Yémen
De la Palestine au Yémen :
honneur et déchéance du monde arabe
Sayed Hasan
Mercredi 5 août 2015
Tandis que
l’Arabie Saoudite s’efforce de
supplanter Israël en fait de crimes,
de terreur et de barbarie, poussant
un pays tout entier au bord du
gouffre dans l’indifférence
générale, le plus pauvre des pays
arabes donne une leçon de courage,
de dignité et de lucidité au monde
entier, à l’exemple du peuple
palestinien.
Voir également :
Guerre sans merci au Yémen et
Discours de Abdel-Malik al-Houthi à
l’occasion de la Journée d’Al-Qods
(Jérusalem)
La guerre
saoudo-américaine contre le Yémen
dure maintenant depuis plus de 4
mois. Elle a causé plus de 4000
morts, dont 3000 causés directement
par les bombardements terroristes de
la coalition arabe contre le Yémen,
et on dénombre 20 000 blessés et
près de 1,3 millions de déplacés.
6,5 millions de personnes sont
immédiatement menacées par la
famine, tandis que 13 millions –
soit la moitié de la population –
sont privées d’accès aux moyens de
subsistance les plus basiques et
réduits à une lutte permanente pour
glaner leur pain quotidien. Selon un
récent rapport d’Oxfam,
Le Yémen est une cocotte-minute
qui a atteint son point critique
avant explosion. Attaqués depuis les
airs et au sol, et assiégés par la
terre, par la mer et par les airs,
les Yéménites sont dans une
situation de dénuement désespérée et
n’ont nulle part où aller. […] Des
milliers de personnes sont menacées
de mort et de détresse en raison des
effets secondaires de ce conflit
comme la faim, la malnutrition et la
maladie. Pour éviter que le Yémen
bascule dans le gouffre, la
communauté internationale doit de
toute urgence lever les restrictions
sur les importations et implémenter
un cessez-le-feu permanent qui
facilite le mouvement sécurisé des
marchandises à travers le pays. […]
Même pour le Yémen, un pays où
l’insécurité alimentaire est chronique,
c’est le nombre le plus élevé jamais
enregistré de personnes vivant dans la
faim. Quatre mois de frappes aériennes
intenses, de bombardements, de combats
au sol et de restrictions sur les
importations imposées par la coalition
dirigée par l’Arabie Saoudite ont mis le
pays en ruines. Un manque cruel de
nourriture affame le peuple et provoque
une augmentation des niveaux de
malnutrition, en particulier chez les
femmes et les enfants, et met des
centaines de milliers de vies en danger.
[…]
Nuha Al Saïdi,
vice-directrice du programme d'Oxfam et
résidente de la capitale Sanaa,
déclare : ‘Même si nous survivons aux
bombes, nous sommes à court de
nourriture.’ La violence, les
restrictions sur les importations et le
coût du carburant ont pour conséquence
que les quelques provisions limitées que
l’on peut encore trouver ne sont
disponibles que de façon sporadique, et
à des prix qui ont subi une inflation
extraordinaire. Les hausses de prix ont
rendu les biens alimentaires de première
nécessité, le carburant et les
médicaments hors de portée pour des
familles à court d’argent, dont la
plupart n’ont pas eu de revenus
réguliers depuis des mois. Un manque de
nourriture sur le marché, les prix
élevés, les difficultés d’accès aux
marchés, et un manque de revenus ont
contribué à une augmentation rapide du
nombre de yéménites souffrant de la
faim. […]
Les familles
fuyant la violence constituent une
pression supplémentaire sur les
communautés qui les accueillent à
présent, car elles arrivent les mains
vides et ces communautés partagent le
peu qu’elles ont. […]
L’UNICEF
annonce que le taux de malnutrition
infantile a dépassé le stade critique.
