Opinion
La France à l'orée
du chaos
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 27 novembre 2013
Le babillage des nervis du TJ
Je suis parfois ébaubi par les
journalistes et les gratte-papiers
français, pour le motif que ces
scribouilleurs à la solde, d’une
ingénuité désarmante, ont la manière
d’exprimer sans détour les rapports de
force les plus compliqués pour ensuite
mieux les embrouiller. Et ces tabellions
font des lignes de reportage et des
minutes de babillage au télé-journal
tant et aussi longtemps que l’un d’entre
nous comprend (1).
Ainsi, la France est engagée dans un
grand remue-ménage économique,
politique, social et juridique. La
petite bourgeoisie le sent confusément
et elle l’exprime expressément avec
mission de propager la pensée de ses
maîtres et d’exposer les dangers venus
des Cités et des régions éloignées de la
capitale (2).
Ces resquilleurs hurlent, du Finistère à
Paris-Cité, de St-Étienne à
Marseille-barricadée, de Perpignan
jusqu’à Quimper-révoltée; ils hurlent
leur douleur amère que le grand capital
ne soit nullement reconnaissant pour
tous ces sévices rendus du temps
du développement florissant, quand seule
la classe ouvrière était pressurée –
surtaxée – imposée – vilipendée et
matraquée…
Moyenne et petite bourgeoisie soumises
aux fourches caudines de l’austérité
Imaginez que les grands financiers s’en
prennent à leur plus fidèle alliée, la
moyenne bourgeoisie du commerce et de
l’industrie régionale. Celle qui
sous-traite pour les grands industriels,
celle qui développe de nouveaux
produits, de nouveaux marchés, qui une
fois à maturité sont absorbés par
le grand capital monopolisé.
Les grandes familles de rentiers
parisiens, par Assemblée Nationale
interposée, s’en prennent à leurs plus
loyaux affidés, la petite bourgeoisie
paupérisée, maintenant que tous les
autres y sont passés (ouvriers,
travailleurs, employés, salariés) (3).
La pseudo «classe moyenne» (qui n’a
jamais existé) la petite bourgeoisie
citoyenne, compagne de lit des grands
partis, crie son désarroi de voir la
gauche déconfite se vautrer dans l’auge
du petit capital – vendant sa peau
en lambeaux – sacrifiant ses appuis
électoraux si chèrement décomptés lors
du dernier bal électoral. Lisez plutôt :
«Après l’écotaxe toujours aussi
pugnace Mélenchon est solidaire du "petit
patronat qui tire la langue". Mais
que font le Front de Gauche, le
PCF et les autres de la gauche
mosaïque à propos de l'écrasement
fiscal du petit épargnant que représente
la taxation prévue des ventes de
terrains à bâtir? ». Rastignac –
Cahuzac serait de retour, annoncent
les nouveaux «prolos», piliers de
bistros de la rue Soufflot (4).
Les communistes seront présents
Pourtant, malgré tout ce vent soufflant
du Morbihan, quand trente à
quarante mille manifestants en colère se
rassemblent à Quimper, fièrement
coiffés du Bonnet Rouge des insurgés,
affrontant la flicaille, ce bras armé de
l’État policier, brisant les radars et
jetant du pavé contre la préfecture
effrayée, le devoir du militant
communiste authentique c’est d’être
devant avec les manifestants, faisant le
coup de brique contre les riches.
Que notre classe sociale – la classe
ouvrière – massivement représentée dans
ce combat, ne soit nullement dirigée en
tant que classe pour elle-même, avec ses
propres mots d’ordre et défendant ses
propres intérêts de classe, cela est su
et connu. Ça fait plus de cinquante
ans qu’ils y militent les réformistes.
C’est justement la raison pour laquelle
tout communiste qui se respecte doit
faire le coup de pavé avec les révoltés.
Nul endroit où notre classe se soulève
où nous ne soyons présent. Il sera
toujours temps à la fin de la manif, ou
à la pause syndicale, d’expliquer
pourquoi nous avons participé à
l’échauffourée sans tergiverser.
D’autres sacrifices nous attendent avant
que nous n’en ayons fini avec ces
malappris de la pseudo gauche
tiers-parti.
Comprenez camarades, ce n’est pas nous
communistes qui avons le fardeau de la
preuve de l’innocuité des mots d’ordre
réformistes réclamant plus de justice de
la part des riches, moins de taxes et
plus d’emploi pour la Bretagne et le
Finistère, et pour la France toute
entière. Contre l’externalisation et
contre la délocalisation industrielle;
contre les fermetures d’usines, contre
la dette systémique et contre la crise
endémique; contre les taxes et les
impôts, ces trop lourds fardeaux sur les
épaules de trop peu de gens travaillant
(y compris nos camarades immigrants).
