est sous contrôle kurde, allié des
États-Unis, qui utilisent également des
dollars américains dans une large
mesure. Les deux zones échappent au
contrôle de Damas, et reçoivent ainsi
une aide substantielle de l’ONU et des
organisations caritatives
internationales, qui ne fournissent ni
nourriture ni aide au reste de la Syrie.
Les États-Unis et l’UE n’ont fourni
aucune nourriture ou aide à aucun
endroit en Syrie qui est sous contrôle
de l’Etat syrien.
Les sanctions
américaines n’ont pas réussi à atteindre
leur objectif de « changement de régime
» à Damas, mais ont grandement réussi à
faire souffrir le peuple syrien, même
s’il a survécu à 9 ans d’attaques
terroristes, d’occupations, de morts, de
blessés et de destructions, et continue
de souffrir de la guerre économique.
Un professeur
d’école à Lattaquié a
déclaré : « Nous pensions que si
nous résistions aux terroristes et les
vainquions, nous reconstruirions les
maisons, les écoles, les hôpitaux et les
fermes perdus et commencerions une
nouvelle vie d’après-guerre. Maintenant,
la guerre est finie et nous ne pouvons
rien reconstruire, et notre vie est
encore pire maintenant que nous sommes
en temps de paix. Où (sont les fruits
de) notre victoire sur le terrorisme ?
Pourquoi les États-Unis nous
punissent-ils pour avoir vaincu les
terroristes ? »
Les dernières
sanctions américaines visent à empêcher
toute reconstruction des infrastructures
endommagées pendant la guerre, notamment
les maisons, les magasins, les
entreprises, les usines et les
infrastructures telles que les écoles et
les hôpitaux.
Les sanctions
américaines prévoient des exemptions
pour « l’aide humanitaire », qui
comprennent la nourriture, les
fournitures et les virements bancaires à
des fins humanitaires. Cependant, ces
exemptions sont purement théoriques et
n’ont jamais été appliquées, car les
formalités administratives et le temps
nécessaires pour obtenir une dérogation
du gouvernement américain sont tellement
drastiques qu’ils
rendent l’exemption inutile.
Voir
Nasrallah : Trump veut affamer le
Liban et la Syrie, le Hezbollah brisera
le siège et tuera les assaillants
L’administration
Trump, le Congrès américain et de
nombreux groupes syro-américains ont
salué les nouvelles sanctions extrêmes
contre la Syrie. Alors que les personnes
vivant aujourd’hui en Syrie souffrent
des sanctions, ces Syriens vivant aux
États-Unis et en Europe prospèrent et ne
sont pas affectés par cet étranglement
économique.
Azhdar Kurtov, de
l’Institut russe des études
stratégiques, a expliqué dans une
interview à RT : « La Syrie est
devenue une ‘écharde’ désagréable dans
la politique américaine au Moyen-Orient.
De plus, ce n’est pas seulement une
défaite locale ; c’est surtout la preuve
de l’effondrement des ambitions
mondiales des États-Unis. »
Olmert : Si
Assad avait conclu un accord avec moi,
il n’y aurait pas eu de guerre civile en
Syrie
Source :
Al-Manar, 15 juin 2020
L’ex-Premier
ministre israélien Ehud Olmert a révélé
les réelles causes de la guerre lancée
contre la Syrie à partir de 2011.
Lors d’une
interview avec le journal saoudien
arabophone Elaph,
publié le 11 juin, il a affirmé avoir
demandé en 2008 à Recep Tayyip Erdogan
qui était alors Premier ministre turc,
de lui arranger une rencontre avec le
président syrien Bachar al-Assad.
« Je suis arrivé
là-bas, Erdogan m’a dit que l’avion qui
devrait transporter Assad à Ankara se
trouvait sur l’aérodrome de Damas. En ma
présence, Erdogan a appelé le président
syrien et il m’a dit qu’il est de
l’autre côté de la ligne et il s’est mis
à lui parler. Je suis alors sorti de la
chambre parce que je ne voulais pas y
rester pendant la conversation
téléphonique et je ne comprenais pas ce
qu’il y a eu entre eux. Finalement Assad
n’est pas venu à ma rencontre », a-t-il
raconté durant son entretien.
Selon cet
ex-Premier ministre condamné à 18 mois
de prison ferme pour corruption , le
numéro un syrien « a perdu une occasion
pour faire la paix avec Israël ».
« S’il avait conclu
un accord avec moi, il n’y aurait pas eu
de guerre civile en Syrie et les
Etats-Unis et l’Europe lui auraient
ouvert grandes leurs portes », a-t-il
ajouté.
« Si Bachar al-Assad
s’était mis d’accord avec nous, il
aurait obtenu un grand soutien, il
n’y aurait pas eu de guerre civile », a
insisté Olmert une deuxième fois durant
l’interview.
Voir
Nasrallah : la Syrie triomphe, Israël
mène une guerre imaginaire
Ces révélations
confirment les accusations que le
conflit syrien n’a rien d’une guerre
civile et qu’il s’agit d’une guerre par
procuration israélienne et occidentale,
via des éléments régionaux et
locaux et qu’elle a été planifiée parce
que la Syrie est un pilier de l’axe de
la résistance.
Pendant les
premières années du conflit, les
responsables israéliens ont adopté un
profil bas, pour dissimuler leur
responsabilité et faire croire que la
guerre est civile. Etaient de mêche dans
cette tactique les autres protagonistes
qui ont alimenté et financé cette
guerre, dont les puissances
occidentales, les monarchies du Golfe et
la Turquie. Ils ont pendant longtemps
caché leur rôle dans la militarisation
du mouvement de contestation qui a
éclaté en Syrie dans le sillage du
Printemps arabe. Le succès de ce complot
dépendait de cette arnaque. Et elle
n’est certes pas la seule dans cette
guerre. Les historiens syriens ont le
devoir de les dévoiler.
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