Les 7 du Québec
Les nouveaux prêtres de la «
collapsologie »
et de l'effondrement
Robert Bibeau
Mercredi 7 février 2018
Dans tout mensonge,
cherchez la part de vérité.
Dans tout mensonge
il y a une part de vérité. Cette part de
vérité sert à rendre crédible et
vraisemblable l’ensemble de
l’échafaudage bancal. La nouvelle
« science » de la « collapasologie » (la
science de l’effondrement global) ne
fait pas exception à la règle (1).
Quelques intellectuels, universitaires
et militants petits-bourgeois observent
que l’économie va de mal en pis et que
le climat se transforme (ce qu’il a
toujours fait). Ayant perdu leur emploi
et peinant à se constituer une « boite »
(une automicroentreprise éphémère) pour
faire du fric ; désabusés et découragés,
ils finissent par penser que puisque
leur « Moi narcissique » s’effrite, ce
doit être que le monde s’effondre, car
le narcissisme est une névrose puissante
et exigeante.
La part de vérité
dans la fadaise « collapsologique ».
La part de vérité
sur laquelle se fondent les « collapsologues »
est à l’effet que le climat change
rapidement (ce qu’il a toujours
fait) et que l’Homme ne peut enrayer
ce mouvement. Ces gens sont
fréquemment d’anciens écologistes –
altermondialistes – et des chômeurs
actifs, mais voilà, il y a pléthore de
chômeurs direz-vous et ça ne fait
qu’empirer. Raison de plus pour
raffermir leur foi enragée en la fin de
l’humanité. Si eux, barder de diplômes,
ne peuvent s’en tirer, comment les
pèquenots sans papiers le pourraient-ils
?
Ainsi, à propos du
climat, ils affirment péremptoirement
que rien ne peut inverser le
réchauffement climatique (ou le
refroidissement c’est selon l’école de
pensée). Le titre d’un article dit
bien : « Parler de solutions au
problème climatique, c’est mentir aux
gens », à ce propos, nous leur
donnons raison (2). Nous le disions dans
un édito à propos de COP21,
lutter contre les variations extrêmes de
l’axe d’inclinaison terrestre dans son
parcours elliptique solaire, engendrant
régulièrement une Ère glaciaire
suivie du réchauffement climatique,
est une bataille impossible à gagner
pour l’humanité (3). Il faut se rappeler
que l’activité humaine a peu d’impact
sur les changements climatiques
planétaires et nous pensons quant à nous
que le défi n’est pas de tenter
futilement d’entraver les changements
climatiques, mais de nous adapter
collectivement socialement aux
changements climatiques (4). Il faut
apprendre à faire face et commencer par
sortir nos résidences des zones jouxtant
les déserts, du lit des rivières et des
bords de mer pour les construire sur les
plateaux, les collines et en hauteur.
Les méthodes de culture doivent être
repensées et il faut cesser de
construire les villes en fonction de
l’automobile. Mais nous, prolétaires
révolutionnaires, savons bien que nous
sommes les premiers touchés par ces
calamités quand par ailleurs nous ne
possédons aucun pouvoir pour mettre ces
mesures en action et pour remplacer le
mode de production et la culture
dominante. Nous y reviendrons.
La suite des
rodomontades des « collapsologues ».
Quand ils regardent
en direction des énergies fossiles, à
nouveau les pronostics des « collapsologues »
sont alarmants. Les Chinois et les
Indiens s’introduisent au mode de
production capitaliste industriel
urbanisé – « automobilisé » et à la
société bourgeoise de consommation de
masse. L’automobile, « la reine du
capital », symbole de réussite sociale,
est convoitée par 2 milliards et demi de
nouveaux consommateurs avides de bruler
de l’essence ou de l’électricité
produite grâce aux énergies fossiles.
Pour ce qui est de la production des
marchandises de consommation courante,
un «collapsologue» fait remarquer que
pour produire une source de profit aussi
banale qu’une bouteille de ketchup, les
produits de base doivent être
transportés 19 fois au cours du
processus de transformation. Un non-sens
effectivement et dont on connait la
cause évidemment (Ford et Taylor et la
parcellisation du travail, à la
poursuite de la productivité, pour la
rentabilité du capital). Sur le plan
financier, les «collapsologues» ont
observé que ça va de mal en pis et que
la spéculation n’annonce rien de bon, et
ils ont raison.
Bon diagnostic, mais
mauvaise prescription.
Finalement, les
«collapsologues» font un bon diagnostic
de la situation environnementale,
économique, urbaine, sociale, nous nous
dirigeons collectivement vers une
catastrophe comme ils le présagent.
Quelle est donc leur erreur
fondamentale? Ils ne comprennent
rien à la politique, ni à l’idéologie,
ni à la lutte de classes que provoque le
développement des contradictions du mode
de production capitaliste moribond.