Le patronat régional et le petit
bourgeois local trahiront
Ceux qui présentement dirigent le
mouvement en Bretagne et proposent de
manifester dans un champ abandonné à
Carhaix (5) – aussi loin que possible de
l’ennemi de classe et de ses préfectures
– ne pourront pas contenir la colère
populaire; et ils oublient que pour des
camionneurs rien n’est plus aisé que de
rouler vers les lieux et les symboles du
pouvoir assiégés – en Bretagne d’abord,
à Paris ensuite et à Bruxelles enfin. Le
devoir de tout communiste est d’être là,
présent parmi la classe, pour indiquer
la voie que les petits et les moyens
bourgeois ne prendront pas – au moment
crucial – fatidique – le moment où tout
bascule vers l’avenir – vers
l’insurrection nécessaire (6).
Souvenez-vous camarades, la crise
économique s’approfondit, l’écroulement
approche. L’État bourgeois – leur
état-major – frappe et grappille afin de
transférer du capital au grand capital.
Les politiciens français s’engagent à en
transférer davantage que leurs
concurrents d’Allemagne, d’Italie,
d’Espagne, du Portugal ou de Grèce. Défi
homérique en effet. Ces États sont tous
en collusion et en concurrence les uns
contre les autres au sein même de
l’Union Européenne. Bruxelles ne fait
que réguler la joute interne et
organiser le Front commun (National)
externe des riches continentaux contre
les concurrents et contre les ouvriers
européens – français – bretons –
quimpérois y inclus.
La classe ouvrière ayant été pressurée
au maximum, il ne reste que la
petite et la moyenne bourgeoisie à
surtaxer afin d’assurer le flot de
capital en direction des conseils
d’administration des grandes familles de
rentiers monopolistes français et
européens. La petite et la moyenne
bourgeoisie se sentent trahies et elles
critiquent Mélenchon de ne pas les
protéger; et elles menacent de rallier
Marine Le Pen si les ploutocrates
parisiens ne leur laissent pas leur
miche de pain. Ce que la grande
bourgeoisie européenne ne peut leur
concéder. La concurrence
internationale est beaucoup trop
exacerbée. La Chine veille au grain et
n’attend qu’un dernier regain avant
l’effondrement définitif de
l’impérialisme américain, pour s’emparer
de la direction de l’impérialisme
«souverain».
La bourgeoisie bretonne tient bien peu
de place dans ces manigances
transnationales. Elle devra se résigner
et passer à la caisse pour payer son
suzerain de ses deniers durement
valorisés à la sueur du front des
ouvriers.
C’est ici que nous vous espérions
camarades
C’est précisément là que nous
communistes nous attendons nos
camarades. Si d’ici là nous avons
fait correctement notre travail
d’information, d’explication des enjeux,
d’énonciation de mots d’ordre fructueux,
de mobilisation et d’organisation des
révoltés, alors quand les ouvriers
verront tous ces petits bourgeois se
dégonfler et abandonner le combat devant
les représailles de l’État policier, ils
se tourneront du côté de ceux qui les
auront accompagnés tout au long de ce
triste périple réformiste sans pour
autant commettre de compromis – pour
rallier les rangs des ouvriers
communistes déterminés et joindre
l’insurrection incontrôlée. Debout les
forçats de la faim.
La semaine prochaine:
SURABONDANCE DE CAPITAUX DANS LES PAYS
OCCIDENTAUX
Pour lire les éditoriaux de Robert
Bibeau
http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
(1)
http://www.pressegauche.org/spip.php?article15746
et aussi
http://www.atlantico.fr/rdv/revue-analyses-financieres/1-point-croissance-facture-pessimisme-francais-ceux-qui-essaient-faire-quelque-chose-ceux-qui-entretiennent-jean-jacques-netter-902881.html
(2)http://www.lexpress.fr/actualite/politique/la-france-de-francois-hollande-au-bord-du-chaos_1299075.html
(3)http://www.francetvinfo.fr/economie/transports/ecotaxe/la-france-est-elle-au-bord-de-la-revolution_459456.html
(4)
Ventes de terrains : le retour de la loi
Cahuzac ?
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/11/17/ventes-de-terrains-le-retour-de-la-loi-cahuzac-ii-49384.html
et pour rappel :
http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2013/09/26/temp-394e6c8efce2eeb91017d488af4e270f-49256.html
(5)
http://tempsreel.nouvelobs.com/france-la-crise-sociale/20131115.OBS5645/apres-quimper-les-bonnets-rouges-a-carhaix-le-30-novembre.html
(6)
http://actualutte.com/une-autre-vision-des-bonnets-rouges/
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