Discours
Hassan Nasrallah : comme la Syrie,
le
Liban doit riposter aux violations
israéliennes

Dimanche 25 février 2018
Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 16 février 2018, à
l'occasion de la commémoration des
dirigeants martyrs du Hezbollah (Cheikh
Ragheb Harb, Sayed Abbas Mousawi, Hajj
Imad Moghniyeh)
Traduction :
http://sayed7asan.blogspot.fr/
Transcription
:
[..] En ce qui
concerne les violations quotidiennes de
l'espace aérien libanais (par Israël),
n'est-ce pas à l'Etat libanais (d'y
faire face) ? Il n'est pas convenable,
comme je l'ai remarqué durant les 2 ou 3
dernières semaines, que les déclarations
libanaises officielles ne parlent que
(des violations israéliennes) sur le
territoire et la mer. En tant qu'Etat
libanais, n'avons-nous pas un espace
aérien ? Nous n'avons pas d'espace
aérien ? Avons-nous renoncé à notre
espace aérien et signé une reddition
complète sur notre souveraineté là-haut,
notre souveraineté aérienne, pour ne pas
dire notre souveraineté céleste ? Eh
bien, qu'en est-il de cette question ?
Notre espace aérien
est continuellement violé, sans aucune
gêne, chaque jour, chaque heure, et des
attaques sont menées contre la Syrie et
d'autres pays voisins depuis notre
espace aérien. Que doit-on faire face à
cela ? Nous ne disons pas là qu'il
faut... Pour que personne ne dise que le
Sayed [Nasrallah] veut nous embourber
dans la guerre en Syrie. Vous voyez bien
que la Syrie se défend, elle.
Je vais dire deux
mots sur ce qui s'est passé la semaine
dernière. La Syrie est capable de se
défendre (toute seule). Ce qui s'est
passé la semaine dernière est bien sûr
un très grand exploit militaire
(presque) inédit. Et en toute certitude,
l'après ne sera pas comme l'avant
(l'équation a changé radicalement). Et
en toute certitude, à tout le moins, si
on considère l'importance de cet
événement de la manière la plus modeste,
en ce qui concerne Israël, il ne peut
plus tout se permettre sans inquiétude,
exactement comme pour ce qui s'est passé
(pour sa flotte) le jour où nous avons
frappé (la corvette israélienne) durant
la (guerre de) juillet (2006). Depuis ce
jour, Israël fait très attention, et
calcule au mètre près où ses navires
peuvent s'approcher, où ils doivent
s'éloigner, par où ils doivent passer
dans leurs allées et venues, etc.
En ce qui concerne
les mouvements aériens, en toute
certitude, cela aura une influence très
importante sur les déplacements de la
force aérienne israélienne. Les
Israéliens eux-mêmes le reconnaissent.
Ce n'est pas là mon propos. Je ne vais
pas m'étendre sur les causes de cet
événement, ses conséquences pour la
Résistance et l'Axe de la Résistance,
pour les luttes dans la région, etc.
Non. Dans le sillage de mon propos
initial, je veux dire que les dirigeants
syriens, et ce depuis longtemps, depuis
qu'ils sont largement rassurés quant à
la situation interne, ils ont pris une
décision : tout avion de guerre
israélien qui pénètre dans l'espace
aérien syrien doit être
(systématiquement) pris pour cible par
les défenses anti-aériennes. Il n'y a
(lieu à) aucune discussion. Et même si
des missiles sont lancés sur le
territoire syrien (depuis Israël ou le
Liban), les défenses anti-aériennes
doivent riposter. Et cette décision est
appliquée depuis plusieurs mois, mais ce
qui s'est passé la semaine dernière,
c'est que la confrontation était
(particulièrement) âpre, et que Dieu le
Très-Haut et l'Exalté a affermi et
accordé le succès aux tirs
(anti-aériens). « Lorsque tu as lancé
[une poignée de sable en direction de
tes ennemis, ô Prophète], ce n'était pas
toi mais Dieu qui lançait. » [Coran, 8,
17]
Eh bien, ce que je
veux dire ici, après les falsifications
qu'on a pu entendre depuis une semaine,–
car vous savez que depuis des années, il
y a un processus de dénigrement visant à
rabaisser tout ce qui est syrien –,
(falsifications selon lesquelles) la
cause de cet affrontement et de cette
escalade ayant mené à abattre l'avion
israélien serait une décision iranienne,
(ou) une décision russe : mais ce sont
des propos vides de sens. La décision de
riposter aux avions et aux missiles
israéliens dans le ciel syrien est une
décision syrienne, une décision des
dirigeants syriens, une décision de Son
Eminence le Président Bachar al-Assad,
et personne d'autre. Les alliés de la
Syrie (Iran, Russie, Hezbollah) ont
seulement été informés de cette décision
générale (sur tout le territoire
syrien). Eh bien, (voilà pour) cette
décision.
Quant à sa mise en
œuvre, du fait de la campagne de
discrédit lancée contre l'armée
syrienne, les armées arabes, les Arabes
eux-mêmes, et que sais-je encore, qui
aurait abattu l'avion (à en croire ces
propagandistes) ? Qui se serait tenu aux
commandes des défenses anti-aériennes et
aurait abattu l'avion ? Les Iraniens !
Non, les Russes ! Puis (ces
falsifications) se sont amoindries, et
(on a prétendu que) c'est le Hezbollah.
