Les 7 du Québec
La crise économique du capitalisme
s’approfondit
Robert Bibeau
Mercredi 12 février 2020 Le cantique de
M. Stiglitz, l’économiste toxique
Les chimères que la
bourgeoisie et les médias construisent
dans la tête des salariés sont tenaces
et les ouvriers qui ont ingurgité ces
préjugés ne les répudient pas
facilement. Chaque jour, il faut
reprendre le travail d’information face
à la désinformation venue des cités
universitaires nobélisées et que propage
la gauche aliénée.
Ainsi, un mythe que
les économistes éclectiques, ce qui
comprend Joseph Stiglitz prix
Nobel d’économie et Thomas Piketty
l’économiste «marxiste», répandent
largement concerne l’asservissement de
l’économie par le politique. Ainsi va un
de leurs oukases : «les gouvernements
de par le monde appliquent des
politiques d’austérité budgétaire et
financière ce qui est la source de la
présente crise économique et sociale».
Ce dont s’émeut l’économiste Stiglitz
qui déclare :
«Le monde est
aujourd’hui aux prises avec une
terrible maladie qui ravage notamment
l’Europe et les États-Unis : l’austérité»
(…) «Nous savons pourtant, depuis la
Grande Dépression, que
l’austérité ne fonctionne pas. Le Fonds
monétaire international [FMI] en a
refait la démonstration plus récemment
[lors des dernières crises monétaires]
en Amérique latine et en Asie, et c’est
à nouveau le cas actuellement en Europe.
Ce qui est stupéfiant, c’est
qu’autant de dirigeants politiques
continuent malgré tout d’appuyer ces
politiques discréditées, même si des
voix aussi conservatrices que le FMI
leur disent aujourd’hui que leur
austérité est dangereuse et qu’il faut
s’occuper de toute urgence de stimuler
l’économie. C’est comme si les
gouvernements avaient cessé d’écouter»
(1).
La politique est
le majordome de l’économie ?
Un pecnot
pourrait-il rappeler à l’éminent
économiste que la maladie qui ravage
l’Europe, et l’Amérique du Nord, ainsi
que tous les pays du monde capitaliste,
ce n’est pas la politique d’austérité,
c’est la récession économique
pour cause de surproduction de
marchandises faute de marchés où les
écoulées. Ce sont les politiques
expansionnistes du crédit gratuit en
surabondance qui ont mené à la présente
crise financière. Bref, ce sont les
politiques de la gauche syndicaliste et
réformiste et des économistes
«progressistes» qui ont mené le monde
capitaliste dans l’impasse où il se
trouve. Cette maladie fondamentale du
monstre économique capitaliste a forcé
les Banques centrales, et les États à
leur service, à ouvrir grandes les
vannes du crédit, de la dette publique,
de la dette des entreprises, des ménages
et des étudiants si bien que la dette
mondiale équivaut à 3 fois le PIB
mondial (1,800,000 milliards USD). (2)
Cet endettement
généralisé a permis à tout un chacun de
consommer – d’acheter à crédit – ce dont
ils avaient besoin (y compris quantité
d’armes de destruction massive valant
1,800 milliards USD pour la seule année
2019). Aujourd’hui, la facture de ces
bombances nous est présentée et les
banquiers invitent les salariés à
l’acquitter en réduisant leurs salaires,
leurs prestations de pension, et les
services sociaux, d’où les soulèvements
sociaux et les guerres commerciales et
militaires qui secouent la planète toute
entière. (3)
« Une crise pire
que 2008 et 1929 se rapproche. La Banque
mondiale redoute une crise financière,
car le monde croule sous les dettes.
L’endettement public et privé
(entreprises et particuliers) représente
230 % du PIB mondial, soit 265 % du PIB
pour les pays avancés et 170 % du PIB,
en progression accélérée pour les pays
émergents, avec un investissement public
en diminution, des emprunts non déclarés
auprès de la Chine et des dettes le plus
souvent en devises étrangères. La
catastrophe viendra de la croyance que
l’on peut générer de la croissance
économique en créant de l’argent à
partir de rien… » (4)
Accroitre
l’endettement par des politiques
monétaires expansionnistes et par
l’émission laxiste d’argent de pacotille
serait-il une solution à la récession?
