Discours
Hassan Nasrallah sur les sanctions US
: la Résistance
au Liban et en Palestine
n'est pas à vendre

Dimanche 10 juin 2018 Discours du
Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed
Hassan Nasrallah, le 25 mai 2018, à
l'occasion de la commémoration du 18e
anniversaire de la Libération du Liban.
Traduction :
Sayed Hasan (Abonnez-vous au
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Transcription
:
[...]
(Premièrement, nous faisons donc face à)
des pressions sur notre base populaire
pour la punir (de son soutien au
Hezbollah), des pressions
psychologiques, morales, financières,
économiques, visant à la disloquer, à la
diminuer, à l'affaiblir.
Deuxièmement, (des pressions sont
exercées sur) nos amis et nos alliés
pour leur faire peur et qu'ils
commencent à prendre leurs distances
(avec le Hezbollah), du fait des
craintes (de sanctions).
Troisièmement, et c'est là l'objectif
fondamental et le plus important, (ces
sanctions visent à) couper nos sources
de financement, ce qu'ils désignent
comme l'assèchement des sources de
financement du Hezbollah, de la
Résistance au Liban et des mouvements de
Résistance dans la région. Mais ce n'est
pas quelque chose de nouveau, ils y
œuvrent depuis les années 1990. Nous
sommes inscrits sur la liste des
organisations terroristes depuis les
années 1990. C'est dans le but
d'assécher nos sources de financement
que s'inscrivent les pressions continues
contre la République Islamique d'Iran,
qui est notre principal soutien. Et
c'est là une marque d'honneur pour la
République Islamique d'Iran, cela lui
confère un rang et un statut élevé.
Aujourd'hui, quel est le problème des
Etats-Unis avec l'Iran ? Vous avez vu
les 12 exigences du Secrétaire d'Etat
américain (Mike Pompeo) pour qu'ils
puissent reconsidérer leurs relations
avec l'Iran ? Que veulent-il vraiment de
l'Iran ? Qu'il devienne un pays faible,
dépourvu de missiles, sans puissance
nucléaire civile, exclu (des affaires)
de la région, qu'il n'assume aucune
responsabilité et n'ait aucune influence
au niveau régional, qu'il soit, comme
beaucoup de pays, un pays asservi. Que
si (Washigton) lui exige 100 milliards,
(l'Iran) les paie comptant. Que si
(Washington) veut déposer ou mettre en
place tel Président, tel roi ou tel
prince, (l'Iran) s'exécute. Voilà ce
qu'ils veulent de l'Iran. Voilà ce
qu'ils faisaient en Iran à l'époque du
Shah.
Quoi qu'il en soit, parmi les exigences,
il y a l'arrêt du soutien aux mouvements
de Résistance, que (Washington)
caractérise comme terroristes. Et (Pompeo)
a mentionné le Hezbollah et les
mouvements de Résistance palestiniens.
Ainsi, l'une des raisons de ces
pressions contre l'Iran est le fait
qu'elle assume (cette responsabilité à
l'égard de la Résistance à Israël).
De même, (ces sanctions) exercent des
pressions contre tout contributeur ou
bienfaiteur qui peut apporter de
l'argent ou des dons à cette Résistance,
à ses organisations, à ses (familles de)
martyrs, à ses blessés, à ses orphelins,
à ses Résistants, à son infrastructure,
à ses capacités... Tel est leur objectif
(assécher tout soutien financier au
Hezbollah).
Cela fait partie de la lutte. Je n'en
parle pas simplement pour en décrire les
aspects, mais également pour déterminer
notre responsabilité (face à ces
mesures). Elles font partie de la
confrontation, de la bataille actuelle.
Et nous devons, sur le plan
psychologique, comprendre (les visées
de) notre ennemi et prendre conscience
que cela fait partie de la lutte
actuelle.