Comme les curés dans le passé, ils
pensent que l’Homme nait mauvais, que
l’Homme corrompt et détruit la nature et
il encourt ainsi le châtiment (divin)
qu’il mérite, l’extinction de son
espèce. Dans le temps ancien le curé,
papiste ou apostat, menaçait du feu de
la Géhenne les pécheurs impénitents. Les
nouveaux catéchumènes «collapsologues»
nous menacent de l’extinction et nous
implorent de nous résigner à notre
disparition. Les «collapsologues»
blâment la société (?),
l’industrialisation, l’urbanisation, le
productivisme, ce qu’ils appellent la
«croissance» et le peuple en général
pour ces malversations. Les «collapsologues»
sont des écologistes désabusés, déçus,
découragés qui se sont donné pour
mission d’accuser les victimes – les
prolétaires – des crimes de ceux qui
monopolisent le pouvoir, ceux qui,
hégémoniques, décident de tout dans la
société capitaliste. Les «collapsologues»
incarnent la mauvaise conscience de la
bourgeoisie qui voudrait bien que le
« peuple » subisse ces malédictions et
expie pour les crimes du capital. Voilà
où se situe le mensonge dans ce fatras
de demi-vérité.
Il n’est jamais trop
tard.
Indéniablement, une
immense catastrophe écologique mais
d’abord économique et sociale se
prépare. Cependant, il est faux de
prétendre qu’il est trop tard, qu’il est
impossible de s’en réchapper comme
espèce. Effectivement, ceux qui dirigent
la société capitaliste mondialisée – le
Grand capital international – sont
absolument incapables d’organiser notre
sauvegarde sociale, car ce sauvetage
réclame une transformation radicale du
mode de production, et ceux-là sont
programmés pour diriger toujours le même
procès de production et pour valoriser
leur fortune pourtant colossale (5).
Leur système est à bout de souffle – ils
le savent – mais ils ne peuvent imaginer
qu’une parade. Pourtant, comme Marx
l’écrivait, un mode de production social
développe et contient en son sein les
conditions de sa transformation, de sa
transcendance.
Ainsi, la
croissance de la productivité sociale du
travail par la mécanisation, la
robotisation et la numérisation de la
production – base fondamentale des
désordres économiques, sociaux et
politiques actuels – ne devrait pas être
condamnée ou répudiée, mais encouragée
et développée encore davantage par la
recherche fondamentale. Toutefois, les
contradictions incrustées dans les
rapports de production capitaliste qui
entrainent la dévalorisation de la
force de travail (la pierre
philosophale) au fur et à mesure de
l’accumulation du capital
valorisé – résultant des gains de
productivité – doivent être
brisées et remplacées par de nouveaux
rapports de production. Ces nouveaux
rapports de production libèreront les
forces productives sociales et
permettront d’accroitre la quantité de
biens produits et distribués à tous, y
compris aux déshérités qui sont la
grande majorité (6). Cette production
socialisée nécessitera moins de temps de
travail, utilisera moins de ressources
et produira moins de déchets (tous
recyclés c’est impératif). Qui peut
croire un instant que le Grand
capital spoliant le travail non payé
de l’ouvrier et faisant fortune dans les
transports, l’automobile, les énergies
fossiles, la construction domiciliaire
pavillonnaire, puisse renoncer à son
capital, à son pouvoir économique,
politique et finalement idéologique pour
sauver l’humanité ? Ces gens en sont
incapables et se bercent de l’illusion
qu’ils s’en sortiront malgré le grand
cataclysme inévitable.
Malheureusement, le
cataclysme collectif aura lieu et il
créera les conditions de la révolution
et du changement. Seule la classe
prolétarienne, grosse de son
savoir-faire, son savoir produire et
aménager, son savoir planifier et
construire socialement pourra créer un
nouveau mode de production qui respecte
la nature et réponde aux besoins
sociaux, conditions de survie de
l’espèce.
NOTES
- On trouvera
sur cette page web une description
de la « collapsologie »
https://usbeketrica.com/article/parler-de-solutions-au-probleme-climatique-c-est-mentir-aux-gens
- L’article
s’intitule « Parler de solutions
au problème climatique, c’est mentir
aux gens», et en sous-titre « Comment
préparer l’effondrement » plutôt
que « Comment se préparer à
l’effondrement » (!). Pour d’autres
prédictions d’apocalypse, voir https://usbeketrica.com/auteur/usbek-rica
- Glaciation
(période glaciaire)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciation#Historique_des_recherches_sur_les_glaciations
Les glaciations quaternairescorrespondent
à la mise en place d’un climat qui
se refroidit et au retour cyclique
de périodes froides (dites
Glaciaires) et tempérées (interglaciaires).
Il y a environ 12 000 ans a débuté
la période
interglaciaire actuelle, l’Holocène.
Axe d’inclinaison elliptique : en ce
qui concerne la Terre, une propriété
importante de l’obliquité est la
variation cyclique de sa valeur :
celle-ci varie entre 24,50,44° (ou
24° 30′ 16″) et 22,04,25° (ou 22° 2′
33″), suivant un cycle de 41 000
années.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inclinaison_de_l%27axe
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/trump-ne-se-trompe-pas-en-repudiant-lescroquerie-de-paris/
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-riches-voudraient-taxer-les-riches-pourquoi-pas/
et aussi Le « Rêve américain » …
La fin du chemin
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/le-reve-americain-la-fin-du-chemin/
-
S’il-vous-plait, les bobos
occidentaux, cessez de penser que
parce que vous vivez dans des
sociétés de gaspillage l’ensemble
des populations d’Afrique, d’Asie et
d’Amérique latine ont accès aux
biens essentiels. C’est la misère et
la famine là-bas. De plus il y a 100
millions de sans-travail aux
États-Unis que la pseudo croissance
n’atteint pas.
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
Le sommaire de Robert Bibeau
Le
dossier Ecologie
Les dernières mises à jour
|