Bref, les États du capital et leurs
banques centrales doivent-ils, comme le
préconisent les économistes alchimistes,
faire davantage de ce qui a mené les
pays aux portes de la catastrophe? La
question est biaisée j’en conviens. La
question laisse entendre que le mode de
production capitaliste, et ses lois
impératives de fonctionnement sont
malléables – amendables – gouvernables
et que les résultats économiques
dépendraient des choix de politique
économique que l’État fera ou ne fera
pas. Tout ceci est fallacieux.
L’histoire nous enseigne que
l’alternative à la crise économique
systémique c’est la révolution politique
systématique. La guerre mondiale étant
habituellement le dernier sursaut du
système économique avant de relancer un
nouveau cycle d’accumulation ou avant de
provoquer l’émergence d’un nouveau mode
de production.
Ne nous y trompons
pas, les politiques d’austérité
n’apporteront pas de solution à la crise
économique suite aux politiques
monétaristes laxistes et soi-disant
expansionnistes. Austérité et
restrictions sont les revers de la
médaille des politiques laxistes et
monétaristes soi-disant
« expansionnistes ». Chacune de ces
politiques (droite gauche), mises au
service des riches, se pose en
alternative dans le contexte d’une crise
inévitable du mode de production
capitaliste décadent. Les présents
soulèvements sociaux contestent
directement, même si inconsciemment,
cette logique décadente du système
capitaliste. C’est de la répétition de
ces soulèvements en résistance aux
politiques étatiques d’austérité et/ou
d’expansion bidon que surgira peu à peu
la conscience que les réformes du
système capitaliste inefficient ne
suffiront pas à nous sortir de l’impasse
et que seule l’édification d’un nouveau
mode de production sera la solution.
C’est ce que l’on appellera : une
révolution sociale systémique.
Le processus de
valorisation du capital est bloqué
La source
fondamentale de la crise économique
systémique du mode de production
capitaliste se trouve dans le procès de
production et non dans le processus de
distribution. Des tonnes de marchandises
dorment dans les entrepôts, sur les
quais, dans les magasins, dans les
réservoirs de carburant, alors que
nombre d’usines fonctionnent à la moitié
de leur capacité et que la misère
s’épand comme du chiendent. Les
politiques d’austérité sont des
conséquences de cette crise de
surproduction qui empêche de
valoriser le capital – de réaliser la
plus-value – objet du développement
économique capitaliste.
L’austérité
ce sont des mesures administratives et
législatives que les politiciens aux
ordres du grand capital sont contraints
de mettre en œuvre afin de prolonger
l’agonie du système économique et
politique paralytique. Le politicien qui
ne s’y soumet pas est aussitôt chassé du
pouvoir. Que les manifestants des
parades dominicales se le tiennent pour
dit, il faudra davantage que des marches
festives pour faire reculer les
gouvernements, leur police et leur
justice au service des riches.
Quelqu’un
pourrait-il expliquer au Nobel
d’économie que les gouvernements et les
gouvernants bourgeois n’ont pas
spécifiquement vocation d’imposer ou
d’empêcher les mesures d’austérité, non
plus que de réguler l’économie, ni
d’atténuer la pauvreté, non plus que
d’assurer une plus juste distribution du
capital entre les capitalistes et les
ouvriers comme le susurre l’économiste
de «gauche», ex-conseiller du Président
Bill Clinton du temps où
justement l’industrie américaine
délocalisait ses usines vers l’Asie sous
les yeux ébaubis de l’illustre
économiste Stiglitz.
Les causes de la
crise et de l’austérité, son compagnon
d’infortune
L’économiste
Thomas Piketty a publié un gros
pavé à propos de l’injustice
distributive qui sévit sous l’économie
capitaliste sans que cela ne change le
moindrement les politiques des
gouvernements (5). Faut-il rappeler que
sous le mode de production capitaliste
l’argent, la richesse, le capital en
somme, a tendance à se concentrer – à
s’accumuler – à s’agglutiner – à un pôle
du spectre social et à s’amenuiser –
s’anémier – à l’autre extrémité, là où
les gens sont paupérisés, ce que la
petite-bourgeoisie frustrée est la
première à observer.