Il va de soi que lorsque la Résistance
au Liban se dresse depuis 1982 et
proclame son refus du maintien de
l'occupation israélienne au Liban –qui
est également une occupation
américaine–, son rejet du projet
américano-sioniste au Liban, que ce soit
sous la forme d'une occupation, de
l'imposition d'une tutelle politique,
d'une direction politique ou d'accords
de paix avec l'ennemi, (lorsque) nous
refusons tout cela et luttons,
combattons et nous sacrifions, et que
nous infligeons une défaite à cet
ennemi... Lorsque Israël est le projet
primordial pour les Etats-Unis, et la
base militaire avancée des Etats-Unis
dans la région, et que vous vous mettez
en travers de leur chemin, que vous les
confrontez et que vous vainquez l'armée
(réputée) invincible, que vous
l'humiliez et l'expulsez de votre
territoire, humiliée, vaincue,
fuyarde... Lorsque vous réalisez un
tournant stratégique dans la lutte
israélo-arabe du fait de ce qui s'est
passé en 2000, avec ses répercussions à
l'intérieur de la Palestine occupée et
le lancement de l'Intifada... Lorsque
vous êtes à l'origine d'une
transformation culturelle colossale dans
la région... Lorsque vous faites face au
projet américain, comme cela s'est
également produit en 2006, le projet de
nouveau Moyen-Orient qui, selon
Condolezza Rice, était en train de
naître sous nos yeux... Lorsque vous
vous dressez face aux projets
américano-israéliens et que vous
contribuez à les faire effondrer –je ne
prétends pas que nous les avons faits
tomber à nous seuls, mais nous avons
contribué à les faire tomber dans une
certaine mesure, selon les lieux, les
champs de bataille et les pays...
Lorsque vous êtes une force qui refuse
l'hégémonie américaine et israélienne
sur la Palestine, sur le Liban et sur
les pays de la région... Lorsque vous
êtes une force qui exigez vos droits en
matière de souveraineté, la souveraineté
authentique, et non pas la souveraineté
en tant que slogan (sans réalité)...
Chaque jour, l'ennemi israélien viole
notre espace aérien. Hier encore, il a
frappé la Syrie depuis les cieux
libanais. Où sont donc les (pseudo)
souverainistes ? (Je parle de) la
souveraineté (authentique) ! Lorsque
vous êtes une force qui exige et œuvre
véritablement pour la souveraineté, la
liberté, la libération (de votre
territoire), sa décision indépendante,
la non-soumission aux Etats-Unis ou à
quiconque dans ce monde, (lorsque vous
revendiquez) que le peuple de chaque
pays soit souverain chez soi, qu'il
prenne lui-même les décisions dans son
pays... Lorsque vous ne permettez ni aux
Etats-Unis ni à Israël de mettre la main
sur (ne serait-ce) qu'un pouce de votre
territoire à la frontière, ni sur un
(seul) mètre cube de vos eaux
(territoriales), ni sur une (seule)
goutte de votre pétrole, il est naturel
que cet ennemi voie la menace (que vous
représentez pour lui), pour ses projets,
pour son hégémonie, pour ses intérêts,
(car vous êtes) une force qui défend
votre peuple, votre nation et votre
Communauté, et il ne va pas rester les
bras croisés face à vous. Il va
(s'efforcer de) vous combattre, de vous
tuer, de lancer des guerres contre vous,
il va comploter contre vous, etc., etc.,
etc. Puis, de là, il va vous soumettre à
un blocus économique et financier, (vous
inscrire sur) la liste des organisations
terroristes, assécher vos sources de
financement, etc. Cela fait donc
(pleinement) partie de la lutte.
