Alahed
Le message russo-iranien:
La Syrie ne tombera pas dans le giron
américain
Samer R. Zoughaib

Vendredi 19 août 2016
Le déploiement de bombardiers lourds
russes en Iran montre que les relations
militaires entre Moscou et Téhéran ont
atteint un niveau élevé et que la
confrontation entre la Russie et l’axe
de la Résistance d’un côté, les
Etats-Unis et leurs alliés de l’autre,
est entrée dans une phase nouvelle. Le
message russo-iranien est clair: La
Syrie ne tombera pas dans le giron
américain.
Comme elle l’avait fait en
septembre 2015, lorsqu’elle a déployé
plusieurs escadres d’avions et
d’hélicoptères en Syrie, la Russie a une
nouvelle fois surpris les Etats-Unis, en
annonçant le déploiement de bombardiers
stratégiques à long rayon d’action
Tupolev-22 et des bombardiers tactiques
Sukhoï-34 dans la base aérienne
iranienne de Hamadane. Quelques heures à
peine après leur arrivée, ces appareils
ont décollé pour mener des raids contre
des positions terroristes à Deir Ezzor
et à Alep, en Syrie. Le Financial Times
parle «d'un cas sans précédent: c'est la
première fois –depuis la révolution
islamique, il y a 37 ans- que l'Iran
autorise un autre pays à se servir de
son territoire pour lutter contre un
pays tiers ou contre des groupes
d'opposition étrangers».
Le déploiement de ces
bombardiers en Iran a une fonction
militaire. Il permet de réduire de 3000
à 7000 kilomètres la distance pour
frapper les cibles terroristes en Syrie,
et, par conséquent, de diminuer de 60%
le temps de vol. Les bombardiers auront
un chargement moins lourd en kérosène,
ce qui leur permettra d’emporter plus de
bombes et de missiles. Les frappes
seront donc plus efficaces.
Mais au-delà de ces
considérations d’ordre purement
militaire, le déploiement des TU-22 et
des SU-34 en Iran a une signification
géopolitique qui n’a pas échappé à
Washington, lequel n’a pas tardé à
exprimer son irritation en affirmant que
cette mesure constituait une violation
des résolutions des Nations unies au
sujet de l’embargo sur les armes imposé
à l’Iran. Un argument balayé du revers
de la main par la Russie, qui a
conseillé aux Américains de relire les
lois et les conventions internationales.
Une alliance militaire stratégique
Des diplomates russes cités
par les médias ont estimé que le feu
vert donné par l’Iran pour le
déploiement des bombardiers lourds
reflète «la profondeur de la coopération
militaire bilatérale et montre que
celle-ci est ouverte sur de nombreuses
options». Le Conseil de la Fédération de
Russie a d’ailleurs indiqué que Moscou
était disposé à signer un accord
-similaire à celui conclu avec la Syrie-
pour organiser la présence militaire
russe en Iran. Tous ces développements
prouvent que les efforts des Etats-Unis
pour isoler militairement Téhéran ont
échoué. Le Wall Street Journal a écrit
que les frappes aériennes russes à
partir de Hamadane servent de preuve
d'une nouvelle coopération entre l'Iran
et la Russie dans leur soutien aux
autorités syriennes et montrent que les
efforts de Washington pour empêcher ces
deux pays de créer une alliance
militaire ont échoué. Le Washington Post
souligne, pour sa part, que le recours
par la Russie à la base iranienne
témoigne d'«ambitions grandissantes
d'accroître son influence au
Moyen-Orient».
La décision de Moscou ne
peut être séparée des initiatives
agressives prises par les Etats-Unis
pour renforcer le dispositif militaire
de l’Otan aux frontières de la Russie.
Il s’agit d’une riposte aux actions
belliqueuses de l’Alliance atlantique.
Désormais, la Russie dispose d’une
présence consolidée sur la ligne de
confrontation avec l’Occident, allant de
la Biélorussie, où elle possède une
importante présence militaire, à l’Iran,
en passant par la Crimée et la Syrie.
«Guerre illimitée» en Syrie
Les intentions belliqueuses
des Etats-Unis contre la Russie et l’axe
de la Résistance se manifestent sur tous
les fronts. Dans une interview accordée
à la revue Foreign Policy dans son
édition du 15 août dernier, Robert Maley,
coordinateur de la Maison Blanche pour
les questions du Moyen-Orient, de
l’Afrique du Nord et du Golfe, a dévoilé
les vrais plans américains. Il a dit que
son pays était prêt à «poursuivre les
livraisons d’armes aux rebelles syriens
(…) pour une guerre illimitée en Syrie»,
afin de ne pas permettre la victoire du
régime. La riposte russe ne s’est pas
fait attendre et les bombardiers lourds
ont pris pour cible les groupes
extrémistes à l’ouest d’Alep, qui
jouissent du soutien des Etats-Unis, de
la Turquie et de l’Arabie saoudite. Le
ministre russe des Affaires étrangères,
Serguei Lavrov, a par ailleurs déclaré
que Washington avait reconnu son
incapacité à séparer les «terroristes
des groupes modérés».
C’est dans ce contexte que
les discussions se poursuivent entre les
deux puissances pour tenter de trouver
un terrain de coopération en Syrie. Mais
toute entente semble difficile, car
celle-ci exigerait l’arrêt du soutien
américain aux groupes terroristes, qui
constituent la carte la plus importante
que les Etats-Unis ne sont pas disposés
à abandonner.
La confrontation reste donc
l’option la plus probable entre
Washington et l’Otan d’un côté, l’axe de
la Résistance et son allié russe de
l’autre. Ces derniers pourraient être
rejoints par la Chine, qui a fait un pas
important, la semaine dernière,
lorsqu’une délégation militaire chinoise
a déclaré, à partir de Damas, que Pékin
était prêt à entrainer et à équiper
l’armée syrienne.
Source :
French.alahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour

|