L’eau potable manque cruellement, et
des
maladies infectieuses curables se
propagent et font des centaines de
victimes faute de médicaments. Le
manque de carburant, de gaz et
d’électricité peut à lui seul
déclencher à nouveau un véritable
désastre. Faudra-t-il attendre qu’on
commence vraiment à parler de
génocide ? La détresse du peuple
yéménite dépasse tout ce que peuvent
exprimer les mots et les égrenages de
statistiques, et même les
photos les plus déchirantes ne
pourront qu’imparfaitement contribuer à
en mieux représenter l’horreur.
Le rapport d’Oxfam
a été relayé par la presse britannique
et américaine, et ces images sont
tellement insoutenables que malgré
l’embargo médiatique occidental, elles
ont pu se frayer un chemin jusqu’au
Daily Mail, un quotidien britannique
sensationnaliste et voyeuriste. Mais le
public français a été épargné d’un tel
spectacle, ce rapport n’ayant eu aucun
écho dans nos médias qui gardent un
silence pudique sur la crise humanitaire
au Yémen. Il est vrai que l’agression
saoudienne bénéficie d’un soutien total
des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne,
et qu’elle se fait notamment avec des
armes françaises, qui jouent
actuellement un rôle majeur à Aden –
celles-là mêmes qui, comme devait
censément le montrer la saga des
Mistral, ne seraient jamais livrées à
des parties belliqueuses. Bien que
nombre de pays du Moyen Orient soient
déchirés par des conflits sanglants et
sans précédent depuis des années, qui
continuent à faire les titres de
l’actualité, le Yémen se distingue déjà
du fait de la grande vulnérabilité de sa
société, qui comptait parmi les plus
pauvres au monde et dépendait presque
totalement de l’extérieur. De plus, sa
situation géographique le met à la merci
du blocus naval impitoyable qui lui est
imposé, et empêche la population de
rejoindre les millions de réfugiés qui
ont fui la dévastation de leur pays par
des hordes terroristes sanguinaires
soutenues en sous-main par ceux-là même
qui, dans leur rage et leur dépit,
déchaînent aujourd’hui ouvertement leurs
ressources colossales pour anéantir le
plus faible des pays arabes, sans la
moindre ligne rouge – même les trêves
sont systématiquement violées par de
nouvelles frappes aériennes dès leur
implémentation. La coalition
saoudo-américaine assiste également
Daech et Al-Qaïda au Yémen, collaborant
étroitement avec eux. Et pourtant,
malgré cette disparité extrême entre les
forces en présence, le Yémen résiste
héroïquement et s’annonce comme un
nouveau Leningrad pour l’agresseur
saoudien.
Depuis le début de
la guerre, Abdel-Malik al-Houthi, le
chef de la Résistance yéménite, dénonce
avec la plus grande véhémence la
« Trinité du Mal », composée des
Etats-Unis, d’Israël et de l’Arabie
Saoudite, la « corne de Satan » qui
s’est entièrement assujettie à leurs
intérêts. Il la décrit comme leur bras
armé dans la région, au service desquels
elle a enfanté le monstre Daech, et
insiste sur les crimes atroces qu’elle
perpètre contre le peuple yéménite. Mais
ce qui est le plus notable dans
son dernier discours est la mention
récurrente qu’il a fait de la Palestine,
de la souffrance du peuple palestinien
et de la lutte contre Israël, qui reste
selon lui la cause centrale du peuple
yéménite malgré la situation dramatique
et sans précédent dans laquelle il se
trouve.
En effet, le 10
juillet 2015, à l’occasion de la Journée
Internationale d’Al-Quds (Jérusalem),
commémorée chaque dernier vendredi du
mois de Ramadan en solidarité avec le
peuple palestinien, des dizaines, voire
des centaines de milliers de yéménites
ont pris part à ces manifestations pour
exprimer leur attachement indéfectible à
la cause palestinienne. Et ce malgré le
fait que la trêve humanitaire, décrétée
par les Nations Unies pour les dix
derniers jours du mois sacré de Ramadan,
et ce après plus de 100 jours d’une
agression impitoyable et sans précédent
contre le Yémen, était violée
quotidiennement par l’Arabie Saoudite.
