Opinion
Pourquoi un accord
Iran-États-Unis
sur le nucléaire iranien ?
Robert Bibeau
Robert
Bibeau
Mercredi 18 décembre 2013
Algérie
Patriotique : L’actualité est dominée
par l’accord sur le programme nucléaire
iranien, qu’en pensez-vous ? Qui cet
accord arrange-t-il le plus ? (1)
Robert Bibeau : L’accord Iran-États-Unis
à propos de l’industrie nucléaire
iranienne a été accepté par les
représentants de l’Iran, suite il est
vrai à un embargo et à des sanctions
américaines et européennes illégales (en
droit international).
Tout de même, c’est le choix du
gouvernement iranien légitime de
convenir d’une telle entente.
L’indépendance de la nation iranienne
lui donne le droit de signer les accords
qui lui conviennent. Tout autre peuple
ou nation ne peut que s’incliner devant
la volonté du gouvernement de l’Iran
concernant ses relations internationales
avec l’impérialisme américain.
Cependant, on est en droit de se
demander pourquoi n’y a-t-il pas
réciprocité ?
Où est l’accord États-Unis-Iran
sur le nucléaire étatsunien ?
Après tout, l’Iran
n’a jamais lancé de bombe nucléaire sur
Hiroshima et Nagasaki.
J’espère toutefois que par cet accord l’Iran
ne renonce pas à son programme
d’enrichissement nucléaire et de
développement d’une industrie de
l’énergie nucléaire. J’espère que l’Iran
ne renonce pas à ses droits légitimes et
fondamentaux car l’Iran représente le
symbole d’un État tenant tête à l’une
des grandes alliances impérialistes
spoliatrices (2).
En termes géostratégique cet
accord révèle qu’un grand réalignement
des forces impérialistes mondiales est
en cours. Je m’explique :
Les États-Unis d’Amérique,
grandement affaiblis sur le plan
économique, industriel et financier, ont
de moins en moins les moyens militaires
de leurs ambitions hégémoniques. Après
leurs échecs militaires répétés en
Afghanistan – d’où ils sont
chassés par les Taliban, des gueux armés
de dynamite et de fusils – et en
Irak où après avoir détruit le
pays ils ont laissé en plan une guerre
civile larvée qui demain pourrait couper
les exportations de pétrole de ce pays.
Présentement, seule l’intervention
impérialiste de l’Iran
dans les affaires internes de l’Irak,
par milices chiites interposées, permet
au pétrole irakien de sortir du pays
pour approvisionner l’Europe et le
Japon. L’échec en Libye
où la guerre civile pourrait là aussi,
d’un jour à l’autre, perturber
l’exportation du pétrole vers l’allié
européen. L’échec de l’agression
militaire en Syrie que les
monarchies du Golfe maintiennent à flot
via des bandes de mercenaires armés
(pseudo djihadistes) qui seront peu à
peu exterminées par l’Armée arabe de
Syrie et ses milices. Bref, les
USA obnubilés par leur grand
ennemi, la Chine, ont
décidé de jeter du lest sur le front
iranien et de recentrer leurs activités
militaires vers l’Asie-Pacifique, là où
se jouera le prochain grand cycle
impérialiste.
Pour le moment l’Union européenne
joue les faire-valoir et suit la parade
dans ce foutoir, avec le président
Hollande de France qui
comprend bien la joute en cours, mais ne
sait pas quelle position adopter au nom
de son pays en ruine (financièrement
parlant).
La France,
telle
la grenouille se croit capable de
prendre la place du bœuf américain sur
la scène du Moyen-Orient et de
l’Afrique. Le prochain printemps
africain devrait lui faire réaliser la
futilité de ses visées hégémoniques.
C’est la raison pour laquelle, au moment
où l’accord sur le nucléaire iranien se
conclut à Genève, au grand dam de
Netanyahou, le petit Président de
France déambule en Israël
afin d’offrir ses bons offices aux
sionistes désemparés, pensant ainsi
récupérer la mainmise sur l’État
impérialiste sioniste comme avant la
guerre des Six Jours. Mais le monde a
changé depuis l’attaque du « Young
Kippour » et la France n’a
qu’à compter ses porte-avions, ses
drones, ses bombardiers furtifs, ses
divisions de combats pour comprendre
qu’elle ne fait pas le poids. A peine
peut-elle se maintenir au Mali
et en République Centre-Afrique,
et encore la partie n’est pas finie. Là
où la puissance militaire américaine
déclare forfait (Syrie-Liban-Irak-Iran-Libye),
la France croit-elle pouvoir reprendre
le flambeau et poursuivre l’agression
contre ces guérillas anti-occupation ?
Poser la question c’est y répondre.