Et ceux d'entre nos frères, parmi nos
nobles familles, les commerçants, les
entreprises, les organisations, les
associations, qui sont touchés par (ces
sanctions), ils doivent considérer ces
dommages comme faisant partie intégrante
de la lutte. C'est exactement la même
chose que pour la famille qui offre un
martyr, qui a un blessé ou un paralysé
partiel ou total, qui voit sa maison
bombardée durant la guerre et qui se
retrouve dans un campement. Au même
titre, cela fait partie des sacrifices
requis par cette bataille, de même que
ceux qui sont touchés et handicapés (par
ces sanctions et inscriptions sur la
liste des organisations terroristes)
doivent considérer ces dommages,
premièrement au niveau personnel et
psychologique, comme faisant partie des
sacrifices (demandés), nous devons
considérer cela comme faisant partie des
sacrifices sur la voie (de Résistance)
que nous avons empruntée, nous devons
considérer que cela fait partie de la
bataille et y faire face.
Comment y faire face ? Pour y faire
face, la question essentielle, comme
nous l'avons dit dans certaines
batailles, est de faire échouer
l'objectif (de ces sanctions). Nous ne
pouvons pas riposter à ces inscriptions
sur la liste des organisations
terroristes (et aux sanctions qui en
découlent) par des mesures de même
nature, car nous n'avons ni banques, ni
devises américaines, ni change du
dollar, de l'euro ou autre. Mais nous
devons faire échouer leur objectif. Quel
est-il ? Leur objectif est d'ébranler
notre détermination, la détermination de
notre peuple et de notre base populaire.
Ils veulent entamer notre volonté, notre
détermination et notre résolution, notre
persévérance et notre persistance sur
cette voie, sur cette ligne et sur cette
position. Tant que nous restons résolus,
déterminés et endurants, (leurs
sanctions) n'ont aucun poids. Et que
Dieu en fasse advenir le meilleur.
Certes, on subira des dégâts, des
pertes, mais cela fait partie des
sacrifices requis, tout comme les
martyrs, les blessés, les maisons
démolies et les usines qui ont été
détruites pendant la guerre. Après, Dieu
le Très-Haut et l'Exalté a compensé,
l'entraide internationale a permis de
reconstruire, l'Etat assume sa part de
responsabilités, nous assumons nos
responsabilités, mais cela fait partie
de la voie (de Résistance que nous avons
choisie).
Jusqu'à présent, l'expérience leur a
montré que la mort, l'assassinat, les
guerres, les massacres, les
destructions, les réfugiés, et tout ce
qui nous a été infligé, à nous et à
notre peuple au Liban, n'a aucunement
diminué notre volonté, notre résolution
et notre détermination. Et par
conséquent, dès maintenant, j'affirme
que ces mesures ne mèneront à aucun
résultat. Elles ne retarderont ni
n'accélèreront rien. Qu'elles causent
des dégâts, cela est naturel. Comme je
l'ai dit, c'est comme pour tous les
autres sacrifices : lorsqu'un martyr
tombe, le père, la mère et l'épouse sont
endeuillés, la femme devient veuve, la
mère devient *** (mot sans équivalent
désignant la mère qui a perdu son
enfant), les enfants deviennent
orphelins. Nous sommes des êtres
humains, nous avons des sentiments, mais
cela fait partie de la lutte. Nous
endurons, nous nous appuyons dessus pour
aller de l'avant, et nous façonnons des
victoires sur ces pertes. Nous ne nous
arrêtons pas, nous ne sommes pas
apeurés, nous ne reculons pas.
Maintenant, je veux revenir au point que
j'ai évoqué au début, j'ai dit que
j'allais y revenir. Avant 2000, les
capacités de la Résistance étaient très
modestes. Et maintenant, il est vrai que
les capacités de la Résistance sont très
grandes, et elle a besoin d'argent, sans
aucun doute. Mais dans le pire des cas,
dans le pire des cas, admettons que
cette mesure d'inscription sur la liste
des organisations terroristes et ce
siège financier et économique
parviennent à couper une grande partie
de cet argent, ou même la totalité de
cet argent. Je déclare aux Etats-Unis, à
leurs alliés dans la région et à
l'ennemi israélien : vous vous trompez
lourdement dans la compréhension de
cette Résistance et de ce peuple. Où
réside cette erreur ? Elle découle de
leur culture. C'est qu'ils ne voient
leurs amis (alliés) et les gens en
général que comme des mercenaires. Tout
homme, tout individu, pour les
Etats-Unis et leurs alliés ou
instruments, n'est pas considéré comme
un homme. Ils le considèrent, comme on a
dit précédemment pour plaisanter, comme
un S avec deux barres (symbole du
dollar). De l'argent. Combien d'argent
tu vaux ? Combien faut-il débourser pour
acheter ta voix (aux élections) ? 100
dollars ? 1000 dollars ? 3000 dollars ?