A l’occasion de son
discours commémorant cette journée,
Hassan Nasrallah, le Secrétaire Général
du Hezbollah, a évoqué les millions de
personnes sorties massivement dans les
rues du monde entier pour manifester
leur soutien à la cause palestinienne
(en Iran, en Irak, en Syrie, en
Jordanie, en Arabie Saoudite même, en
Tunisie, en Mauritanie, au Soudan, en
Palestine, en Turquie, au Pakistan, et
plus modestement dans d’autres villes
occidentales et européennes, jusqu’à la
place du Trocadéro à Paris où siège le
gouvernement le plus pro-sioniste au
monde), mais il a rendu tout
particulièrement hommage au peuple
yéménite en ces termes :
« Permettez-moi
de m’arrêter tout particulièrement sur
deux manifestations, deux
commémorations : la première au Yémen,
où ces chers et nobles (frères) sont
sortis dans les rues de Sanaa,
manifestant pour la Palestine et pour
Al-Qods, et ce malgré la poursuite de
l’agression saoudo-américaine contre
leur pays, leurs villes et leurs
villages, et absolument tout ce qu’ils
possèdent en fait d’être vivants et de
pierres (inanimées). Malgré les frappes
continues jusque sur Sanaa même, contre
l’intérieur de Sanaa et la banlieue de
Sanaa, des dizaines de milliers de
personnes – pour ne pas dire des
centaines de milliers – sont sorties et
ont manifesté pour Al-Qods, pour la
Palestine, pour Gaza et pour le peuple
palestinien.
Bien sûr, sur le
plan psychologique, nous comprenons très
bien cela. Le peuple yéménite a le
sentiment que le monde entier l’a
abandonné, car le monde arabe et le
monde islamique l’ont abandonné. Le
monde ne s’est pas divisé entre soutiens
à la guerre et opposants à celle-ci,
mais entre les soutiens à l’agression
contre le Yémen et ceux qui se taisent à
son sujet. Et peu nombreux sont ceux qui
s’opposent à cette guerre.
Malgré cela,
malgré cette réalité douloureuse,
consternante et honteuse, le peuple
yéménite n’a pas été amené à déclarer
qu’il n’en avait rien à faire de la
Palestine, d’Al-Qods, de Gaza ou du
peuple palestinien. Cela mérite le
respect et l’hommage, et, en vérité – je
ne trouve pas de mots assez forts – la
glorification et l’exaltation,
l’admiration et la vénération face à la
volonté du peuple yéménite, à son éveil
et à sa résistance, ainsi qu’à la
sincérité de ce peuple qui a confirmé
aujourd’hui son attachement de principe,
politique, combattant et moral à la
cause de la Palestine.
Et le deuxième
endroit que je tiens à évoquer est le
Bahreïn. Car ce qui unit le Bahreïn et
le Yémen, c’est l’abandon. L’abandon du
monde arabe et islamique, et du monde
entier.
Pour d’autres
pays du monde, où on trouve des
oppositions, des groupes armés, des
révolutions populaires – appelez-les
comme vous voulez – on trouve des pays
extraordinaires, qui les soutiennent
financièrement, en armes,
médiatiquement, ils organisent pour eux
des conférences internationales, des
sessions au Conseil de Sécurité, et des
mouvements régionaux et internationaux
considérables. Mais pour le Bahreïn et
le Yémen, il en va tout autrement. Ces
deux pays sont victimes d’une injustice
et d’une oppression toutes
particulières, et c’est pourquoi je les
ai distingués tout particulièrement. »
Cet hommage rendu
au Yémen par le Hezbollah libanais, qui,
de 1982 à 2000, et à nouveau durant
l’été 2006, s’est trouvé dans une
situation de dévastation et d’abandon
similaire – rappelons qu’en 1982,
l’invasion du Liban par Israël avait été
éclipsée dans l’actualité du monde arabe
par la Coupe du monde de football, ce
qu’a déjà
maintes fois dénoncé Hassan Nasrallah
–, et constitue le premier rang de la
lutte contre Israël, souligne le
caractère exceptionnel de l’engagement
du peuple yéménite pour la cause
palestinienne, et sa grande lucidité
dans la lecture des événements qui se
produisent dans la région. Hassan
Nasrallah avait déjà souligné qu’en
2011-2012, le Yémen avait massivement
manifesté en solidarité avec la Syrie
pour dénoncer la guerre terroriste
internationale qui lui était livrée,
alors que le monde arabe était encore
plongé dans l’aveuglement et la torpeur.