Non, mes chers. Ceux qui ont abattu
l'avion et qui se tenaient aux commandes
des défenses anti-aériennes en Syrie
sont des officiers et des soldats de
l'Armée Arabe Syrienne héroïque.
Et durant ces 7
dernières années, nous nous sommes mêlés
à eux bien plus que lorsqu'ils étaient
au Liban (1976-2005). Lorsqu'ils étaient
au Liban, nous n'étions pas très amis...
Nous nous sommes mêlés davantage à eux,
et nous avons trouvé chez les officiers
et les soldats de l'Armée Arabe Syrienne
un niveau de connaissance, de
savoir-faire, d'expertise,
d'intelligence, de courage et de
précision qui les place à un très haut
niveau. Pourquoi ce dénigrement,
pourquoi ces calomnies dans la
description d'une vérité dont nous
devons tous être fiers, qu'on soit en
accord ou en désaccord avec le régime
syrien ? Partout dans le monde arabe et
musulman, tous doivent être fiers de cet
acte héroïque accompli par l'Armée Arabe
Syrienne et ses défenses anti-aériennes
après une décision de ses (propres)
dirigeants. Cela doit être un objet de
fierté. Bien sûr, nous adressons nos
félicitations (à la Syrie) et nous
exprimons notre fierté et notre joie
face à cette intelligence, cet exploit
et cet acte héroïque.
Revenons à nous (le
Liban) : ces violations (israéliennes)
permanentes, jusqu'à quand vont-elles
durer ? Lorsque (le Secrétaire d'Etat
américain Rex) Tillerson est venu il y a
quelques jours, ou plutôt hier, et avant
lui (son adjoint David) Satterfield,
peut-être que certains – pas nous
évidemment, jamais de la vie –
s'attendaient ou supposaient que les
Américains venaient dire aux
responsables libanais qu'ils étaient
avec eux et à leurs côtés, qu'ils
empêcheraient Israël de mettre à feu et
à sang la situation sécuritaire au
Liban, et ne permettraient pas à Israël
de violer notre souveraineté, qu'ils
accorderaient au Liban ses droits sur
les eaux (territoriales libanaises),
etc. Mais voyez donc ce que fait
réellement le Pentagone. Combien a-t-il
(récemment) demandé pour Israël ? Je ne
sais pas si cela a été octroyé ou pas
encore. Ils ont demandé une aide –
militaire, car il s'agit du Pentagone –
de 3,3 milliards de dollars pour Israël.
Je peux me tromper sur les 300 millions
de dollars (3 milliards 300 millions),
disons donc seulement 3 milliards de
dollars, sans les 300 millions, en aide
militaire pour Israël.
Quant à l'armée
libanaise, les Etats-Unis l'aident, la
soutiennent et la soutiendront
(censément) à hauteur de combien ? 40
millions de dollars. 50 millions de
dollars. O mon frère, disons même 100
millions de dollars. 150 millions de
dollars. De qui se moque-ton ? Les
Etats-Unis donnent à Israël leur plus
important avion militaire stratégique
(le F-35), et quant au Liban, ce n'est
pas qu'on ne lui donne pas d'avions, on
ne lui donne même pas de défense
anti-aérienne pour se défendre et
protéger sa souveraineté.
Quoi qu'il en soit,
ce que je dis ici est qu'à ce stade, en
ce qui concerne Israël, je ne pense pas
que quiconque au Liban se dispute
(encore). En 1982, entre le Hezbollah,
le mouvement Amal, les mouvements
politiques, les partis nationalistes et
islamistes, beaucoup de voix s'élevaient
et se disputaient sur la question de
savoir si Israël était un ennemi ou non,
avait des ambitions (territoriales) au
Liban ou non. Mais aujourd'hui, c'est
terminé. Aujourd'hui, après ce qui s'est
passé et se passe encore (Israël prétend
s'accaparer des gisements de pétrole et
de gaz dans les eaux territoriales
libanaises), y a-t-il un Libanais qui
dispute les ambitions israéliennes au
Liban ? Non. Je ne pense pas que
quiconque remette cela en cause. Y
a-t-il quelqu'un qui dispute le fait que
sur la base de ces ambitions, il y a des
menaces israéliennes contre le Liban ?
Je considère que personne ne le remet en
cause. Par Dieu, cela n'a rien à voir
avec les armes du Hezbollah (dénoncées
par l'alliance libanaise du 14 mars,
opposée à l'alliance du 8 mars dont fait
partie le Hezbollah). Au lieu de
remédier aux causes, les Etats-Unis
prétendent remédier aux conséquences. Eh
bien, pour faire face à ces ambitions et
à ces menaces, nous avons un point de
force (le Hezbollah), et ils s'efforcent
d'en priver le Liban.
Quoi qu'il en soit,
sur cette question, de manière générale,
nous devons rester vigilants et
attentifs. Je ne dis pas que nous nous
dirigeons vers une guerre comme le
prétendent certains médias, analystes et
déclarations. Pour ce qui est de (la
possibilité d'une) guerre, je répète ce
que j'ai toujours dit dans mes
précédents discours : elle dépend de
facteurs multiples. Bien sûr, cela ne
veut pas dire que si Israël affirme ne
pas vouloir la guerre, il faille
nécessairement le croire sur parole.
Peut-être qu'il veut la guerre,
peut-être qu'il ne la veut pas. La seule
chose qui empêche Israël d'entrer en
guerre est son absence de certitude de
la gagner. Et c'est là l'équation que
nous ont léguée nos dirigeants martyrs
(commémorés aujourd'hui). [...]
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