Opinion
Syrie: les tentatives rebelles de
saboter les présidentielles vouées à
l’échec
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Mardi 29 avril 2014
A défaut de pouvoir empêcher le
président Bachar al-Assad de se
présenter aux prochaines élections
présidentielles, les rebelles et leurs
sponsors occidentaux, turcs et arabes
veulent essayer de saboter le scrutin,
prévu le 3 juin. C'est dans cette
optique qu'il faut placer les dernières
offensives lancées par les groupes armés
aux quatre coins du pays.
Non seulement les Occidentaux et leurs
alliés turcs et arabes ne sont pas
parvenus à renverser le régime syrien,
ils n'ont pas, non plus, réussi à
écarter le président Bachar al-Assad du
paysage politique de la Syrie de demain.
Le dépôt par «le citoyen Bachar Hafez
al-Assad» de sa candidature aux
prochaines élections présidentielles,
prévues le 3 juin, comporte une
symbolique, marquant l'échec de la
guerre universelle lancée contre la
Syrie avec l'objectif avoué de provoquer
la chute du régime. Trois ans plus tard,
le régime est toujours là, avec à sa
tête Bachar al-Assad, bête noire de
l'Occident et ennemi juré d'«Israël».
L'élection présidentielle renforcera la
légitimité du leader syrien, qui reste,
de l'aveu des think tank et des services
de renseignements occidentaux, la
personnalité politique syrienne la plus
populaire. Investi par les millions de
voix qu'il devrait récolter lors du
scrutin, Bachar al-Assad sera dans une
situation politique plus confortable,
face à des rois et des princes arabes
qui n'ont jamais organisé de
consultations populaires dans leur pays.
Ce succès politique attendu, couplé aux
avancées de l'armée syrienne sur le
terrain, constitue un véritable
cauchemar pour les ennemis de la Syrie.
Aussi, ont-ils décidé de jeter tout leur
poids dans la bataille pour tenter de
saboter les élections du 3 juin.
Tous les fronts rallumés
C'est dans cette optique qu'il faut
placer les offensives lancées par les
rebelles depuis fin mars dans plusieurs
régions du pays. Et partout, il apparait
clairement que ces attaques sont
commanditées et, parfois, directement
dirigées par les sponsors régionaux des
groupes armés.
Dans la province de Lattaquié, au nord,
des rebelles dirigés par Abou Moussa al-Chichani
(le Tchétchène) ont lancé une offensive
contre le village historique arménien de
Kassab. Profitant de l'élément de
surprise et du soutien direct fourni par
l'artillerie et l'aviation turques, ils
ont réussi à prendre plusieurs villages
dans la région, et sont même arrivés sur
le littoral méditerranéen, en prenant le
village de Samra.
Dès le début de cette attaque, les
experts militaires ont souligné que les
régions prises par les rebelles n'ont
aucune importance stratégique, surtout
qu'ils ont eu des centaines de morts et
de blessés dans les combats. Mais la
vaste offensive lancée quelques jours
plus tard contre les quartiers Ouest
d'Alep ont dévoilé le vrai plan. Kassab
n'était en fait qu'une diversion, un
écran de fumée, pour disperser l'effort
guerrier de l'armée syrienne et la
contraindre à dégarnir les fronts
d'Alep.
Dans l'offensive contre la capitale
économique de Syrie, l'empreinte de la
Turquie est clairement visible. La
coalition rebelle, qui a attaqué la
ville, comprend un cocktail de groupes
extrémistes directement liés aux
services de renseignements turcs (La
brigade Mohammad le conquérant, la
brigade du Sultan Mourad etc...) et le
Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaëda.
L'offensive a été dirigée par
Salaheddine al-Chichani puis par son
adjoint Mouhannad.
Le but de cette attaque était
d'encercler les quartiers Ouest d'Alep,
tenus par l'armée syrienne, qui avait
progressé dans la campagne à l'Est de la
ville et qui était sur le point
d'encercler les quartiers Est, tenus par
les rebelles.
