Alahed
Cinq millions de Damascènes assoiffés
par les extrémistes: l’Occident ferme
les yeux
Samer R. Zoughaib

Samedi 7 janvier 2017
La privation de cinq millions de
personnes à Damas et ses environs d’eau
potable par les extrémistes est un
exemple frappant de la politique des
deux poids deux mesures, pratiquée par
la communauté internationale et les
Nations unies.
Les Etats-Unis, la France, la
Grande-Bretagne et d’autres pays
occidentaux se murent dans un silence
complice, alors que cinq millions de
personnes sont privées d’eau potable à
Damas et ses environs depuis plus de
deux semaines. Les droits de l’homme, la
protection des civils et le respect des
lois de la guerre ne sont plus, à leurs
yeux, une priorité lorsqu’ils sont
violés par des groupes extrémistes
qu’ils appuient et encouragent. Aucun
responsable de ces pays n’a jugé la
situation assez alarmante pour faire le
moindre commentaire. Les rares
interventions sur les événements de Wadi
Barada ont dénoncé la «violation de la
trêve par le régime». Personne ne s’est
ému du fait que des millions de
personnes n’ont plus une goutte d’eau
dans les robinets pour boire, faire la
toilette et cuisiner. Ce même silence
criminel avait déjà été observé lorsque
les extrémistes d’Alep, qui contrôlaient
la principale station de pompage d’eau,
dans le quartier de Sleimane Al-Halabi,
coupaient l’eau pendant des jours
entiers des quartiers ouest de la ville,
où vivent 1,5 millions de personnes.
Pourtant, ces mêmes responsables
occidentaux remuent ciel et terre quand
des violations de bien moindre envergure
qu’une punition collective frappant cinq
millions de civils, étaient imputées au
gouvernement syrien.
Réaction tardive de l’Onu
Les mêmes reproches peuvent être
adressés aux Nations unies. Ce n’est que
le vendredi 6 janvier, soit exactement
deux semaines après le début de la
pénurie d’eau, que Jan Egeland, chef du
groupe de travail de l'Onu sur l'aide
humanitaire en Syrie, a dénoncé comme un
«crime de guerre» la privation d'eau
potable infligée aux cinq millions
d'habitants de Damas. Ce retard de la
réaction de M. Egeland et d’autant plus
étonnant que des employés onusiens se
trouvent en permanence dans la capitale
syrienne et ont certainement dû
constater que l’eau ne coulait plus dans
les robinets, depuis le 22 décembre.
Pourquoi avoir attendu le 6 janvier
avant de réagir?
Et comme M. Egeland a eu peur de trop se
«mouiller» en qualifiant la privation
d’eau de «crime de guerre», il a évité
de désigner le coupable, jugeant
«difficile de savoir quel camp était
responsable de cette situation».
Est-il raisonnable de croire un seul
instant que le gouvernement syrien a
sciemment assoiffé ses partisans, ses
soldats et leurs familles, ses
fonctionnaires et la population civile
qu’il administre?
Tout le monde sait que la source d’Al-Fija,
qui alimente Damas en eau potable, se
trouve dans une région contrôlée depuis
plus de quatre ans par les groupes
extrémistes. Pour empêcher la conclusion
d’un accord de réconciliation et de
pacification, semblable à ceux qui ont
eu lieu tout autour de Damas, ces
groupes ont contaminé l’eau au diesel,
la rendant inconsommable. Ils n’ont
laissé d’autre choix à l’Armée arabe
syrienne et à ses alliés que d’utiliser
la force pour reprendre la source d’Al-Fija,
afin de rétablir l’eau courante à Damas
et ses environs. La machine médiatique
s’est alors mise en marche, prétendant
qu’il n’existe pas de membres du Front
quaïdiste al-Nosra (rebaptisé Fateh
al-Cham) à Wadi Barada, et que ceux qui
combattent l’armée syrienne sont des
habitants des villages de la région.
Pourtant, l’émir d’«al-Nosra», Abou
Malek al-Tallé (originaire de la
localité al-Tall, près de Damas), a
lui-même reconnu, dans un tweet, que ses
hommes se battaient à Wadi Barada et
qu’il était responsable de la rupture de
l’approvisionnement de Damas en eau. En
Occident et aux Nations unies, personne
n’a voulu lire ce tweet.
«Al-Nosra» veut torpiller la
réconciliation
La bataille de Wadi Barada est vitale
pour les terroristes d’«Al-Nosra». Si
les habitants et les combattants locaux
acceptent un accord de réconciliation,
«Al-Nosra» n’aura pratiquement plus de
présence significative dans la province
de Damas, à l’exception du maquis du
Qalamoun, à la frontière
libano-syrienne, qui est complètement
encerclé par l’armée syrienne et les
résistants du Hezbollah.
Après la progression des alliés à Wadi
Barada ces derniers jours, la situation
des combattants est devenue désespérée.
C’est sans doute pour cette raison
qu’ils ont finalement accepté les termes
d’un accord négocié, vendredi 6 janvier,
par des médiateurs russes avec des
notables de la région. Le texte prévoit
la réparation, par des techniciens des
ministères syriens concernés, des
installations de la source d’Al-Fija
pour la dépolluer; le retrait des
extrémistes et de leurs familles vers
Idleb; l’amnistie pour les combattants
qui souhaitent rester sur place et leur
incorporation dans l’Armée de défense
nationale (ADN). Enfin, l’armée syrienne
installera des check-points à l’entrée
des onze villages de Wadi Barada,
consacrant le retour de cette région
dans le giron de l’Etat, après quatre
ans d’occupation par les extrémistes.
Si cet accord est respecté, il ne
restera plus que quelques petites poches
hors du contrôle de l’Etat à l’ouest, au
nord et au sud de Damas. Le dernier
bastion extrémiste important, dans la
Ghouta orientale, est totalement
encerclé par l’armée et ses alliés.
Source : french.alahednews
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