Alahed
Accord de Lausanne:
Pourquoi l’Iran est le grand gagnant
Samer R. Zoughaib
Photo:
D.R.
Samedi 4 avril 2015
L'accord-cadre conclu entre
l'Iran et les grandes puissances au
sujet du dossier nucléaire est une
victoire pour la République, un succès
pour le président américain Barak Obama
et une cuisante défaite pour le Premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahu.
L'Iran est le grand vainqueur de
l'accord-cadre conclu avec l'Occident
sur son dossier nucléaire, après un an
et demi d'âpres négociations. Certes,
les médias occidentaux tentent de
souligner les «importantes concessions»
consenties par Téhéran, tout en
admettant que l'Iran bénéficiera de cet
accord. Ces médias partent du principe
que l'objectif de l'Iran était, au
final, de fabriquer la bombe atomique,
et que l'accord-cadre de Lausanne lui
ôte cette possibilité. Mais pour ceux
qui connaissent bien les Iraniens, la
fabrication de la bombe n'était pas un
objectif, surtout que le leader de la
Révolution islamique, sayyed Ali
Khamenei, avait émis une fatwa estimant
que cette arme de destruction massive
est prohibée pour des raisons
religieuses.
Le but de l'Iran était d'obtenir une
reconnaissance internationale de son
droit à accéder à la technologie
nucléaire à des fins pacifiques, pour
les besoins du développement futur du
pays. Cela passe inéluctablement par la
maîtrise de toutes les étapes de cette
technologie, notamment l'enrichissement
de l'uranium sur le territoire iranien
et par ses propres moyens, chose que
l'Occident refusait obstinément pendant
12 ans. Or l'accord de Lausanne
reconnait sans ambages à l'Iran ce droit
inaliénable. Sur ce point, la République
islamique a donc obtenu entière
satisfaction, au grand dam de ses
ennemis, en tête desquels figurent
«Israël» et les extrémistes du Congrès
américain. Elle obtient aussi le droit
de poursuivre la recherche dans le
domaine nucléaire.
Fabius le fanfaron
A partir de là, les questions relatives
au taux d'enrichissement, au nombre de
centrifugeuses et au sort de certains
réacteurs nucléaires deviennent des
détails, du moment que le droit
fondamental d'enrichir l'Uranium à des
fins pacifiques est reconnu par la
communauté internationale.
Dans ce contexte, les commentaires du
ministre français des Affaires
étrangères, Laurent Fabius, ressemblent
à des fanfaronnades. «Le nucléaire
civil, 100% oui. La bombe atomique,
non», a-t-il dit, insistant sur la
réduction du nombre de centrifugeuses,
«qui passeront de 19000 à un peu plus de
6000 (6014, ndlr), dont 5060 en
fonctionnement». M. Fabius a ajouté que
la quantité d'uranium en possession de
l'Iran passerait de «8 tonnes à 300 kg».
«L'uranium ne pourra être enrichi qu'à
3,65% contre 20% auparavant», a-t-il
précisé, soit un taux insuffisant pour
développer le nucléaire militaire.
Sachant que l'Iran n'avait pas
l'intention de fabriquer la bombe
atomique, ces propos n'ont plus de
réelle valeur et visent à alimenter la
propagande occidentale. Nous sommes très
loin des objectifs affichés par les pays
occidentaux. Au départ, les Etats-Unis
réclamaient non moins que le
démantèlement du programme nucléaire
iranien, avant d'exiger l'arrêt total de
l'enrichissement de l'uranium, deux
conditions qu'il ont dû abandonner
devant la détermination de l'Iran à
obtenir ses droits.
Bénéfices économiques
Le président iranien, cheikh Hassan
Rohani, a déclaré, vendredi, qu'un
accord global pourrait ouvrir «une
nouvelle page» dans les relations de
l'Iran avec la communauté
internationale. Selon lui,
l'accord-cadre conclu jeudi prévoit «de
nouvelles coopérations avec le monde,
dans le secteur du nucléaire et dans
d'autres secteurs», qui «ouvriront une
nouvelle page» dans les relations
internationales de la République
islamique qui a été «mise au ban des
nations depuis plusieurs années».
Sur le plan économique d'abord, les
sanctions seront levées dès la
conclusion de l'accord global, le 30
juin. Les sanctions européennes seront
supprimées, et les américaines liées aux
activités nucléaires seront suspendues
une fois que l'AIEA aura confirmé que
l'Iran aura respecté toutes les
principales dispositions. Toutes les
«sanctions nucléaires» du Conseil de
Sécurité de l'Onu seront levées quand
l'Iran aura mis en œuvre les principales
mesures requises
L'Iran récupèrera, selon un calendrier
qui reste à définir, les 100 milliards
de dollars bloqués dans les banques
étrangères. Et jusqu'au 30 juin, il
continuera à percevoir les tranches
mensuelles prévues par l'accord
provisoire conclu en octobre 2013.
Succès pour Obama, défaite pour
Netanyahu
L'accord-cadre constitue aussi un succès
pour le président américain Barak Obama,
qui pourra se vanter d'une réussite sur
le plan extérieur au moment où il
accumule les difficultés avec la Russie,
au Moyen-Orient et en Ukraine. Il pourra
même capitaliser sur son accord avec
l'Iran pour tenter de s'extraire des
bourbiers irakiens, afghans et syrien.
Encore faut-il qu'il parvienne à vaincre
les réticences de son Congrès, dominé
par les Républicains.
Le principal perdant de l'accord de
Lausanne est Benyamin Netanyahu, qui a
non seulement échoué à bloquer l'accord
mais a aussi creusé un fossé entre
«Israël» et l'Amérique dont les intérêts
sont parfois divergents sur certains
dossiers. Il s'est discrédité tant dans
la classe politique que dans la
population américaines par l'offense
faite au président Obama.
Le Premier ministre israélien a affirmé
que cet accord ne forçait l'Iran à
fermer aucune de ses installations, à ne
détruire aucune centrifugeuse ni à
arrêter la recherche sur des
centrifugeuses plus perfectionnées. «Au
contraire, cet accord légitimerait le
programme nucléaire illégal de l'Iran.
Il permettrait à l'Iran de conserver une
vaste infrastructure nucléaire», a-t-il
dit, s'alarmant d'une levée «presque
immédiate» des sanctions imposées à
l'Iran.
Ayant perdu tout repère, Netanyahou a
exigé vendredi que tout accord final sur
le programme nucléaire de l'Iran
comporte la reconnaissance «sans
ambiguïté» par la République islamique
du «droit à l'existence d'Israël».
Encore une demande qui n'a aucune chance
d'être concrétisée.
Source: french.alahednews
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