Contrairement à ce
que prétend le petit-bourgeois, le
problème de l’économie impérialiste
n’est pas que le capital se concentre
entre les mains du 1% les plus
riches de la planète. Ce capital,
qu’accumule les rentiers – tondeurs de
coupons et milliardaires – est du
capital fictif – bidon – une création
évanescente issue de la spéculation
boursière éphémère. Tout ce fatras de
monnaie sans valeur réelle (parce que
non adossé à du capital marchand vivant)
s’envolera aux premiers vents de la
récession. La source de la crise
économique qui appelle les mesures
d’austérité tant décriées c’est que
le capital industriel réel (productif)
ne parvient plus à se valoriser et à se
reproduire en faisant suinter la
plus-value des bras des ouvriers,
d’où les mesures d’austérité de l’État
des financiers courant au secours du 1%
désespéré.
Le professeur
Stiglitz constate : «L’accroissement
des inégalités de revenus va de pair
avec un accroissement des inégalités
politiques. Notre démocratie s’en
retrouve déformée» (6). Professeur
Stiglitz, auriez-vous noté que
cet accroissement des «inégalités
politiques» (sic) s’est accentué
sous le Président Reagan et s’est
poursuivi sous les Bush père et fils,
sous Bill Clinton, votre patron
et sous Obama et Trump – indistinctement
de la couleur politique du polichinelle
tenant pavillon à la Maison-Blanche?
Auriez-vous remarqué que ces «inégalités
économiques et politiques» (sic)
se répandent sur tous les continents
comme si une force imprescriptible
imposait sa loi d’airain à tous ces
larbins?
Depuis la naissance
du capitalisme, il n’y a jamais eu
d’égalité économique entre les
capitalistes et les travailleurs et il
n’y a jamais eu d’égalité politique
entre ceux qui monopolisent le capital,
les moyens de production, de
commercialisation, les moyens de
communication, le pouvoir politique et
financier et ceux qui ne possèdent que
leur force de travail – leurs bras
salariés à vendre à vil prix – pour
survivre.
Il y a cent ans,
lors de la Grande dépression de 1929 la
démocratie des riches se résumait à
poser une croix sur un bulletin de vote
tous les quatre ans afin de trancher qui
de l’équipe des riches conservateurs ou
des riches Libéraux; des riches
républicains ou des riches démocrates
allaient gouverner le pays dans
l’intérêt de sa classe et de sa clique.
En 2020, rien n’a changé, monsieur,
Stiglitz. Pourquoi donc votre
émoi à propos de la démocratie pervertie
que nous avons exposé dans notre livre
« La
démocratie aux États-Unis » (7) ?
Le Professeur Stiglitz mystifie
la réalité économique
Voici que le
philosophe Stiglitz observe que :
«Si on peut vendre des produits
toxiques, comme la cigarette, qui tuent
des gens, on peut aussi vendre des idées
toxiques, comme l’austérité». (8)
L’austérité est une série de mesures
politiques et économiques non pas de
droite, ni de gauche, puisque tous les
gouvernements, de gauche comme de
droite, imposent des mesures
d’austérité. Les bobos, les rentiers,
les bureaucrates syndicaux, les employés
de la fonction publique ont beau voter à
gauche, au centre, ou à droite, rien n’y
fait, les mêmes mesures d’austérité sont
imposées par tous les gouvernements.
Pourquoi ?
Le Nobel
d’économie, ex-conseiller politique de Bill
Clinton au début de la crise
systémique du capitalisme prétend que
tout cela serait la conséquence des
penseurs de droite qui essaimeraient
leurs solutions bidon aux gouvernants et
aux gouvernés. Cette aporie n’est que
fumisterie. Les populations
«votantes» (ce qui exclut de plus en
plus d’ouvriers et de jeunes qui n’ont
plus confiance dans ces mascarades
électorales) ont beau protester, changer
de Président ou d’attelage au
gouvernement, rien n’y fait, les
politiques d’austérité sont imposées
année après année.
L’économiste a beau
constater la dégradation des conditions
de vie du peuple il ne parvient pas à
comprendre les causes de ces
souffrances. Il déclare : «L’Italie
ne s’est jamais portée aussi mal depuis
les années 30. Les économies grecque et
espagnole sont objectivement en
dépression. Les millions de chômeurs
européens sont un spectaculaire
gaspillage de capital humain dont le
continent ne se remettra pas avant 10
ans (…) puis il ajoute la richesse
médiane des familles américaines a
reculé de 40 % depuis la crise et est
revenu à ce qu’elle était il y a deux
décennies.» (5) Tout cela est vrai,
mais pourquoi en est-il ainsi
professeur?