Israël est évidemment le
grand perdant de cet accord
inter-impérialiste. Il y a trois ans que
nous répétons que le sionisme et les
tenants de la religion juive ne
gouvernent pas le monde. Qu’ils ne
dirigent même pas la politique
américaine du Pentagone et de la
Maison-Blanche ; que le pouvoir de l’AIPAC
à Washington est directement
proportionnel à la convergence des
intérêts de la grande puissance
impérialiste américaine et de la petite
puissance impérialiste israélienne ; que
le jour où les intérêts économiques,
financiers, politiques et militaires de
la superpuissance de 15 000 milliards de
PIB annuel divergeront des intérêts du
petit pays impérialiste de 240 milliards
de PIB par an, vous verrez le chien
reprendre la maîtrise de sa queue et
balayer le petit État génocidaire.
Israël tout en feignant de
penser le contraire convient de ces
constats. Le petit État encerclé
s’agite en menaçant d’attaquer l’Iran
soutenu en cela par quelques sous-fifres
monarchistes du Golfe Persique. Tout
ceci n’est que bouffonnerie. Sans les
satellites américains pour diriger les
avions de combat – sans l’accord du
maître américain et son parapluie
antimissile et ses pièces de rechange
pour l’armement, l’État voyou est
démuni.
Comment l’armée israélienne (Tsahal)
embourgeoisée, battue à deux reprises
par la milice du Hezbollah
– présentement occupée à s’entraîner et
à éradiquer les criminels de guerre
exfiltrés en Syrie – peut-elle laisser
présager qu’elle pourrait attaquer la
farouche armée iranienne? Les
pseudo-experts analystes militaires
occidentaux devraient cesser de
paraphraser les communiqués de la NSA et
de la CIA (3).
Enfin, l’accord entre l’Iran
et les États-Unis est une
victoire retentissante pour les
diplomaties russe et chinoise qui
s’activent en coulisse. La victoire
russo-chinoise a débuté après le coup
fourré de la résolution onusienne 1973
contre la Libye que la
Chine et la Russie
ont laissé passer au Conseil de Sécurité
contre la promesse que la Syrie
serait épargnée. Sitôt que les
puissances occidentales pensèrent en
avoir fini avec le clan Kadhafi et la
Libye, la Syrie
fut attaquée par les puissances
occidentales camouflées en bandes
armées. Les puissances impérialistes
russes et chinoises décidèrent de ne
plus rien céder et d’affronter
l’alliance occidentale (OTAN) en
Syrie jusqu’au dernier Syrien si
requis. Ayant gagné la guerre de
Syrie, la route militaire vers
Téhéran est fermée aux puissances
occidentales. Le gouvernement iranien ne
s’y est pas trompé qui a soutenu
énergiquement le gouvernement syrien
contre ces attaques de mercenaires
criminels (4).
Algérie Patriotique : Vous estimez que
l’agression militaire contre la Syrie
visant à faire tomber son président,
Bachar Al-Assad, a totalement échoué.
Comment voyez-vous la sortie de ce
conflit ?
L’agression
militaire occidentale (par bandes armées
interposées) visait secondairement à
abattre le Président
Bachar Al-Assad. Elle visait
premièrement à imposer une autre défaite
militaire à l’alliance russo-chinoise –
à ouvrir la voie militaire vers l’Iran
afin de menacer ce pays pour qu’il rompe
son alliance avec la Russie
et la Chine et reprenne la
devise américaine (dollar) dans ses
échanges pétroliers. L’affaire de
l’énergie nucléaire iranienne n’est
qu’un prétexte pour justifier ces
pressions. Les États-Unis
d’Amérique propriétaires de 3
500 vecteurs thermonucléaires n’ont rien
à craindre de la future-éventuelle bombe
iranienne. Chose que nous avions
signalée dès 2010 (5).
La personne de
Bachar Al-Assad a peu d’importance
dans ce bras de fer impérialiste. La
coalition impérialiste
Russie-Chine-Syrie-Iran ayant
gagné temporairement la partie, la seule
sortie envisageable au conflit ne peut
être que le massacre (en cours) des
mercenaires encerclés dans quelques
poches de résistance en Syrie.
Ces hobereaux seront sacrifiés par leurs
sponsors disqualifiés. Les rencontres
prévues à Genève en janvier 2014 ne
visent qu’à négocier l’exfiltration de
ces assassins – s’ils en restent de
vivants – du sol syrien.
Ce sera la mise en veilleuse de
la Coalition pour la libération de
la Syrie qui sera maintenue en
léthargie afin de réguler la pression
sur le gouvernement syrien – une monnaie
d’échange – pour la suite des choses.
Peut-être que lors des prochaines
élections présidentielles syriennes vous
verrez
Bachar prendre sa retraite, mais je
ne suis pas convaincu que le camp
russo-chinois accorde ce prix de
consolation aux Européens, aux
monarchies du Golfe et aux Étatsuniens
vaincus. Nous sommes loin du Grand
Réaménagement du Moyen-Orient que les
pseudo-experts occidentaux annoncent
depuis longtemps (6).
La semaine
prochaine : LES TROIS FORMES DE
L’ÉCONOMIE IMPÉRIALISTE
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