Alahed
Pourquoi l’Amérique ne combat pas les
terroristes
en Irak et en Syrie?
Samer R. Zoughaib

Mardi 9 août 2016
La lutte des Etats-Unis contre le
terrorisme n’est qu’un jeu hypocrite
enveloppé d’un tas de mensonges pour
cacher leurs vraies intentions, qui
consistent à utiliser ce prétexte pour
engendrer des gains géopolitiques. Comme
d’habitude, l’Europe suit aveuglément
Washington et accepte d’être son
instrument.
La coalition internationale
anti-terroriste créée et dirigée par les
Etats-Unis a soufflé, en août, sa
deuxième bougie sans avoir accroché à
son palmarès des victoires sérieuses
contre les organisations terroristes,
qui sèment la terreur en Irak, en Syrie
et dans le monde entier. Pourtant, ce ne
sont pas les moyens qui manquent: des
dizaines de pays, des centaines
d’avions, des milliers de soldats et des
milliards de dollars. La coalition a
mené des milliers de raids sans pour
autant pouvoir se prévaloir d’avoir
défait «Daech». Ces deux dernières
années, «l’Etat islamique» d’Abou Bakr
al-Baghdadi s’est vu infliger, en Irak,
cinq défaites principales: à Diala
(ouest de Bagdad), Jarf al-Sakhr (sud de
Bagdad), Tikrit (nord), Ramadi et
Fallouja (ouest). Toutes ses batailles
ont été gagnées sans la participation
des forces américaines et de l’aviation
de la coalition. Bien au contraire,
Washington a tenté de dissuader le
gouvernement irakien de mener ces
batailles et a critiqué la
participation, pourtant décisive, du
Hash al-Chaabi (la Mobilisation
populaire) à ces campagnes militaires. A
Tikrit et à Fallouja, les porte-paroles
américains ont répandu un climat
d’incertitude, affirmant que ces
batailles dureront des mois. A Jarf al-Sahkr
et à Diala, les avions américains ont
largué, soi-disant par erreur, des armes
aux terroristes pour les aider à
résister.
Non à l’aide conditionnée!
Cette attitude prouve que
les Etats-Unis ne veulent pas vaincre
les terroristes à tout prix, mais
seulement selon des conditions et dans
des buts déterminés. A travers leur
nouvelle guerre contre le terrorisme,
les Américains veulent réaliser leur
ancien objectif, qui est d’étendre leur
hégémonie politique sur les pays de la
région, afin de protéger «Israël». Lors
des cinq grandes batailles en Irak, qui
se sont soldées par la défaite des
terroristes, Washington s’est abstenu
d’apporter une aide significative car ce
n’est pas lui qui a établi les plans et
réparti les rôles afin de cueillir les
dividendes politiques. Le gouvernement
irakien et le Hashd al-Chaabi, appuyés
par l’Iran, ont refusé toute aide
américaine conditionnée.
Le même schéma s’est
présenté en Syrie. Ce sont l’armée
syrienne, les Russes et leurs alliés
iraniens et libanais qui ont infligé les
plus importantes défaites à «Daech». On
se souvient encore des batailles de
Koweires et de Palmyre.
Le jeu américain est encore
plus pernicieux en Syrie car les
Etats-Unis livrent des armes, des
munitions et du matériel militaire aux
groupes terroristes, et sont restés
sourds à tous les appels de la Russie de
séparer le «Front al-Nosra» des rebelles
dits «modérés». Ces derniers ne sont pas
moins criminels et barbares que les
qaïdistes, comme l’ont prouvé les
bourreaux du groupe Noureddine Zenki, en
égorgeant le petit palestinien Abdallah
Issa, âgé de 12 ans.
Les «rebelles» armés par des Européens
Les circuits d’acheminement
des armes aux groupes extrémistes ont
été récemment dévoilés par une enquête
de l’OCCRP (Organized Crime and
Corruption Reporting Project). Des
milliers de tonnes d’équipements et de
munitions ont été envoyés de pays de
l’Europe de l’Est (membres de l’Otan)
vers des Etats du Golfe et de la
Turquie, qui, à leur tour, les livraient
aux terroristes. Parmi les pays
vendeurs, on retrouve cinq pays de
l'Union européenne (Bulgarie, Slovaquie,
Croatie, Roumanie et République tchèque)
et trois pays non membres (la Serbie, la
Bosnie-Herzégovine et le Monténégro).