Et selon Abdel-Malik al-Houthi, cet
acharnement américano-israélo-saoudien
est bel et bien dû à cet éveil
remarquable du peuple yéménite, et à sa
volonté d’indépendance et de
réalignement sur la cause des peuples
arabes, à l’exemple de l’Iran et en
opposition flagrante avec le projet
d’inféodation et de collaborationnisme
saoudien :
« Prétendre (la
réalité de cette influence iranienne)
n’est qu’une tentative d’égarement : le
régime saoudien essaie de tromper les
peuples de la région. Celui qui
manifeste de l’hostilité à Israël, ils
le décrivent en disant que c’est un
iranien (hostile) ; celui qui apporte un
soutien total à la Résistance
palestinienne et libanaise dans leur
lutte contre Israël, ils disent que
c’est un iranien. Ils essaient ainsi de
duper et de museler tout le monde, et de
créer de nouveaux équilibres dans les
causes stratégiques de la région de
sorte que la normalisation des relations
avec Israël et la collaboration avec
Israël deviennent le cœur de l’identité
arabe, que cela devienne une défense de
la sécurité nationale arabe. Ils veulent
que la lutte contre Israël et contre la
domination israélienne, et que la
solidarité avec le peuple palestinien,
le sentiment de responsabilité à l’égard
de la mosquée d’Al-Aqsa (à Jérusalem) et
des lieux saints en Palestine deviennent
une cause iranienne, et estiment que
quiconque construit sa politique dans
cette direction doit être ciblé et
accusé par tous comme étant sorti de
l’arabisme. Est-ce que l’arabisme
signifie le collaborationnisme,
l’humiliation, la dégénérescence, la
reddition, la soumission à Israël ?
L’assimilation aux régimes qui
collaborent avec Israël ? Cette
distorsion ne vous profitera en rien,
absolument rien, car votre collaboration
avec Israël est révélée aux yeux de
tous. Vous êtes clairement devenus
(israéliens), vous le régime saoudien et
les instruments takfiris (Daech et
Al-Qaïda), votre identité s’est révélée
comme sioniste et votre serment
d’allégeance est clairement pour Israël.
[…]
L’une des causes
principales de ce rôle néfaste et ce
ciblage de notre noble peuple yéménite
est ce qui est connu de ce digne peuple,
à savoir ses valeurs, son éthique, ses
principes, et son engagement majeur et
actif avec les peuples arabes en
direction de la Palestine et de la cause
palestinienne, ainsi que dans le sens
d’une hostilité marquée pour Israël.
Lorsqu’une prise de conscience
croissante s’est révélée au sein de
notre peuple yéménite, et lorsque son
niveau d’engagement et de réactivité
s’est grandement développé au sein des
marches et des manifestations de
solidarité, au point qu’en ce premier
anniversaire de l’agression contre Gaza,
nous pouvons nous souvenir des
manifestations de très grande ampleur au
Yémen tout au long de la guerre contre
Gaza, à un point inégalé par tout
autre pays arabe, des manifestations
énormes, spectaculaires, avec une très
grande réaction de notre peuple, au
point qu’en vérité, des centaines de
milliers d’entre notre peuple yéménite
désirent, espèrent et aspirent à pouvoir
être côte à côte avec la Résistance en
Palestine et la Résistance au Liban pour
combattre directement l’ennemi
israélien. Tel est le peuple yéménite,
au sujet duquel on peut dire avec
certitude que c’est le peuple arabe le
plus engagé pour la cause palestinienne,
celui qui fait le preuve de plus de
solidarité et de compassion avec elle,
humainement et moralement, mais il est
malheureusement très pauvre au niveau
financier à cause de la politique
d’appauvrissement et de ciblage dont ce
peuple est victime depuis des décennies.