Toujours aussi
inconscient, l’expert ajoute : «La
faillite de Léman Brothers et la Grande
Récession (2008) ont provoqué un
déchainement de promesses de changements
dans le fonctionnement du secteur
financier, comme de l’économie en
général. Les progrès ont été décevants.
Certaines règles ont été resserrées,
mais le monde bancaire en est ressorti
encore plus concentré qu’il ne l’était.
La récente découverte de la manipulation
du Libor – un indice au cœur de
l’immense marché des produits dérivés –
et la restructuration chaotique de la
dette grecque ont montré comment le
fonctionnement de la finance échappe
encore à presque tout le monde.» (9)
L’économiste Stiglitz aurait-il
une prémonition ?
Voilà que notre
économiste indolent s’approche
inconsciemment de la vérité. Mais comme
son constat est inconscient et que sa
mission idéologique et politique est de
raviver l’espoir de «réformer le
capitalisme», à contrario de ceux
qui veulent le renverser et l’abolir, le
professeur de l’Université Columbia ne
tire pas les conséquences de sa
condescendance qu’il tente aussitôt de
dissimuler comme une tare imprudemment
exposée.
C’est que l’économie
politique capitaliste est régie par des
lois immuables auxquelles les
économistes, les experts et les
conseillers, les larbins politiciens et
les capitalistes financiers doivent se
plier. Nul n’a la possibilité
d’y échapper, quelle que soit leur
volonté réelle ou affectée.
Maître Stiglitz,
l’économiste bourgeois dévoile sa totale
ignorance de ces lois
économicopolitiques quand il déclare : «Si
la crise de l’euro a forcé les
gouvernements européens à reconnaître
certaines lacunes de leur ambitieux
projet, il leur manque toujours une
union bancaire, une union budgétaire, une
stratégie de croissance commune ou
encore une politique industrielle commune».
(10)
Qui dira à Joseph
Stiglitz que l’Union européenne s’est
dotée d’une politique économique,
financière, bancaire, budgétaire et
industrielle commune. Même que les
politiques de l’UE sont communes, non
pas seulement aux pays européens, mais à
tous les pays du glacis impérialiste
mondial. Les multiples accords de
libre-échange et les traités de
commerce international, que tous les
pays impérialistes signent entre eux
vise justement à harmoniser ces
différentes politiques économiques et
industrielles afin que tous les pays
capitalistes enfermés dans une seule et
unique économie globalisée, mondialisée,
internationalisée assurent la reprise –
non pas de la prospérité – non pas de la
croissance – non pas de la justice
distributive – non pas de la fin de la
misère, du chômage, et de la pauvreté –
mais bien la reprise de la
valorisation et de l’accumulation de la
plus-value et du Capital (C) pour la
classe des grands prédateurs
capitalistes internationaux. (11)
Le reste des
élucubrations de la sommité nobélisée
n’est que péroraisons et incantations
d’un économiste fumiste grassement payé
pour endoctriner les salariés. Il y a un
siècle cette mission relevait du
sacerdoce, aujourd’hui, ce sont les
clercs plumitifs qui assurent l’homélie
pour le salut de la patrie nationaliste
chauvine (sic). (12)
Le mieux que peut
faire la classe ouvrière est de se taire
et de laisser braire les parlementaires
et de poursuivre sa résistance gréviste
aux assauts du capital et de se préparer
consciemment, idéologiquement et
politiquement à sa mission
révolutionnaire.
NOTES
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http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
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https://lesakerfrancophone.fr/mort-dun-empire
«Depuis le 11 septembre, les
États-Unis ont dépensé environ 6
400 milliards de dollars en
aventures guerrières. Les
politiciens ont l’audace de dire aux
Américains qu’il n’y a pas d’argent
pour les programmes sociaux et
l’éducation ».
-
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/les-depenses-militaires-mondiales-ont-depasse-18-trillion-usd-en-2019/
- Marc Rousset
(2019)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/lendettement-et-les-depenses-publiques-causeront-la-chute-de-macron/
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/leconomiste-marxiste-et-le-chef-detat-normal/et http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/pour-en-finir-avec-piketty-et-ses-heresies/
-
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
-
https://les7duquebec.net/archives/231044
-
http://m.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/375627/l-austerite-quelle-idee-toxique
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-vrais-patrons-sont-derriere-les-rideaux-quatre-traites-inegaux/
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