Alahed
L’Armée syrienne barre la route
aux Turcs à l’est d’Alep
Samer R. Zoughaib

Mercredi 1er mars 2017
L’armée syrienne et leurs alliés ont
enregistré une progression rapide et
fulgurante à l’est d’Alep, barrant la
route aux troupes turques et à leurs
milices supplétives syriennes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
déclaré, mardi 28 février, qu’après la
prise d'Al-Bab, le prochain objectif de
l’armée turque et de ses milices
syriennes supplétives, regroupées au
sein du «Bouclier de l’Euphrate», est
Manbij, à 50 km à l'est d'Al-Bab. Mais
les développements militaires rapides à
l’Est d’Alep risquent de compromettre
les plans turcs et d’imposer une
nouvelle donne dans le Nord et le
Nord-est de la Syrie.
En effet, l’Armée arabe syrienne (AAS)
et ses alliés ont reconquis, lundi, le
village de Job al-Khafi, ce qui leur a
permis d’arriver aux abords des
localités de Oum Khazra et Houta,
contrôlées par les «Forces démocratiques
syriennes» (FDS), essentiellement
composées de combattants kurdes des
«Unités de protection du peuple kurde»
et de membres de tribus arabes du Nord
et du Nord-est de Syrie.
En quelques jours seulement, l’armée
syrienne a chassé les terroristes de «Daech»
d’une trentaine de localités à l’est
d’Alep, reprenant le contrôle de près de
700 km carrés. Ces développements
interviennent après l’occupation par
l’armée turque de la ville d’al-Bab,
dernier bastion du groupe terroriste «Daech»
dans la province d’Alep. La prise d’al-Bab
a permis à la Turquie d’empêcher la
jonction entre les forces kurdes de
l’est et de l’ouest de la Syrie (Efrin),
et le contrôle d’une bande de plusieurs
centaines de kilomètres le long de la
frontière syro-turque.
L’armée turque stoppée
L’avancée de l’armée syrienne à l’est
d’Alep est extrêmement importante car
elle mélange les cartes dans cette
région, qui cristallise toutes les
ambitions des acteurs externes en Syrie.
En arrivant jusqu’aux régions contrôlées
par les FDS, l’armée syrienne bloque
toutes les voies susceptibles d’être
empruntées par l’armée turque et le
«Bouclier de l’Euphrate» pour continuer
leur progression vers le Sud, en
direction de la ville de Raqqa. Un autre
objectif de l’AAS est d’arriver aux
rives du lac Assad, pour contrôler ce
site stratégique et réalimenter ainsi la
ville d’Alep, privée d’eau depuis un
mois et demi par «Daech».
Le plus important est que la prouesse
militaire de l’AAS et de ses alliés
donne un coup de frein à
l’expansionnisme turc en territoire
syrien. Si l’armée turque veut continuer
à avancer vers le sud, elle devra se
heurter à l’armée syrienne. Si elle veut
prendre Manbij, comme l’a encore dit
Erdogan mardi, elle devra affronter les
FDS. Or dans les deux cas, les scénarios
sont très risqués pour Ankara.
Si La Turquie décide de s’attaquer à
l’armée syrienne, il s’agira au regard
du droit international d’une agression
pure et simple, difficile à défendre et
à justifier même par ses alliés. Plus
grave encore, cela risque de
compromettre le processus de
normalisation entamé par Erdogan avec la
Russie, laquelle soutient militairement
l’ASS et ses alliés. D’ailleurs sur le
terrain, l’armée turque a fait preuve
d’une grande incompétence, et il lui a
fallu deux mois et 70 morts dans ses
rangs pour pouvoir prendre al-Bab. Elle
n’aurait sans doute pas réussi si «Daech»
n’avait pas été encerclé au sud par
l’AAS et ses alliés.
Les FDS, alliées de l’Amérique
Concernant les FDS, la Turquie n’ose pas
les attaquer directement car elles sont
soutenues par les Etats-Unis, qui
déploient quelque 300 militaires des
forces spéciales aux côtés des Kurdes.
Déclarer la guerre aux FDS équivaut à
s’en prendre au principal levier
américain sur le terrain syrien.
L’armée syrienne et les FDS ne sont pas
encore entrés en confrontation, car leur
priorité commune est de stopper
l’avancée de l’armée turque en
territoire syrien. Mais cela n’en fait
pas pour autant des alliés. Car la
relation entre les FSD et les Américains
va poser à terme un réel sujet de
friction. De plus, les FDS ont
considérablement renforcé leurs
relations, ces derniers temps, avec les
Emirats arabes unis, par l’intermédiaire
de l’ancien haut responsable du Fatah,
Mohammad Dahlan, considéré comme l’homme
des Emirats. En outre, les velléités
fédéralistes des Kurdes se heurtent à la
détermination de l’Etat syrien à
préserver l’unité, l’intégrité
territoriale et la souveraineté de la
Syrie.
Toutes ces complications font que les
enjeux dans le nord syrien sont cruciaux
pour la suite des événements, surtout si
le plan présenté par le Pentagone au
président Donald Trump prévoit
l’établissement de zones d’influences,
sous l’appellation de «régions
sécurisées». A ce stade de la crise, les
masques tomberont et la confrontation
sera directe entre les armées des
différents pays impliqués dans la crise
syrienne.
Source : French.alahednews
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