ALAHED
L’irréversible dynamique de reconquête
de l’armée syrienne
Samer R. Zoughaib

Samedi 15 juillet 2017
Les succès
enregistrés par l’armée syrienne et ses
alliés ces derniers mois participent
d’une dynamique de reconquête qui est
irréversible en raison des réalités
militaires sur le terrain et de la
conjoncture géopolitique régionale et
internationale.
«The game is over
in Syria». Les propos amers de l’ancien
ambassadeur de Washington à Damas,
Robert Ford, dans une interview accordée
au quotidien saoudien Al-Chark al-Awsat,
le 19 juin, clos tous les pronostics sur
l’évolution future de la situation en
Syrie. L’ex-émissaire de Barak Obama
pour la Syrie estime, dans cet
entretien, qu’«il est probable que les
États-Unis se retireront de Syrie, comme
ils se sont retirés du Liban, en 1983,
et de l’Irak, il y a dix ans».
Et pourtant,
Washington n’a pas laissé une seule
carte sans l’utiliser pour tenter
d’inverser les rapports de forces et
influer sur le cours des événements.
Après avoir épuisé toutes ses options,
médiatiques (diabolisation de l’Etat
syrien), politiques (tentatives de
construction d’une opposition syrienne
ou d’une alliance régionale),
diplomatiques (isolement de l’Etat
syrien, batteries de sanctions
internationales etc…), les Etats-Unis
ont finalement brandi la menace de
l’intervention militaire directe. Ils
ont tiré une cinquantaine de missiles de
croisière sur l’aéroport al-Chaayrate,
ont abattu plusieurs appareils de
l’armée syrienne et ont déployé sur le
terrain des centaines de soldats des
forces spéciales. Mais au regard des
développements stratégiques en Syrie et
dans l’Irak voisin, toutes ces mesures
ressemblent plus à des gesticulations
qu’à des démarches susceptibles de
modifier les rapports de force.
En effet, les
victoires remportées par l’armée
syrienne et ses alliés ces derniers mois
montrent que la dynamique de reconquête
est irréversible et devrait se
poursuivre jusqu’à la libération de
toute la Syrie, comme n’a cessé de le
répéter le président Bachar al-Assad
depuis le début de la guerre.
L’Amérique abandonne
ses alliés
Les succès
enregistrés par l’armée syrienne cette
semaine dans le désert, au nord-est de
Soueida, face à «l’armée des lions de
l’est» et les «forces d’Ahmad al-Abed»,
directement appuyées par les Etats-Unis,
prouvent que les Américains ne sont même
plus capables de protéger leurs plus
proches agents. Exactement comme cela
s’est passé avec la milice d’Antoine
Lahd lors de la débandade des
«Israéliens» du Liban-Sud, il y a 27
ans.
La progression de
l’armée syrienne et de ses alliés dans
le désert de Soueida n’est que le
dernier feuilleton d’une marche
victorieuse qui leur a permis, ces deux
derniers mois, d’engranger une série de
gains sur tous les fronts. Selon
l’agence de presse iranienne Tasnim,
«l’armée syrienne et ses alliés ont
libéré en soixante jours autant de
territoires qu’ils ne l’ont fait en
l’espace de six ans».
Dans le désert de
la Badia, qui s’étend jusqu’à la
frontière irakienne, les alliés ont
progressé sur deux axes: ils ont élargi
dans un rayon de 50 kilomètres la zone
de sécurisation autour de Palmyre, ce
qui a permis de mettre la cité antique
définitivement à l’abri de toute
contre-attaque des terroristes de «Daech».
Dans la foulée, l’armée syrienne a
repris presque tous les champs gaziers
importants du pays, notamment celui
d’Arak. Elle n’est plus qu’à 5
kilomètres de la localité stratégique
d’al-Sokhna, dernier verrou avant la
ville de Deir Ezzor, où une garnison de
l’armée syrienne résiste héroïquement
aux attaques des takfiristes, depuis
quatre ans.
Dans le même temps,
les alliés ont lancé une vaste opération
dans les confins du désert pour
sécuriser la route allant de Damas à la
frontière irakienne. Le 24 juin, ils ont
fait leur jonction avec l’armée
irakienne et les forces de la
«Mobilisation populaire», en dépit des
menaces et des raids américains, qui ont
fait des morts et des blessés. Les
alliés ont ensuite poursuivi leur
progression le long de la frontière en
remontant vers le nord et sont entrés,
pour la première fois depuis 2013, dans
la province de Deir Ezzor. 25000
kilomètres carrés ont été reconquis dans
le désert depuis le mois de mai.
La route Athriya-Khanasser
sécurisée
En parallèle, des
forces syriennes venant de Maskana, à
l’est d’Alep et de l’est de la province
de Homs ont fait leur jonction, écrasant
au passage les terroristes de «Daech» et
récupérant quelque 5000 kilomètres
carrés. Poursuivent leur avancée, ces
forces ont pris la ville de Rasafa, dans
la province de Raqqa, à 30 kilomètres au
sud de la capitale auto-proclamée des
terroristes. De la sorte, elles ont
barré la route vers le sud aux milices
kurdes soutenues par les Etats-Unis. Ces
succès ont définitivement sécurisé la
route stratégique Athriya-Khanasser,
reliant Hama à la ville d’Alep.
Dans le même temps,
les poches terroristes autour à Damas et
ses environs sont tombées les unes après
les autres: Barzé, Qaboun, Techrine… Il
ne reste plus que la poche de Jobar, qui
n’a plus aucune profondeur stratégique,
ainsi que les enclaves de Yarmouk et de
Hajar al-Aswad, qui ne représentent plus
aucune menace sérieuse pour la capitale.
Damas est ainsi relativement mise à
l’abri des tirs d’obus et de roquettes.
Dans un signe de
désespoir, les terroristes ont rouvert
le front de Quneitra, essayant de
prendre la ville d’al-Baas, avec le
soutien direct de l’aviation et de
l’artillerie israélienne, qui ont
attaqué à plusieurs reprises des
positions des alliés. Mais cette
offensive a tourné court et l’armée
syrienne a récupéré, en quelques jours
seulement, toute les positions qu’elle a
perdues.
Ces succès majeurs
s’accompagnent d’un changement palpable
de l’atmosphère au sein de la
population, aujourd’hui plus confiante
dans la possibilité de remporter une
victoire décisive contre les ennemis de
la Syrie, Cela se traduit par un vaste
mouvement d’enrôlement dans l’armée,
inédit depuis le début de la guerre. Des
milliers de jeunes syriens ont rejoint
les rangs de la troupe ces derniers
mois, permettant de reconstituer des
unités qui avaient perdu beaucoup
d’effectifs.
Dernier signal qui
ne trompe pas: le début du retour des
habitants qui avaient fui leurs villages
à cause de la guerre. Depuis le début de
l’année, 450000 déplacés internes et
35000 réfugiés à l’extérieur ont pris le
chemin du retour.
Source :
french.alahednews
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