Les 7 du Québec
Pourquoi ces attaques contre les
raffineries saoudiennes ?
Robert Bibeau
Mardi 17 septembre 2019 En cette période
trouble
En ces temps
troublés où la guerre commerciale
prépare les conditions de la guerre
militaire, il est difficile de
comprendre les évènements politiques,
diplomatiques et militaires ponctuant la
scène politique mondiale et encore
davantage les évènements au Moyen-Orient
qui fut longtemps le point focal des
tensions internationales. Mais les
choses changent et les dernières
malversations des grandes puissances ont
de quoi déconcerter l’observateur
médusé.
Pour mémoire,
rappelons quelques évènements récents au
Moyen-Orient. Passons rapidement sur le
« deal du siècle » proposant la
création d’un bantoustan pour
Palestiniens incarcérés. « Deal » qui
n’en finit plus d’agoniser et de
provoquer l’immolation de jeunes
militants palestiniens manipulés. Il y a
quelques mois, Donald Trump
annonçait le retrait des troupes
américaines de l’Irak, pays sous
influence iranienne, entrainant aussitôt
la démission du secrétaire à la défense
Jim Mattis (1).
Il y a quelques
jours une délégation de Talibans
était attendue à Camp David aux
États-Unis pour mettre la touche finale
à un accord de retrait des troupes
américaines de ce pays exsangue mais
jamais vaincu. Il y a dix-huit ans que
les USA bombardent et massacrent la
population de ce pays parmi les plus
pauvres de la planète, quasi sans
matières premières, sans industrie et
sans marché de consommation à partager.
Le pavot est l’unique ressource de ce
pays et les soldats américains n’ont pas
besoin d’occuper cette contrée pour
s’approvisionner en héroïne auprès des
piqueries de l’armée des États-Unis.
Quels étaient donc
les objectifs stratégiques commerciaux
et militaires du grand capital américain
pour envahir ce pays pauvre, totalement
indifférent au monde industriel –
urbanisé – robotisé – numérisé –
financiarisé –? Quoi qu’il en soit des
motifs secrets du Pentagone en
envahissant cet arrière-pays à la
frontière de l’Iran et de la
Chine (!) force est de constater que
les 13 000 soldats Étatsuniens assiégés
dans Kaboul encerclée ne sont
d’aucune utilité pour mener à bien les
visées secrètes de l’Oncle Sam, qui
incidemment, a déplacé ses mercenaires
de DAESH, pilonnés à Idlib en
Syrie et sur l’ile de Qanus en Irak,
vers les zones tribales pakistanaises et
afghanes afin d’y former des escadrons
de la mort.
Ce qu’il faut
retenir de ce salmigondis c’est que la
veille de cette rencontre de négociation
entre Donald Trump, et les
talibans vainqueurs, opportunément pour
les fauteurs de guerre, une bombe a
explosé à Kaboul tuant un soldat US, en
blessant quelques autres et déchiquetant
une vingtaine d’Afghans innocents.
Trump, comprenant le message de certains
membres de son État-major, annula la
rencontre qu’il avait pourtant
concoctée. Quelques jours plus tard,
John Bolton, le conseiller à la
guerre, était démissionné dévoilant une
deuxième taupe dans l’État-major
Étatsunien.
Attaque contre
les raffineries de l’ARAMCO
Autre incident
récent au Moyen-Orient vacillant :
septembre 2019 une attaque aux « drones
» a coupé la production de pétrole
saoudien de plus de 50%, jeté le monde
dans le chaos et fait grimper le prix du
brut de 10% à 15% sur les marchés
mondiaux. L’affirmation du ministre des
affaires étrangères américain Mike
Pompeo accusant l’Iran n’est pas une
surprise, mais constitue un aveu non
sollicité de la part de la troisième
taupe au sein du cabinet républicain.
Nous connaitrons sous peu le sort
réservé à ce faucon autoproclamé.
Que les Houthis
Yéménites (l’équivalent arabe des
Talibans afghans), équipés de
kalachnikovs, de quelques roquettes des
surplus de l’armée saoudienne et de
quelques drones-espions en mauvais
états, aient détruit le plus grand
complexe de raffinerie de pétrole au
monde, doté de l’une des meilleures
défenses antiaériennes est tout à fait
improbable. Au passage, soulignons que
tout comme la Turquie et la Syrie,
l’Arabie Saoudite a récemment commandé à
la Russie des systèmes S-400 de défense
antiaérienne ultra sophistiqués.
Pourtant, l’Arabie a dépensé des
milliards de dollars pour acquérir des
systèmes de défense américains
Patriot et malgré tout,
périodiquement, des drones-espions et
des missiles de faible portée passent au
travers le dôme d’acier (sic). (2)
La même chose se
produit en Israël, la plus grande
base militaire américaine au Levant,
équipée du système de défense Patriot,
ce qui a amené l’entité à faire des
accords “sous la table” avec le Hamas
et lui interdit de s’en prendre
directement au Hezbollah équipé,
lui, de missiles performants de moyenne
portée. Toutefois, Israël n’a pas reçu
l’autorisation de son mentor de
commander le système de défense russe.