Les armes sont achetées par l'Arabie
saoudite, la Turquie, la Jordanie et les
Emirats arabes unis avant de prendre la
direction du territoire syrien. Toujours
selon l'enquête de l’OCCRP, ces contrats
d’armement «certainement illégaux»,
rapporteraient des centaines de millions
d'euros aux industries des pays
concernés. Miranda Patrucic, membre de
l'OCCRP qui a rédigé l'enquête, explique
le circuit: «Huit pays (…) ont délivré
des licences d'exportation d'armes pour
un montant total de plus de 1,2 milliard
d'euros. On a découvert qu'en une année
seulement, au moins 68 vols de fret
transportant des armes et des munitions
ont décollé des Balkans vers le
Moyen-Orient. Or le constat qu'on fait,
c'est que l'Arabie saoudite et les
autres n'achètent pas ces armes pour
leur propre usage parce qu'ils en ont
déjà des très modernes vendues par les
pays de l'OTAN. Et jusqu'en 2012, il n'y
a aucun historique de vente d'armes
issues de cette région vers l'un de ces
quatre pays. Donc, ces armes-là sont
commandées pour être in fine livrées aux
combattants en Syrie.»
Obama jette son masque
L’hypocrisie américaine
s’est clairement manifestée lors de la
bataille actuellement en cours à Alep.
Tout en criant au désastre humanitaire
qui «menace les quartiers est de la
ville», occupés par les groupes
extrémistes, Washington ferme les yeux
sur l’utilisation par les terroristes de
gaz toxique contre les populations
civiles, notamment à Hamdaniyé, où une
dizaine de personnes sont mortes de
suffocation cette semaine.
Barak Obama en personne est
intervenu pour tenter de sauver les
groupes terroristes, en critiquant
vivement la Russie, jeudi 4 août, pour
ses actions militaires en Syrie. «Les
Etats-Unis restent prêts à travailler
avec la Russie pour tenter de réduire la
violence et consolider nos efforts
contre les (groupes) Daech et al- Qaïda
(...) Mais la Russie n'a pas pris les
mesures qui s'imposent», a déploré le
président lors d'une conférence de
presse au Pentagone. Il a pressé Moscou
à «montrer son sérieux» dans la quête
d'une solution à la guerre qui ravage la
Syrie. Evoquant la situation à Alep, M.
Obama a ajouté que «l'implication
directe de la Russie dans ces actions
depuis plusieurs semaines soulève des
questions sur leur engagement à
s'éloigner du bord du gouffre.»
La réponse russe n’a pas
tardé. Le président Vladimir Poutine a
déclaré que «les tentatives d’utiliser
les groupes terroristes et radicaux pour
servir des intérêts politiques et
géopolitiques sont inacceptables et
dangereuses».
Washington doit être «honnête» et
«responsable»
Répondant également à Obama,
le vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Riabkov, a quant à
lui appelé les Etats-Unis doivent se
comporter de manière «honnête» et
«responsable» s'ils veulent rétablir la
confiance entre les deux pays.
«La confiance dans les relations entre
la Russie et les Etats-Unis ne peut être
rétablie que si nos collègues à
Washington traitent de manière honnête
et responsable l'ensemble de l'agenda
des relations bilatérales entre Moscou
et Washington, a-t-il dit. Les
Etats-Unis, dans leur dialogue avec nous
sur les questions syriennes, ne se
conduisent parfois pas comme des
partenaires et sont loin de se montrer
toujours prêts à négocier sur un pied
d'égalité».
Le secrétaire d'Etat américain John
Kerry et son homologue russe Sergueï
Lavrov se sont parlé au téléphone
vendredi. M. Lavrov a «souligné la
nécessité d'activer la lutte contre les
groupes terroristes et extrémistes qui
agissent de manière de plus en plus
effrontée» et emploient «des substances
chimiques toxiques».
Mais aussi bien les dirigeants
occidentaux que leurs médias ont passé
sous silence ce dernier crime commis par
les terroristes, car ces derniers sont
une pièce maîtresse du dispositif mis en
place par les Américains pour étendre
leur hégémonie sur l’Irak et la Syrie.
Source :
French.alahednews
Le sommaire de Samer R. Zoughaib
Le
dossier Monde
Les dernières mises à jour

|