De même, ce peuple a toujours été soumis
à la guerre, à une guerre de très grande
ampleur, et on assiste à
l’intensification de la violence de
l’agression et du ciblage contre lui, à
un point qui a encore augmenté son éveil
et sa conscience, ainsi que son
engagement pour cette cause majeure. »
Suite aux
événements qui ont secoué le monde arabe
depuis son prétendu « Printemps des
peuples » en 2011, le plus grand danger
qui menace la cause palestinienne est
bien que chaque gouvernement, chaque
peuple, chaque pays arabe (et jusqu’à
l’opinion publique internationale), pris
dans leurs propres crises et luttes
internes, mettent de côté la question
d’Israël, de la Palestine et du projet
de domination américano-israélien dans
la région, dont Daech n’est que le
dernier avatar.
Sayed Ali Khamenei et
Hassan Nasrallah n’ont eu de cesse
de le rappeler, et Abdel-Malik al Houthi,
et avec lui le peuple yéménite dans sa
majorité, se sont clairement rangés à
leurs vues. Bien plus, comme l’a
souligné le chef de la Résistance
yéménite, la barbarie saoudienne éclipse
même les crimes israéliens à Gaza, ce
qui constitue le comble de l’infamie et
une trahison peut-être plus grande
encore que celle de Sadate :
« Ils n’ont
aucune humanité en eux, aucun honneur,
pas de morale, pas de valeurs. Ils n’ont
aucune qualité (humaine). Ce sont des
monstres à tous les sens du terme. Qui
commet de tels crimes ? Qui cible
jusqu’aux marchés, jusqu’à la foule des
gens dans les marchés dans toutes les
provinces, ici et là, tant au nord qu’au
sud ? A travers tous ces crimes, ils
révèlent leur monstruosité : ils n’ont
aucune humanité, ni aucune des valeurs
que les hommes respectent même durant
les guerres. Ils n’ont aucune telle
conception. Pour eux, celui qui a de
l’argent peut faire tout ce qu’il veut,
sans aucune limite, et il distribuera
l’argent ici et là, tant pour le Conseil
des Droits de l’homme, tant pour les
Nations Unies, pour tel et tel pays, et
son agression sera couverte et
légitimée, et il n’aura aucun problème.
[…]
L’emprise
israélienne démoniaque sur le régime
saoudien est parvenue à entrainer cette
folie furieuse saoudienne dans son
agression contre le Yémen, cette
terreur, cette barbarie dans la
perpétration des crimes les plus atroces
et les plus odieux contre le peuple
yéménite digne, musulman et arabe.
L’emprise israélienne démoniaque sur le
régime saoudien est reflétée dans ce que
perpètre ce régime en fait de crimes
horribles et inqualifiables qui font
affront à l’humanité elle-même, des
crimes qui n’ont pas d’exemple dans la
région. Et on peut même dire qu’Israël
est parvenue à pousser le régime
saoudien à faire pire encore que ce
qu’il avait fait lui-même de sorte que
ce régime apparait dans la conscience
mondiale comme le pire de tous, le plus
grand, le plus odieux et le plus atroce
criminel, le plus tyrannique dans son
agression. Israël a réussi à faire cela,
de même qu’il a réussi à pousser tous
les takfiris dans cette direction. »
Encore une fois,
Sayed Ali Khamenei et
Hassan Nasrallah ont également
souligné cet « exploit » de l’Arabie
Saoudite surpassant les massacres
israéliens à Gaza, un fait exceptionnel
étant donnée leur hostilité foncière et
indépassable envers Israël,
l’ennemi ultime. Mais ils ont prédit
une défaite humiliante pour l’agresseur,
voire même
la chute du régime saoudien. En
effet, aux slogans « Mort à Israël » et
« Mort à l’Amérique », traditionnels au
sein de la rue yéménite, s’est en effet
surajouté « Mort à la Maison des Saoud »,
un développement sans précédent qui se
révèle comme le préliminaire
indispensable, la condition nécessaire à
la fin de l’hégémonie Usraélienne au
Moyen-Orient, ce à quoi
appelait déjà Nasser. Et c’est
effectivement un horizon qui se dessine
de plus en plus clairement aux yeux de
tous.
