Monde
Les 10 vérités du peuple grec au monde
Salim Lamrani
Lundi 6 juilet 2015
Al Mayadeen
http://espanol.almayadeen.net/...
Lors du
référendum historique du 5 juillet 2015,
les Grecs ont envoyé un message de rejet
à l’oligarchie politique et financière
de l’Europe et un message d’espoir aux
peuples du monde.
1.
NON à l’Europe de
l’austérité, à l’Europe des banques et
de l’oligarchie et à l’Europe égoïste.
Les politiques d’austérité sont
politiquement coûteuses, économiquement
inefficaces et socialement désastreuses.
Loin de relancer la croissance, la
réduction des dépenses, la diminution
des salaires et des pensions de
retraite, le démantèlement des services
publics, y compris d’éducation et de
santé, la destruction du code du travail
et des acquis sociaux conduisent
inévitablement à une contraction de la
consommation.
2.
OUI à l’Europe
sociale, à l’Europe des peuples et à
l’Europe du partage. En temps de crise,
les Etats doivent adopter une politique
de New Deal et réaliser des
investissements massifs afin de relancer
l’économie. Les mesures de protection
sociale doivent être renforcées afin de
protéger les catégories les plus
vulnérables de la population. De la même
manière, une hausse du salaire minimum
enclenchera un cercle vertueux car elle
relancera la consommation, remplira le
carnet de commandes des entreprises,
lesquelles embaucheront de nouveaux
salariés pour répondre à cette demande,
ce qui permettra à l’Etat d’augmenter
ses recettes fiscales grâce à ces
nouveaux contribuables et de diminuer
ses dépenses d’allocations-chômage grâce
à la baisse du nombre de personnes sans
emploi. Ces nouvelles sources de revenus
pour la nation permettront de renforcer
les services publics à destination du
peuple.
3.
NON à la dictature
de la finance, aux ultimatums, au
chantage de la Troïka, au terrorisme
politique, économique, financier et
médiatique et aux menaces en tout genre.
Il est inadmissible que la Commission
européenne, composée de technocrates non
élus – donc sans aucune légitimité
populaire – décide de la politique
économique et sociale d’une nation
souveraine. Il s’agit là d’une atteinte
à la démocratie et une remise en cause
du droit inaliénable des peuples à
l’autodétermination.
4.
OUI à
l’indépendance, à la volonté sacrée des
peuples, à la liberté et à la dignité.
En portant au pouvoir un gouvernement
progressiste mené par Alexis Tsipras de
SYRIZA, les Grecs ont voté pour un
programme de relance économique
anti-austérité et un renforcement de la
protection sociale. Aucune entité ne
peut interférer dans cette décision
souveraine d’un peuple libre.
5.
NON à la dette
inique, mathématiquement impayable,
destinée à asservir les peuples et à
satisfaire l’appétit de la finance
internationale. Il est temps de mettre
fin au système actuel qui interdit à la
Banque centrale européenne de prêter
directement aux Etats aux mêmes taux que
ceux réservés aux banques privées,
c’est-à-dire entre 0 et 1%. La Grèce
pourrait résoudre le problème de la
dette si une telle réforme était
adoptée. Aujourd’hui, lorsque la Grèce a
besoin d’un financement, elle est
obligée de passer par les banques
privées qui lui prêtent à des taux
usuraires pouvant atteindre les 18%, des
emprunts qu’elles ont-elles-mêmes
souscrits à des taux inférieurs à 1% !
6.
OUI à un audit
international des dettes publiques, à la
renégociation et à l’annulation des
emprunts illégitimes. Selon la
Commission pour la Vérité sur la Dette
publique grecque, « la dette issue des
mesures de la Troïka constitue une
violation caractérisée des droits
humains fondamentaux des résidents de la
Grèce. Ainsi, nous sommes parvenus à la
conclusion que la Grèce ne doit pas
payer cette dette, du fait de son
caractère illégal, illégitime et odieux.
[…] Le caractère insoutenable de la
dette publique grecque était évident
depuis l’origine pour les créanciers
internationaux, les autorités grecques
et les grands médias. Pourtant, les
autorités grecques et certains
gouvernements de l’Union Européenne se
sont ligués pour rejeter une
restructuration de la dette publique en
2010, dans le seul but de protéger les
institutions financières privées. Les
grands médias officiels ont dissimulé la
vérité au public en soutenant que le
plan de sauvetage allait être bénéfique
pour la Grèce, tout en passant en boucle
le récit selon lequel la population ne
faisait que payer pour ses propres
turpitudes ».
7.
NON à
l’accumulation des richesses, à
l’égoïsme et à l’individualisme.
L’Europe actuelle est le paradis des
nantis et l’enfer des peuples. Elle est
l’illustration parfaite de la célèbre
maxime voltairienne selon laquelle « une
société bien organisée est celle où le
petit nombre fait travailler le grand
nombre, est nourri par lui, et le
gouverne ».
8.
OUI à la
répartition des richesses, à la
solidarité et à la défense de l’intérêt
général. La crise actuelle n’est pas due
à une question de ressources car
l’Europe n’a jamais été aussi riche de
son histoire. Il est donc urgent de
procéder à une répartition équitable des
richesses et de placer la dignité
humaine au centre du projet européen.
9.
NON à la dictature
des puissants. La Grèce, berceau de la
démocratie, rappelle à l’Europe et au
monde le fameux avertissement de
Maximilien Robespierre. Le Héros de la
Révolution française qui, dès le départ,
avait choisi le camp des pauvres, avait
dénoncé « le joug de l’aristocratie des
riches, la plus insupportable de
toutes » : « Les riches prétendent à
tout, ils veulent tout envahir et tout
dominer. Les abus sont l’ouvrage et le
domaine des riches, ils sont les fléaux
du peuple : l’intérêt du peuple est
l’intérêt général, celui des riches est
l’intérêt particulier ».
10.
OUI à la révolte
des peuples contre toutes les
injustices, à l’insurrection civique et
pacifique et à la résistance à
l’oppression. Les peuples ne sont pas
condamnés à l’indifférence et à
l’humiliation et ont le pouvoir de
prendre en main leur propre destin. La
misère n’est pas une fatalité mais une
décision politique imposée par les
élites rapaces et insatiables. L’heure
est à la révolte de la plèbe, des
écrasés et des révoqués contre la
brutalité de la finance mondiale.
Docteur ès Etudes
Ibériques et Latino-américaines de
l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage
s’intitule Cuba. Les médias face au
défi de l’impartialité, Paris,
Editions Estrella, 2013 et comporte une
préface d’Eduardo Galeano.
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
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