Ou est-ce que (au contraire), ta voix
n'est pas à vendre ? Est-ce que ta
position peut être renversée avec de
l'argent, avec des valises (de billets)
? Si on t'apporte des valises, vas-tu
évoluer d'une position à une autre ? Ou
est-ce que (au contraire) ta position ne
s'achète pas, qu'elle n'est pas à vendre
? Ils ne voient le monde qu'à travers le
prisme de l'argent. Ils ne croient pas
en les principes. Si on leur dit que
telles personnes sont des gens de
principe, des patriotes, ils vous
demanderont de leur expliquer la
signification des termes 'principe',
'patriote', 'humaniste'. Ces concepts
(qu'ils méconnaissent et sont incapables
de comprendre) n'ont aucune existence
pour eux. Ce qui compte, pour eux, c'est
le travail, l'argent, le commerce
d'armes, combien tu as d'argent, combien
de yachts, combien de banques, que vaut
ton pétrole, combien de crédit tu as
dans les banques, etc. Telle est ta
valeur. Ta valeur n'est pas tes bonnes
actions, comme nous dit la tradition
prophétique : 'La valeur d'un homme
réside dans ses bonnes actions'. Ta
valeur est le solde de ton compte en
banque.
Leur erreur est de considérer cette
Résistance comme des mercenaires de
l'Iran, par exemple. Puisque l'Iran
donne de l'argent au Hezbollah, ainsi
que la Syrie, ils croient que nous
sommes des mercenaires, que nous
combattons en mercenaires, et que si on
nous prive de notre argent, nous
cesserons de combattre et changerons de
position. Telle est leur erreur
fondamentale. Cette Résistance au Liban,
en Palestine et dans la région, ces gens
qui manifestent chaque vendredi à Gaza
ne sont les mercenaires de personne. Ce
sont des défenseurs d'une cause. Ces
Résistants, ainsi que leur peuple, leurs
gens, leur famille, leur base populaire
et tous ceux qui sont avec eux,
(Washington et ses alliés) doivent
savoir que ce sont des gens de principe,
des humanistes, des patriotes,
défenseurs d'une cause en laquelle ils
croient (ardemment), et pour laquelle
ils luttent et sont prêts à se
sacrifier, et à sacrifier leurs êtres
les plus chers et leurs enfants. Ils
sont prêts à vivre toute leur existence
dans les pires conditions pour que leur
cause triomphe. De telles personnes ne
peuvent pas être vaincues, ni par des
listes d'organisations terroristes, ni
par des sanctions, ni par un siège
financier, ni par un assèchement de
leurs sources d'argent.
Lorsque vous confrontez, au Liban et en
Palestine, face à l'ennemi israélien,
une volonté populaire, une Résistance
populaire et une culture populaire, il
vous est impossible de leur infliger une
défaite, quels que soient les moyens que
vous puissiez mettre en œuvre. C'est
pourquoi leur bataille (économique
contre nous) est perdue d'avance. Mais à
la condition, comme pour la guerre
militaire, comme pour toutes les
confrontations précédentes, que nous
prenions conscience de l'essence de
cette guerre (économique), que nous en
comprenions l'arrière-pensée et les
objectifs, que nous endurions et que
nous fassions échouer ses objectifs. Et
cela est facile. Car si nous préservons
notre détermination, notre résolution et
notre volonté, ils ne pourront rien
faire du tout. [...]
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