Ce S-400 est un système de défense
contre tout ce qui vole, mais pour
l’Arabie Saoudite, qui a déjà un système
de défense sol-air robuste, le S-400
serait utilisé pour mettre en échec les
attaques d’avions furtifs, c’est sa
spécialité. De tous les acteurs
régionaux, seul Israël possède de tels
avions furtifs, le F-35 Étatsunien.
Mais, l’Arabie et Israël ne sont-ils pas
des alliés, rassemblés sous la houlette
du berger yankee ? Ces deux pays
n’ont-ils pas secrètement financé l’EI
et Al-Qaïda et Al Nostra
et DAESH pendant des
années sur recommandation du Pentagone ?
Oui, en effet! La trame dramatique se
complique.
Au final, suite à
la destruction contrôlée de raffineries
saoudiennes, la hausse du prix du
pétrole (10 à 15%), la mise en marché
des immenses réserves stratégiques
Saoudienne et Américaine (plus 727
millions de barils) atténuant l’impact
réel sur les marchés, le rapprochement
avec l’Iran que Donald Trump
manigançait en sous-main est
compromis (3).
Qu’il est difficile
de s’y retrouver parmi ce salmigondis
étriqué ! Qui flirte avec qui ? Qui est
l’allié ou le concurrent de qui ? Qui
tire les ficelles en sous-main ? Le
Président américain est-il le
saltimbanque imprévisible et impulsif
que les médias prétendent ? Tout ceci
mènera-t-il à une nouvelle guerre
régionale et mondiale? Autant de
questions pertinentes. Mais pour y
répondre, nous devons replacer ces
évènements régionaux dans leur contexte
international.
Le contexte
économique international
Le Moyen-Orient
n’est plus le centre focal de
l’affrontement interimpérialiste mondial
et l’Iran, la Syrie, l’Irak, la Turquie,
l’Afghanistan, l’Arabie, le Yémen,
Israël et la Palestine sont des
reliquats de l’ancien rapport de force,
du temps où les États-Unis hégémoniques,
et sa monnaie toute puissante,
dominaient seul en toute impunité,
l’économie politique mondiale. Il n’en
est plus ainsi. Les États-Unis se
dilapident en guerres régionales
récurrentes qu’ils perdent les unes à la
suite des autres malgré un budget de
guerre astronomique. Le pétro-dollar
US est en perte de vitesse et les
financiers du monde entier ne pensent
qu’à se débarrasser de cette bombe à
retardement avant sa dévaluation. La
dette mondiale de 250 000 milliards de
dollars ne sera jamais remboursée et
elle entrainera la dévaluation des
monnaies et des actifs financiers. La
dépression économique frappe à la porte
des grandes puissances occidentales
tandis que la Chine, la Russie et l’Inde
se préparent à prendre le relai.
Vous comprendrez
qu’un affrontement avec l’Iran, alliée
du grand capital russe et chinois, tapis
dans l’ombre et attendant de saisir le
témoin, est hors de question pour le
grand capital occidental en émoi. Il
faut savoir que le grand capital
américain a fait son choix. Il ne
souhaite pas d’accord commercial et/ou
militaire avec son rival chinois. Il est
convaincu qu’en prévision de la guerre
militaire totale qui succèdera à la
guerre commerciale en cours, opposant le
clan chinois et le clan américain, il
vaut mieux que les deux marchés soient
séparés et non dépendant. Parmi les pays
du Moyen-Orient, certains ont fait leur
choix d’alliance, d’autres sont en
balance, ce sont eux que le capital
américain tente d’intimider. L’Union
européenne semble penchée du côté
chinois et tente de garder les «
Routes de la soie » ouvertes,
via l’Iran et l’Afghanistan jusqu’en
Chine, l’empire du Milieu de retour
sur l’échiquier après des siècles de
prostration. Voilà ce qui explique les
dernières décisions du «général» Donald
et de son État-major, bien plus futé que
ne le laissent penser la gauche
éclectique et les experts patentés.
Le prolétariat
mondial n’a pas à prendre parti pour
l’un ou pour l’autre camp ennemi. Nous
devons bien comprendre les enjeux de
cette guerre impérialiste en
préparation, savoir que c’est nous qui
paierons les pots cassés et nous
préparer à balayer ces fauteurs de
guerre dès qu’ils tenteront de nous
recruter comme chair à canon (4).
Notes
-
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/larabie-saoudite-touchée-droit-au-coeur-trois-questions-pour-comprendre/ar-AAHqiBh?ocid=spartanntp
-
https://www.journaldemontreal.com/2019/09/15/petrole-ryad-sefforce-de-retablir-sa-production-apres-une-attaque-attribuee-a-liran
-
https://resistance71.wordpress.com/2019/09/17/guerres-imperialistes-de-la-dictature-marchande-qui-a-bombarde-aramco-en-arabie-saoudite/
-
https://www.msn.com/fr-ca/actualites/monde/larabie-saoudite-touchée-droit-au-coeur-trois-questions-pour-comprendre/ar-AAHqiBh?ocid=spartanntp
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