Alahed
Sur la Mer Rouge:
le pont de la paix entre les Saoud et
«Israël»
Samer R. Zoughaib

Lundi 18 avril 2016
La signature par l’Arabie saoudite et
l’Egypte d’un accord portant sur la
construction d’un pont reliant les deux
pays, dans la Mer rouge, et la
délimitation des frontières bilatérales,
est une preuve irréfutable que les
relations et la coopération entre le
royaume wahhabite et l’entité sioniste
ont atteint des sommets inégalés.
Lors d’une visite au Caire,
le 7 avril, le roi Salmane Ben Abdel
Aziz a annoncé la construction d’un pont
sur la Mer Rouge reliant l’Arabie
saoudite et le Caire, un projet d’un
coût de 16 milliards de dollars.
Ce pont doit relier Charm el-Cheikh,
dans le Sinaï, à Tabouk, en Arabie, en
passant par l’Ile de Tiran. Un accord de
délimitation des frontières a été signé
dans la foulée, considérant que les iles
de Tiran et de Sanafir, longtemps
revendiquées par l’Egypte, sont des
territoires saoudiens.
Présenté comme un projet pharaonique qui
permettra de relier l’Afrique à l’Asie
et développera le tourisme et le
commerce entre les deux pays, cet accord
a, avant tout, une portée géostratégique
considérable, qui profite, en premier
lieu, à «Israël». D’ailleurs, le
ministre saoudien des Affaires
étrangères, Adel al-Jubair, a tenté,
lors d’une interview télévisée accordée
à la chaine égyptienne CBC, le 11 avril,
de démentir toute implication de
l’entité sioniste dans l’affaire des
deux iles ou de la construction du pont.
Il a cependant été très vite désavoué
par le ministre israélien de la Guerre,
Moshé Ya’alon, qui a déclaré que son
«pays» avait reçu un document contenant
un engagement saoudien à respecter les
clauses de l’accord de «Camp David»,
conclu entre «Israël» et l’Egypte, en
1979.
L’alinéa 2 de l’article 5 de cet accord
stipule ce qui suit: «Les deux parties
(L’Egypte et «Israël», ndlr) considèrent
que le détroit de Tiran et le golfe de
Aqaba sont des passages maritimes
internationaux ouverts à tous les Etats
sans entraves devant la navigation
maritime et aérienne. Les deux parties
respectent leur droit respectif de
navigation et de passage dans les deux
sens dans le détroit de Tiran et le
golfe de Aqaba».
Bénédiction israélienne
Dans le passé, «Tel-Aviv»
s’était toujours opposé à la
construction d’un pont entre l’Egypte et
l’Arabie saoudite dans cette région. Il
est parfaitement clair que l’annonce de
la prochaine mise en chantier du projet
signifie qu’il n’y a plus véto
israélien.
Dans ce contexte, le président de la
«Commission des Affaires étrangères et
de la Défense» du «Parlement» israélien,
Tzahi Hanegbi, a estimé que le tracé des
frontières entre l’Arabie saoudite et
l’Egypte est une occasion pour opérer un
rapprochement entre le royaume wahhabite
et l’entité sioniste. «Les Saoudiens se
sont engagés à respecter la liberté de
navigation et ils ne porteront pas
préjudice à l’accord entre nous et
l’Egypte», a-t-il dit à la radio de
l’armée sioniste, ajoutant: «Nous sommes
intéressés par le renforcement de la
coopération régionale pour faire face à
l’axe dirigé par l’Iran».
Le quotidien Yedeot Aharonot a pour sa
part écrit que Riyad s’est engagé après
des Américains et des Egyptiens à
respecter les clauses de l’accord de
«Camp David» et à garantir la liberté de
navigation pour «Israël» dans le
secteur.
Le site Raï el-Yom a de son côté estimé
que l’«Arabie saoudite est devenue le
quatrième signataire –avec «Israël»,
l’Egypte et les Etats-Unis- de Camp
David».
Coopération sécuritaire face à l’Iran
Les relations entre le
royaume des Saoud et l’entité sioniste
ne sont donc plus des informations
publiées par des journaux ou des rumeurs
véhiculées par un site internet. Il
s’agit aujourd’hui d’une réalité, qui
est le fruit de plusieurs décennies de
diplomatie secrète.
Récemment, le Sunday Times britannique a
publié plusieurs articles sur
l’existence d’une «coopération
israélo-saoudienne en matière de défense
et de sécurité». Attribuées à des
«sources israéliennes anonymes», ces
informations affirment que cette
coopération est motivée par un intérêt
commun entre Riyad et «Tel-Aviv» pour
faire face au «danger iranien».
Il n’est d’ailleurs plus un secret que
les deux «capitales» ont tenu, entre
décembre 2014 et mai 2015, cinq réunions
bilatérales consacrées aux «moyens de
renforcer la coordination pour faire
face à l’Iran». L’Arabie saoudite était
représentée, dans ces entretiens, par un
général à la retraite des services de
renseignements, Majed al-Echki,
considéré comme le bras droit du prince
Bandar ben Sultan. «Israël» était, quant
à lui, représenté par l’ancien
ambassadeur aux Nations unies, Dory
Gold.
Ce même al-Echki avait appelé, en marge
d’une conférence organisée à Washington,
en juin 2015, par le Conseil des
relations extérieures américains, à
«l’établissement de la paix» entre
l’entité sioniste et les Arabes, au
«changement du régime en Iran», et à «la
création d’une force arabe commune sous
le parrainage des Etats-Unis et de
l’Europe».
La diplomatie saoudienne a jeté le
masque. «Israël» n’est pas un ennemi,
qui a volé la Palestine et expulsé son
peuple, c’est un allié dans la lutte
contre l’Iran. Non seulement la
libération de la Palestine ne fait pas
partie de la politique du royaume –une
telle politique n’a d’ailleurs jamais
existé- mais elle a complètement disparu
du discours politique et médiatique du
royaume des sables. Ce discours se
concentre exclusivement sur les attaques
contre la République islamique et la
Résistance libanaise, la seule force qui
a libéré une terre arabe occupée, sans
aucune contrepartie politique ou
diplomatique accordée à l’entité
sioniste.
Source:
french.alahednews
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