Au prix de centaines de morts et de
blessés, les extrémistes ont réussi
quelques percées et ont provisoirement
occupé la banlieue de Ramoussa, menaçant
la route de Khanasser, seule voie
d'approvisionnement des quartiers Ouest.
Cependant, les rebelles n'ont pas été en
mesure de conserver ces gains, et, en
quelques jours, l'armée a repris le
terrain perdu et a avancé davantage.
Pour se venger des revers et des lourdes
pertes subies, les groupes armés se sont
déchainés à coups de mortiers, de
roquettes et de bonbonnes de gaz contre
les quartiers loyalistes, faisant des
dizaines de victimes civiles.
Dans le même temps, les commandos marins
de l'armée syrienne ont mené une
opération spéciale, reprenant le
littoral de Samra, pendant que les
troupes terrestres occupaient plusieurs
hauteurs stratégiques autour de
l'Observatoire 45, près de Kassab.
Au Sud, la main
d'«Israël»
Les rebelles ont
également réchauffé le front sud, à
Daraa et Koneitra. Les commanditaires
dans cette région sont les Jordaniens,
les Saoudiens et les Israéliens, sous la
supervision des Etats-Unis. Les
offensives lancées par les rebelles dans
le district de Nawa ont pour but de
prendre des collines stratégiques qui
permettraient d'assurer une continuité
géographique entre les territoires
contrôlés par les rebelles à Daraa et
Koneitra, près du Golan. Dans ce
secteur, les groupes armés ont réalisé
quelques avancées, sans toutefois
atteindre leur principal objectif,
surtout que l'armée syrienne a lancé une
contre-offensive.
La réouverture du front de Koneitra
coïncide avec des informations sur un
plan israélien visant à créer une sorte
de ceinture de sécurité limitrophe au
Golan, tenue par une milice syrienne
supplétive «d'Israël». Dans ce cadre, le
quotidien libanais As Safir rapporte,
mardi, que les Israéliens auraient
choisi le capitaine syrien dissident
Charif Safouri pour diriger cette
milice.
Dans le même temps, l'hebdomadaire
allemand Der Spiegel révélait que
l'Allemagne avait acheminé, depuis 2011,
de grandes quantités d'armes
ukrainiennes aux rebelles en Syrie.
Toujours dans l'objectif de semer le
désordre et l'insécurité à la veille des
élections présidentielles, les rebelles
multiplient le bombardement de Damas.
Mardi, la chute de plusieurs obus sur un
institut technique à Chaghour à fait 12
morts et une cinquantaine de blessés.
En dépit de ces gesticulations
militaires de la part des rebelles, le
rapport de force penche irrémédiablement
en faveur de l'armée syrienne et de ses
alliés. Les offensives d'Alep et de
Lattaquié ne parviendront pas à
compenser la perte de la région
stratégique de Qalamoun, qui a permis de
verrouiller la frontière avec le Liban;
et encore moins à faire oublier la
situation désespérée des 1500 rebelles
totalement encerclés dans le Vieux Homs,
où l'armée progresse tous les jours.
Pendant ce temps, l'offensive lancée
contre Mliha, considérée comme le verrou
de la Ghouta orientale, a permis à
l'armée de progresser, de même qu'à
Jobar, à l'est de Damas.
D'ici au 3 juin, l'armée syrienne va
poursuivre sa progression sur tous les
fronts. Le scrutin se déroulera dans
près de la moitié du pays, où vivent 16
millions de Syriens, sous l'autorité de
leur Etat. Tous les chefs-lieux des
provinces sont aux mains des autorités,
à l'exception de Raqqa, occupée par
Daech, et des quartiers Est d'Alep.
Fort d'une légitimité reconfirmée,
Bachar al-Assad poursuivra alors le
nettoyage des autres régions du pays,
devenues un sanctuaire pour les
terroristes venus de 80 pays, y compris
d'une trentaine d'Etat occidentaux.
Source :
Al-Ahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|