Depuis
l’implication directe du Hezbollah en
Syrie aux côtés de l’Armée Arabe
Syrienne, Hassan Nasrallah a souvent
expliqué que selon la vision du
Hezbollah – une vision confirmée par
tous les développements récents –, la
lutte contre Israël et pour la
libération de la Palestine et d’Al-Qods
passait nécessairement par la Syrie, « par
le Qalamoun, par Zabadani, par Homs, par
Alep, par Dera’a, par Sweida, par Al-Hassaka.
Car si la Syrie tombe, la Palestine
tombe aussi et Al-Qods sera perdue »,
comme il a pu le rappeler dans son
discours du 10 juillet. Mais concernant
le Yémen, il a également ajouté ceci :
« La voie (de la
libération) d’Al-Qods passe également
par le Yémen. Il est impératif que cesse
l’agression saoudo-américaine contre le
Yémen, dont nous renouvelons notre
condamnation et notre dénonciation
véhémente. Et au Hezbollah, nous nous
rapprochons de Dieu le Très-Haut à toute
heure, à tout instant et à toute
occasion en déclarant ouvertement, haut
et clair, notre condamnation de cette
agression barbare, inconséquente et
inhumaine contre le Yémen et le peuple
du Yémen de la part de l’Arabie Saoudite
et ceux qui la soutiennent. L’agression
perdure depuis 107 jours. Quel en est le
résultat ? Echec sur échec. Je ne veux
pas être long, je jeûne et vous aussi,
mais vous connaissez le dossier et nous
en avons déjà parlé par le passé :
énoncez-moi donc les objectifs de
l’opération « Tempête décisive », mes
chers, et montrez-moi ceux que vous avez
accomplis. Et énoncez-moi donc les
objectifs de l’opération « Restauration
de l’espoir », mes bien-aimés, et
montrez-moi ceux que vous avez
accomplis. Vous ne trouverez que l’échec
s’ajoutant à l’échec. N’est-il pas temps
pour l’Arabie Saoudite – pour le régime
saoudien – de réaliser que sa guerre est
sans espoir ? Et qu’il est incapable de
briser la volonté du peuple yéménite ?
Et que l’espoir qu’il fonde sur ses
groupes armés à l’intérieur du Yémen n’a
d’autre résultat que d’augmenter les
tueries ? Et que la poursuite de ses
frappes aériennes ne brisera pas la
volonté de ce peuple résolu à obtenir
son indépendance, sa liberté et sa
souveraineté, ainsi qu’une vie noble et
digne ? Voyez donc les manifestations de
Sanaa aujourd’hui, vous les avez vues et
vous avez entendu ses slogans. Après 107
jours de massacres ! 107 jours de
bombardements qui n’ont absolument rien
épargné : hôpitaux, villes – même
pendant le mois de Ramadan – marchés…
Ils voient bien que c’est un marché, ce
n’est pas une erreur, ce n’est pas parce
que quelqu’un a placé une Katioucha dans
ce marché, ce n’est qu’un simple marché,
au cœur du Yémen, d’où une roquette ne
peut pas être lancé sur le territoire
saoudien, ils viennent le bombarder, et
des dizaines de martyrs tombent
quotidiennement. Mais ce peuple est
descendu dans la rue aujourd’hui, et il
a annoncé sa position, il a révélé sa
détermination.
Il apparaît, mes
frères et sœurs, que la guerre
saoudienne n’a plus d’objectifs. Elle
n’a plus d’objectifs politiques et son
seul objectif restant est la vengeance
contre le Yémen et le peuple du Yémen.
Ce qui se passe aujourd’hui au Yémen
n’est pas une opération militaire, car
où donc pourrait intervenir l’armée (de
terre) saoudienne ? Elle doit défendre
ses postes-frontière. Je n’ai pas retenu
tous leurs noms, mais on entend chaque
jour que les Yéménites ont pris les
poste-frontière, que les Saoudiens ont
déserté leurs postes, puis que les
Yéménites se sont retirés car ils ont
besoin de défense anti-aérienne pour
garder ces positions, et que les avions
saoudiens viennent les bombarder, et
donc c’est leur force aérienne qui doit
intervenir. Mais de toute façon,
n’importe quel pays qui possède des
avions peut faire une telle chose,
bombarder, détruire, perpétrer des
massacres… Que votre armée soit d’abord
capable de garder ses postes-frontière,
et après, on verra si vous êtes capables
ou pas d’entrer dans le territoire du
Yémen. Ce n’est ni une opération
militaire, ni une opération politique.
Nous sommes face à une opération de
vengeance : ‘Vous, le peuple yéménite,
vous avez cessé d’obéir au maitre (car
les Saoudiens se considèrent comme les
maitres), vous avez cessé d’être les
esclaves du Seigneur saoudien, vous
voulez être les maitres de vous-mêmes,
mais ce n’est pas autorisé dans cette
région, il n’est pas permis que le
peuple yéménite soit ainsi, donc très
bien, payez le prix de votre choix.’
Quel est le prix ? Les bombardements,
les destructions, les massacres,
l’écrasement, etc. Il n’y a pas d’autre
voie. Voilà ce qui se passe.
Quoi qu’il en
soit, l’Arabie Saoudite doit cesser, et
le monde doit l’aider à descendre de
l’arbre (sur lequel elle s’est juchée),
à descendre de son perchoir. L’agressé
qui se défend, et qui a fait le choix de
défendre sa dignité, sa famille, sa
souveraineté et sa liberté n’a pas
d’autre choix que de continuer à se
défendre, aussi longtemps que puisse
durer la guerre. Quant à l’agresseur,
c’est à lui de revoir ses choix. Et
j’estime l’Arabie Saoudite a commencé à
revoir ses choix. »
Jour après jour, le
peuple yéménite révèle sa détermination
à défendre son indépendance et ses
principes, et son rejet de toute
reddition face à l’agression
américano-saoudienne, quels que soient
les sacrifices. Le Yémen semble
clairement engagé dans la voie de la
Résistance islamique libanaise, tant du
point de vue de son attachement
indéfectible à la cause palestinienne
que par ses victoires historiques –
passées et à venir. De même, l’opinion
publique arabo-musulmane s’éveille de
plus en plus à la réalité du projet
takfiri dans la région et à la collusion
des forces de l’impérialisme, et l’écran
de fumée qui recouvrait l’identité
véritable de l’Arabie Saoudite, parée de
son titre trompeur de berceau de l’Islam
et de garant de ses lieux saints,
s’estompe irrémédiablement. L’aura
saoudienne ne peut que diminuer à
l’avenir, tandis que celle de l’Axe de
la Résistance ne fait que croître.
Le Yémen offre
aujourd’hui un exemple de courage et de
lucidité au monde entier, et sa lutte
héroïque et tragique pour son
indépendance, malgré l’abandon honteux
de l’ensemble du monde – à l’exception
de l’Iran et du Hezbollah –, fait
honneur au monde arabe et à toute
l'humanité par son exemple, à l’exemple
de la lutte du peuple palestinien.
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